Tous les articles par Jacqueline Collard

Le mercure mis en cause comme pertubateur endocrinien?

L’étude  menée par  l’équipe d’Olivier Chastel, du Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC, CNRS) dans les Deux-Sèvres en collaboration avec le laboratoire LIENSs (Littoral Environnement Société, CNRS/université de La Rochelle) a étudiée la contamination au mercure  qui altère  la capacité  reproductrice de certains animaux vivant dans des zones éloignées des activités humaines comme l’Artique et l’Antartique. Cette étude a été publiée dans la revue ECOLOGY.

Une analyse de la démographie de deux groupes d’oiseaux habitués à venir pondre chaque année dans les mêmes lieux  a été menée par ces équipes de chercheurs et ceci sur une période de 10 ans.. L’une de ces espèces est celle des skuas antarctiques (Terre Adélie), l’autre des skuas subantarctiques (îles Kerguelen).

Le constat est le suivant : que ce soit en Terre Adélie ou aux îles Kerguelen, le mercure ne semble pas perturber la survie des individus, ni même leurs chances de reproduction. Il agit plutôt sur le succès reproducteur: les poussins engendrés par les individus les plus imprégnés ont moins de chances de survivre au-delà de quelques jours. La raison pour les chercheurs serait que le mercure, aurait  des effets de perturbateur endocrinien, il «perturberait les hormones impliquées dans les soins parentaux». Les chercheurs sont parvenus à définir des taux de mercure au-delà desquels la contamination entraînerait un déclin démographique.

Selon eux , la situation demeure toutefois plus critique en Arctique, où l’«on a vu une baisse des effectifs de goélands au cours des années 1980-1990 du fait des PCB». Si ces polluants interdits sont en diminution, d’autres perturbateurs endocriniens sont venus les remplacer, dont les composés perfluorés. De quoi fragiliser un peu plus des espèces déjà confrontées à «de multiples menaces, dont le réchauffement climatique et le captage des ressources alimentaires par la  pêche».

L’agence européenne adopte la proposition de l’Anses pour le Bisphénol A

Nous reprenons le communiqué de l’ANSES:

Le bisphénol A (BPA) est une substance chimique de synthèse utilisée depuis plus de 50 ans notamment dans l’industrie du plastique. Les travaux menés par l’Anses sur les usages et les effets sanitaires du bisphénol A l’ont conduite à recommander en septembre 2011, puis en avril 2013, une réduction des expositions de la population, notamment par sa substitution dans les matériaux au contact des denrées alimentaires. Par ailleurs, au niveau européen, l’Anses a proposé en septembre 2012, dans le cadre de la réglementation REACh, un classement plus sévère du bisphénol A en tant que toxique pour la reproduction. Le comité d’évaluation des risques (RAC) de l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA) vient d’adopter la proposition française. Ainsi, des mesures réglementaires plus sévères seront appliquées.

 Le bisphénol A faisait jusque là l’objet d’un classement harmonisé comme reprotoxique suspecté. Il est aussi actuellement classé comme irritant pour les voies respiratoires, en tant que substance pouvant provoquer des lésions oculaires graves et pouvant entraîner une sensibilisation par contact avec la peau.

Dans ses travaux menés en 2011 et 2013, l’Anses recommande une réduction de l’exposition des consommateurs au bisphénol A, notamment par sa substitution dans les matériaux au contact des denrées alimentaires.

Par ailleurs, dès 2012, l’Anses, dans le cadre de la mise en œuvre de la réglementation européenne relative à l’étiquetage des substances chimiques,  a déposé auprès de l’Agence européenne des substances chimiques (ECHA), une proposition de révision du classement du BPA, en vue d’un classement plus sévère en tant que toxique pour la reproduction (fertilité). Pour cette proposition, l’Anses s’est basée sur les publications et données publiées après les discussions européennes ayant conduit à sa classification actuelle.

A la suite de l’étape de consultation publique, l’Anses a complété sa proposition en intégrant de nouvelles études produites actuellement aux Etats-Unis. Le Comité d’Evaluation des Risques (RAC) de l’ECHA a délivré, sur la base de l’ensemble des données, un avis final favorable à la proposition française.

Un classement en catégorie 1 aura pour conséquence directe l’application de mesures réglementaires plus sévères, en particulier l’obligation de mise en place de mesures de prévention renforcées pour les utilisations professionnelles du bisphénol A (en premier lieu sa substitution), ou l’interdiction de mise sur le marché de mélanges contenant du bisphénol A à destination des consommateurs.

L’avis de l’ECHA sera transmis à la Commission européenne au plus tard 18 mois à compter de la date de publication de la recommandation du RAC. La décision d’inclusion de la classification harmonisée dans le règlement CLP (1)  sera rendue par la Commission européenne sur la base de cet avis.

 (1) CLP : Classification, Labelling, Packaging ; Règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif à la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances et des mélanges, modifiant et abrogeant les directives 67/548/CEE et 1999/45/CE et modifiant le règlement (CE) n° 1907/2006.

La perception des Français vis à vis des médicaments

Les entreprises du médicament (le LEEM) ont fait réalisé un sondage sur la perception et le rapport des Français au médicament. L’un des thèmes majeurs cette année était l’information des Français sur les médicaments.

Ce sondage a été organisé par  Ipsos auprès des Français (4ème vague) via Internet, entre le 24 février et le 3 mars 2014 : échantillon de 1 017 individus âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population mondiale.pilule_bouche

Quand on les interroge sur les informations qui les intéressent le plus « personnellement » sur les médicaments, les Français citent spontanément les effets secondaires (71%). Viennent ensuite les contre-indications (58%), la posologie (31%), le mécanisme d’action (23%) et la composition (19%). L’efficacité arrive loin derrière (15%), preuve qu’elle n’est pas remise en cause par une majorité de Français.
Premier sujet d’intérêt des Français, les effets secondaires des médicaments ne sont pas toujours connus, à tel point que 55% des Français s’estiment mal informés sur ce sujet. Ils sont 72% à s’estimer mal informés sur le rapport entre les bénéfices thérapeutiques du médicament et le risque d’effets secondaires.

Or, les effets secondaires constituent aussi le premier sujet d’inquiétude sur les médicaments pour les Français : 47 % seulement considèrent qu’ils sont mieux maîtrisés par rapport à il y a 20 ans, soit une baisse de 11 points par rapport à 2013.

Outre les effets secondaires, les Français n’ont pas le sentiment d’être mieux informés sur le reste : 69% ne se sentent pas assez informés concernant la qualité des médicaments, 76% sur la sécurité des médicaments et 83% sur la fabrication-production des médicaments, notamment le processus d’autorisation de mise sur le marché des médicaments. Un français sur 4 ignore d’ailleurs l’indépendance des personnes qui évaluent les médicaments.

Par ailleurs, seulement 69% des Français trouvent la notice des médicaments compréhensible.

83 % des français s’estiment mal informés sur le fonctionnement de la recherche et ils sont aussi 83% à se sentir mal informés sur les innovations à venir dans les dix prochaines années.

Le président du LEEM demande donc aux acteurs de santé de faire preuve de plus de  pédagogie auprès des patients.

Le coût de la pollution intérieure estimé à 19 millards

Première étude en France sur l’estimation du coût de la pollution de l’air intérieur

 La qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments constitue une préoccupation de santé publique en France et dans de nombreux pays.

En effet, l’environnement intérieur offre une grande diversité de situations d’exposition à de nombreux agents physiques et contaminants chimiques ou microbiologiques, dont les conséquences sur la santé sont variables. De nombreux travaux d’évaluation des risques sanitaires, de recherche ou des campagnes de mesures sont ou ont été réalisés en France en vue de renforcer les mesures de prévention et de protection des populations. Parallèlement, une étude exploratoire du coût socio-économique de la pollution de l’air intérieur a été initiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI) et Pierre Kopp, Professeur d’économie de l’université Sorbonne Panthéon I.

Les travaux menés ont conduit au développement d’une méthode exploratoire visant à quantifier les conséquences économiques de l’impact de certains polluants de l’air intérieur sur la santé de la population en France. Cette première étude, plus illustrative que quantitative compte tenu des hypothèses retenues et des limites identifiées, établit à environ 19 milliards d’euros pour une année, le coût de la pollution de l’air intérieur.

 La qualité de l’air intérieur constitue une préoccupation de santé publique en France et dans de nombreux pays. En effet, chaque individu passe près de 90% de son temps, en climat tempéré, dans des environnements intérieurs.

L’environnement intérieur offre une grande diversité de situations d’exposition à de nombreux agents physiques et contaminants chimiques ou microbiologiques. Les conséquences de ces expositions sur la santé sont très variables selon la nature des polluants, l’intensité et la durée des expositions. Leur survenue dépend aussi d’autres facteurs tels que les déterminants génétiques, les facteurs socio-économiques et d’autres paramètres environnementaux.

Pour faire face à cet enjeu sanitaire et renforcer les mesures de prévention et de protection des populations, de nombreux travaux d’évaluation des risques sanitaires, de recherche ou des campagnes de mesures ont été régulièrement menés en France.

Afin de tenter d’apprécier les conséquences de cette pollution pour la collectivité, une étude exploratoire visant à tester la méthode d’évaluation du coût socio-économique de la pollution de l’air intérieur a par ailleurs été initiée dans le cadre d’un projet porté par l’Anses, I’OQAI, et Pierre Kopp, Professeur d’économie de l’université Sorbonne Panthéon I.Les travaux menés proposent une méthode visant à chiffrer les conséquences économiques de l’impact d’une partie des polluants de l’air intérieur sur la santé de la population en France, pour une année donnée.

 Apporter un éclairage socio-économique sur un problème de santé publique

Au-delà des aspects sanitaires, cette étude permet d’apporter un éclairage socio-économique sur un problème de santé publique, information utile pour l’orientation des mesures de prévention.

On considère comme polluant de l’air intérieur tout polluant présent dans l’air des environnements intérieurs indépendamment de sa source, qu’elle soit spécifique à cet environnement et ses occupants (chauffage, cuisson, mobilier, produits d’entretien, etc.), ou bien extérieure à celui-ci comme la pollution atmosphérique extérieure par exemple.

Pour cette étude, six polluants ont été retenus : le benzène, le radon, le trichloréthylène, le monoxyde de carbone, les particules et la fumée de tabac environnementale. Le choix de ces polluants s’appuie sur la disponibilité de données concernant d’une part l’exposition de la population dans les logements français et extrapolées aux autres types d’environnements intérieurs (données de l’OQAI), et d’autre part l’existence d’une relation dose-réponse ou de données de santé publiées, en lien avec les expertises sur les valeurs guides de qualité d’air intérieur (VGAI) réalisées par l’Anses.

Dans cette étude, les conséquences économiques de la pollution de l’air intérieur pour la société correspondent aux coûts de l’impact sanitaire généré par les polluants retenus (coût estimé des décès prématurés, coût estimé de la prise en charge des soins, coût estimé des pertes de production, etc.).

 Résultats et perspectives d’approfondissement

Selon la méthode exploratoire développée, le coût pour la collectivité serait de l’ordre de19 milliards d’Euros pour une annéeMême si les résultats ont un caractère plus illustratif que définitif du fait des hypothèses et des limites identifiées, il en ressort que les coûts associés à l’impact sanitaire de l’exposition aux particules représentent une part prépondérante du coût global. Les coûts engendrés par les effets sanitaires de certains polluants étant également pris en compte pour les études en lien avec la pollution de l’air extérieur, les estimations de coûts concernant l’air intérieur et l’air extérieur ne peuvent s’additionner.

L’approfondissement de ces travaux nécessitera notamment la prise en compte d’autres polluants communément présents dans les environnements intérieurs comme par exemple le formaldéhyde et les moisissures, ainsi que les éventuels effets sur la santé de co-expositions de la population aux différents polluants de l’air intérieur. L’approfondissement de ces travaux passe également par une analyse de la sensibilité de certaines hypothèses de calcul.

Enfin, la comparaison avec d’autres méthodes de calcul socio-économique devrait permettre d’affiner la robustesse des résultats obtenus et d’évaluer la possibilité d’appliquer une telle méthode à d’autres sujets.

Difficultés de dialogue au comité radiofréquences

Déclaration commune des associations faite à l’ouverture du comité de dialogue Radiofréquences et santé de l’ANSES le 1er avril 2014


Le 14 octobre dernier, lors du rendu du rapport d’expertise de 2013 devant le comité de dialogue, le mouvement associatif dans sa quasi unanimité a réagi fort négativement aux conclusions qui nous étaient rapportées parce que celles-ci, minimisant les risques par divers procédés, ne rendaient pas compte de l’état des connaissances.

Ces réactions nécessitaient un débat après analyse du rapport. Il nous était promis. Il est convoqué …5 mois et demi après.

Ce n’est pas notre conception du dialogue ;
Nous avons rappelé, lors de la réunion de restitution, notre demande d’informations concernant une bibliographie assortie des données sur le financement des études publiées ainsi que de leur évaluation par le groupe d’experts. Nous ne les avons pas obtenues. Ce n’est pas notre conception du dialogue ;

Durant les 5 mois et demi écoulés, sans réunion du comité de dialogue des événements importants se sont déroulés :
– mise en oeuvre de l’expertise concernant les enfants ;
– mise en oeuvre de l’expertise sur l’ElectroHyperSensibilité ;
– sélection des recherches dans le cadre de l’Appel à Projets de Recherche 2013
– lancement de l’APR 2014 ;
– saisine sur les dispositifs médicaux et les radiofréquences.
Tout cela sans la moindre discussion. Ce n’est pas notre conception du dialogue.

Pourtant le dialogue, nous y sommes attachés et nous l’avons montré par notre participation active au comité de dialogue où nous avons toujours pu compter sur l’esprit ouvert et l’autorité personnelle du Président du comité de dialogue, M. Georges Mercadal.
Mais si, d’une part, le dialogue n’est accepté par l’Agence que lorsque l’on est d’accord et si, d’autre part, il permet de cautionner une expertise orientée qui va à l’encontre d’une démarche de précaution, nous le dénoncerons.
Donc oui, nous voulons bien continuer le dialogue ;

Mais oui également, nous exigeons des changements sur :
– la méthodologie utilisée pour qu’elle reflète l’état de la connaissance et de la controverse ;
– la prise en compte des conflits d’intérêt ;
– la définition de ce que doit être une expertise réellement pluraliste, le concept d’expertise
collective pouvant masquer l’expression d’une pensée unique.

Aujourd’hui, en séance, nous apprenons que Monsieur Mercadal a démissionné et que la réunion, sur un sujet conflictuel, va être présidée par le responsable de l’une des parties prenantes, le directeur général de de l’ANSES. Pour les associations, les conditions ne sont pas aujourd’hui réunies pour un débat objectif et serein. Elles décident donc de suspendre leur participation jusqu’à la nomination d’un nouveau Président.