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Une étude de Santé publique France pointe des disparités sur les pubertés précoces

Santé publique France publie la première “carte de France” de la maladie. Les facteurs environnementaux sont en cause.

Santé Publique France née de la fusion de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) et de l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), qui  travaille sous la tutelle du ministère de la Santé, vient de présenter la première étude sur les pubertés précoces à l’échelle des territoires mardi 30 mai 2017, dans le cadre des « Rencontres santé publique France », organisées à Paris ces derniers jours. La “photographie” est doublée d’une étude tout aussi alarmante sur la fertilité masculine et les malformations génitales du petit garçon. La pollution environnementale, notamment les perturbateurs endocriniens qui miment l’action des œoestrogènes (hormones féminines)…Puberté précoce : des disparités régionales à relativiser pour l’instant.

C’est une maladie rare qui stoppe prématurément la croissance. Les signes sont notamment les seins qui poussent chez les filles, les testicules qui augmentent de volume chez les garçons, l’apparition de pilosité pubienne… Les premiers signes surviennent avant huit ans chez les filles, et avant neuf ans chez les garçons.Chez les filles, le rôle de l’exposition aux perturbateurs endocriniens (polybromés, dits PBBs, comme dans les retardateurs de flamme, cosmétiques ou soins de cheveux contenant des œstrogènes) est considéré comme scientifiquement plausible.

Une étude « centrée sur des indicateurs sanitaires dont le lien avec une exposition aux perturbateurs endocriniens, au sens large, existe », résumait il y a quelques jours Sébastien Denis, directeur de la direction Santé et Environnement à Santé publique France., elle  présente des disparités territoriales inquiétantes, laissant soupçonner un impact fort de l’environnement, et en particulier de la présence de perturbateurs endocriniens, sur la maladie, mais ces disparités doivent être relativisées, estime le Pr Marc Nicolino, chef du service d’endocrinologie pédiatrique de l’hôpital Femme-Mère-Enfant des Hospices civils de Lyon. L’exposition aux perturbateurs endocriniens est en effet une cause « plausible » à ce développement précoce du corps d’adulte. Produits cosmétiques, métaux lourds, plastifiants sont omniprésents dans l’environnement des enfants. Les émissions industrielles sont aussi suspectées.

Les chiffres de cette étude sont en effet issus de données qui comptabilisent les patients déclarés et traités pour cette pathologie, et les disparités géographiques apparaissent sans doute plus fortes qu’elles ne le sont en réalité, estime-t-il.

« Les centres de Lyon et Toulouse sont de grosses structures drainant une population importante sur le plan régional, et prenant en charge depuis longtemps cette pathologie sur la base de modalités comparables et uniformes, explique le Pr Nicolino dans un communiqué. En l’occurrence, ils dépistent activement la puberté précoce et traitent systématiquement les jeunes patients. » Par endroits, elle est douze fois plus fréquente pour les filles. Et ailleurs, six fois plus pour les garçons. Et la région de Toulouse est la plus touchée de France et tout particulièrement en Haute Garonne. Car si cette étude n’a pas permis, à ce stade, de savoir si cette pathologie rare était en augmentation, elle a au moins le mérite de mettre en lumière en moyenne, (d’après les données sur trois ans, de 2011 à 2013), « 1 173 nouveaux cas de puberté précoce par an chez les filles, et dix fois moins chez les garçons , soit en moyenne 2,7 cas de puberté précoce pour 10 000 jeunes filles de moins de neuf ans, et 0,24 cas pour 10 000 garçons.

D’autres régions, à l’inverse, la dépistent et la traitent moins. Cette concentration de problèmes autour de ces deux villes serait donc plus causée par un biais statistique que par l’environnement, dont il discute l’impact exclusif. Le gradient Nord-Sud qui apparaît dans les résultats s’observe aussi à plus grande échelle : plus on se rapproche de l’équateur, plus les pubertés sont précoces.

Références : /invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Reproduction-humaine-et-environnement

 

Le Professeur Sultan alerte à nouveau de la croissance des pubertés précoces

Tout d’abord on parle de puberté précoce lorsque les premiers signes pubertaires commencent avant l’âge de 8 ans chez la fille (alors que l’âge moyen est de 10 ans et demi) et de 10 ans chez le garçon. La puberté précoce est 5 fois plus fréquentes chez les filles que chez les garçons.
Si la puberté a lieu entre 8 et 9 ans, ce n’est plus de la puberté précoce mais de la puberté avancée, elle n’attire même plus l’attention, elle est devenue banale et fréquente.
Ces fameux signes pubertaires comprennent, pour les filles, le début du développement des seins, la pilosité pubienne, éventuellement des mini-règles (la ménarche). Ils sont accompagnés d’une accélération de la croissance qui risque de s’arrêter précocement, à la survenue des règles. Comme le processus de croissance débute plus tôt, il se termine plus tôt aussi.

“On a analysé tous les dossiers de puberté précoce du service depuis vingt ans. Avec un nombre de consultations stable, 3 500 par an, on est passé de 8 cas de puberté centrale et 8 cas de puberté périphérique (2) en 1993 à 50 cas de puberté centrale, et 60 périphériques”, observe Charles Sultan, spécialisé en endocrinologie pédiatrique. Sur les deux premiers mois de 2014, un total de 51 nouveaux cas est déjà recensé. Ses collègues de Toulouse et Bordeaux font le même constat. Quasiment aucun continent ni pays n’y échappe, le phénomène a été décrit en Europe comme aux États-Unis dans les pays nordiques, en Amérique du Sud, dans les pays en voie de développement.

Quelles sont les raisons avancées pour expliquer cette augmentation de la puberté précoce?

Deux facteurs essentiellement sont montrés du doigt :

  • Le surpoids et l’obésité induits par un régime alimentaire trop riche.
    18 % des petits Européens sont aujourd’hui en surpoids. Un chiffre qui pourrait monter à 25 % en 2020, d’après l’Insee. Or plus une petite fille est en surpoids, plus elle risque une puberté précoce, car le tissu adipeux synthétise les oestrogènes déclencheurs de puberté.
  • La perturbation du système endocrinien par l’exposition à des substances chimiques volatiles. Une étude menée par les chercheurs de la Mount Sinai School of Medicine, à New York, a montré qu’il existe des liens entre l’exposition quotidienne des jeunes filles à trois types de substance chimiques (phtalates, phénols et phyto-oestrogènes) et la survenue plus ou moins précoce de la puberté.
    Ces substances agissent comme des pertubateurs endocriniens, notamment en imitant l’action de l’hormone féminine oestrogène.

 

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Ce sont pourtant eux, pesticides mais aussi phtalates, phénols et autres polluants environnementaux  que mettent en cause les scientifiques dans l’évolution préoccupante des pubertés précoces. Une réalité rappelée à l’occasion du congrès national de la société française de gynécologie de l’enfance et de l’adolescence organisé, il y a trois semaines, à Montpellier.

Une vaste étude du Dr Frank Biro, du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, portant sur 30 ans, publiée dans la revue Pediatrics, révèle que la puberté des jeunes filles est beaucoup plus précoce que de précédentes études le laissaient croire.
L’âge de la puberté a avancé d’un et demi en moyenne au cours de la dernière génération, passant de 10 ans et 3 mois en moyenne à environ 9 ans.

Les conséquences en sont aussi bien” un impact médical, sociétal, psychologique, social, que comportemental”.