Tous les articles par Jacqueline Collard

Les vers de terre victimes des pesticides

Les vers de terre représentent entre 50% et 80% de la biomasse animale terrestre : ils pèsent pour plus de la moitié des animaux vivants dans le sol. Il peut y en avoir jusqu’à 3000 kilos par hectare dans une prairie naturelle. L’importance de leur présence dans les sols est fondamentale : ils se nourrissent de matière organique et permettent donc de décomposer les feuilles mortes et les autres débris végétaux. Leurs déjections, qu’on appelle des turricules, sont un formidable engrais naturel. Et les galeries qu’ils creusent en permanence permettent d’aérer les sols et de mieux faire circuler l’eau. Autant de facteurs nécessaires à la richesse des sols. C’est dire combien ils sont essentiels pour avoir une agriculture de qualité, résiliente dans le cadre du changement climatique.

De nombreuses études mettent en évidence combien le labour trop intensif, mais aussi des pesticides de synthèse leur sont nocifs.

Des chercheurs INRAE et leurs collègues ont analysé les sols et constaté la présence d’herbicide, insecticide ou fongicide, présents partout dans les sols des parcelles agricoles, des prairies et des haies, ainsi que dans les vers de terre qui y vivent. Et ce alors que la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires est plus que jamais d’actualité dans une perspective sanitaire et environnementale.

Le profil de contamination des vers de terre différait essentiellement selon le type d’habitat : prélevés sous céréales, ils contenaient plus de pesticides que leurs homologues récoltés sous prairies ou haies. Et les concentrations d’insecticide (imidaclopride), herbicide (diflufénican) et fongicide (cyproconazole) étaient plus élevées que sous prairies ou haies.

Dans 46 % des cas, les cocktails de pesticides présentaient un risque élevé de toxicité chronique pour les vers de terre, que ce soit dans les sols des cultures céréalières traitées ou dans des habitats non traités et communément considérés comme des refuges pour la faune. Un risque susceptible plus largement d’altérer la biodiversité des écosystèmes et d’en modifier les fonctions.

https://www.inrae.fr/actualites/residus-pesticides-sols-terre-realite-omnipresente-insidieuse

La place du portable dans les établissements scolaires ?

Face à une recrudescence des incivilités, agressions et violences en milieu scolaire, le gouvernement évoque une interdiction renforcée de l’usage des téléphones portables dans les collèges. La ministre parle d’ailleurs de l’instauration d’une « pause numérique » dans les collèges, les élèves devraient ainsi déposer leur téléphone à leur arrivée dans l’établissement et ne le récupéreraient qu’en partant le soir. Soit une pause pendant les huit heures que dure une journée de collège. Cette mesure pourrait être une solution face aux  faits divers récents touchant de jeunes adolescents.

Nous attendions avec intérêt le rapport d’un groupe d’experts sur cette utilisation démesurée du portable chez lez jeunes. Il devait paraitre fin mars, mais a été reporté début mai :« Compte tenu des attentes soulevées » le comité d’experts a « demandé à prolonger le temps de travail afin de consolider ses réflexions et parvenir à des recommandations plus abouties », explique cette même source. Ce groupe est coprésidé par Servane Mouton, docteure en médecine, neurophysiologiste et neurologue, et par Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital universitaire Paul-Brousse. Le comité a « pour ambition de soumettre ses conclusions au Président de la République pour début mai », est-il ajouté. Ce groupe de travail a « pour mission de faire émerger un constat partagé sur l’impact des écrans, en particulier sur la santé, physique et mentale, des jeunes et leur développement ; d’évaluer l’efficacité des dispositifs de régulation mis en place depuis 2017 et proposer une stratégie d’action adaptée pour mieux maîtriser la place des écrans chez les jeunes ».

À ce jour, « une centaine de personnalités (scientifiques, professionnels de santé et de l’éducation, chercheurs et sociologues, acteurs de terrain, acteurs institutionnels nationaux et européens, secteur économique, secteur associatif…) », ont été auditionnées par cette commission.

Les Rencontres Européennes de l’eau à Lyon

Le Mouvement européen pour l’eau, qui défend l’eau comme partie des communs  est un réseau ouvert, participatif et pluraliste dont l’objectif est de renforcer la reconnaissance de l’eau comme un droit fondamental commun et universel, un élément essentiel pour tous les êtres vivants.

Nous nous sentons également solidaires d’un mouvement général en faveur des communs, dont l’eau est un symbole et nous voulons ensemble éloigner la privatisation et la marchandisation de cet élément vital, afin d’établir une gestion publique et collective de l’eau basée sur la participation démocratique des citoyens et des travailleurs. Ensemble, nous voulons identifier les menaces systématiques et systémiques qui pèsent sur la démocratie et le droit de l’homme à l’eau et développer de nouvelles alternatives et de nouveaux espaces pour garantir une gouvernance équitable, inclusive et transparente de l’eau à l’avenir.

Cette année, à Lyon, la rencontre a accueilli des discussions vibrantes sur la gestion publique de l’eau et le droit à l’eau sur le continent européen, grâce aux précieuses réflexions d’activistes et d’experts des processus de re-municipalisation.

Rappel : La préservation de l’eau est une des priorités de la Métropole de Lyon. En 2020, les élus ont décidé la reprise en gestion publique de la production et de la distribution de l’eau potable, jusqu’alors déléguées à une entreprise privée. Le 1er janvier 2023, Eau du Grand Lyon devient Eau publique du Grand Lyon. L’eau est l’affaire de toutes et tous. La Métropole de Lyon associe des usagers à la gestion de l’eau : quatre d’entre eux siègent au conseil d’administration et participent aux décisions d’Eau publique du Grand Lyon.

A cette occasion la Métropole de Lyon très engagée dans ce processus, comme  sur une nouvelle tarification de l’eau pour les usagers, nous a exposé les différents champs d’actions menées pour y parvenir.

Les membres du Mouvement et le public ont eu  l’occasion de discuter de sujets liés à la pollution de l’eau (PFAS, exploitation minière et pesticides), à l’accaparement de l’eau et à la destruction des écosystèmes (méga-bassines et gravières, tourisme/agriculture, etc.). Alors que la criminalisation des activistes ne cesse de croître en Europe et dans le monde (lire le dernier rapport de @Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs de l’environnement ici), nous avons ainsi partager des différentes expériences en Europe .

Cette participation du 4 au 6 avril  a été le fruit de rencontres enrichissantes, pour ceux que cela intéresse : avis ! Nous vous livrerons rapidement la lettre ouverte en cours d’achèvement.

https://www.grandlyon.com/actions/regie-de-leau

https://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/media/pdf/eau/20221128_eau_charte-engagements.pdf

http://europeanwater.org/fr/

Ce 4 Avril a été validée une proposition de loi pour la protection risques PFAS

Développés dans les années 1940 pour un usage militaire par l’industrie chimique américaine, les alkyls poly- et perfluorés (PFAS) n’ont depuis plus quitté les process industriels. C’est l’entreprise étasunienne 3M qui  a été la première dans les années 1950 à commercialiser des PFAS, suivie par sa consœur DuPont, qui a développé le Téflon. La toxicité avérée dans les années 2000 de certaines substances chimiques de la famille des PFAS a conduit progressivement à la restriction et l’interdiction de certaines d’entre elles. Une réglementation qui n’examine pas la majorité des quelque 12 000 PFAS aujourd’hui recensés.

Ces polluants éternels ( POP) omniprésents dans nos produits de consommation sont toxiques pour l’humain. C’est en 2021, cinq pays européens — l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Suèdeont saisi l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) pour préparer une interdiction générale des PFAS à l’échelle de l’Union. Ces substances chimiques se décomposent d’elles-mêmes très lentement et leur impact sur la santé humaine et les écosystèmes font l’objet de préoccupations. En février 2023, l’Echa a présenté une proposition d’interdiction, qui trouve un écho en France avec la proposition de loi du député Nicolas Thierry.

La proposition de loi « visant à protéger la population des risques liés aux PFAS » a été adoptée en première lecture  à l’Assemblée nationale ce jeudi 4 avril 2024.

Communiqué de notre partenaire Générations futures

Une première belle victoire sur le chemin de la sortie inéluctable des polluants éternels. Grâce à un travail collectif mené depuis plusieurs années, nous avons imposé la pression nécessaire pour que nos députés votent ce texte d’intérêt général. Nous tenons particulièrement à vous remercier car, grâce à votre mobilisation à nos côtés, nous avons fait poids : vous avez fait près de 80 000 interpellations en direction des décideurs et cela a porté ses fruits !

Consommation d’émulsifiants dans l’alimentation problématique

Notre partenaire l’ASEF rapporte dans sa newsletter:

En 2021, une étude étudiant la consommation alimentaire des français, issue de la cohorte INCA3, montrait que 30 à 35% de la consommation énergétique provenait d’aliments ultra-transformés, notamment chez les jeunes et les personnes issues de catégories socio-économiques les plus faibles.

En 2018 et 2019, l’étude Nutrinet santé, sur plus de 100 000 personnes, avait montré que la consommation d’aliments ultra-transformés, pour une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime, était associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires au global de +12%, de maladies coronariennes +13% et de maladies cérébro-vasculaires +11% mais également à une augmentation du risque de cancer de 10%.

Les émulsifiants sont des additifs alimentaires très couramment présents dans les produits alimentaires en France. Mathilde Touvier, qui dirige l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle explique: »Les émulsifiants ont pour rôle d’obtenir certaines textures dans les aliments industriels, de rajouter de l’onctuosité, et de permettre la stabilité des mélanges obtenus dans le temps. Ainsi, la durée de conservation est allongée, et les produits peuvent rester plus longtemps en rayon sans perdre leurs propriétés.On trouve des émulsifiants dans de nombreux produits, depuis des desserts (madeleines, gâteaux, glaces…) jusqu’à des plats préparés en passant par des barres chocolatées, des margarines, des sauces industrielles, etc.

En 2023, des travaux basés sur la cohorte NutriNet-Santé avaient mis en évidence l’existence d’un lien entre leur consommation et le risque de maladies cardiovasculaires. Pour la première fois, de nouveaux travaux publiés dans la revue PLoS Medicine suggèrent l’existence d’un lien entre consommation d’émulsifiants et risque accru de cancer.

L’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren) (INSERM, INRAE, Sorbonne…)  vient de publier une étude sur 92 000 personnes étudiant les liens éventuels entre les apports alimentaires en additifs émulsifiants et la survenue des cancers.

Cette étude parue dans PLOS Medecine montre un lien avec l’augmentation de cancer notamment sein et prostate.

En voici la conclusion :

« Après un suivi moyen de 7 ans, des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global (augmentation de 15 % du risque chez les plus forts consommateurs – 3e tertile – par rapport aux plus faibles consommateurs – 1er tertile), de cancers du sein (une augmentation de 24 % du risque), de cancers de la prostate (une augmentation de 46 % du risque).

D’autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles. »

Si ce lien de cause à effet n’est pas formellement établi, il s’agit de la première étude observationnelle en la matière.En tant que consommateur, d’une façon générale, le mieux est d’appliquer ce qui figure déjà dans le programme national nutrition santé (PNNS) : limiter les aliments ultra-transformés, et limiter les aliments contenant des additifs « cosmétiques » comme peuvent l’être les émulsifiants.

https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1004338