Tous les articles par Jacqueline Collard

« Les polices environnementales souffrent d’une faiblesse structurelle »

Un livre écrit par Léo Magnin (chargé de recherche en sociologie au CNRS, membre du laboratoire interdisciplinaire Sciences, innovations, sociétés / Lisis), coauteur d’un ouvrage sur les polices environnementales, met en lumière l’ensemble des contraintes auxquelles celles-ci sont confrontées. Un constat très éloigné de la puissance attribuée à l’OFB par le récent mouvement agricole.

Effectivement nous avons pu constater combien ont été rapides les décisions de dégradation de la protection de le biodiversité lors de la crise agricole. C’est plutôt une faiblesse structurelle de ces polices parce qu’elles relèvent d’un morcellement institu-tionnel qui vient d’une très longue histoire, qu’elles ont peu de moyens par rapport aux objectifs qui leur sont fixés, et parce qu’elles rencontrent des résistances soit larvées, soit explicites, que les mobilisations agricoles ont bien démontrées. Le Conseil d’État recense 70 catégories d’agents différents qui peuvent faire appliquer la police de l’environnement, et 25 polices de l’environnement différentes.

Les différentes polices n’ont pas les mêmes moyens, mais l’écart entre les enjeux auxquels elles doivent répondre et les moyens qui leur sont alloués est relativement commun. Il y a toutefois une diversité de métiers considérables, parfois sous la même dénomination juridique. C’est le cas des inspecteurs de l’environnement qui, depuis 2013, regroupent plusieurs catégories d’agents et d’activités.

Et c’est sans compter que la très grande hétérogénéité sociologique du monde agricole contemporain, qui repose aussi sur des concurrences pour le foncier, pour les marchés et pour les aides, est contrebalancée par une figure relativement consensuelle : la police de l’environnement comme adversaire, incarnée par l’OFB.

Au tribunal correctionnel, l’environnement, c’est moins de 1 % des affaires car il existe une grande diversité d’alternatives aux poursuites qui se terminent souvent par des amendes allégées.

Des centres de recherches écocitoyens voient le jour

Trois centres de recherche écocitoyens ont récemment ouvert leurs portes. Devant la lenteur voire le peu d’intérêt des autorités pour répondre efficacement aux populations touchées par des problèmes environnementaux, on comprend qu’elles veulent savoir! Inquiets, des riverains se mobilisent. Ils montent des collectifs, alertent la population, interrogent leurs élus et les instances sanitaires, sans avoir trop souvent de réponses étayées.

L’objectif : répondre scientifiquement aux questions très matérielles qui émergent sur le territoire et dont ils sont victimes. « La santé environnementale mêle deux domaines complexes, qui disposent chacun d’un guichet administratif différent », explique Philippe Chamaret directeur du 1er institut écocitoyen élaboré en 2010, celui de Fos-sur-Mer*.

En fonction des sujets retenus, les établissements pourront s’appuyer sur des bénévoles pour collecter des données sur le terrain. « Nous avons commencé à impliquer les citoyens en leur demandant de prélever du lichen dans différents contextes : en zone polluée, urbaine et témoin », explique Muriel Auprince, de l’association Coll’air pur, dans les Alpes, qui est à l’origine du projet de centre écocitoyen de la vallée de l’Arve.

Après des années de lutte, plusieurs collectifs de citoyens ont choisi d’ouvrir un « centre de recherche citoyen » dans leur ville. C’est le cas de Sainte-Pazanne avec Stop aux cancers de nos enfants (SCE) en Loire-Atlantique, dans l’Aude, avant qu’il ne s’en crée dans la plaine d’Aunis (Charente-Maritime), dans le Haut-Jura ou encore l’Eure.

En effet c’est la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) qui  s’occupe des questions environnementales, tandis que l’Agence régionale de santé (ARS) est chargée des sujets sanitaires. On aurait pu espérer des trois premiers Plans régionaux santé Environnement (PRSE) qu’ils aient pu répondre aux questions des habitants, il semble que cela ait été insuffisant : nous en sommes au 4ème qui nous le souhaitons atteigne cet objectif: nous serons vigilants.

*https://www.institut-ecocitoyen.fr/pres.php

Le dernier rapport de l’EFSA sur la présence de résidus de pesticides vient de paraitre

L’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) vient de publier, les données annuelles de  deux programmes de surveillance des résidus de pesticides dans l’alimentation pour 2022, pour110 829 échantillons alimentaires.Les résultats continuent de montrer une petite amélioration pour les consommateurs, même  si certaines nuances restent inquiétantes.En moyenne, 59 % d’entre eux attestent de la présence d’au moins un pesticide, mais en quantité insuffisante pour être proprement quantifié, mais 23 % des échantillons présentaient plus d’un pesticide quantifiable.

En 2022, ces programmes de surveillance dans le cadre EU MACP se sont  intéressés à 11 727 échantillons (du lot total évoqué plus haut) de chou, de pêche, de tomate, de fraise, de pomme, de laitue, d’épinard, d’orge, d’avoine, de lait de vache, de vin et de graisse de porc – dont près de 90 % étaient d’origine européenne.

En 2022, les données françaises portaient sur plus de 13 000 échantillons (le troisième plus grand nombre après l’Allemagne et la Grèce), dont 76 % sont d’origine française . Elles ont été fournies par trois directions générales : celle de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), celle de l’Alimentation (DGAL) et celle des Douanes et Droits indirects (DGDDI). Pour l’ensemble de ces analyses, la France reste dans la moyenne européenne, comptant entre 2,3 et 3,7 % d’échantillons dont les résidus dépassent leur LMR – un résultat sensiblement similaire aux deux années précédentes.

Télécharger le rapport de l’EU MACP 2022
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43991-efsa-eu-macp-2022.pdf2.

Télécharger le rapport MANCP 2022: programme pluriannuel de contrôle national (MANCP)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43991-efsa-mancp-2022.pdf

 

Une étude grenobloise (SEPAGES) complète le lien entre pollution de l’air et effets sur la grossesse

Le sujet de l’étude SEPAGES (publié dans le Lancet) est le suivant: Par quels mécanismes la pollution de l’air affecte-t-elle l’enfant à naître pendant la grossesse ?

L’exposition à la pollution de l’air altère le développement du fœtus pendant la grossesse, selon une étude de Inserm/Université Grenoble Alpes. Les polluants impactent l’ADN placentaire.Cette étude menée par une équipe de recherche de l’Inserm et de l’Université Grenoble Alpes s’est justement demandée comment ces maladies, qui surviennent durant l’enfance, peuvent résulter d’expositions très très précoces à des polluants aériens.

C’est par le placenta qui fait l’office de barrière entre la maman et le fœtus qui néanmoins permet que des particules de pollution de l’air puissent l’atteindre et le traverser.

Plus concrètement, la future maman est exposée à des centaines de substances chimiques lors de sa grossesse (fumée de tabac, monoxyde de carbone, pesticides, éthers de glycols, bisphénols, phtalates, aldéhydes…) mais aussi biologiques (moisissures, pollens, acariens, phanères d’animaux). C’est pourquoi diminuer l’exposition des femmes enceintes et des nourrissons aux polluants environnementaux, doit devenir une priorité, et particulièrement ceux présents dans :L’air intérieur,l’alimentation, et bien sur par les produits d’hygiène comme ceux d(usages ménagers.

En effet, les scientifiques et l’état actuel des recherches s’accordent à dire que la santé de l’enfant à naître se joue beaucoup pendant la grossesse et durant les 1 000 premiers jours de vie.

Pregnant women were included between 2003 and 2006 for EDEN (Nancy and Poitiers) and PELAGIE (Brittany), and between 2014 and 2017 for SEPAGES (Grenoble).

La culture du risque nucléaire revue par l’ASN

Le 15 mai, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié le rapport final du groupe de travail sur la culture de sécurité et la radioprotection Codirpa , chargé de réfléchir aux moyens de renforcer l’information et la sensibilisation de la population et des élus aux risques nucléaires et à la radioprotection.

Ce rapport suggère notamment d’accroître le partage d’expérience sur le plan national entre les communes riveraines d’installations nucléaires, de renforcer la formation des élus locaux à la préparation et à la gestion d’une crise nucléaire, ou encore de renforcer l’implication des élus locaux aux exercices de crise.

Codirpa – Culture de la sécurité et de la radioprotection – état des lieux et premières recommandations – mars 2022.pdf

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2023   Publié le 16/05/2024