Tous les articles par Jacqueline Collard

Des fibres d’isolation à examiner de près

Une équipe de chercheurs franco-chinois, dont un chimiste du CNRS Christian Amatore, s’est intéressée aux conséquences sur la santé des nanomatériaux inertes et spécifiquement des nanofibres de verre, utilisés dans l’isolation thermique.

Une étude du CNRS parue le 3 janvier 2024 dans la revue Nature Nanotechnology. sur l’usage de feutres de nanofibres inertes dans le secteur du bâtiment, montre qu’elles pourraient présenter les mêmes risques que l’amiante pour la santé de ceux qui les manipulent.Le potentiel pathogène de l’inhalation de nanomatériaux fibreux inertes utilisés pour l’isolation thermique (tels que l’amiante ou la laine de verre) serait lié non pas à leur composition chimique mais à leurs caractéristiques géométriques et à leur dimension, c’est donc du côté des dimensions des particules qu’il faut chercher les causes.

L’expérience a d’abord été menée in vitro puis vérifiée in vivo chez les rats. « Cette découverte questionne l’usage de ces feutres de nanomatériaux fibreux, jugés jusqu’alors moins délétères que l’amiante qu’ils substituent mais qui pourraient en réalité présenter les mêmes risques pour la santé de ceux qui les manipulent », conclut le CNRS.

ROS/RNS Leakage During Frustrated Phagocytosis of Glass Nanofibers Characterized by Nanosensor and its Implications on Lung Injury. Yu-Ting Qi, Fu-Li Zhang, Si-Yu Tian, Hui-Qian Wu, Yi Zhao, Xin-Wei Zhang, Yan-Ling Liu, Pingqing Fu, Christian Amatore, et Wei-Hua Huang. Nature Nanotechnology, le 3 janvier 2024.

DOI : https://doi.org/10.1038/s41565-023-01575-0

Les ZFE s’installent dans notre région Auvergne-Rhône-Alpes

Les ZFE (zones à faibles émissions) visent à interdire progressivement les véhicules les plus polluants, mais de nombreuses agglomérations rechignent toujours à les mettre en place, tiraillées par les citoyens.

Les métropoles de Lyon, Grenoble et Strasbourg poursuivent cependant leur mise en place  afin d’améliorer la qualité de l’air, en excluant en un premier temps, à partir de lundi 1er janvier, davantage de vieux véhicules diesel.

Depuis 5 ans ans et à partir de  deux lois (Mobilités de 2019 et Climat et résilience de 2021) ces ZFE sont mises en place dans un souci d’épargner les 48 000 morts prématurées par an en France. Les zones à faibles émissions sont un outil destiné à améliorer la qualité de l’air. Même si la qualité de l’air s’améliore en France depuis des années, elle reste un enjeu de santé publique majeur en particulier dans les grandes agglomérations, ce qui nécessite de poursuivre l’action.

Sur les 20 dernières années, les émissions liées aux activités humaines des polluants réglementés ont fortement diminué. La baisse atteint ainsi :
•    -62 % pour les oxydes d’azote depuis les années 2000 ;
•    -55 % pour les particules de diamètre inférieur ou égal à 10 µm (PM10) ;
•    -65% pour les particules de diamètre inférieur ou égal à 2,5 µm (PM2,5).

Fin 2022, un nouveau plan d’actions national pour réduire les émissions de polluants pour la période 2022-2025 (PREPA) a été adopté dans l’objectif de poursuivre ces améliorations. Il existe en Europe plus de 300 ZFE, appelées aussi low emission zones, qui ont toutes le même objectif : protéger la santé des riverains vivant dans les zones les plus denses et les plus polluées.

En ce début 2024 onze métropoles ont commencé à déployer des ZFE, chacune avec son propre calendrier. Une généralisation en France de ces zones est prévue par la loi d’ici à 2025 dans quarante-trois agglomérations de plus de 150 000 habitants.

Un nouveau Nutriscore annoncé plus exigeant

Le Nutri-Score a été développé en France en 2017, sous l’égide du chercheur Serge Hercberg de l’Université Sorbonne Paris Nord : son objectif initial était noble : informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires pour les aider à faire des choix plus sains et lutter contre l’obésité cette révision devrait prendre en compte de façon plus efficiente des sucres, du  sel, des mauvaises graisses, comme  l’absence de fibres.

Or le Nutri-Score ne prendrait pas en compte certains des enjeux de santé publique les plus problématiques: pesticides, allergènes, additifs, modes de production et de transformation pourtant importants quant à la qualité nutritionnelle des produits.

Or 6 ans après seulement 25% des produits alimentaires l’indiquent et cependant il n’est pas réputé comme suffisamment informatif, c’est dans ce cadre un nouveau Nutriscore est proposé à compter du 1er janvier 2024, mais les industriels de l’agro-alimentaire auront jusqu’à 2026 pour le mettre en œuvre.

Ce nouveau calcul du Nutri-Score connaît une révision intégrale de son algorithme en particulier intégrant une meilleure connaissance des quantités de sucres et de sel du produit

  • Harmoniser l’algorithme en assurant une classification cohérente de l’ensemble des boissons. Ainsi, le lait, les boissons lactées et les boissons végétales ont été incluses dans cet algorithme en assurant une classification du lait écrémé et demi-écrémé dans les classes les plus favorables et en permettant une différenciation entre les différents types de lait selon leur teneur en matières grasses et avec les boissons lactées sucrées
  • Mieux différencier la composition nutritionnelle des boissons selon leur teneur en sucres, en particulier pour les boissons faiblement sucrées, et modifier l’algorithme afin de limiter la substitution des sucres par des édulcorants
  • Maintenir la position spécifique de l’eau – seule boisson recommandée sans réserve par les organisations internationales – dans la catégorie A
  • Conserver une classification globalement similaire des jus de fruits et nectars (incluant les smoothies) par rapport à l’algorithme actuel du Nutri-Score, jugée adéquate par les experts au regard de la littérature scientifique
  • Est prévu dans le futur proche un « Nutri-score du climat et de la biodiversité » pour les produits alimentaires en privilégiant un affichage plus global, tenant compte de la « santé de la Terre ». On parlerait alors du Planet-score intégrant la présence de pesticides, biodiversité,les impacts climat et un pictogramme sur le mode d’élevage.

Les industriels ont deux ans pour écouler les stocks avec les anciennes étiquettes.

Le communiqué de presse du 24/03/2023 « L’algorithme de calcul du Nutri-Score évolue pour promouvoir des choix alimentaires plus favorables à la santé »

Communiqué de presse : Télécharger (pdf – 554.9 Ko)

 

Au 1er janvier, nouvelle cartographie des quartiers prioritaires : QPV

10 ans après la publication de la loi Lamy (programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014) qui retenait pour la première fois un critère unique de pauvreté pour définir les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), cette nouvelle géographie tient mieux compte de l’évolution des réalités socio-économiques : ce qui était attendu depuis longtemps par les élus. Actuellement étaient identifiés  1 514 QPV depuis 2014. Cette nouvelle cartographie entrera en vigueur dès le 1er janvier 2024.

Grâce à ce nouveau zonage, 1362 territoires métropolitains répartis dans tous les départements bénéficieront des dispositifs de la politique de la ville, parmi lesquels :

  • 960 quartiers maintenus voient leur périmètre évoluer ;
  • 111 nouveaux quartiers entrants ;
  • 40 quartiers sortants (du fait d’une amélioration socio-économique, d’une évolution démographique).

C’est l’un des grands chantiers en cours du ministère de la ville, et qui  suscite cependant de nombreuses interrogations d’élus. La refonte de cette mesure, qui définit les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a été lancée en mai en vue des nouveaux contrats de ville, baptisés « Engagements quartiers 2030, nés du croisement des données de l’Insee et du travail de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), ils doivent en outre se trouver dans une unité urbaine de plus de 10.000 habitants et compter au moins 1.000 habitants..  « Les préfets ont été outillés à l’aide de cartes et de données de l’Insee actualisées pour échanger avec les élus locaux et redessiner la carte des quartiers prioritaires avec souplesse », indique le cabinet du ministre du logement et de la ville, Olivier Klein.»  Notre volonté était de répondre aux besoins des plus fragiles et d’avoir un zonage au plus proche des réalités de chaque territoire », a assuré dans un communiqué la secrétaire d’État chargée de la Ville.

LOI n° 2014-173 du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine

décret du 30 décembre 2023 :     https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=TngutXAISa4GeWXvS4DQMX-OXqevYP_NfPacm0cQN3E=

https://www.ecologie.gouv.fr/nouvelle-carte-des-quartiers-prioritaires-politique-ville

Un rapport de l’ECHA dénonce la présence de substances chimiques dangereuses

Près d’un cinquième des articles de consommation courante contrôlés en Europe contiennent des niveaux préoccupants de substances chimiques dangereuses, selon l’Agence européenne des produits chimiques ( l’ECHA).

Une vaste opération de contrôles menées  dans 26 pays de l’Union européenne signale des niveaux excessifs de substances chimiques dangereuses dans de nombreux produits de grande consommation , elle vient de livrer ses résultats :  2400 produits de grande consommation ont été examinés. Parmi eux, 18% ne respectait pas les normes européennes.

Les articles testés portaient sur des articles de  de mode comme les sacs, les bijoux et les vêtements, les jouets pour le bain, les articles de puériculture comme les tapis d’éveil, les poupées, les costumes, les figurines en plastique  et c’est  15 % de ces produits testés qui n’étaient pas conformes. Parmi les jouets non électriques, 16 % contenaient aussi des phtalates et d’autres substances réglementées, ce qui est d’autant plus inquiétant qu’ils sont  utilisés par  des enfants évidemment  plus vulnérables. 52% de ces produits examinés se sont révélés non conformes, comme jouets électriques, casques audio, câbles… sans compter ceux qui contiennent du plomb ou des phtalates ( les phtalates dans les pièces en plastique souple), mais aussi d’autres substances réglementées telles que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le nickel, l’acide borique ou les nitrosamines.

Enfin, les articles textiles et les accessoires de mode font partie du lot ciblé par l’ECHA. 15% des 895 produits analysés contenaient des phtalates, des PCC ( chrome hexavalent), du plomb ou encore du cadmium, un métal considéré comme cancérogène certain pour l’Homme. À noter que les sacs et les bijoux représentent à eux-seuls plus de 70% des articles en infraction avec la législation dans cette catégorie.

En outre, au-delà de l’impact potentiel sur la santé des utilisateurs , ces substances chimiques représentent un vrai risque écologique. Certaines ont en effet la caractéristique d’être persistantes, c’est-à-dire qu’elles ne se décomposent pas, tout au long de leur existence, aussi leur recyclage revêt un problème supplémentaire.

Malgré le retrait de 85 % des produits non conformes du marché, moins de la moitié des entreprises contrevenantes ont été sanctionnées, les pays producteurs étant souvent d’origine asiatiques.

Les détails peuvent être retrouvés sur le site de L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), lors de sa communication publiée mercredi 13 décembre 2023.

https://echa.europa.eu/fr/-/hazardous-chemicals-found-in-many-consumer-products