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ESTEBAN : nouvelle étude sur la contamination de la population

l’Institut de veille sanitaire (InVS) a annoncé le lancement de l’étude ESTEBAN,  le 26 mars, elle constituera une photographie complète de la contamination de la population française par une centaine de polluants chimiques, dont des pesticides, des métaux lourds et des perturbateurs endocriniens.

Menée sur 4.000 adultes de 18 à 74 ans et 1.000 enfants de 6 à 17 ans, ESTEBAN  comportera notamment un volet biosurveillance, qui constituera le plus important bilan d’exposition de la population française aux contaminants. La dernière évaluation aussi complète remonte à l’Etude nationale nutrition santé (ENNS) menée en 2006-2007, rappelle au JDLE Clémence Fillol, épidémiologiste au département santé-environnement de l’InVS.

ESTEBAN ira toutefois plus loin: les chercheurs prévoient de tester l’imprégnation, dans le sang, les cheveux et l’urine, par une centaine de contaminants chimiques, soit 16 familles. Parmi celles-ci, PCB/dioxines/furanes, métaux, benzène, cotinine (métabolite de la nicotine du tabac), phtalates et leurs métabolites, pesticides, perfluorés, polybromés, etc…, dont certains seront mesurés pour la première fois en population française, tels le bisphénol A.

ESTEBAN signifie : Etude de SanTé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition

 Cela permettra, pour la première fois en France, d’établir des valeurs de référence, «indispensables pour déterminer si des populations particulières présentent une surexposition à certains polluants», explique l’InVS. «Les données recueillies fourniront aussi un éclairage sur les facteurs (géographie, mode de vie, alimentation, profession, etc.) qui conditionnent les niveaux d’exposition aux substances présentes dans l’environnement», ajoute l’institut.

ESTEBAN se penchera sur les consommations alimentaires, l’activité physique, l’état nutritionnel (obésité, fer, vitamine D, etc.). Ce qui n’est pas sans rappeler l’étude NutriNet-Santé de l’Inserm, qui vise à mieux connaître les liens entre nutrition et santé, mais sur la base d’une participation volontaire -et non de sélection aléatoire comme dans ESTEBAN.

 Selon Clémence Fillol, cette «photographie» de la population française permettra aussi de voir si la situation a évolué par rapport à l’ENNS. Et surtout d’établir d’éventuelles correspondances entre la présence de certains polluants et certaines consommations alimentaires -autre volet d’ESTEBAN.

 De manière un peu surprenante, l’étude ne permettra pas d’établir d’associations entre polluants et état de santé: les dosages étant «très consommateurs» d’échantillons corporels, les chercheurs seront obligés de former des «sous-échantillons», explique Clémence Fillol. Malgré ses 5.000 participants, ESTEBAN n’aura donc pas la puissance statistique pour corréler polluants et maladies.

 Outre ce volet biosurveillance, ESTEBAN se penchera sur les consommations alimentaires, l’activité physique, l’état nutritionnel (obésité, fer, vitamine D, etc.). Ce qui n’est pas sans rappeler l’étude NutriNet-Santé de l’Inserm, qui vise à mieux connaître les liens entre nutrition et santé, mais sur la base d’une participation volontaire -et non de sélection aléatoire comme dans ESTEBAN.

 Quant à l’état de santé, l’InVS prévoit d’étudier «la fréquence de certaines maladies chroniques majeures, ainsi que des principaux facteurs de risque cardiovasculaire (…): le diabète, l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’hypertension artérielle, les dyslipidémies (dont l’hypercholestérolémie) et l’obésité chez l’adulte ; l’asthme, les allergies et l’obésité chez l’enfant».

Lancée le 14 avril, ESTEBAN sera menée sous l’égide des ministères en charge de la santé et de l’écologie, avec le soutien de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), indique l’InVS. Le recrutement des participants, tirés au sort, devrait s’achever à l’été 2015, avec de premiers résultats attendus en 2016.

Mesures préfectorales en cas de pics de pollution

Lors des pics de pollution, à partir du 1er juillet 2014 nous connaîtrons  une unification des règles de déclenchement des procédures préfectorales, c’est le sens de cet arrêté :

Par un arrêté du 26 mars 2014, le gouvernement a unifié au niveau national les règles de déclenchement des procédures préfectorales en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant.

Le texte, initialement attendu pour juin 2013, entre en vigueur le 1er juillet 2014. Il encadre le déclenchement des procédures préfectorales prévues pour réagir en cas de pic de pollution aux particules fines (PM10), au dioxyde d’azote (NO2) et à l’ozone (O3).

L’affermissement de la position de la Commission européenne concernant la pollution de l’air dont le Royaume-Uni a récemment fait les frais, ainsi que le pic survenu au début du mois de mars en France, expliquent largement cette publication.

On peut considérer cependant que ces mesures ne sont pas assez contraignantes en cas de dépassement du seuil d’information

Aux termes de l’arrêté, la réaction aux pics de pollution dépend de la concentration de polluants observée dans l’atmosphère. Deux seuils sont fixés : le seuil d’information et de recommandation, et le seuil d’alerte. Dans ce cadre, les compétences du préfet dépendent non seulement du type de polluant, mais également du seuil de concentration atteint par ce polluant.

La procédure préfectorale d’information et de recommandation, lancée une fois le premier seuil atteint, ne contient pas de mesure réellement contraignante pour les citoyens. Le préfet doit simplement fournir un certain nombre d’informations au public, et se contente d’exprimer des recommandations adaptées aux différents secteurs d’activité.

Des recommandations particulières aux secteurs agricole, résidentiel et tertiaire, industriel et des transports sont ainsi prévues. Le préfet peut notamment recommander aux agriculteurs de « recourir à des procédés d’épandage faiblement émetteurs d’ammoniac« , ou de « décaler dans le temps les épandages de fertilisants minéraux et organiques« .

Concernant les transports, il est conseillé « d’abaisser temporairement de 20 km/h les vitesses maximales autorisées sur les voiries localisées dans la zone concernée par l’épisode de pollution, sans toutefois descendre en-dessous de 70 km/h« , ou encore d’éviter « la conduite « agressive » des véhicules et de l’usage de la climatisation« .

En addition de l’information et des recommandations, le préfet peut prendre des mesures contraignantes dès lors que le second seuil, le seuil d’alerte, est atteint.

Des mesures plus contraignantes en cas de dépassement du seuil d’alerte

Le secteur des transports, particulièrement sensible concernant les émissions polluantes, est susceptible de faire l’objet d’un certain nombre d’interdictions. Le texte permet donc de mettre en place une circulation alternée, en prononçant l’interdiction de circuler de certains véhicules « en fonction de leur numéro d’immatriculation » comme cela a été le cas lors du dernier pic de pollution survenu à Paris.

L’arrêté prévoit également la possibilité d’interdire, « dans certains secteurs géographiques, comme les zones urbaines denses« , la circulation de « certaines classes de véhicules polluants définis selon la classification prévue à l’article R. 318-2 du code de la route« . Cet article fait référence aux normes européennes d’émission. Le texte permet donc d’interdire la circulation des véhicules en fonction de leur propension à polluer, évaluée selon des normes européennes.

A noter qu’il est également possible au préfet de « limiter le trafic routier des poids lourds en transit dans certains secteurs géographiques« , notamment en mettant en place des itinéraires de substitution.

La mise en place de critères définissant un épisode de pollution

Les pics de pollution peuvent être caractérisés selon trois critères alternatifs : la superficie, la population et les situations locales particulières. Selon le critère de superficie, dès lors qu’une surface d’au moins 100 km2 au total est concernée par un dépassement de seuil, l’épisode de pollution est caractérisé.

Le critère de population prévoit quant à lui que dans les départements de plus de 500.000 habitants, l’épisode est caractérisé lorsque  10% de la population est exposée à la pollution. Dans les départements de moins de 500.000 habitants, il faut au moins 50.000 habitants visés.

Enfin, des « situations locales particulières » peuvent également justifier la caractérisation d’un épisode de pollution, du fait de « vallées encaissées ou mal ventilées, les zones de résidence à proximité de voiries à fort trafic« . Ce qui est déjà le cas dans la vallée de l’ARVE.

Un des apports majeurs de cet arrêté réside dans la tentative d’uniformisation au niveau national des outils de mesure déterminant les dépassements de seuils. Jusqu’ici, les méthodes de mesure étaient relativement disparates, reposant sur des outils différents.

Le dépassement des seuils est désormais estimé « par modélisation en situation de fond« . Cette méthode allie la modélisation et les mesures réalisées sur le terrain par une station de fond. Ce type de station mesure la qualité de l’air afin de rendre compte de l’exposition moyenne de la population aux phénomènes de pollution. Pour cela, elle doit se situer « hors de l’influence directe d’une source« . A noter qu’en cas « d’absence de modélisation de la qualité de l’air, un épisode de pollution peut être caractérisé par constat d’une mesure de dépassement d’un seuil sur au moins une station de fond« .

La persistance d’un épisode de pollution aux particules prise en compte

Un autre apport de l’arrêté se situe dans la définition de la notion de « persistance d’un épisode de pollution aux particules PM10« . Un épisode de pollution persistante correspond au dépassement du seuil d’information et de recommandation durant deux jours consécutifs assorti d’une prévision de dépassement du seuil d’information et de recommandation pour le jour même et le lendemain. Dans ce cas, la procédure d’information et de recommandation évolue en procédure d’alerte.

Pierre Emmanuel Bouchez© Tous droits réservés Actu-Environnement

 

Le 5ème rapport du Giec est dévoilé

La seconde partie du 5e rapport d’évaluation traite des conséquences des changements climatiques, de l’adaptation et de la vulnérabilité de nos sociétés aux colères du climat, tout au long du XXIe siècle. Il est publié 6 mois après le premier tome, qui présentait l’état de la science climatique. Il sera suivi, le 13 avril, par la publication du résumé du rapport du troisième groupe de travail du Giec, dédié aux politiques et mesures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre par l’atténuation.

Quels sont les risques avérés à terre ?

Il y a deux façons de lire le rapport du groupe 2 : par risque et par région du monde.
Côté risques, le gros des préoccupations des politiques devra porter sur l’eau. Selon le niveau de réchauffement (Climat), le nombre de terriens susceptibles de subir de fortes inondations variera du simple au triple. Voilà pour les régions tempérées. Dans les zones les plus sèches, c’est la fréquence des périodes de sécheresse qui augmentera. «Chaque degré supplémentaire devrait réduire de 20% les ressources en eau», estiment les auteurs. Pas rassurant si l’on garde à l’esprit que la population mondiale pourrait croître de moitié d’ici la fin du siècle.

En Europe, l’eau aura plutôt une fâcheuse tendance à inonder. La faute à un changement de régime des précipitations, à la montée du niveau de la mer, ainsi qu’à l’urbanisation des zones… inondables. Les effets inverses toucheront les régions méridionales du Vieux monde. Au nord, on multipliera donc les ouvrages de défense contre l’eau. Au sud, on mettra en œuvre des technologies sobres en eau, notamment pour l’irrigation et la production d’énergie. On améliorera aussi la résilience des villes.

Nous sommes encore à la croisée des chemins, soulignent les auteurs du Giec. A supposer que nous allégions très sensiblement notre empreinte carbone, nous pouvons espérer stabiliser le réchauffement sous la barre des 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Et réduire ses conséquences. «La réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies peut substantiellement diminuer les risques liés aux changements climatiques dans la seconde moitié du siècle», confirment les chercheurs. Ils ne seront toutefois pas nuls. D’où l’importance de commencer à nous y préparer.

28 Mars : 14ème journée du sommeil

En ce  vendredi 28 mars, 14ème Journée du sommeil, Damien Léger, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance et responsable du centre du sommeil à l’Hôtel-Dieu à Paris, a fait le point sur de nombreuses interrogations sur  ce sujet.

L’Invs a elle,  de son côté et pour cette occasion, donné la valeur moyenne de sommeil des Français en activité,  qui est de 6h55 sachant que 30% n’ont pas 6 heures de sommeil. Les enfants devraient dormir 10 heures et les ados 9 heures. Cependant  30% d’entre eux des 15-19 ans et 25% des moins de 15 ans dorment moins de 7h par nuit. Ce qui est largement insuffisant.

Notre société malmène très largement notre sommeil en tant que rythme fondamental qui correspond pourtant à un besoin vital aussi incontournable que de s’alimenter. Malgré ces constatations et ce savoir, nous sommes dans une société en manque de sommeil.

Sans surprise, le risque d’accident augmente de façon exponentielle, faute de vigilance… Sans compter que l’impact du manque de sommeil sur la santé physique et mentale se fait aussi sentir au travail.

Les 3 premières heures de sommeil sont les meilleures . L’accent a été mis aussi sur la qualité de alimentation du soir où doivent être privilégiés les sucres lents au détriment des protéines plus excitantes, par contre les boissons chaudes sont conseillées en évitant les excitants comme thé ou café.

Une étude IPSOS pour Microsoft montre que 80% des jeunes entre 15 et 24 ans consultent leur téléphone au lit ce qui défavorisent un bon sommeil. De m^me s’endormir devant la télévision, l’ordinateur ou la tablette est fortement déconseillé( selon une étude américaine Applied Ergonomics parue en Aout 2012), la lumière produite par ces appareils perturberait le sommeil.femme qui dort sur son portable

Notre partenaire l’ASEF avait souligné par un communiqué en Octobre 2013 l’effet néfaste du téléphone portable pour un repos efficace et conseille de limiter son environnement d’ondes et de ne pas dormir prés de son téléphone portable.

La pollution atmosphérique tuerait plus encore que le tabac

Nous relayons l’information transmise par Le Monde du 26 Mars :

Alors que la France et une partie de l’Europe occidentale sortent tout juste d’un épisode de pollution atmosphérique inédit et que les alertes se succèdent en Asie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu publique, mardi 25  mars, sa nouvelle estimation de la surmortalité attribuable à la mauvaise qualité de l’air. Celle-ci, estime l’OMS dans son communiqué, « est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde ».

Par rapport aux dernières estimations de l’organisation onusienne, qui remontent à la fin des années 2000, ce nouveau chiffre constitue un quasi-doublement. Une différence attribuable à l’augmentation de l’incidence des maladies liées à la pollution atmosphérique, mais aussi à l’amélioration des techniques d’analyse et à la prise en compte de nouvelles données.

Rappelons qu’en octobre 2013 le CIRC avait classé la pollution atmosphérique comme cancérigène pour l’homme elle pourrait avoir aussi des effets neurologiques.

L’impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur la santé ne se limite pas à accroître le risque de cancer, mais concerne également les pathologies cardiovasculaires et pourrait même affecter les fonctions cognitives, selon de nouvelles études.ceci étant dû notamment à plusieurs polluants comme le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules en suspension d’un diamètre inférieur à 10 µm (PM10).

Selon l’ INVS ( institut de veille sanitaire) « l’impact à long terme de l’exposition chroniques aux PM2,5 [ les « particules fines »] sur la mortalité, notamment cardiovasculaire, a été clairement établi. Les résultats sont moins concluants en ce qui concerne le lien entre exposition chronique à l’ozone et mortalité respiratoire. »Outre son retentissement respiratoire et cardiovasculaire, la pollution atmosphérique pourrait également avoir une traduction sur le plan neurologique. Lors d’une étude expérimentale chez le rat menée par des chercheurs chinois (1), et publiée en mars 2013, l’exposition au NO2 est apparue susceptible d’augmenter  le risque de démence, d’origine vasculaire. Une équipe californienne (2) s’est penchée sur les fonctions cognitives d’adultes d’âge moyen et de seniors à Los Angeles et a mis en évidence en octobre des associations entre des niveaux croissants d’ozone, de PM2,5 et de NO2 et une diminution de certaines performances intellectuelles.

Si l’attention est plus fortement attirée par les épisodes de pics de pollution, L’InVS insiste sur le fait qu’en « termes de santé publique, le poids de ces impacts à long terme est largement supérieur à celui des impacts à court terme ».

En 2012, 3,7 millions de personnes sont décédées à travers le monde en raison d’effets liés à la pollution extérieure et 4,3 millions en raison de la pollution de l’air domestique, soit concrètement les fumées et émanations liées aux appareils de cuisson, chauffés au bois ou au charbon, ou les instruments de chauffage.

(1)http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004565351300369X

(2) http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0161813X13001526