Tous les articles par Jacqueline Collard

L’illusion de dessaler l’eau de mer pour palier au manque d’eau ?

Avec près de 22 000 usines de dessalement d’eau dans le monde, le processus devient selon certains, prometteur. Le directeur du Centre Energie et Climat de l’Ifri, Marc-Antoine Eyl-Mazzega, estime même que ce chiffre viendrait à doubler d’ici une vingtaine d’années.

Voyons donc les avantages annoncés et les nouveaux problèmes posés:

Malgré ses améliorations, le procédé repose sur l’osmose inverse, qui consiste en l’ultrafiltration sous pression pour permettre la rétention du sel, a démontré sa fiabilité mais reste cependant très énergivore, et par ailleurs ce dessalement serait responsable de l’émission d’au moins 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone tandis que pas même 1% des infrastructures de dessalement ne fonctionneraient à l’énergie renouvelable.

C’est sans compter le rejet très important des saumures associées à des produits chimiques qui réclament des attentions fortes pour ces infrastructures qui sont d’autant de problématiques à régler. Ce serait chaque jour 150 millions de mètres cubes de saumure qui seraient déversés dans la mer, qui accroitraient encore la destruction d’écosystèmes marins.

Pour l’instant donc mieux vaut préserver l’eau de nos nappes en l’économisons.

Résumé : Compte tenu de son impact environnemental, la technologie du dessalement de l’eau de mer ne doit plus être envisagée comme étant la solution idéale à la pénurie d’eau douce en Méditerranée. Les solutions doivent d’abord résider dans une meilleure gestion de la ressource (économies, réduction des pertes, stockage) ou dans l’utilisation de technologies moins impactantes comme la réutilisation d’eaux usées. Un effort de recherche pour développer des solutions technologiques de dessalement plus écologiques doit par ailleurs être encouragé.

https://fmes-france.org/le-dessalement-de-leau-de-mer-une-solution-de-facilite-face-au-stress-hydrique-au-fort-impact-environnemental/

Le rapport du Haut conseil du climat (HCC) vient de paraitre

Le Haut conseil pour le climat (HCC) est un organisme indépendant chargé d’évaluer l’action publique en matière de climat, et sa cohérence avec les engagements européens et internationaux de la France, en particulier l’accord de Paris, l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 et le respect des budgets carbone de la France. 

Le Haut conseil pour le climat a été installé le 27 novembre 2018 par le Président de la République et par décret le 14 mai 2019. . Il est inscrit dans la loi relative à l’énergie et au climat de 2019. Présidé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré, le Haut conseil pour le climat est composé de douze membres choisis pour cinq ans en raison de leur expertise scientifique, technique et économique dans les domaines des sciences du climat et des écosystèmes, de la réduction des émissions de gaz à eet de serre, ainsi que de l’adaptation et de la résilience face au changement climatique.

RAPPORT GRAND PUBLIC : « L’ACTION CLIMATIQUE EUROPÉENNE POUR ATTEINDRE LA NEUTRALITÉ CARBONE D’ICI 2050 »

Le rapport du Haut conseil du climat ( HCC) vient de paraitre ce 07.05.2024

L’action européenne est essentielle pour atteindre la neutralité carbone puisqu’une partie des réglementations environnementales nationales provient du droit au niveau de l’Union européenne. Les politiques nationales en matière d’environnement et de climat sont donc directement conditionnées par les décisions prises au niveau de l’Union européenne, et définissent les orientations générales des initiatives et des investissements qui seront mis en œuvre dans les années à venir. De plus, l’UE joue un rôle leader en matière de diplomatie climatique, en mobilisant d’autres pays et régions du monde pour respecter l’objectif de température de l’accord de Paris (1,5°/2°C).

Afin d’éclairer les questions climatiques au niveau européen et leur articulation avec le niveau français, le Haut conseil pour le climat publie un extrait synthétique et illustré des constats et analyses issus de ses travaux.

(Rapport annuel 2023 « Acter l’urgence, engager les moyens »

avis sur la COP28 « Le bilan mondial et ses implications pour la politique climatique de la France »,

avis sur « La stratégie française de capture, stockage et utilisation du CO2″,

2023, et rapport « Accélérer la transition climatique avec un système alimentaire bas carbone, résilient et juste », 2024).

HCC_Rapport_Inter_2024 – 06.05 copie (hautconseilclimat.fr)

 

L’agence de régulation des radiocommunications (ARCEP) a rendu son rapport

L’Arcep (Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la Distribution de la Presse)a publiée le jeudi 21 mars son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable« . Ce rapport nous donne quelques précisions éclairantes sur l’activité du numérique en France.

  1. La consommation d’énergie des opérateurs provient des réseaux fixes et mobiles, de leurs centres de données, ou encore de leurs flottes de véhicules, locaux commerciaux, et bâtiments administratifs.La consommation énergétique des réseaux fixes et mobiles, en croissance depuis 2017, augmente de 7 % en 2022. À l’inverse, la consommation énergétique des réseaux fixes diminue du fait du remplacement progressif du cuivre par la fibre optique, plus efficace énergétiquement.

Alors qu’en 2022 les émissions de GES en France ont diminué de 2,7 % par rapport à 2021 (1), les émissions de GES des principaux opérateurs télécoms ont augmenté de 2 % en un an, passant de 373 000 à 382 000 tonnes équivalent CO2.Des émissions de gaz à effet de serre en croissance de 14 % en un an, portées par la progression de la consommation électrique.De même, les box et les décodeurs consomment au total 3,3 TWh, soit 0,7 % de la consommation d’électricité totale en France. Cette augmentation n’est pas due à l’utilisation qui en est faite, mais plutôt au type de modèle.

     2. Pour les centres de données

dont l’utilisation augmente en 2022, notamment du fait du recours à l’externalisation. Ces centres émettent   14 % de plus que l’année précédente et leur consommation d’eau  ( pour le refroidissement ) augmente également de 20 % pour atteindre 482 000 m3.
   3. L’Arcep a aussi enrichi cette édition de données collectées auprès des opérateurs de centres de données et des fabricants de terminaux, qui représentent la majorité des impacts environnementaux du numérique selon l’étude Ademe Arcep « L’empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050 ».

 3. Les principaux enseignements

  • Des trois composantes du numérique qui constituent le périmètre de l’étude, ce sont les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) qui sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental, selon l’indicateur environnemental considéré.
  • Parmi tous les impacts environnementaux, l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, l’empreinte carbone, les radiations ionisantes, liés à la consommation énergétique, ainsi que l’épuisement des ressources abiotiques (minéraux et métaux) ressortent comme des impacts prédominants du numérique.
  • La consommation électrique pour les services numériques en France est estimée à 48,7 TWh, ce qui peut être comparé à la consommation totale de 475 TWh [1], signifiant que les services numériques sont responsables de 10% de la consommation électrique française, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 8 282 000 foyers français.
  • L’empreinte carbone des services numériques en France est égale à 16,9 Mt CO2 eq., ce qui peut être comparé au 663 MT CO2 eq. total [2], signifiant que les services numériques sont responsables de 2,5% de l’empreinte carbone de la France  – légèrement supérieurs à l’équivalent du secteur des déchets en France (2%).
  • 62,5 millions de tonnes de ressources (MIPS [3]) sont utilisées par an pour produire et utiliser les équipements numériques.
  • 20 millions de tonnes de déchets produits par an sur l’ensemble du cycle de vie

À l’échelle d’un citoyen :

  • Les impacts moyens annuels de l’utilisation du numérique sur le changement climatique sont similaires à 2 259 km en voiture / habitant.
  • La production de déchets est égale à 299 kg / habitant sur l’ensemble du cycle de vie des équipements (de leur fabrication à leur fin de vie).
  • La masse de matériaux déplacée durant la phase de fabrication est égale à 932 kg / habitant.
  • Les premiers responsables des impacts du numérique sont les terminaux « utilisateur », c’est-à-dire les appareils électroniques (entre 64% et 92% des impacts, en premier lieu les écrans de télévision), suivi par les centres de données (entre 4% et 22% des impacts) et les réseaux (entre 2% et 14 %).

Les négociations sur le traité mondial sur le plastique manque encore d’ambition

Les négociations pour freiner la pollution plastique ont progressé à Ottawa

Une coalition  de 28 pays, parmi lesquels la France, l’Australie, le Nigeria ou encore les Philippines, rassemblés sous la bannière “Bridge to Busan” appellent à s’attaquer à la production même de ce produit longtemps considéré comme fantastique. Le Pérou et le Rwanda (qui préside la coalition), les deux pays  avaient lancé l’idée d’un traité plastique, ont pris les devants à Ottawa en déposant une motion proposant de réduire la production de plastique de 40% d’ici 2040, par rapport à 2025.

Cependant et c’était prévisible cela n’a pas été retenu, considérant que cela est impossible. Pourtant  un rapport publié par la fondation Tara Océans montre que réduire la production de plastique d’au moins 50% en 2040 à l’échelle mondiale, grâce à l’instauration de quotas mondiaux de production de monomère, est tout à fait atteignable sans déstructurer l’économie.

Malgré les multiples freins et des pays qui jouent la montre, Eirik Lindebjerg, chef des politiques mondiales sur le plastique à WWF, a vu du mieux lors de cette session. « On a enfin parlé de la réalité, moins de la théorie ! Par exemple de l’importance de supprimer certains composés chimiques — les PFAS, notamment. On voit davantage de consensus sur le fait d’éliminer certains types de polymères ou d’enlever les microplastiques dans les cosmétiques. »

Un constat partagé par Henri Bourgeois-Costa, directeur des affaires publiques à Tara Océan. « Il ne fallait pas s’attendre à obtenir un texte final à Ottawa. Mais après une seconde session qui a défini le sujet, une autre qui a précisé des intentions, là, on parle vraiment de l’avenir du plastique en tant que tel. On était dans le vif du sujet. »

La dernière session de négociations pour un traité qu’on espère plus contraignant aura lieu à Busan, en Corée du Sud, dès le 25 novembre de cette année.

L’Agence de l’eau RMC vient de publier son rapport 2023

Il  nous permet de connaitre les priorités accordées dans le bassin Rhône-_Méditerranée Corse (RMC) en matière de stratégies biodiversité et changement climatique : ont été accordés  518 M€ d’aides aux collectivités, acteurs économiques et agriculteurs, mobilisant ainsi la totalité de sa capacité financière et des crédits accordés par l’Etat dans le cadre du Fonds vert, soit 29 M€ pour le déploiement de la stratégie nationale biodiversité et 14 M€ pour les mesures de renaturation des villes et des villages. 60 % des aides de l’agence de l’eau ont directement contribué à l’adaptation aux effets du changement climatique.

La désimperméabilisation des sols sur les espaces urbains est aussi en pleine expansion avec 41,3 M€ d’aides, boostée par les crédits du Fonds vert, gérés par l’agence dans certaines régions.

Les collectivités ont aussi répondu massivement à l’appel à projets que l’agence a lancé pour sécuriser l’alimentation en eau potable, notamment dans les territoires ayant connu des ruptures d’alimentation en eau potable l’été 2022. 90 opérations ont bénéficié de 36,7 M€ d’aides.

Les industriels, prenant conscience du fort impact des tensions sur la ressource sur les activités de production, ont saisi l’opportunité de l’appel à projets lancé par l’agence de l’eau en faveur de la sobriété en eau des acteurs économiques, en réponse à l’objectif du Plan eau de réduire de 10 % les prélèvements d’ici 2030. Ainsi, 23 % des volumes d’eau économisés sur le bassin Rhône-Méditerranée proviennent des activités économiques (changement de process, réutilisation des eaux usées traitées, recyclage des eaux pluviales…), au 2ème rang derrière les collectivités (69 %).

Le 8 décembre 2023, avait déjà été adopté par  le comité de bassin Rhône-Méditerranée le plan de bassin d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau 2024-2030 ( PBACC).  C’est l’aboutissement du travail de révision du précédent plan mis en œuvre depuis 2014.

 Lire le rapport d’activité 2023 de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse

Télécharger la plaquette de présentation du PBACC

PDF – 1,17 MB

Télécharger le plan de bassin d’adaptation au changement climatique 2024-2030 Rhône-Méditerranée

PDF – 3,49 MB

https://www.rhone-mediterranee.eaufrance.fr/un-plan-daction-pour-renforcer-les-synergies-entre-les-enjeux-de-leau-et-de-lurbanisme