Tous les articles par Jacqueline Collard

Des substances interdites retrouvées dans les cheveux et les urines d’enfants

Des pesticides, interdits ou préoccupants, ont été retrouvés dans des analyses de cheveux et d’urine de 71  d’enfants de six communes de l’agglomération de La Rochelle, (vaste étendue agricole et céréalière) alors que dans cette même région sont diagnostiqués des cancers pédiatriques en grande importance.

L’Association Avenir Santé Environnement créée en 2018 dans la plaine d’Aunis est à l’origine de cette démarche, afin d’élucider les éventuelles causes de cette épidémie inquiétante. Son président ajoute « On a eu plusieurs épisodes de pollution de l’eau avec des pesticides, de nombreux points de captage ont été fermés. Et on retrouve énormément de pesticides dans l’air de nos communes. Certaines molécules ont même été retrouvées dans des concentrations records. Tout ça a fini par aiguiser notre inquiétude. »

Les parents qui se battent depuis des années  trouvent ainsi une confirmation : des pesticides, interdits ou considérés comme préoccupants ont bien été retrouvés dans les cheveux et les urines de de ces enfants, âgés  de 3 à 17 ans,  « D’autres molécules peuvent correspondre à un usage domestique, comme le DEET, qu’on trouve notamment dans les répulsifs antimoustiques », explique Laurence Huc, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) qui a analysé les résultats pour l’association. C’est cette association qui a financé les analyses, pour découvrir pas moins de 45 molécules qui ont été retrouvées dans les cheveux des enfants et 14 dans leurs urines, qui pour certaines  sont interdites.

Selon un expert de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), interrogé par franceinfo, « l’interprétation sanitaire de ce type d’informations est difficile, car il n’existe pas, malheureusement, de seuil pour les résidus de pesticides dans les urines ou les cheveux. Il n’empêche que ces données sont intéressantes, et qu’il faut aller les chercher, car elles permettent de dresser un état des lieux de l’exposition des populations à toutes ces molécules ».

Ce 12 octobre est l’occasion d’une manifestation organisée par Avenir Santé Environnement, à 14h à La Rochelle. Il s’agit de la    2ème édition de  l’appel de la Rochelle  pour alerter sur la présence de ces pesticides et sur les risques, avec une marche à La Rochelle appelant à  une véritable transition agricole  et à  un plan de sortie des pesticides de synthèse.

Le 8 octobre à Grenoble s’est tenue la journée de culture sur les risques majeurs

Une journée consacrée à  la culture du risque , s’est tenue  à la Maison du Tourisme à Grenoble avec la préfecture, la DREAL, le SPPPY, l’IRMA et les services des villes avoisinantes.

 Objectifs de la journée : évoquer les différents risques majeurs, évaluer la campagne d’information menée en 2023 et penser les prochaines actions pour renforcer la culture du risque.Grenoble École de Management ( GEM)  avait  mené une enquête en questionnant les habitants sur leurs perceptions des risques. La 1ere préoccupation reste la qualité de l’air, à part pour les personnes qui se rappellent de la campagne « les bons réflexes » qui placent le risque industriel en 1er.

Enquête analysée par Laurence Creton, sociologue de la ville de Grenoble . Elle la qualifie comme efficace, avec 19% des personnes interrogées qui se souviennent de la campagne d’information.Cette  campagne d’information2023  était composée de flyers distribués dans les boites aux lettres mais aussi d’une campagne numérique sur les réseaux, gérée par Magazine & Fils.

Elle a regroupé un grand  nombre d’acteurs qui ont apporté leur compétence et retour d’expérience sur la survenance d’événements majeurs, qu’ils soient d’origines naturelle ou technologique, et mis en lumière la nécessité d’alerter efficacement les populations exposées à un danger imminent.

En France, cette responsabilité incombe aux pouvoirs publics, qui ont mis en place un dispositif spécifique pour répondre à cet enjeu  : les sirènes ( vérifiées chaque premier mercredi du mois ) et le système FR-ALERT. Déployé depuis 2022, cet outil vise à informer en temps réel les citoyens présents dans une zone menacée par un danger grave. La complexité des risques auxquels nous sommes confrontés, l’évolution rapide des technologies et l’impératif d’une information efficace à l’heure des réseaux sociaux nous incitent à questionner en profondeur les outils et les méthodes employés et a anticiper les risques afin de savoir mieux y répondre le cas échéant.

 C’est dans cet aspect que SERA est fort impliquée dans ces réflexions préventives et propose aux collectivités leur soutien..

Un nouveau parlement est né à Grenoble: celui de la Rivière Isère

Le Parlement de l’Isère est né de l’inquiétude de la population concernant l’eau, sa raréfaction  , ses usages, ses pollutions et l’accaparement de cette ressource dans le contexte du changement climatique,

Plusieurs associations sont à l’origine de ce dispositif: la FNE Isère, avec des associations  citoyennes en proposant des ateliers de réflexions afin d’élaborer les diverses orientations à donner à ce Parlement pour l’ensemble du bassin versant de l’Isère.

Son objectif: s’organiser pour protéger l’eau, se réapproprier démocratiquement les enjeux de l’eau, reconnaitre le droit à la rivière et assurer une base documentaire des données de la rivière.

Les dimensions du Parlement :

  • Une dimension politique et citoyenne : Créer un espace public de discussion sur l’eau ouvert à tous·tes pour élargir la participation citoyenne et porter la parole citoyenne auprès des institutions.
  • Une dimension scientifique : Constituer un observatoire de l’eau qui rassemblerait et vulgariserait de manière neutre et indépendante les données disponibles sur l’eau.
  • Une dimension juridique : Engager une réflexion sur les droits de la nature et considérer la rivière comme une entité ayant une valeur intrinsèque et pouvant prétendre à la personnalité juridique et morale.

 L’Isère fait aujourd’hui face à 3 menaces principales: l’accaparement de l’eau pour des usages industriels, la pollution de nappe de Grenoble ville avec un long passé industriel, et la raréfaction de la ressource prévisible avec le réchauffement climatique trés soumis à la fonte des glaciers alpins.

La première session  s’était  déroulée , le 28 septembre, avec une soixantaine de participants.Une assemblée citoyenne est intéressante pour permettre aux habitants de s’approprier la connaissance de leur environnement et des biens communs que sont les rivières afin de mieux les préserver.

https://parlement-isere.org

Les fleurs elles même porteuses de pesticides ? L’envers du décor de la rose

Très peu d’études sont  faites sur la contamination des fleurs coupées et des plantes ornementales par les pesticides. En manipulant des fleurs coupées traitées aux pesticides,( dont 85% proviennent de l’étranger dans une production intensive sans aucune protection des salariés) , une maman française a contaminé son bébé alors qu’elle était enceinte., celle ci ayant été exposée dès ses 20 ans à de nombreux herbicides dans le cadre de sa profession,

Une ancienne fleuriste a demandé, mercredi devant la cour d’appel de Rennes, la reconnaissance du préjudice subi par sa fille Emmy , morte à l’âge de onze ans d’une leucémie diagnostiquée à 5 ans et  liée à son exposition aux pesticides durant la grossesse.« Une contamination qui, malheureusement, passe la voie placentaire au moment de la grossesse et qui entraîne la contamination des fœtus », a expliqué Me Lafforgue.

Une étude belge avait déjà pu démontrer le risque encouru par les fleuristes.« Le risque pour les fleuristes est même plus important que celui encouru par les agriculteurs, car ils sont exposés à un cocktail de très nombreux pesticides, avec un nombre de substances très élevé sur chaque bouquet, y compris des substances interdites en Europe. Pourtant, ils ne sont pas informés. Et contrairement aux agriculteurs, ils sont exposés six jours sur sept, toute la journée, toute l’année ! », conclut Bruno Schiffers* professeur honoraire à l’Université de Liège, qui a piloté cette étude.

Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reconnu « le lien de causalité entre la pathologie » de la petite Emmy et « l’exposition aux pesticides durant la période prénatale », a-t-il indiqué.

Contrairement aux fruits et légumes, il n’existe pas de réglementation européenne permettant de fixer des limites maximales de résidus de pesticides dans les fleurs.

* Bruno Shiffers, ingénieur agronome spécialisé en Protection des Végétaux, professeur honoraire de phytopharmacie et ancien responsable de Laboratoire de Phytopharmacie de Gembloux Agro-Bio Tech à l’Université de Liège en Belgique.

https://www.researchgate.net/publication/333760805_Biological_monitoring_of_exposure_to_pesticide_residues_among_Belgian_florists

Enquêtes sur l’utilisation des écrans par les jeunes

Plusieurs études révèlent les tendances fortes de l’utilisation des écrans par les enfants et les jeunes : de quoi considérer la mesure demandée par la Ministre de l’Éducation Nationale à la rentrée scolaire afin de limiter les temps d’écrans. et rappelant que la majorité numérique est à 15 ans depuis 2023.

Les conclusions de l’étude « Born Social » édition 2024, réalisée par l’agence Heaven en partenariat avec l’association Génération Numérique, révèlent des tendances marquantes concernant l’utilisation des réseaux sociaux chez les plus jeunes. Elle révèle que 75% des moins de 13 ans utilisent au moins un réseau social régulièrement, tout en ayant un regard critique sur l’utilisation qu’en font leurs parents. L’accès précoce à ces réseaux pose des défis majeurs notamment en termes de régulation des contenus appropriés et de protection contre les risques en ligne.

Parmi les enseignements  de cette édition 2024 de Born Social : 75% des moins de 13 ans utilisent au moins un réseau social de manière régulière,les plateformes de jeux vidéo deviennent de plus en plus des espaces de socialisation : 63% des pré-ados se rendent sur des jeux vidéo en ligne (type Roblox…) pour passer du temps avec leurs amis, l’usage de la géolocalisation continue à se généraliser : 60% des enfants indiquent que leurs parents les géolocalisent avec leur téléphone ( ils étaient seulement 34% en 2020).Cet outil est double tranchant : il rassure les parents en leur offrant un moyen de veiller sur la sécurité de leurs enfants, mais il peut également susciter des débats sur la question de la surveillance et du respect de la vie privée des jeunes.

Une autre enquête de l’observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) a publié  aussi une étude réalisée par Ipsos média sur le temps que les enfants passent sur les écrans et ce qu’ils y font. Cette enquête a été réalisée via un questionnaire en ligne, du 8 au 16 février 2024. 1 800 personnes ont répondu, dont 1 200 parents d’enfants âgés de 7 à 17 ans et 600 enfants âgés de 7 à 17 ans.

Il en ressort:   c’est  11,3 ans ; l’âge moyen du premier smartphone, et 99% des enfants se connectent quotidiennement sur le web dès 11 ans.

La consigne « pas d’écran à table » est appliquée par 56 % des parents. Seulement 49 % limitent le temps d’usage numérique quotidien de leur enfant et 37 % leur proposent des activités non-numériques en remplacement.

Le contrôle parental n’est mis en place que par 23 % des parents (moins 8 points par rapport à 2021). Et paradoxalement, il est utilisé à hauteur de 24 % chez les 7 – 10 ans contre 32 % chez les 11 – 14 ans.

Sources : https://www.aacc.fr/sites/default/files/media/document/2024-10/BORN%20SOCIAL%202024.pdf

Parents, enfants et numériques 2024, Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique et Ipsos, octobre 2024