Tous les articles par Jacqueline Collard

Dernier rapport d’Olivier de Schutter sur les moyens de lutter contre la pauvreté

Olivier De Schutter, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté

remet en question la croissance comme levier de lutte contre la pauvreté. Il déclare : “Pendant des décennies, nous avons suivi la même recette éculée : faire croître l’économie d’abord, puis utiliser la richesse pour lutter contre la pauvreté. Ce n’est pas seulement malavisé, c’est dangereux. Au nom du PIB, nous poussons notre planète et ses habitants au bord du gouffre”, lance le Rapporteur spécial de l’ONU.

Ce rapport fait suite à l’ouvrage “Changer de boussole, la croissance ne vaincra la pauvreté”, publié par Olivier de Schutter en mai 2023 aux éditions Les Liens qui libèrent. Il s’inscrit pleinement dans le mouvement Beyond growth qui vise à explorer les systèmes économiques au-delà de la croissance et qui commence à prendre de l’ampleur.

Le Rapporteur spécial de l’Onu défend ainsi une économie postcroissante, qui ne rimerait ni avec austérité ni avec récession.Pour cela, il a retenu cinq priorités :

– stimuler l’économie sociale et solidaire,

– démocratiser le travail via la représentation syndicale notamment,

– partager l’emploi et réduire le temps de travail,

– lutter contre le consumérisme en interdisant par exemple la publicité et  l’obsolescence programmée,

– et fournir des services de base universels (logement décent, alimentation nutritive, eau, énergie, transports, accès au numérique). Pour financer tout cela, il propose d’augmenter la taxe sur les successions, sur le carbone et l’impôt sur la fortune ou encore de mieux lutter contre les fuites de capitaux.

Report : EN/FR/ES/RU/AR/ZH

Press release :  « End dangerous fixation with GDP as way to eradicate global poverty: UN expert »  EN/FR/ES

Watch the Special Rapporteur’s presentation of the report to the 56th session of the Human Rights Council : YouTube

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Qui contrôle les eaux de boisson et comment ? Effectivité de la nouvelle Directive 2020

L’eau utilisée pour produire notre eau du robinet fait l’objet en France d’un suivi sanitaire régulier.

Ce suivi se décompose en une surveillance, exercée par la personne moralement responsable de la production ou de la distribution de l’eau, ainsi que le contrôle sanitaire, mis en œuvre par les agences régionales de santé (ARS), en application des dispositions du Code de la santé publique et de la Directive 2020/2184 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine  qui est la refonte de la directive 98/83/CE.

Des prélèvements sont effectués au niveau de la ressource (c’est-à-dire au niveau de la nappe ou de la rivière, au point de captage avant le traitement), à la sortie de l’usine de traitement ainsi qu’au niveau du point de distribution (c’est-à-dire au robinet). Les prélèvements et analyses sont réalisés par des laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux par le ministère de la Santé. Ces laboratoires doivent respecter des méthodes d’analyses et atteindre un certain niveau de « performance analytique », c’est-à-dire présenter des résultats réguliers et sûrs.

Les principaux axes d’évolution en matière d’eau potable depuis cette nouvelle directive: 5 objectifs concourant à améliorer la sécurité sanitaire de l’eau et la confiance du consommateur : 

Les modalités d’information du public par les mairies sont décrites dans l’article D1321-104 du code de la santé publique : la mairie doit afficher les résultats du contrôle des eaux sous deux jours ouvrés suivant la date de leur réception, sauf en cas de situation d’urgence où des mesures sont prises afin d’informer les usagers dans les meilleurs délais et de proposer des solutions palliatives, comme la distribution d’eau en bouteille.

Dans un contexte où les pollutions environnementales se multiplient et menacent sa qualité, elle constitue cependant un bien limité.  En France, les prélèvements d’eau potable sont gérés par bassin hydrographique. La lutte contre les pollutions (nitrates, phosphates, pesticides…) représente un des enjeux clé de cette législation cruciale mise en place en 1964 pour protéger la santé humaine et l’environnement, tant la faune que la flore. C’est à cette époque que le principe du « pollueur-payeur » a été introduit.

Les défis se sont depuis multipliés, puisque le changement climatique introduit une pression supplémentaire sur la quantité et la qualité des ressources en eau disponibles, rendant ce mode de gestion de plus en plus difficile.Un exemple frappant de cette dégradation est l’abandon de nombreux captages et équipements, soit 12 600, entre 1980 et 2021.

Conséquence directe : les concentrations jugées comme « acceptables » dans les eaux potables ont été multipliées par dix, conduisant à rouvrir des points de captage d’eau qui avaient été fermés dans l’intervalle.

La seule option viable reste donc une protection indispensable des ressources en eau destinées à la production d’eau potable. Cela passe par des recherches approfondies pour améliorer la connaissance de l’état de contamination des ressources, par la mise en place de filières de traitement adaptées et respectueuses de l’environnement et par la promotion d’activités agricoles réduisant drastiquement l’utilisation intensive de produits phytosanitaires.C’est un des axes de notre mobilisation sur le terrain et dans les instances décisionnaires.

https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/article/une-nouvelle-directive-eau-potable#:~:text=la%20consommation%20humaine-,La%20directive%2098/83/CE%20relative%20%C3%A0%20la%20qualit%C3%A9%20des,’Union%20europ%C3%A9enne%20(UE).

Face aux canicules de plus en plus fréquentes : savoir se protéger

La Vigilance météorologique de Météo-France informe sur les « vagues de chaleur » ayant un impact sanitaire sur la population du 1er juin au 15 septembre (cette période peut être avancée ou prolongée de quelques jours si la situation l’exige) or cela nous est annoncé !

 Le changement climatique engendre une élévation globale des températures en France. Il  engendre une augmentation de la fréquence, de l’intensité, de l’extension géographique et de la durée des vagues de chaleur. Un pic de chaleur est un épisode caractérisé par une chaleur intense, de courte durée (sur 1 à 2 jours) ou par des températures élevées qui perdurent dans le temps. Un épisode de canicule présente de très fortes chaleurs le jour et la nuit durant au moins 3 jours consécutifs.

Les conséquences sanitaires d’une exposition à la chaleur se mesurent par l’augmentation du recours aux soins d’urgence pendant les vagues de chaleur pour pathologies liées à la chaleur, mais également par une augmentation très rapide de la mortalité, observée dès l’exposition. Lorsqu’il est exposé à la chaleur, le corps humain active des mécanismes de thermorégulation qui lui permettent de compenser l’augmentation de la température (transpiration, augmentation du débit sanguin au niveau de la peau par dilatation des vaisseaux cutanés, etc.). Quand ces mécanismes sont débordés, des pathologies liées à l’exposition à la chaleur se manifestent : maux de tête, nausées, insolation, crampes musculaires, déshydratation.

Face à des températures anormales le corps déclenche une réponse physiologique coordonnée par l’Hypothalamus (situé dans le cerveau) après réception par les organes périphériques de ces informations. La première réponse est la production de sueur qui permet de dissiper la chaleur, c’est pourquoi la nécessité de boire  est une évidence pour éviter la surchauffe des organes dont le système cardiovasculaire.

Plus l’intensité de la chaleur augmente, plus la part de la population éprouvant des difficultés à maintenir une thermorégulation efficace augmente : l’ensemble de la population, même jeune et en bonne santé, est concernée lorsque la température augmente et que des canicules voire des canicules extrêmes se produisent.

Aussi mieux vaut adopter des gestes simples :

  • Restez au frais (chez vous ou dans un lieu rafraîchi),
  • Buvez de l’eau (sans attendre d’avoir soif),
  • Mouillez-vous le corps,
  • Fermez les volets et fenêtres le jour, aérez la nuit,
  • Privilégiez les activités douces et sans effort,
  • Mangez frais, équilibré et en quantité suffisante,
  • Évitez l’alcool,
  • Prenez des nouvelles de vos proches et des plus fragiles.

En cas de malaise, appelez le 15  ou si besoin  Numéro vert Canicule info service

Compléments :

https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/648666/4373634?version=1

https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-climatiques/article/la-gestion-sanitaire-des-vagues-de-chaleur

https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/628526/4294635?version=1

https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/648670/4373646?version=1

https://www.vivre-avec-la-chaleur.fr/logement/?

Instruction interministérielle applicable pour l’été 2024  Téléchargement du pdf 

 

L’épidémiologiste de l’environnement Shanna Swan renouvelle l’alerte sur la baisse de fertilité générale

Sa première étude, publiée en juillet 2017, indiquait que la numération des spermato-zoïdes, soit le nombre total de spermatozoïdes dans un éjaculat, avait chuté de plus de 50% en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande entre 1973 et 2011. Avec une nouvelle méta-analyse publiée le 15 novembre 2022 dans la revue Human Reproduction Update, les scientifiques ont analysé différentes études d’échantillons de sperme parues entre 2014 et 2019 pour les ajouter aux données précédentes.

Et le verdict de  Shanna Swan, coauteure de l’étude et épidémiologiste de l’environnement au sein de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai de New York, est sans appel : « Le recul ne s’atténue pas, il reste abrupt et important, dans l’ensemble, la diminution garde une amplitude similaire, mais on constate une accélération ces dernières années. (…) Toute perturbation du développement des organes génitaux qui survient in utero est permanente, » ajoute-t-elle.

Contrairement aux idées reçues, l’infertilité affecte autant l’homme que la femme, indique Amy E.T. Sparks, physiologiste de la reproduction et directrice des laboratoires de fécondation in vitro et d’andrologie de l’université d’Iowac. Ce déclin de la numération des spermatozoïdes n’est pas un phénomène isolé. La faible numération des spermatozoïdes est associée à un faible niveau de testostérone et à une modification du développement des organes génitaux masculins dans l’utérus, déclare Shanna Swan, auteure du livre Compte à rebours – Nos enfants seront-ils tous stériles en 2050 ?

Pour Hagai Levine, épidémiologiste à l’école Braun de santé publique de l’université hébraïque de Jérusalem, cette baisse de fertilité connaît une  accélération qui pourrait s’expliquer par un « effet de mélange » des substances chimiques : ceci avec différentes substances associées dans l’environnement, ce qui pourrait avoir un effet encore plus néfaste en amplifiant mutuellement leurs effets négatifs. Ou alors, poursuit-il, le déclin pourrait être le fruit d’une « exposition cumulée au fil du temps. »

En conclusion, Levine et Swan appellent à l’action locale et internationale pour diminuer ou éradiquer ces substances chimiques de nos environnements. « Nous devons tout faire pour empêcher le déclin de se poursuivre et même inverser la tendance » déclare Levine. « Nous devons à tout prix éviter la complaisance à ce sujet en imaginant naïvement que la reproduction assistée est la solution. »

Le 1er août a vu le franchissement du Jour du dépassement

Selon les calculs de l’organisation nord-américaine Global Footprint Network ce jeudi 1er août, l’humanité a consommé l’entièreté des ressources que peut fournir la planète, cette information représente physiquement le jour où l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la biocapacité de la planète. En 2024, le Jour du dépassement intervient donc cinq mois avant la fin de l’année, et un jour plus tôt qu’en 2023, année ayant marqué pour la première fois depuis des décennies, hors période de COVID, un léger recul. En 1970, le Jour du dépassement intervenait le 29 décembre.

Mais en complément une récente publication scientifique, parue dans la revue Science, apporte une mise à jour inquiétante de notre utilisation des ressources terrestres. En se basant sur les neuf limites planétaires établies en 2009 par Johan Rockström et une équipe internationale de vingt-huit scientifiques, l’étude révèle que l’humanité a franchi une nouvelle étape de l’épuisement et du non-respect des ressources planétaires. La limite planétaire de l’eau douce est aujourd’hui dépassée.

L’établissement de « limites planétaires » contribue à évaluer les constantes « normales » qui permettent à l’ensemble du système Terre de fonctionner harmonieusement, ou au contraire de basculer dans un scénario risqué, voire dangereux.  Concrètement, cette empreinte  est calculée à partir d’un vaste corpus de plus de 15 000 données scientifiques collectées par les Nations unies. Alors que l’empreinte écologique ne prend en compte que les ressources biologiques que peut nous fournir la planète, un pan entier de notre activité manque, ce sont les pollutions, les dégradations ou encore les atteintes que l’on porte à notre environnement .Les limites planétaires seraient plus conformes à la réalité terrain et nous en avons franchi 6 sur 9 (soit l’ensemble des interactions de la biodiversité à l’échelle planétaire )et nous venons de franchir en septembre 2023 celle qui concerne l’eau douce.

 

État actuel des variables de contrôle pour les neuf limites planétaires.

Source : « Earth beyond six of nine planetary boundaries », Science Advances, septembre 2023

Les neuf limites établies sont des indicateurs. Plus nous les franchissons, moins l’on est sûrs de la gravité des conséquences. Il parait plus qu’urgent que la prise de conscience grandisse. Rappelons les conseils de l’ADEMEChacun, en qualité de citoyen, peut limiter l’exploitation des ressources naturelles, en raisonnant ses consommations d’énergie et d’eau, en réduisant les gaspillages ou encore en donnant une seconde vie aux objets.

https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adh2458

https://www.nationalgeographic.fr/environnement/eau-douce-danger-ressource-naturelle-la-sixieme-limite-planetaire-a-ete-franchie-et-maintenant