Tous les articles par Jacqueline Collard

L’OMS durcit les normes sur certains polluants atmosphériques

Communiqué de presse : L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé mercredi des limites plus contraignantes pour les principaux polluants de l’air :

  • Les nouvelles lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air visent à éviter des millions de décès dus à la pollution atmosphérique

  • Avec les changements climatiques, la pollution atmosphérique est l’une des principales menaces environnementales pour la santé

  • On estime que l’exposition à la pollution atmosphérique entraîne sept millions de décès prématurés et la perte de millions d’années de vie en bonne santé chaque année.

  • Les nouvelles lignes directrices de l’OMS recommandent des seuils de qualité de l’air concernant six polluants, pour lesquels on dispose des données les plus récentes quant à leurs effets sur la santé. Le fait de prendre des mesures contre ces polluants dits classiques (particules en suspension (PM), ozone (O₃), dioxyde d’azote (NO₂), dioxyde de soufre (SO₂) et monoxyde de carbone (CO)) a également un impact sur d’autres polluants nocifs.

  • Les disparités en matière d’exposition à la pollution atmosphérique augmentent dans le monde entier, d’autant plus que les pays à revenu faible ou intermédiaire connaissent des niveaux croissants de pollution atmosphérique en raison d’une urbanisation à grande échelle et d’un développement économique qui repose en grande partie sur l’utilisation de combustibles fossiles.

  •  la pollution de l’air est aujourd’hui considérée comme un facteur de risque aussi important que le tabagisme ou la mauvaise alimentation. Aucune région du monde n’est épargnée, mais certaines paient un tribut plus lourd. C’est la première fois que l’OMS met à jour ses lignes directrices mondiales sur la qualité de l’air depuis 2005 et nous demandions que ces valeurs soient revues c’est donc une bonne nouvelle :  dès lors les mettre en œuvre est urgent.

La difficile gestion des risques industriels : ICPE, PPRT, CSS

Des rappels :

C’est le 21 septembre 2001 qu’a eu lieu l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, plus grosse catastrophe technologique qu’est connue la France, à l’origine de 31 morts, environ 2 500 blessés et plusieurs milliards d’euros de dégâts matériels. Et c’est le 26 septembre 2019 qu’est survenu l’incendie de la plateforme Lubrizol  et des entrepôts NL Logistique jointifs à Rouen qui, sans faire de victimes, a profondément marqué le paysage des risques.

Comme après chaque catastrophe, les pouvoirs publics avaient réagi en lançant plusieurs réflexions dans les domaines de la prévention, du contrôle et de l’information des populations. Celles-ci ont abouti à l’adoption, en 2003, de la loi dite « Bachelot ». Un texte marqué principalement par la création des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) destinés à mieux maîtriser l’urbanisation autour des sites « Seveso seuil haut », mais aussi par un renforcement des études de dangers (EDD) exigées des exploitants et une meilleure association des salariés et des riverains.

Les PPRT ont également permis de réduire la vulnérabilité des riverains des sites Seveso seuil haut à travers des mesures foncières (expropriations, délaissements) et de renforcement du bâti. « Cela a permis une prise de conscience des industriels et de l’administration », se réjouit- le Président d’AMARIS. Mais, dix-huit ans après la promulgation de la loi, les PPRT ne sont pas encore tous approuvés : quatre sur 389 doivent encore l’être.

A la suite de l’accident de Rouen , la ministre de l’environnement a ordonné, en septembre 2020, une inspection systématique dans les trois ans de toutes les installations classées (ICPE) dans un rayon de 100 mètres autour des sites Seveso. Mme Pompili a aussi annoncé une augmentation de 50 % des contrôles sur le terrain d’ici la fin du quinquennat. La création de 50 postes d’inspecteurs a été programmée sur 2021 et 2022. Les effectifs avaient aussi été renforcés après AZF, mais ils se sont ensuite réduits au fil des ans, tandis que les fonctionnaires sont de plus en plus absorbés par les tâches d’instruction au détriment de celles du contrôle.

« La loi a considérablement rénové les méthodologies d’élaboration des études de dangers », explique le ministère de la Transition écologique. « Ce travail, aujourd’hui terminé pour la quasi-totalité des sites, a conduit les industriels à devoir investir entre 200 et 300 millions d’euros par an dans de nouvelles mesures de réduction des risques durant les années qui ont suivi la parution des textes. Ces mesures ont permis de réduire les zones exposées à aléa de manière significative », assure le ministère.

Quant à l’information et l’association des riverains, des  Commissions de suivis de site (CSS), impliquant riverains et associations, ont été créées autour des établissements Seveso seuil haut.  « Mais le manque de dialogue avec les riverains a été mis en lumière par l’accident de Lubrizol », est clairement établi.

L’ONU relance l’alerte climat, renforcée par les demandes des ONG

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a publié son dernier rapport qui analyse les plans d’actions nationaux climatiques, appelées NDC ouCDN.

Il en ressort l’alerte du secrétaire général de l’ONU António Guterres : « Le monde est sur une voie catastrophique », s’est il exprimé, le 17 septembre, après avoir évalué les engagements climatiques des 191 pays signataires de l’Accord de Paris.

« Nous avons besoin de 45 % de réduction des émissions d’ici à 2030, pour atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle… Il est clair que chacun doit assumer ses responsabilités », a -t-il ajouté  « Les pays du G20 représentent 80 % des émissions mondiales. Leur leadership est plus que jamais nécessaire. Les décisions qu’ils prendront maintenant détermineront si la promesse faite à Paris est tenue ou rompue » et ce avant la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26) en novembre prochain à Glasgow, en Écosse.

Le rapport de la CCNUCC comprend les NDC « nouvelles ou actualisées » de 113 pays, qui représentent environ 49 % des émissions mondiales, y compris les pays de l’Union européenne et les États-Unis. Les plans climatiques actuels de ces 113 pays mènent à une diminution de 12 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030 par rapport à 2010, a précisé la CCNUCC

Parmi les pays du G20, l’Argentine, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis ont, à ce jour, renforcé leurs objectifs de réduction des émissions pour 2030, selon la Fondation européenne pour le climat. En revanche, la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et la Turquie (collectivement responsables de 33 % des émissions dans le monde) n’ont pas encore soumis de NDC actualisées.

A cette occasion, l’ONG Oxfam tire la sonnette d’alarme sur les financements alloués pour l’action climatique dans les pays en développement.

Lors de la COP 15 à Copenhague, en 2009, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 en faveur des pays en développement afin de s’adapter au changement climatique et réduire leurs émissions. Cet objectif « a été réitéré et prolongé jusqu’en 2025 », rappelle l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Au regard des engagements actuels », Oxfam estime que « les pays riches ne tiendront pas leur promesse et n’atteindront que 93 à 95 milliards de dollars par an d’ici à 2025, cinq ans après la date fixée ». L’ONG redoute que les pays vulnérables puissent « se voir privés de 68 à 75 milliards de dollars au total au cours de cette période de six ans ».

Oxfam demande que la moitié des financements soit alloué à l’adaptation au changement climatique. Or, selon l’OCDE, en 2019, seulement 25 % lui ont été consacrés. « Nous estimons, au vu des promesses existantes des pays donateurs, qu’environ un quart seulement (26 à 27 milliards de dollars) des financements climat en 2025 sera consacré à aider les pays en développement à renforcer leur résilience et à s’adapter à l’aggravation des impacts climatiques ».

 

 

Les cours en bourse des graines pour l’huile à des sommets

Le cours de la graine oléagineuse de colza a atteint un record historique sur Euronext, frôlant la barre des 600 euros la tonne. Il en est de même pour la graine de palmier :  le sort boursier des deux huiles est intimement lié. Huile de palme ou de colza, même combat.

Quelques explications qui sont d’abord d’ordre environnemental en dehors des spécifications économiques et boursières :

– toutes ces cultures ont eu des baisses de rendement inattendues. Ceci dû essentiellement à des conditions climatiques difficiles : le gel, la sécheresse et les inondations, sans compter les feux partout sur la planète affectant aussi les cultures, mais aussi sur le canola qui est le nom donné au colza OGM cultivé outre-Atlantique et exporté aux quatre coins de la planète, même en France ;

– il ne faut pas oublier la pression réglementaire qui s’accroît pour augmenter le flux des huiles végétales, sous forme de biocarburants qui essaient, avec le biodiesel, de supplanter le pétrole lui aussi soumis à de fortes variations financières.

 

Un livre édifiant sur notre société numérique : voyage au bout d’un like

Dans notre société abreuvée de technologies qui ne sont là que pour notre bonheur et notre liberté, un livre qui devrait nos interroger de nos usages et impacts que cela implique !

L’industrie numérique veut rester discrète et faire croire qu’elle n’a pas d’impact matériel sur le monde réel. Le nouveau livre du journaliste Guillaume Pitron montre cette réalité : « l’Enfer Numérique : voyage au bout d’un like » explore les impacts du courriel (faible), des vidéos et des « réseaux sociaux » (majeur), de l’Internet des objets (colossal). Nos connexions quotidiennes et multiples occasionnent un véritable désastre écologique.

Guillaume Pitron journaliste et auteur d’une enquête publiée aux Éditions Les Liens qui Libèrent autour du numérique. Depuis des années, le journaliste Guillaume Pitron travaille sur les métaux et terres rares et donc, par extension, sur tout ce qui compose le numérique. Devenu omniprésent dans nos vies et dans la société, le numérique et son envers restent pourtant méconnus. Dans son dernier ouvrage « L’enfer numérique Voyage au bout d’un like », publié en septembre 2021, Guillaume Pitron enquête sur l’empreinte matérielle du virtuel.  Des matériaux requis  pour la fabrication des terminaux, aux câbles sous-marins pour faire transiter les données, aux colossaux data centers, ses investigations l’ont conduit aux 4 coins du monde.

NB: Pour rappel : la fabrication d’une puce électronique de deux grammes implique le rejet de deux kilos de matériaux issus de la terre. Si l’on regarde toute la chaîne de production, toute la matière première mobilisée pour fabriquer un outil numérique, on se rend compte de son immense matérialité. Un téléphone portable ne pèse pas 150 grammes. Il pèse en réalité 70, 80, 150 kilos. Plus on va vers des technologies numérisées, avec l’appel à des métaux de l’écorce terrestre, qu’il faut extraire en sortant énormément de roche, plus ce coût matériel est lourd.