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La Cour des comptes européenne épingle le projet Lyon-Turin

Le projet Lyon-Turin est épinglé par un rapport de la Cour des comptes européenne pour son retard, l’augmentation des coûts, son risque de non-rentabilité et son remboursement hypothétique du CO2 dépensé pour sa construction.

Ce projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin a déjà fait coulé beaucoup d’encre or sa réalisation accuse un retard de 15 ans et ses coûts ont été beaucoup augmentés, à la hauteur  de 4,4 milliards d’euros, à savoir 85% par rapport à l’estimation initiale. La Cour pointe des prévisions de trafic trop optimistes, les volumes de trafic réels s’écartant notablement de ceux prévus et il existe un risque élevé de surestimation des effets positifs de la multi-modalité largement promue.

« Sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, les données les plus récentes de l’observatoire des trafics de marchandises dans la région alpine (2017), indiquent que moins de 3 millions de tonnes de marchandises sont transportées annuellement via la ligne conventionnelle existante. Or, selon les prévisions de trafic les plus récentes, ce chiffre devrait s’établir à 24 millions de tonnes en 2035, soit huit fois le flux de trafic actuel. Cette différence considérable peut s’expliquer par l’état inapproprié de la ligne conventionnelle existante et par le fait que le trafic peut emprunter d’autres cols alpins”.

“De plus, l’évaluation des avantages environnementaux générés par les infrastructures de transport phares sur le plan des émissions de CO2 doit tenir compte aussi bien des effets négatifs de la construction que des effets positifs à long terme de l’exploitation de l’infrastructure une fois celle-ci achevée. En réalité, la construction de nouvelles grandes infrastructures de transport est une source importante d’émissions de CO2, tandis que les avantages environnementaux dépendent du volume du trafic effectivement transféré depuis d’autres modes de transport, plus polluants.” 

Le gestionnaire d’infrastructure français a par exemple estimé en 2012 que la construction de la liaison transfrontalière Lyon-Turin et de ses lignes d’accès, générerait 10 millions de tonnes d’émissions de CO2. Selon ses estimations, cette infrastructure de transport phare, ne deviendra avantageuse du point de vue des émissions de CO2 que 25 ans après le début des travaux. Cependant, se fondant sur les mêmes prévisions de trafic, nos experts ont conclu que les émissions de CO2 ne seraient compensées que 25 ans après l’entrée en service de l’infrastructure.

Rapport complet à télécharger :

www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/SR20_10/SR_Transport_Flagship_Infrastructures_FR.pdf

Le PFOA classé polluant organique permanent (POP)

Par un règlement, publié le 15 juin au Journal officiel de l’Union européenne, la Commission européenne a inscrit l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), ses sels et ses composés apparentés, en annexe I du règlement du 20 juin 2019 sur les polluants organiques persistants (POP)( RÈGLEMENT DÉLÉGUÉ (UE) 2020/784 DE LA COMMISSION  du 8 avril 2020).

Il sert à fabriquer des polyméres fluorés, de la mousse anti-incendie, des moquettes et textiles antitaches,  et des revêtements anti-adhésifs notamment dans le domaine alimentaire).

Les Polluants Organiques Persistants (ou P.O.P.), sont des substances organiques qui sont capables de résister à la dégradation biologique, chimique et photolytique (décomposition chimique par la lumière) dans l’environnement. Les P.O.P. sont persistants dans le temps dans l’environnement ; ils se bioaccumulent (sont assimilés) dans les tissus vivants, sont mobiles (se déplacent sur de très longues distances) et se bioamplifient (augmentation des concentrations d’une substance dans les maillons de la chaîne alimentaire).

La convention de Stockholm est un traité international datant de 2004  a pour objectif de protéger la santé de la population et l’environnement des P.O.P, en interdisant certains produits polluants. Les pays signataires s’engageaient à ne pas produire, vendre, acheter ou utiliser de tels substances. Elle complétait le le protocole Aarhus est un traité international qui interdit la fabrication et l’utilisation de substances chimiques particulièrement polluantes en Europe, Amérique du Nord et Asie centrale. 

Le PFOA s’ajoute au 21 premiers POP mais dés 2009 son cousin le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) avait déjà intégré ce classement ;  ce qui parait normal compte tenu de  sa grande toxicité qui  ne semble plus faire de doutes sachant que parmi la vingtaine de composés perfluorés, le PFOS et le PFOA sont actuellement ceux dont la toxicité est la plus importante.

Impact colossal de l’industrie textile sur l’environnement et les eaux résiduaires

Il est rare que nous nous interrogions sur les impacts environnementaux de la mode,  alors que  certains ne savent résister à la frénésie d’achats de vêtements à chaque saison. Alimentant notre dévorante envie de nouveauté, les grandes marques internationales de prêt-à-porter proposent chaque jour d’irrésistibles pièces à des prix défiant toute concurrence, sans que les consommateurs ne se posent ces questions.

Et pourtant aujourd’hui, 4 % de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Le textile est le 3 e secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz.

De plus chaque année, le textile émettrait l’équivalent de 1,2 milliards de tonnes de CO2  soit environ 2 % des émissions globales de gaz à effet de serre. C’est encore plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. La projection serait qu’en 2050, le secteur textile émettrait jusqu’à 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre si les tendances actuelles de consommation se poursuivent sur la même lancée.
Une autre réflexion s’impose, celle du type de fibres utilisées pour la fabrication de ces vêtements : naturelles ou synthétiques (le pétrole étant la matière première). Pour faire pousser des matières végétales ou élever des animaux, on utilise beaucoup d’eau et de produits chimiques qui impactent durablement les sols et rivières adjacentes.
 Nous pouvons de fait reprendre la citation du grand couturier d’Yves Saint-Laurent : “la mode passe certes, mais les impacts environnementaux et sociaux qu’elle provoque s’inscrivent dans le temps”.

Une liste européenne des perturbateurs endocriniens

A l’initiative de 5 pays Européens dont la France (via l’ANSES dans le cadre de la 2ème stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2) , le site EDLists établit des listes de substances suspectées (ou avérées) d’être des perturbateurs endocriniens : la plupart de ces molécules sont toujours en circulation dans les produits biocides et/ou cosmétiques.

Les pays participants à EDLists sont :

  • La Belgique (Le ministère de la Santé)
  • Le Danemark (L’agence de protection environnementale danoise)
  • La Suède (KEMI – L’agence suédoise des produits chimiques)
  • Les Pays-Bas (Le ministère des infrastructures et de la gestion de l’eau)
  • La France (ANSES – L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)

Durant les dernières décennies, les substances présentant des propriétés perturbatrices endocriniennes sont devenues une préoccupation sérieuse auprès des politiciens, des scientifiques et de la société civile. Des preuves s’accumulent sur le lien entre les perturbateurs endocriniens et les cancers, la diminution du QI, l’infertilité, la maladie d’Alzheimer, l’obésité, etc. Ces substances sont susceptibles de se retrouver dans des produits de tous les jours, du shampooing, aux tickets de caisse et aux jouets.

Le site internet edlists.org doit aussi permettre d’améliorer la coopération entre les agences nationales et européennes (ECHA, EFSA) afin de sortir rapidement du marché les substances les plus néfastes, d’accompagner l’industrie dans la lutte contre les substances préoccupantes et d’améliorer l’information des citoyens sur les perturbateurs endocriniens.

Le site internet contient 3 listes de perturbateurs endocriniens :

  • Les substances reconnues comme perturbateurs endocriniens dans l’Union européenne ;
  • Les substances en cours d’évaluation pour leurs propriétés de perturbation endocrinienne suspectées dans le cadre d’une législation européenne.
  • Les substances considérées comme perturbateurs endocriniens dans l’un des États membres participants.

 En ligne depuis le 2 juin dernier, le site edlists.org répertorie la liste des substances reconnues comme étant des perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne sur les produits chimiques.

Recommandations dans l’utilisation des nanomatériaux dans l’alimentation

Communiqué de presse de l’ANSES

Depuis la fin des années 1990, un nombre accru de nanomatériaux sont intégrés, du fait de leurs propriétés spécifiques, dans la composition de produits de la vie courante et notamment de produits alimentaires. Face à la diffusion des nanomatériaux manufacturés dans notre quotidien, de nombreux questionnements relatifs à leur identification, leurs impacts sur la santé humaine et sur l’environnement, ainsi que la manière de les réglementer, ont vu le jour. L’Anses porte une attention particulière au sujet et a publié, depuis 2006, plusieurs expertises sur les nanomatériaux. Dans cette lignée, l’Agence propose aujourd’hui un état des lieux de la présence de nanomatériaux manufacturés dans l’alimentation ainsi qu’une méthode permettant de déterminer l’approche la plus adaptée pour l’évaluation des risques sanitaires des aliments contenant de tels matériaux. L’Agence a ainsi référencé « 37 substances, utilisées en tant qu’additifs ou ingrédients alimentaires et pour lesquelles elle considère que la présence de nanoparticules est avérée ou suspectée ». Et au total, « près de 900 produits alimentaires intègrent au moins un additif ou un ingrédient répondant à (cette) classification ».

Depuis une trentaine d’années, l’industrie, et notamment l’agroalimentaire, a développé le recours aux nanomatériaux manufacturés, utilisés pour les propriétés spécifiques à la nano-échelle. Au regard des préoccupations que leur utilisation suscite, l’Anses a été saisie par la Direction générale de l’alimentation, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la prévention des risques et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Le travail d’expertise mené par l’Agence a permis de recenser les principaux usages des nanomatériaux manufacturés dans le domaine alimentaire :

  • En tant qu’additif, pour améliorer l’aspect et l’appétence du produit alimentaire (en modifiant la structure, la couleur, la texture, par ex. les additifs E 341iii – phosphates tricalciques – ou E551 – silice amorphe) ;
  • En tant que matériaux au contact des aliments, pour leurs fonctions d’améliorations de la sécurité du conditionnement (par ex. fonction anti-microbien assurée par le nano-argent) ;
  • Enfin, il a été identifié la présence d’ingrédients à vocation nutritive, pouvant se trouver à l’état nanoparticulaire (ex. du carbonate de calcium utilisé dans les laits infantiles pour atteindre une teneur suffisante en calcium).

En France, la déclaration des substances à l’état nanoparticulaire, obligatoire depuis 2013 via le registre R-Nano géré par l’Anses, prévoit que les fabricants, importateurs et distributeurs de plus de 100 grammes de substances à l’état nanoparticulaire par an fassent état de l’identité des substances, les quantités manipulées ainsi que les usages prévus. Malgré ces obligations, l’identification et la traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation s’avèrent encore aujourd’hui limitées. Elles constituent pourtant une étape indispensable à l’évaluation des risques sanitaires.

Mieux évaluer les risques sanitaires des nanomatériaux pour les consommateurs

L’Anses considère que, du fait de leurs propriétés, l’évaluation du risque sanitaire des substances comprenant des nanomatériaux manufacturés dans l’alimentation doit faire l’objet d’une approche adaptée. Dans ce contexte et suite à la publication par l’EFSA d’un guide relatif à l’évaluation des dossiers portant sur des applications en nanosciences ou nanotechnologies, l’Anses propose une approche permettant d’opter pour l’évaluation du risque la mieux adaptée à la substance manufacturée. Cette approche permet de statuer s’il faut procéder à une évaluation de risques standard ou bien nanospécifique.

L’Anses projette d’appliquer cette approche à une sélection de substances et de proposer une méthodologie d’évaluation du risque nanospécifique. Les premiers résultats sont attendus d’ici début 2021.