Tous les articles par Jacqueline Collard

Des conseils nutritionnels pour les femmes enceintes

Le PNSS a depuis longtemps proposé des conseils ciblés pour les femmes enceintes qui sont relativement contraignants : c’est devant ce constat que 2 Doctorantes ont étudié comment ces conseils étaient suivis.

Manik Kadawathagedara, doctorante à l’Inserm, est la première à conduire une étude en France pour savoir si les femmes enceintes parviennent à  suivre ces recommandations en en se basant sur la cohorte Elfe qui suit 18.041 mères. Elle a présenté ses résultats le 27 juin 2017, lors d’une conférence animée par Jean-François Huneau .organisée par le Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé (FFAS), financeur de sa thèse.

Même si les femmes enceintes parviennent en moyenne à suivre les recommandations officielles, « quand on les interroge, beaucoup trouvent les conseils nutritionnels peu clairs et pas toujours réalistes », affirme lors de cette même conférence Clélia Bianchi, doctorante à AgroParisTech, qui se base sur des échanges menés dans sept groupes de discussion incluant une quarantaine de femmes enceintes à Paris et à Aix-en-Provence. Selon la doctorante, nombre de femmes enceintes déplorent des informations contradictoires des professionnels de santé entre eux.

De plus, les « interdits » restent très contraignants pour une partie des femmes interrogées. « Elles affirment qu’elles suivraient davantage des conseils du type « augmentez ou diminuez la quantité » d’un aliment déjà présent dans leur régime alimentaire, souligne Clélia Bianchi, qui invite les organismes qui prodiguent des conseils à « effectuer un compromis entre l’efficacité nutritionnelle théorique » et « leur acceptabilité »

http://alimentation-sante.org/Event/conference-du-27-juin-2017-alimentation-de-la-femme-enceinte-constat-et-recommandations-pour-la-sante-de-la-mere-et-de-lenfant/

Conférence du 27 juin 2017 animée par Jean-François Huneau (Professeur – UFR Biologie et Nutrition Humaines – AgroParisTech).

La loi de finance 2018 s’oriente sur la santé environnementale

Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, présente les grandes orientations budgétaires de son ministère :Pour le ministre, « le projet de loi de finances pour 2018 traduit les ambitions du Gouvernement pour accélérer la transition écologique et solidaire et rendre accessible la protection de la planète à tous les Français dans leur quotidien, et en particulier les plus modestes. Dans un contexte de redressement des finances publiques voulu par le président de la République, la priorité donnée aux politiques environnementales s’exprime par un budget du ministère en augmentation de 3,9 % en 2018 ».

Transition écologique: un budget en hausse mais recentré sur les priorités

Paris, 27 sept 2017 – La transition écologique, affichée comme une priorité du gouvernement, bénéficiera d’un budget en hausse de 3,9% en 2018, mais cette augmentation sera très inégalement répartie parmi les mesures phares défendues par Nicolas Hulot sur la rénovation énergétique ou le parc automobile.

Un crédit d’impôt recentré et moins coûteux 

Le crédit d’impôt transition énergétique (CITE) sera « recentré » en 2018 sur certains types de travaux de rénovation (isolation des combles, etc.) et élargi par exemple aux frais d’audits énergétiques. Les changements des portes, fenêtres et volets isolants engagés dès ce mercredi ne bénéficieront plus que d’un crédit de 15% contre 30% pour les autres travaux. Et à partir du 28 mars 2018, ils seront exclus du CITE.

Le gouvernement évoque un coût trop important par rapport aux gains énergétiques observés, mais la mesure va aussi considérablement baisser les dépenses liées à ce dispositif, évaluées à 875 millions d’euros l’an prochain, contre près de 1,7 milliard d’euros cette année.  Les industriels de la +filière fenêtre+ se disent « vent debout » contre cette mesure et défendent l’efficacité de ces travaux, qui contribuent à l’activité de 51.000 PME et artisans.

L’électricité renouvelable soutenue 

5,4 milliards d’euros seront mobilisés, contre 5,6 milliards d’euros l’an dernier, une contraction qui s’explique par la baisse du coût de ces énergies et des prix de l’électricité sur le marché, selon le ministère. Le gouvernement remboursera 1,6 milliard d’euros à EDF, soit une partie des fonds avancés par EDF dans le soutien à l’électricité verte.

Le fonds chaleur (financement de la chaleur renouvelable, par exemple issue du bois) sera simplement stabilisé à 200 millions d’euros, alors qu’Emmanuel Macron s’est engagé à le doubler durant le quinquennat. Le gouvernement prévoit un « coup de pouce » pour le remplacement d’une chaudière au fioul par une chaudière utilisant les énergies renouvelables. Financée via le mécanisme des Certificats d’économie d’énergie, répercuté in fine sur la facture d’énergie des consommateurs, cette mesure pourrait représenter 60 millions d’euros par an.

Le chèque énergie généralisé 

Ce chèque, d’un montant moyen de 150 euros, doit remplacer les tarifs sociaux et sera versé à 4 millions de ménages précaires pour les aider à payer leur facture d’énergie. Cette mesure coûtera 600 millions d’euros à l’Etat.

Un parc automobile plus propre 

L’évolution du bonus/malus et le renforcement de la prime de conversion des vieux véhicules polluants doivent permettre de sortir 100.000 véhicules polluants du parc automobile dès l’an prochain. De 1.000 euros pour tous les ménages, le montant de la prime est doublé à 2.000 euros pour les ménages non imposables. Elle sera aussi élargie aux véhicules essence les plus anciens. Ce dispositif va mobiliser 388 millions d’euros, contre 347 millions d’euros en 2017.

Ponction sur les agences de l’eau

Les agences de l’eau, chargées de la gestion et de la préservation de cette ressource, voient leurs responsabilités élargies au financement de l’Agence française pour la biodiversité à hauteur de 195 millions d’euros, des parcs nationaux (65 millions) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (37 millions). Selon le ministère de l’Environnement, cette mesure représente une économie de 136,2 millions d’euros pour le budget de l’Etat. L’organisation professionnelle Canalisateurs de France, qui fédère les entreprises de pose et de réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement, s’est alarmée de cette « ponction d’une ampleur sans précédent« . Elle redoute de « lourdes conséquences écologiques, sociales et économiques« .

Trois millions pour la santé environnementale 

Trois millions d’euros sont consacrés à la santé environnementale (qualité de l’air, perturbateurs endocriniens…) et au développement de l’économie circulaire. Une somme qui permettra notamment de financer en 2018 une campagne de sensibilisation au risque d’exposition aux substances dangereuses, comme les pesticides et les perturbateurs endocriniens. Des recherches sur les perturbateurs endocriniens doivent également être financées.

Pour mieux surveiller le marché automobile, après le scandale des moteurs truqués pour minimiser la pollution affichée, un service doté d’un budget annuel de 5 millions d’euros va être créé. Il réalisera des tests sur des véhicules et des pièces détachées, de manière aléatoire.

Par ailleurs, un fonds « air-mobilité » de 20 millions d’euros sera créé en 2018 au sein de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. 

www.ecologique-solidaire.gouv.fr/projet-loi-finances-2018

L’OMS alerte de la nouvelle augmentation de la faim dans le monde

La faim progresse dans le monde, et les atteintes à l’environnement n’arrangent pas la situation, selon l’index mondial de la sécurité alimentaire (GFSI) publié mardi 26 septembre par l’Economist Intelligence Unit (EIU). Depuis 2016, la situation s’est dégradée dans les trois cinquièmes des pays analysés.

l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà prévenu: la faim dans le monde, qui semblait sur le déclin, est récemment repartie à la hausse. Le monde compterait désormais 815 millions de personnes souffrant de la faim (11% de la population mondiale), contre 775 millions en 2015, se rapprochant rapidement des 900 millions de mal nourris estimés en 2000.

En cause, les conflits et les catastrophes climatiques liées au réchauffement, dont les sécheresses et les inondations.Pour l’ensemble des 113 pays analysés, l’index, tel que calculé les années précédentes, se détériore, mais encore plus lorsque les facteurs environnementaux y sont ajoutés. Comprendre: les conditions environnementales constituent partout un frein à la sécurité alimentaire.

De plus dans des pays proches de  Europe l’inquiétude monte aprés des rapports de 3 universités britanniques qui rappellent la dépendance du Royaume-Uni vis-à-vis de l’Union européenne. Mal négocié, le Brexit pourrait mettre en péril la sécurité alimentaire du royaume et accroître pauvreté et les dégâts sur l’environnement. Avec la forte baisse de la livre sterling, par rapport à l’euro, se nourrir coûte de plus en plus cher aux Britanniques. Une tendance appelée à durer, craignent les auteurs.

http://www.eiu.com/home.aspx

L’aluminium neurotoxique abordé par l’ANSM

 Quelques équipes dans le monde le soupçonnent l’aluminium d’être neurotoxique et de déclencher des réactions auto-immunes chez une petite partie de la population, peut-être génétiquement prédisposée.

Une théorie défendue en France depuis la fin des années 1990 par l’équipe du Pr Romain Gherardi, chef du service neuromusculaire à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. Sous la pression de l’Association des malades de la myofasciite à macrophages, l’ANSM a alloué en 2013 la somme de 150.000 euros à son laboratoire pour explorer la piste d’une prédisposition génétique. Le document de l’ANSM aborde les effets neurotoxiques liés à l’aluminium observés chez la souris par l’équipe de recherche.« Nos travaux montrent que même injecté à faible dose dans des muscles de souris, l’adjuvant aluminique peut induire une accumulation d’aluminium à long-terme et des effets neurotoxiques », nous explique Guillemette Crépeaux chercheuse à l’INSERM.  Contrairement à une idée communément admise, même une faible dose pourrait provoquer des complications. La dose ne ferait donc pas le poison.  « Dans l’ étude publiée en janvier 2017 dans la revue Toxicology, la dose la plus faible qui ait été utilisée chez la souris est de 200 microgrammes d’aluminium par kilogramme de poids corporel ».

Un des « résultats particulièrement innovants est surtout la mise en évidence d’un effet dose-réponse non linéaire en matière de neurotoxicité, les plus faibles doses étant sélectivement neurotoxiques (diminution de la locomotion, augmentation de l’aluminium cérébral). » L’équipe de recherche a en effet remarqué que certaines souris ont été moins actives et ont souffert de troubles du comportement.

**Dans un rapport non publié par l’Agence national de sécurité des médicaments, l’ANSM, des scientifiques pointent des effets neurotoxiques induits par la présence d’aluminium dans les vaccins chez la souris et explorent la piste de la prédisposition génétique.

Les effets cocktails des perturbateurs endocriniens mis en évidence

Le Monde titre le 15 septembre : Perturbateurs endocriniens : un « cocktail » toxique pour l’homme

Des chercheurs apportent la preuve expérimentale, sur du tissu humain, d’un effet toxique démultiplié du mélange de ces substances.

Certaines molécules de synthèse (mais aussi parfois d’origine naturelle) peuvent  avoir des effets dits de « perturbateur endocrinien », c’est-à-dire qu’elles ont la capacité d’interférer avec notre système hormonal. Cela se traduit par des altérations des mécanismes biologiques qui régulent notamment le fonctionnement du système reproducteur et le développement du cerveau.

La suspicion d’un effet délétère décuplé de ce mélange de molécules – dit « effet-cocktail » – était jusqu’à présent fondée sur des études chez l’animal et dans des cellules cultivées en laboratoire. Une nouvelle étude( Ces travaux, conduits par Bernard Jégou et ses collègues de l’Institut de recherche en santé,environnement et travail (Irset, Inserm) et du CHU de Rennes , en collaboration avec Andreas Kortenkamp et Martin Scholze de l’université Brunel de Londres, ont été publiés le 13 septembre dans la revue Environmental Health Perspectives) ,  réalisée sur du tissu humain – des testicules de fœtus – montre que chez l’homme, ce cocktail de molécules est explosif.

Les chercheurs ont testé vingt-sept molécules auxquelles les femmes enceintes sont susceptibles d’être exposées : huit pesticides (propiconazole, glyphosate, imazalil, etc.), six composés industriels (notamment bisphénol A et bisphénol S), sept médicaments (dont l’ibuprofène, le kétoconazole et l’acide valproïque), et six molécules absorbées lors de la consommation d’alcool et de café. Parmi ces composés, onze ont induit une diminution de la production de testostérone – un effet dit anti-androgénique – par les tissus testiculaires de fœtus. Il s’agissait par exemple du bisphénol A – dont la présence dans les biberons est interdite en France depuis 2010 – et des antifongiques prochloraze et kétoconazole.Un effet multiplié par 10, voire 10 000

Pire, l’effet anti-androgénique de chacune des molécules testées individuellement se voyait amplifié par le mélange avec d’autres composés. La toxicité de départ pouvait ainsi être multipliée par 10, voire 10 000, selon les substances impliquées.

« Notre travail constitue une première : c’est la preuve de concept que des effets cocktail peuvent s’opérer sur un tissu humain dans toute sa complexité, souligne Bernard Jégou, chercheur Inserm et directeur de la recherche à l’ (EHESP) Ecole des hautes études en santé publique. On peut par exemple fortement amplifier l’effet anti-androgénique du bisphénol A par l’ajout de molécules possédant des propriétés pertubatrices de même nature. Et cela, même lorsque le bisphénol A se trouve à une concentration n’occasionnant que peu ou pas d’effet, à lui seul. »

Or, l’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse peut avoir des conséquences graves pour les organes génitaux du bébé, comme la non-descente des testicules (cryptorchidie) ou la malformation du canal de l’urètre (hypospadias) – des facteurs de risque du  cancer  des testicules.

« Nos résultats ouvrent la voie à de nouvelles études : il faut maintenant étendre les analyses à d’autres molécules – y compris celles qui agissent sur d’autres hormones, comme les œstrogènes et les hormones thyroïdiennes – et combiner les approches expérimentales d’épidémiologie, d’expérimentation animale et de systèmes de culture de tissus humains », ajoute le scientifique.

Dans cette optique, les chercheurs testent actuellement l’effet cocktail des perturbateurs endocriniens sur du tissu testiculaire d’adulte. Si les résultats ne sont pas encore publiés, Bernard Jégou instille l’idée que « l’effet du mélange ne se cantonne pas à la période fœtale », mais qu’il pourrait aussi être délétère au cours de la puberté et de l’âge adulte. « On oublie trop souvent qu’il existe plusieurs fenêtres de vulnérabilité tout au long de la vie, même après une vie fœtale normale. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/09/15/perturbateurs-endocriniens-un-cocktail-toxique-pour-l-homme_5186430_3244.html#eFuYl7OUCH5ypdAp.99