Tous les articles par Jacqueline Collard

Certains s’interrogent sur la croissance de l’IA ? Qu’en est-il ?

Paris a accueilli, pendant deux jours, le Sommet pour l’action sur l’IA. À l’issue de cet événement, 61 pays, dont la France et l’Inde, pays co-organisateurs, ont réussi à s’accorder sur une déclaration commune promouvant une intelligence artificielle « ouverte », « inclusive » et « éthique ».  L’une des priorités majeures de cette déclaration est de rendre l’intelligence artificielle « durable pour la population et la planète ».

Lors de ce  Sommet de l’IA, le Président  a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements et l’installation de 35 data centers dans le pays pour développer cette technologie alors qu’il en existent déjà 260  louant des espaces de stockage de données à diverses entreprises, et qu’en plus on en dénombre déjà 5000 plus petits .

Face à l’explosion des usages du numérique, les centres de données s’imposent  de plus en plus nombreux. Une augmentation  poussée en grande partie par la vidéo en streaming , les réseaux sociaux et par l’arrivée d’intelligences artificielles génératives comme ChatGPT ou Midjourney. Or derrière leur apparence sobre, ce sont de véritables monstres énergivores, grands consommateurs  d’eau pour leur refroidissement et leur climatisation qui interrogent de leur montée en puissance et en présence.

La pression sur l’or bleu est déjà pointée du doigt dans certains territoires alors que dans certains pays comme l’ Uruguay, Google est accusé de piller l’eau potable.

Simultanément de plus en plus de chercheurs s’interrogent sur   l’impact de l’IA sur notre perception des défis environnementaux. Mais déjà en décembre dernier The University of British Columbia au Canada avait produit une étude(1) dans le même axe. « Il est important de reconnaître que ces plateformes ne sont pas neutres en termes de valeur, mais qu’elles offrent plutôt une interprétation particulière qui peut diverger de la compréhension des experts de ces défis environnementaux », concluent-ils.

Quels sont les dangers de la croissance galopante de l’IA pour notre environnement ?

Le numérique représente déjà 4,4 % de l’empreinte carbone de la France. Cela pourrait être trois fois plus en 2050 si des mesures pour limiter son impact ne sont pas prises. Ces centres contribuent à 1 % des émissions de GES dans le secteur de l’énergie et utilisent
jusqu’à 1,3 % de l’électricité mondiale.

Chaque requête sur  ChatGPT, et  consommerait ainsi jusqu’à 1,5 litre d’eau pour générer 100 mots ,  2,9 Wh d’électricité, tout en produisant  près de 5 fois plus d’émissions qu’une voiture.

Les chercheurs estiment qu’en 2027, la consommation d’énergie de l’IA sera 10 fois supérieure à ce qu’elle était en 2023. Par ailleurs, les IA reposent sur des matériaux numériques fabriqués à partir de minéraux, comme le cuivre, le lithium, ou encore le cobalt, dont l’extraction est gourmande en eau et génère de la pollution et contribue à la déforestation.

AVIS de l’ADEME « Numérique & environnement : entre opportunités et nécessaire sobriété ».

Rapport AIEA : https://iea.blob.core.windows.net/assets/18f3ed24-4b26-4c83-a3d2-8a1be51c8cc8/Electricity2024-Analysisandforecastto2026.pdf

(1) https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/ad95a2

Atmo AURA réalise des analyses sur les PFAS dans l’air ambiant

Au cours de l’année 2024, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ( Association référente de la qualité de l’air de notre Région)  poursuit le travail d’investigation des PFAS dans l’air ambiant initié en 2023. Les premiers essais ont été menés afin de développer une méthodologie de mesures de ces polluants dans l’air ambiant dans l’objectif de récolter les premières données dans la région. Les mesures ont eu lieu sur deux sites de fond urbains dans le bassin lyonnais, où des projets avaient déjà été initiés sur d’autres matrices environnementales.

Les objectifs derrière cette étude sont multiples. Il s’agit en première intention pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes de lancer des travaux permettant de répondre aux interrogations du territoire, de ses citoyens et de ses membres, tout en conservant un positionnement scientifique et neutre, et bénéficiant d’être référent Air sur notre  territoire régional.

22 molécules ont initialement été recherchées, puis jusqu’à 38 dans les derniers essais. La liste des composés recherchés est identique à celle concernant les mesures dans l’eau, ou à l’émission des installations industrielles.

Pour rappel, à ce jour, il n’existe pas de méthode de mesure standardisée pour les PFAS dans l’air ambiant au niveau mondial. Actuellement, très peu de données concernant les PFAS dans cette matrice sont disponibles : aucune en France jusqu’à présent s’agissant de concentrations dans l’air ambiant. Des mesures indicatives dans l’air ont déjà été réalisées dans le Sud Lyonnais sans toutefois permettre ce calcul de concentrations de ces polluants dans l’air. Des contrôles de la présence de PFAS sont toutefois déjà effectués pour d’autres matrices, comme l’eau de consommation, les sols, les milieux aquatiques ou les denrées alimentaires.

Ces résultats permettent déjà pour la première fois de fournir un ordre de grandeur des concentrations des PFAS dans l’air de l’ordre du picogramme/m3: les composés détectés sont aussi ceux retrouvés dans les mesures réalisées par la DREAL dans l’air à l’émission de certains industriels du secteur ainsi qu’en air ambiant à l’aide de prélèvements passifs.

A ce stade cependant, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes attire l’attention sur le faible nombre de résultats actuellement disponibles qui invite à la vigilance sur la représentativité de ces résultats pour refléter l’exposition des habitants: les analyses se poursuivent.

L’éco organisme ALCOME récupère les mégots !

En dépit de la diminution drastique de l’usage de la cigarette sur notre territoire la loi de 2020 a crée un  dispositif qui  établit la responsabilité du producteur  et qui s’applique aussi  aux mégots.

En France, le ramassage des mégots est une problématique environnementale majeure, avec environ trente milliards de mégots jetés au sol chaque année, aussi bien en ville qu’à la campagne, 20 000 et 25 000 tonnes de mégots sont jetées, contenant des filtres en plastique (acétate de cellulose) qui peuvent mettre plus de dix ans à se décomposer. . Ces déchets toxiques posent de graves problèmes pour l’environnement, et sont également un fléau au quotidien pour de nombreux Français.

En application du principe du « pollueur-payeur », une nouvelle loi entrée en vigueur le 10 août 2021 impose aux producteurs de cigarettes de financer les coûts de collecte des mégots. L’organisme Alcome a été désigné pour mettre en œuvre cette directive, gérant les contributions des cigarettiers. Grâce à la loi anti-gaspillage, les producteurs de cigarettes sont désormais tenus de contribuer financièrement à ces coûts, conformément au principe du pollueur-payeur. Alcome espère réduire les mégots de 20 % à 30 % en trois ans,

Le principe du pollueur-payeur est un concept de politique environnementale qui indique que les pollueurs doivent assumer les coûts liés aux dommages environnementaux qu’ils causent. En d’autres termes, les responsables de la pollution doivent financer les mesures nécessaires pour gérer et atténuer leurs impacts négatifs sur l’environnement.

Chaque mégot renferme des milliers de substances chimiques toxiques comme l’acide cyanhydrique, le naphtalène, la nicotine, le cadmium, le mercure, et le plomb, qui finissent souvent dans les mers et les océans, causant une importante pollution environnementale. Les produits chimiques toxiques contenus dans les mégots s’infiltrent dans les eaux souterraines, affectant ainsi la qualité de notre eau potable, mais aussi la santé de la faune, de la flore et de tout l’environnement, et rappelons qu’ un seul mégot peut  supprimer toute trace de vie dans 500 litres d’eau.

Le coût du ramassage varie selon la taille des localités. Dans les zones rurales avec moins de 5 000 habitants, il est de 0,50 euro par personne. Les municipalités de moins de 50 000 habitants reçoivent 1,08 euro par habitant, tandis que les communes de plus de 50 000 habitants perçoivent 2,08 euros par habitant.

Sans parler des conséquences sur la santé humaine de ces cigarettes, leurs impacts sur l’environnement dans sa globalité sont  tout aussi néfastes pour notre planète, compte tenue de leur présence universelle. Colportons les informations.

Les collectivités, il faut le préciser peuvent bénéficier d’aides apportées par ALCOME pour devenir une ville zéro mégot ? Premier éco-organisme dédié à la filière REP (Responsabilité Élargie au producteur) du tabac.

7 février, la journée sans portable : où en est-on ?

La journée mondiale sans téléphone portable, qui en fait s’étale sur trois jours, du jeudi 6 au 8 février 2025, interroge sur notre dépendance à ces objets quotidiens dont certains ne se séparent jamais, fusse pendant leur sommeil.

Son créateur, l’écrivain Phil Marso, a choisi le 6 février en 2001, jour de la saint Gaston, en référence au « Téléfon auquel personne ne répond » de Nino Ferrer. Qu’en est-il presque vingt-cinq ans après ?

Si l’on s’en réfère aux chiffres, leur omniprésence dans notre quotidien donne parfois le vertige. En une journée un utilisateur moyen consulte son portable 144 fois, que ce soit pour regarder l’heure, vérifier ses messages ou l’utiliser comme téléphone, ce qui correspond une fréquence d’environ toutes les 6 minutes. En 2024 les gens passent en moyenne plus de 4 heures par jour sur leur smartphone, soit près de 70 jours par an (1/5 de l’année). Cette tendance s’accentue, notamment chez les jeunes générations, avec une utilisation quotidienne moyenne de plus de 6 heures, ce qui soulève bien des questions sur notre dépendance à la technologie et l’impact sur nos vies. Il est important d’être conscient du temps que nous passons à  utiliser ces produits.

L’utilisation croissante des smartphones peut avoir des conséquences négatives sur notre santé mentale et physique. Des études montrent qu’une utilisation excessive de ces appareils peut entraîner une augmentation de l’anxiété, de la dépression et des troubles du sommeil. C’est dans ce sens que l’interdiction des portables dans l’enceinte des collèges a été proposée, mais seuls quelques établissements la mettent en place, reconnaissant néanmoins un regain d’attention dans les cours.

En plus de ces presque 68 millions de portables dans les poches des utilisateurs, la France compte aussi près de 38 millions d’appareils jugés trop vieux ou trop abîmés qui restent dans les tiroirs. Nos équipements numériques abritent chacun des dizaines de métaux, quasiment tous extraits en dehors de l’Europe. L’explosion du secteur numérique et la croissance exponentielle à venir de nos usages invitent à se pencher sur notre dépendance à ces matériaux et à leurs impacts environnementaux, sociaux et géopolitiques. Or le secteur du numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone française révèle un avis publié par l’Agence de la transition écologique (Ademe) le 9 janvier 2025 : il serait urgent de s’en préoccuper.

https://librairie.ademe.fr/economie-circulaire-et-dechets/7713-etude-numerique-et-metaux.html

Quelles solutions pour éviter les inondations ?

Marc-André Selosse, biologiste, professeur du Muséum national d’histoire naturelle, propose une série de mesures pour prévenir les catastrophes et déclare : « Face aux inondations et aux sécheresses, nos sols sont une solution ».

Devant le constat totalement assumé :

  • Des inondations du Nord au Sud, d’Ouest en Est apportant désarroi et pertes économiques.
  • Des océans de plus en plus chauds (la mer Méditerranée en fait partie), avec une évaporation plus grande dans une atmosphère dont le réchauffement augmente la capacité en vapeur d’eau, apportant plus de précipitations très abondantes, voire extrêmes.
  • Des sécheresses de grande envergure et récurrentes, tout aussi problématiques, comme dans les Pyrénées-Orientales.

Ce qui naturellement est la conséquence de changements climatiques qui s’intensifient.

Or ce que nous  apporte ce chercheur comme information capitale : nous ne pensons pas suffisamment à protéger les sols et pourtant ce sont des ressources incommensurables. Sous une surface d’un mètre carré, le sol peut retenir de 40 à 500 litres d’eau ; de vraies réserves d’eau pendant la sécheresse, de vraies éponges en période d’inondations. C’est aussi l’occasion également de déconstruire la fausse bonne idée du labour en agriculture et de faire la part belle aux microbes qui constituent notre monde et nos sols. « Nous gérons aujourd’hui les conséquences des progrès d’hier et la science nous donne des éléments pour voir ce qu’il se passe » explique-t-il. « La science ne sait ni n’explique tout, mais elle explore patiemment ».

Il ajoute « les trous du sol sont ceux de la vie : terriers de vers de terre ou d’insectes, creusement par le déplacement de petits organismes unicellulaires, racines ou filaments de champignon qui meurent en laissant un vide… Or, la vie s’effondre dans beaucoup de sols agricoles ».

L’urbanisation et les techniques de l’agriculture intensive ont réduit la capacité des sols à jouer leur rôle de capteur l’eau. Au-delà de la protection contre les crues, il s’agit désormais de « mieux gérer les conséquences des inondations, par l’urbanisme ». Nous avons besoin d’une interdisciplinarité qui mêle mieux les points de vue pour être plus agiles dans cette transition nécessaire.

« Le sol, cet inconnu qui nous veut du bien ». Une plongée dans un univers méconnu et pourtant déterminant pour la vie sur Terre : celui de la microbiologie des sols. Son livre  L’Origine du monde (Actes Sud, 2021).

https://www.mnhn.fr/fr/actualites/conversation-avec-marc-andre-selosse-la-richesse-de-la-biologie-commence-au-coeur-du