Tous les articles par Jacqueline Collard

Les nanoplastiques doivent-ils nous inquieter ?

Les nanomatériaux entrent désormais dans la composition de nombreux produits de la vie courante : les aliments, les médicaments, les produits de construction, les cosmétiques… Les caractéristiques physico-chimiques particulières des nanomatériaux (taille, morphologie, caractère soluble, etc.) sont mises à profit dans de nombreux produits manufacturés, ainsi ils soulèvent toutefois de nombreuses questions sur les risques sanitaires qu’ils peuvent entraîner, aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement, d’autant plus que la construction de l’encadrement réglementaire de leur utilisation n’est pas aujourd’hui achevée.

D’après le règlement 1169/2011 relatif à l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, la présence de nanomatériaux dans les produits alimentaires doit également être signalée par la mention [nano] sur l’emballage.
Malgré ces obligations, la traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation reste encore aujourd’hui incomplète et complexe et  les plastiques et les nanomatériaux manufacturés présentent certains avantages mais les contaminations particulaires qui en sont issues peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé et les écosystèmes.

On estime aujourd’hui que 10 % de l’ensemble des plastiques produits depuis leur invention auraient terminé leur vie dans les océans. Ils peuvent flotter à la surface, être présents à différents niveaux de profondeur voire se déposer dans les fonds marins. À l’heure actuelle, les plastiques les plus retrouvés dans l’environnement sont le polyéthylène (composant des anciens sacs à usage unique par exemple), le polypropylène (composant des boites en plastique alimentaires) et le polystyrène (souvent utilisé comme dispositif de protection dans les emballages). L’ensemble des espèces vivantes, des plus petites comme le zooplancton, aux plus grandes comme les baleines, peuvent les ingérer. Compte tenu de leur forte présence dans les cours d’eau, les mers et les océans et de leur impact sur la faune et la flore aquatiques, les produits de la pêche ainsi que l’eau de consommation, les microplastiques sont des sujets d’étude de haute importance.

L’Anses mène donc des travaux afin d’évaluer la quantité et la nature des particules plastiques dans certains aliments, ainsi que le niveau d’exposition et le risque pour la santé de l’Homme.

Détails des enjeux et des travaux sur les nanomatériaux à l’ANSES

22 mai journée internationale de la biodiversité : nous faisons partie de la solution !

La biodiversité offre d’innombrables services, tant au niveau local que mondial. Les poissons assurent 20 % de l’apport protéique à environ trois milliards de personnes. Plus de 80 % de l’alimentation des êtres humains est assurée par des plantes. Près de 80 % des habitants des zones rurales des pays en développement ont recours aux médicaments traditionnels à base de plantes pour les soins de base. Le thème 2021, « Nous faisons partie de la solution », s’inscrit dans la continuité de l’élan généré l’année dernière par le thème « Nos solutions sont dans la nature », qui a rappelé à quel point la biodiversité représente la réponse à plusieurs défis du développement durable.

Environ 60 % de toutes les maladies infectieuses chez l’homme sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles nous parviennent par l’intermédiaire des animaux. Parmi les zoonoses apparues ou réapparues récemment, on peut compter le virus Ebola, la grippe aviaire, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le virus Nipah, la fièvre de la vallée du Rift, le syndrome respiratoire aigu soudain (SRAS), le virus du Nil occidental, la maladie virale de Zika et maintenant, les coronavirus.

Il est en effet de plus en plus évident que la nature constitue une solution efficace aux problématiques actuelles liées au climat, aux problèmes de santé, à la sécurité alimentaire et hydrique et aux moyens de subsistance durables. La biodiversité est donc la base sur laquelle nous pouvons mieux reconstruire. Tel est le message principal de la Convention sur la diversité biologique (CDB), instrument international clé pour le développement durable. Entrée en vigueur en 1993, celle ci a pour objectifs la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments constitutifs et de ses ressources génétiques, ainsi que le partage juste et équitable des avantages qui en découlent.

Cette année 2021 offre de nombreuses occasions de célébrer la biodiversité. La quinzième réunion de la Conférence des Parties (COP 15, Glascow octobre 2021) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) se penchera sur le déroulement et les résultats de la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique. Il est également prévu que la décision finale concernant le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 y soit prise, parallèlement à des décisions sur des sujets connexes, notamment le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources.

De plus, les efforts qui seront déployés pour une biodiversité durable seront représentés dans deux nouvelles décennies pour la période 2021-2030 : la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable et la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

Profondément préoccupée par l’appauvrissement continu de la diversité biologique dans le monde, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé proclamer le 22 mai, date de l’adoption du texte de la Convention, Journée internationale de la diversité biologique (A/RES/55/201).

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« Zootopique » : l’Anses nous plonge en 2031 et décortique nos relations avec l’environnement

« Le dernier pot de miel a été vendu aux enchères. L’heureux acquéreur a dû débourser plus de 25 000 euros« . De la création d’un Parti vert aux États-Unis par Leonardo Di Caprio à l’apparition du Sars-Cov-5, de surprenants journaux radiophoniques lancent chacun des cinq épisodes du podcast Zootopique, imaginés par l’Agence nationale de la santé et de la sécurité (ANSES) et le média The Conversation. Ils anticipent le monde de 2031 et donnent la parole à des chercheurs de toutes disciplines sur notre apport aux êtres vivants et à l’environnement.

Les emballages alimentaires analysés (présence de PFAS) et montrés du doigt

Générations Futures a publié, en partenariat avec huit ONG européennes, un rapport, fruit d’une enquête sur la présence de substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) dans des emballages alimentaires jetables et de la vaisselle en papier, carton et fibres végétales moulées, disponibles et vendus dans six pays européens (République Tchèque, Danemark, France, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni). Nos ONG ont souhaité avoir un aperçu de l’utilisation de ces substances dans des emballages alimentaires et de la vaisselle vendus en Europe et ont ainsi collecté 99 échantillons d’emballages alimentaires et de vaisselle jetables achetés dans les six pays étudiés, entre mai et décembre 2020.

Les PFAS sont des substances chimiques qui, en raison de leurs propriétés imperméables, sont présentes dans de nombreux objets du quotidien. Ils permettent par exemple de rendre les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les emballages alimentaires imperméables ou encore les tissus antitaches. Les PFAS, qualifiés de polluants chimiques “éternels », constituent une famille chimique complexe regroupant près de 4500 composés distincts. Ces composés sont largement utilisés, notamment pour leurs propriétés antiadhésives ou anti-tâches. Les PFAS sont extrêmement persistants et mobiles. Leur élimination de l’environnement et de l’eau potable en particulier est difficile et coûteuse. Leur présence dans les emballages à usage unique des fast-foods notamment – en très grandes quantités et pour une utilisation de quelques minutes seulement – créée de nombreux déchets contenant ces substances préoccupantes, polluant  l’environnement et s’accumulant tout au long de la chaîne alimentaire.

 Ces substances ont des effets délétères tant sur l’environnement que sur les humains : les ONG ont ciblé les PFAS parce que des études scientifiques ont associé l’exposition à un certain nombre de PFAS à de graves effets néfastes sur la santé, notamment des cancers et à des impacts sur les systèmes immunitaire, reproducteur et hormonal, ainsi qu’à une réponse réduite aux vaccinations. Dans le contexte des emballages alimentaires, des études ont également montré que les PFAS peuvent migrer de l’emballage vers les aliments, ajoutant à l’exposition globale aux PFAS de la population générale.

https://www.generations-futures.fr/actualites/pfas-rapport/

Analyse de la crise sanitaire par le Pr Pittet

Un épidémiologiste suisse, le Pr Pittet a été sollicité par le gouvernement afin de faire une évaluation des « forces » et « faiblesses » de la stratégie française face à la crise sanitaire.

Didier Pittet, président de la mission sur l’évaluation de la gestion de la crise sanitaire due au Covid-19, décrit le rapport que son équipe vient de rendre à Emmanuel Macron et qui est publié mardi 18 mai. L’objectif de cet « examen de conscience » est de ne pas reproduire les mêmes erreurs lors de la prochaine crise qui on l’a bien compris sera tôt ou tard encore l’objet de nos vies. Ce travail a du être présenté lors de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui se réunira le 24 mai à Genève.

Première confirmation de ce qu’esquissait déjà le rapport intermédiaire publié en octobre : en termes d’impact sanitaire, la France se situe en position médiane parmi les 33 pays les plus affectés par le Covid-19, c’est-à-dire comptant plus de 1 000 décès par million d’habitants au 1er mars. « Avec 1 332 décès par million d’habitants, elle se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne (1 092 décès par million) », soulignent toutefois les auteurs.

La Mission formule quarante propositions organisées autour des trois axes à examiner dans le rapport dont vous avez l’intégralité ci dessous.

Rapport intégral :

www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/279851.pdf

Jean Jouzel nous cible les enseignements de la crise sanitaire

Que retenir de cette crise afin de lutter plus efficacement contre le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée, celui du réchauffement climatique ?*

Le paléoclimatologue et membre de l’Académie des Sciences Jean Jouzel nous livre ses réflexions

De plus en plus d’articles scientifiques font un parallèle entre la lutte contre la pandémie de coronavirus, la perte de biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. L’exemple phare étant la déforestation qui participe au réchauffement en émettant des gaz à effet de serre et en réduisant le stockage naturel du carbone,  elle met en contact les êtres humains avec des espèces sauvages favorisant ainsi la transmission des zoonoses. Cependant l’échelle des temps s’avère très différente : « La pandémie s’est répandue dans un délai très court : le virus est arrivé en France en trois mois. Or le problème du réchauffement climatique est celui de l’échelle de temps : il y a plusieurs décennies d’écart entre les causes du réchauffement et ses conséquences principales ».

 » La difficulté majeure d’appréhension du changement climatique réside dans ce décalage temporel qui conduit à ce qu’il faille que ses effets soient perceptibles et commencent à se faire sentir pour que les décideurs et les gens prennent conscience du problème. Or, il aurait alors fallu agir dès le départ, soit quelques décennies plus tôt, et rappelons tout de même que cette conscientisation a commencé avec la conférence de RiO en 1992. « Les 30 dernières années ont démontré la solidité de la communauté scientifique du climat ».

Mais avouons que pas plus les Etats que le citoyens, n’ont mis en œuvre les changements importants tels qu’ils auraient du être faits,  désormais des plans de relance intégrant la climat sont annoncés,  mais il reste encore un écart énorme entre les textes et la réalité puisqu’il faut multiplier par 5 nos efforts d’ici 2030 afin de rester, à long terme, sous le seuil de 1,5°C de réchauffement planétaire, espérons qu’une fois de plus , le long-terme ne sera pas  sacrifié au profit du court-terme.

« Une vraie vision politique devrait  prendre en considération le moyen et le long terme et envisager une transition écologique porteuse de développement et d’emplois : le manque d’anticipation reste trop souvent la mise en politique ce qui en fait sa faiblesse ».

Nous savons ce que nous devons faire. Avec Pierre Larroutourou, je me suis impliqué dans le Pacte Finance-Climat. Au niveau de l’Europe, il faudrait investir plus de 1000 milliards d’euros chaque année afin de réussir la transition écologique d’ici 2030 (300 milliards d’Euros supplémentaires chaque année, 20 milliards pour la France).

Pour en savoir plus :

« Climat – Parlons vrai » de Jean Jouzel & Baptiste Denis – Editions Les Pérégrines 2020 https://editionslesperegrines.fr/fr/books/climat