Tous les articles par Jacqueline Collard

La disparition des zones humides met en jeu la biodiversité

Le directeur général de l’UICN, Bruno Oberle souligne la nécessité urgente de protéger les zones humides et la riche biodiversité qu’elles abritent »

L’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) estime qu’au moins 16 % des libellules sont menacées d’extinction, elles sont donc mentionnées dans une mise à jour de sa liste rouge qui est un inventaire mondial de l’état de conservation de la faune et de la flore. C’est la première fois que l’UICN fait un état des lieux des 6 016 espèces de libellules et demoiselles répertoriées dans le monde.

Entre 1970 et 2015, on estime que 35 % des zones humides dans le monde – lacs, rivières, marais ou encore zones côtières ou marines – ont disparu, selon un rapport de la Convention de Ramsar des zones humides. « Ces écosystèmes disparaissent trois fois plus vite que les forêts partout dans le monde. » Si les zones humides peuvent souvent paraître hostiles à l’homme,« elles fournissent des services essentiels », insiste Bruno Oberle, soulignant : « Elles stockent le carbone, nous donnent de l’eau propre et de la nourriture, nous protègent des inondations et sont l’habitat d’une espèce connue sur 10 dans le monde. »

Libellules et demoiselles sont « très, très sensibles aux changements dans l’environnement. Et elles servent donc de signal d’alarme sur ce qui se passe dans les zones humides à travers le monde », a expliqué Craig Hilton-Taylor, chargé de la liste rouge à l’UICN. « Le changement climatique est un facteur clé », rappelle Craig Hilton-Taylor, parce qu’il provoque des sécheresses qui ont un effet dévastateur sur leur habitat. Or, les libellules sont aussi un prédateur important des moustiques et autres mouches vecteurs de maladies.

Le rapport qui vient d’être présenté relate de cette liste rouge, qui est un document de référence de 142 577 espèces, faune et flore confondues, a franchi pour la première fois le cap des 40 000 (40 084) espèces menacées d’extinction.

La directive 2020/367 (bruit), transposée in extrémis

La France n’avait plus que quelques jours pour transposer dans son droit national la directive 2020/367 relative à l’établissement de méthodes d’évaluation des effets nuisibles du bruit, soit  jusqu’au 31 décembre 2021.

En effet la directive (UE) 2020/367 de la Commission du 4 mars 2020 modifiant l’annexe III de la directive 2002/49/CE du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne l’établissement de méthodes d’évaluation des effets nuisibles du bruit dans l’environnement (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE) n’avait plus que quelques jours pour convenir au droit européen et c’est chose faite par un décret du 14 décembre.

Le décret précise les effets nuisibles du bruit généré par les infrastructures de transport pour lesquels le nombre de personnes affectées est estimé et précise la procédure à suivre pour la mise en consultation des plans de prévention du bruit dans l’environnement ainsi que le moyen d’accès à ces plans une fois ceux-ci adoptés.

Quels sont les publics concernés ? :

Les autorités ou organismes gestionnaires des infrastructures routières, autoroutières de plus de 3 millions de véhicules par an et ferroviaires de plus de 30 000 passages de trains par an, les autorités ou organismes gestionnaires des aérodromes civils dont le trafic annuel est supérieur à 50 000 mouvements (hors les mouvements effectués exclusivement à des fins d’entraînement sur des avions légers) ;

Les agglomérations de plus de 100 000 habitants mentionnées dans l’arrêté du 14 avril 2017 modifié établissant les listes d’agglomérations de plus de 10 000 habitants pour application de l’article L. 572-2 du code de l’environnement ;

Les autorités approuvant des cartes de bruit et des plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), si elles sont distinctes des gestionnaires (directions départementales des territoires).

Références : le décret participe à la transposition de la directive (UE) 2020/367 du 4 mars 2020. Le texte peut être consulté sur le site Légifrance (https://www.legifrance.gouv.fr).

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044487822

Le rêve de la voiture propre ?

La voiture propre serait-elle la voiture électrique ?

C’est ce que nous dit le gouvernement, qui, sous prétexte de « renouveler le parc automobile français en faveur des véhicules propres », a mis en place un « bonus écologique » offrant une réduction pour tout achat d’une voiture électrique. Et c’est ce que tente de nous convaincre les constructeurs automobiles tout autant que le gouvernement. Pourtant ce n’est pas si simple et ça pourrait même être tout l’inverse comme le montre Nicolas Meunier dans son livre « L’arnaque de la voiture propre ». Ce livre est l’œuvre de Nicolas Meunier qui a eu une formation d’ingénieur spécialisé dans l’automobile (ESTACA).

« Il faut en effet d’abord prendre en compte la construction du véhicule, qui dégage plus de CO2 pour une voiture électrique qu’à essence, notamment à cause  de la multitude de métaux nécessaires : lithium, aluminium, cuivre, cobalt. La voiture propre n’existe pas, même électrique et son bilan écologique, en prenant en compte sa production, batterie comprise provoque une énorme pollution minière. Grosse émettrice de gaz à effet de serre, la construction des voitures électriques consomme donc une très grande quantité de métaux » .

Concernant le 100% électrique, l’auteur livre une accusation contre les opérateurs, et notamment contre leurs systèmes de paiement complexes devant leurs bornes, citant notamment cet utilisateur qui, malgré sept cartes différentes, correspondant à divers organismes, n’a pas pu se recharger sa voiture.

Un livre de Gabriel Siméon qui nous redonne l’espoir :

Gabriel Siméon, journaliste et auteur, vient de publier  « Éviter le pire. Climat, biodiversité, pollution : 200 actions à la portée de tous », qui  défend l’intérêt des actions individuelles pour lutter contre le changement climatique.

Notre responsabilité est aujourd’hui de faire notre possible pour enrayer les crises environnementales en cours – climat, santé des écosystèmes – et celles qui viendront, comme l’épuisement des ressources naturelles. Les « petits gestes » pour l’environnement souffrent aujourd’hui d’une forme de mépris, parce qu’ils seraient dérisoires face à l’ampleur du changement climatique, de l’effondrement du vivant et des pollutions qui nous touchent .

Si nous sommes moins nombreux à prendre la voiture pour aller travailler et à privilégier la marche, le vélo ou les transports en commun, nous rejetterons mécaniquement moins de gaz à effet de serre et de particules fines dans l’atmosphère. Si nous sommes plus nombreux à faire durer nos équipements (smartphones, ordinateurs, vêtements, appareils électroménagers…), il y aura moins besoin d’en produire. C’est le sens que ce livre apporte : nous vous le conseillons.

Inversion des effets attendus des plans Ecophyto ?

800 millions d’euros devaient permettre de réduire l’usage des pesticides en France de moitié en 10 ans. Résultat : il a augmenté de 15 %. L’argent est parti dans des projets inefficaces, lorsqu’il n’a pas été tout simplement détourné.

En 2007, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Environnement, lançait le premier plan Ecophyto 2018  qui avait comme objectif de réduire de 50 % l’usage des pesticides, en 10 ans si possible, à travers ce grand programme subventionné: en 2014,  il est constaté que 361 millions d’euros ont été engloutis sans résultat.

En2019 la cour des comptes lance l’alerte: non seulement ce plan de réduction des pesticides a mobilisé 800 millions d’euros entre 2009 et 2021, mais 400 millions d’euros de fonds publics ont été dépensés pour les mêmes raisons par an, qui se sont rajoutés à cette somme.

À son arrivée au ministère de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a tenté d’instaurer un système de pénalités afin que les vendeurs de pesticides proposent davantage d’offres alternatives à l’usage de produits chimiques. Mais le dispositif a été attaqué devant le Conseil d’État par les fabricants et les coopératives. En conséquence, “le plan Écophyto II n’a jamais été appliqué”, regrette Dominique Potier.

Un rapport administratif de 2019 du CGEDD (Le Conseil général de l’environnement et du développement durable) et du CGAAER (Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) estime que : “La coordination est insuffisante au sein de la Direction générale de l’alimentation. Les tableaux (de répartition des subventions) sont renseignés de manière hétérogène, ce qui rend peu fiable une consolidation nationale.

L’un des autres postes majeurs de subventions (13,5 millions d’euros par an) correspond à l’animation d’un réseau de fermes dit “Dephy”. L’idée était de fédérer un réseau de 3 000 exploitants qui s’engagent à réduire leur usage de pesticides, et à partager leur expérience pour servir d’exemple aux autres. Les financements versés aux chambres d’agriculture devaient permettre de rémunérer des agents et de payer des frais de mission pour animer ce réseau. Le plan attribue par exemple plus de trois millions d’euros à une étude baptisée Pestiriv, dont la mission est de mesurer l’exposition des riverains des vignes aux pesticides. Sauf qu’“on a déjà fait des études de ce type”, remarque Xavier Reboud, chercheur à l’Inra et président du Comité d’orientation stratégique recherche et développement.

Le gouvernement a dévoilé son plan d’actions pour réduire de moitié le recours aux pesticides en 2025, développer les solutions alternatives (biocontrôle, PNPP …) et renforcer la protection des riverains exposés.

Selon une première étude collaborative menée par l’association Générations Futures et publiée en novembre 2021, l’exposition moyenne aux pesticides (en terme d’occurrence de résidus, de nombre de résidus trouvés et de concentration médiane) semble assez comparable que l’on soit entre 0 à 20 m des cultures ou 21 à 100 m des cultures. Ce n’est seulement qu’au-delà des 100 mètres que les teneurs en pesticides sont significativement plus bas. Cependant, la contamination peut même être détectée jusqu’à 1 500 mètres des cultures !
Autre enseignement : il est plus fréquent de détecter des pesticides à proximité des vignes (94,4 %) par rapport aux grandes cultures (73,1 %). Sur les 30 pesticides recherchés, 15 ont été détectés au moins une fois. Il s’agit de 9 fongicides, 5 herbicides et 1 insecticide. Parmi les substances recherchées et retrouvées il y a 4 perturbateurs endocriniens suspectés ou avérés, un cancérigène possible (Lénacile), un reprotoxique suspecté le spiroxamine ou encore des SDHI (boscalid et fluopyram).