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Le salicylate d’héxyle pourrait être classifié toxique par l’ECHA

Le salicylate d’héxyle est une substance parfumante utilisée dans beaucoup de produits tels que les cosmétiques, notamment les shampoings, les savons et autres articles de toilette ainsi que dans les nettoyants ménagers et les détergents.

Identifiée comme potentiellement toxique pour l’Homme, cette substance ne fait actuellement pas l’objet d’un encadrement réglementaire au niveau européen. Afin de protéger la santé des consommateurs, l’Anses a évalué les effets associés à l’exposition à cette substance dans le but de la classer dans le cadre du règlement CLP.

l’Anses a soumis de ce fait une proposition de classification à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA)  (classification, étiquetage et emballage des produits). Si elle est validée, cette classification aura des conséquences directes sur l’étiquetage des produits contenant cette molécule au niveau européen.

La proposition de classification fait l’objet d’une consultation publique, depuis le 8 février 2021 et pour deux mois, afin de permettre aux parties prenantes de commenter ou d’apporter des informations complémentaires dont elles disposent.

l’Agence confirme la capacité de la substance à provoquer des réactions allergiques cutanées ainsi que des effets toxiques pour le développement du fœtus (malformations, retards de développement…). En effet, pour ces derniers, des données existent sur des substances structurellement similaires, l’acide salicylique et le salicylate de méthyle déjà classées quant à leur toxicité pour le développement foetal. L’Anses a donc proposé que la substance salicylate d’héxyle soit classée de la même manière dans le règlement européen.

Si cette proposition est validée, le salicylate d’héxyle devra être étiqueté comme suit :
•    « Peut provoquer une allergie cutanée ; catégorie 1 (H317) »
•    « Susceptible de nuire au fœtus ; catégorie 2 (H361d) »

Cette proposition a été mise en consultation publique sur le site internet de l’ECHA le 8 février 2021 pour une période de deux mois, afin de donner l’opportunité à toutes les parties prenantes de présenter leurs positions, leurs arguments scientifiques ou les informations complémentaires dont elles disposent.

https://www.anses.fr/fr/content/proposition-de-classification-d%E2%80%99une-substance-parfumante

Un livre d’actualités : la servitude électrique

Alors que depuis des années on nous fait part de la nécessité de réduire notre demande électrique, que des textes sont élaborés dans le cadre de la transition énergétique et écologique, pour  la promotion des ENR, que la loi climat est en cours de propositions au Parlement un livre fait le point sur cette énergie si présente dans nos vies.

L’action de l’électricité se révèle dans trois domaines principaux : la lumière, la force, l’information. Une telle immatérialité la fait passer pour innocente. Pourtant, son efficacité repose essentiellement sur le pouvoir du feu, elle n’est qu’un vecteur énergétique. Dégâts et déchets sont cachés en amont ou en aval de son utilisation.

Dans « la Servitude électrique », les sociologues Gérard Dubey et Alain Gras rappellent que le pouvoir de séduction de l’électricité repose sur une illusion : son immatérialité. Loin d’être une solution à la crise climatique, le tout-électrique est un désastre écologique.

Gérard Dubey est sociologue, professeur à l’Institut Mines-Telecom Business School. Il est l’auteur de Le Lien social à l’ère du virtuel (PUF, 2001), Dans la peau d’un pilote de chasse ? (PUF, 2016, avec C. Moricot) et Mauvais temps (Dehors, 2018, avec P. de Jouvancourt).

Alain Gras est professeur émérite de socio-anthropologie des techniques à l’université Paris 1-Sorbonne. Il a publié Les Macro-systèmes techniques (PUF, 1997), Fragilité de la puissance (Fayard, 2003), Le Choix du feu (Fayard, 2007) et Oil (B2, 2015).

On reparle du cluster de bébés nés sans bras (ATMS) de l’Ain

Le temps du  scientifique n’est pas celui des médias, et encore moins celui du sensationnel.

En 2015, le Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) a rédigé un rapport sur six cas suspects d’ATMS (cas d’agénésie transverse des membres supérieurs ) identifiés entre 2009 et 2014 dans l’Ain, concentrés dans un rayon de 17 km. En 2018 avec plusieurs années de recul c’est 8 enfants qui sont  nés avec des malformations congénitales dans le département de l’Ain c’est-à-dire avec un bras ou une main qui  ne se sont pas développés  et sont décelés lors de  la naissance du bébé . C’est alors que la directrice du Remera estime que cette concentration de cas « n’est probablement pas due au hasard » et recommande une enquête. Le rapport précise que « l’hypothèse la plus probable serait celle d’une exposition à un tératogène [un agent qui peut provoquer des déformations du fœtus] commun à ces six mères, peut-être une substance utilisée en agriculture ou en médecine vétérinaire ». Mais à cette époque, déjà, les experts étaient divisés, et le dossier refermé par les institutions.

 C’était sans compter de la médiatisation de ce rapport, qui a permis de connaitre d’autres clusters en particulier en Loire Atlantique et en Bretagne, alors qu’on dénombre prés de 150 cas semblables par an. Plusieurs enquêtes son donc menées sans que des conclusions ne soient tirées. En juillet 2019, un comité d’experts réunis par SPF et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) concluait également à l’absence de cluster dans l’Ain.

On pensait le dossier refermé alors qu’une équipe de scientifiques a publié, le mardi 9 février dans la revue Birth Defects Research, une analyse, pourtant passée inaperçue, confortant la réalité d’un cluster d’agénésies transverses du membre supérieur (ATMS) dans une petite zone du département de l’Ain.

Ces travaux, conduits par la généticienne Elisabeth Gnansia, présidente du conseil scientifique du Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) et Jacques Estève, biostatisticien aux Hospices civils de Lyon, apportent de nouveaux éléments à la controverse qui perdure depuis plusieurs années entre les responsables du registre Remera et les autorités sanitaires. Ils suggèrent que dans un cercle de 16,24 km centré sur la commune de Dompierre-sur-Veyle, le nombre de naissances d’enfants souffrant d’atrophie d’un bras ou d’une main, entre 2009 et 2014, a été près de dix fois supérieur à la moyenne.

Ainsi convaincus de la nécessité d’informer les responsables du Remera ont voulu valider leur analyse par une publication dans la littérature scientifique internationale: ce qui est dorénavant fait.

Un nouveau rapport de l’ONU “loin du compte” , face au changement climatique

l’ONU vient de publier un nouveau rapport sur les “avancées dans la lutte contre le changement climatique”. La conclusion en est d’être « très loin du compte » pour parvenir à limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C, et si possible 1,5 °C, comme engage l’accord de Paris sur le climat.

Alors que selon l’accord de Paris de 2015 les quelque 200 États signataires devaient réviser tous les cinq ans les engagements climatiques qu’ils avaient pris de manière volontaire, seuls 75 pays (dont les membres de l’Union européenne), représentant seulement 30 % des émissions mondiales, ont déposé leurs nouveaux objectifs auprès de l’ONU avant la date limite du 31 décembre 2020.

Selon la Convention-cadre des Nations unies (CCNU)sur les changements climatiques, qui a effectué une première évaluation de ces nouvelles NDC, l’impact combiné de ces nouveaux plans climat entraînerait seulement une baisse des émissions de gaz à effet de serre de  0,5 % d’ici à 2030, comparé à 2010, très loin des 45 % nécessaires pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement. Les prochains mois devraient être  cruciaux pour accélérer les efforts des Etats jusqu’à  la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26), qui devrait se tenir à Glasgow (Ecosse) en novembre 2021, après avoir été reportée d’un an en raison de la crise sanitaire.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a souligné le  23 février que le changement climatique cause « 16 millions de déplacés chaque année », ce qui encourage l’enrôlement d’hommes désœuvrés dans des groupes terroristes, le trafic humain, ainsi que le crime organisé: nous sommes bien devant les défis du XXIe siècle. Ce fut donc l’objet  du débat  qui s’est tenu, mardi 23 février, en visioconférence, entre New York et les capitales des membres du Conseil. Présidé par la Grande Bretagne, il s’est agit  de démontrer le consensus nécessaire et grandissant, autour de l’idée, que l’urgence climatique est  une véritable menace pour la sécurité collective du Monde.

« L’humanité menace son existence sur cette planète. L’étape d’après pourrait être un désastre. Malgré tout, de nombreux pays s’en tiennent à leur approche de statu quo. » c’est ainsi que s’est exprimée Patricia Espinosa, la responsable climat des Nations unies (ONU),  vendredi 26 février. L’urgence se fait donc de plus en plus présente.

https://unfccc.int/news/climate-commitments-not-on-track-to-meet-paris-agreement-goals-as-ndc-synthesis-report-is-published

https://unfccc.int/sites/default/files/resource/cma2021_02_adv_0.pdf

Interpellation des agences sur l’évaluation des pesticides

119 députés européens, français et sénateurs français dénoncent les failles dans l’évaluation des pesticides et exigent que l’EFSA change ses pratiques toxiques.

Fin octobre 2020, une étude scientifique démontre la présence de produits toxiques dans 14 pesticides, non déclarés sur les étiquettes. Dès le 1er décembre, 9 associations portent plainte contre x et lancent une campagne citoyenne “Secrets Toxiques” qui mobilise plus de 14 000 signatures. Leur combat ? Remettre en question le système d’évaluation actuel et exiger le retrait de ces pesticides du marché en France et en Europe. Ce 25 février, la coalition d’associations envoie, avec le soutien de 119 députés européens, français et sénateurs, un premier courrier à  l’EFSA, chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires.  

Après des pétitions des associations et les citoyens, 119 députés européens, français et sénateurs français de plusieurs couleurs politiques ont rejoint la mobilisation en co-signant une lettre exigeant que l’EFSA  :

  • fasse application correcte du règlement européen tel qu’interprété par la Cour de justice de l’Union européenne dans son arrêt du 1er octobre 2019 et notamment de mettre en place une prise en compte des effets cumulés de la substance active telle que déclarée évaluée avec tous les autres composants de pesticides qui sont présents dans les formulations commerciales, et ce dès la procédure d’autorisation ou de renouvellement d’une substance active déclarée. C’est le premier et peut-être le plus important des « effets cocktails » ;
  • mettre en place une procédure de prise en compte des effets entre différentes formulations de pesticides dits plus classiquement « effets cocktails » dès le stade de l’évaluation des substances actives déclarées ;
  • mettre en place une procédure assurant, lors des évaluations de renouvellements d’approbations de substances actives déclarées, de la prise en compte de l’ensemble des publications scientifiques, notamment des avis du CIRC et les études de toxicité de formulations commerciales complètes, et de faire application du règlement européen et de l’arrêt du 1er octobre 2019 de la CJUE ;
  • assure la publication des données brutes, articles et références sur lesquels se base l’EFSA dans ses évaluations.

Des produits toxiques non déclarés sont retrouvés sur l’étiquette de 14 pesticides évalués par l’EFSA.

L’étude d’octobre 2020 du Pr Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers ouvre une nouvelle brèche concernant le système d’évaluation des pesticides au niveau européen et français. Elle démontre que plusieurs métaux lourds et autres formulants toxiques entrent dans la composition de pesticides, non déclarés sur l’étiquette. Comment cela est-il possible ? L’étude démontre de nombreuses failles dans les systèmes d’évaluation des pesticides utilisés en Europe.

Télécharger le communiqué de presse