Tous les articles par Jacqueline Collard

L’accord de Paris déjà dépassé en 2024

2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée : l’Accord de Paris s’effondre sous nos yeux !

Alors que l’accord de Paris devait limiter la hausse des températures moyenne sur terre  à +2 °C,  à la fin de notre siècle et, si possible même, le maintenir sous le seuil de +1,5 °C., et bien nous avons déjà atteint ce seuil dés cette année écoulée. Si nous nous penchons sur les dix dernières années on serait sur plus 1, 2°C, mais la tendance devrait nous alerter!

Car ce qui participe à cette augmentation c’est la croissance des Gaz à effet de serre (GES), or  les concentrations en dioxyde de carbone (CO2) et en méthane(CH4) ont, elles aussi, une fois de plus, atteint des records en 2024, à 422 parties par million () et 1 897 parties par milliard (ppb) respectivement , et c’est sans compter l’augmentation de la teneur en humidité dans notre atmosphère observée en 2024 ( le plus important des GES) : +5 %. exemple, rapporté par le  « Global climate highlights 2024 » En effet la vapeur d’eau est un puissant gaz à effet de serre qui est de plus en plus présente par évaporation avec des températures qui augmentent elles aussi de plus en plus.

Ceci s’accompagne le plus souvent de vents extrêmes avec des dépressions importantes, sources fréquentes de pluies torrentielles et souvent d’inondations.Simultanément une étude publiée ce vendredi 10 janvier dans la revue Advances in Atmospheric Sciences, proposée par des chercheurs à l’international qui  confirment que d’autres records ont été battus en 2024 à la surface et sous la surface des océans. Ce qui a pour base les données du service maritime de Copernicus, basé sur les 3 000 flotteurs du réseau Argo mesurant régulièrement la température et la salinité jusqu’à 2 000 mètres de profondeur ; et celui de l’Institut de physique atmosphérique de l’Académie chinoise des sciences, qui compile les mesures d’une variété d’instruments installés à travers le globe.

Les conséquences sanitaires s’avèrent de fait de plus en plus évidentes, avec un nombre de personnes exposées à des chaleurs extrêmes qui augmentent déjà de façon exponentielle, en raison de ce  changement climatique et ce , dans toutes les régions du monde.

C’est bien ce que nous transmettent les chercheurs qui nous alertent depuis des années, que chaque dixième de degré supplémentaire, peut avoir des conséquences importantes sur le monde dans lequel nous vivons, mais sans que les décisions politiques ne soient à la hauteur de ces prévisions. Des mesures d’adaptation doivent être mises en place en parallèle pour nous aider à vivre dans ce nouveau monde, comme nous préviennent les experts depuis longtemps.

https://climate.copernicus.eu/copernicus-may-2024-12th-consecutive-month-record-high-temperatures#:~:text=Copernicus%3A%20May%202024%20is%20the,month%20with%20record%2Dhigh%20temperatures

Revue Advances in atmospheric Sciences : https://link.springer.com/article/10.1007/s00376-025-4541-3

Quels avertissements les gigantesques incendies qui ravagent Los Angeles nous donnent-ils ?

Depuis plusieurs  jours, en Californie, des milliers de pompiers sont sur le terrain et tentent de circonscrire les feux, alors que des quartiers entiers autour de Los Angeles sont menacés, alimentés par des vents très violents, que l’on appelle les vents de Santa Ana. Ces rafales fortes et très sèches qui soufflent depuis le vaste désert intérieur occidental des États-Unis jusqu’au sud de la Californie, contribuent à la diffusion rapide des feux dans cette région. Et n’oublions pas que les fumées ainsi produites diffusent des particules et des pollutions, bien au-delà des zones concernées, accentuant les difficultés des populations comme des sauveteurs.

Une catastrophe alimentée par la crise écologique qui frappe de plein fouet cette région de la Californie. À mesure que la planète se réchauffe, l’influence du changement climatique prend le pas sur d’autres phénomènes naturels affectant le climat et les renforcent.

En effet depuis le début des années 2000, la Californie a ainsi été frappée par une sécheresse historique qui a considérablement favorisé le développement des incendies, alternant avec des pluies torrentielles qui font « la une » depuis plusieurs années : des conditions climatiques extrêmes, entre sécheresses et perturbations des cycles des pluies.

Et cela correspond aussi à la quasi disparition pendant des années du fleuve Colorado (2 300 km parcourant sept états américains et deux états mexicains), qui commençait à reprendre vie. Il y a dix ans, du Colorado, il ne restait que le nom. Juste le lit salé d’une rivière asséchée, envahi d’arbustes exotiques. Mais depuis, la plantation de plus de 500 000 arbres sur plus de 540 hectares a permis au  Colorado de renaître doucement. Le Colorado constitue un bon exemple de la façon dont les sociétés développées gèrent les espaces de l’accès à l’eau : il cristallise les problèmes liés à la thématique de l’eau. Il est victime tout à la fois sur son cours de surexploitation (eau potable, irrigation, fracturation pour l’extraction du gaz de schiste notamment) et  détournement de ses eaux et de plus en plus  le facteur climatique.

Lors de ces 3 dernières décennies, les surfaces brûlées par les incendies en Californie auraient d’ores et déjà été multipliées par cinq par rapport aux données d’avant les années 1990.

Cet hiver, « les précipitations mensuelles moyennes en novembre ont été dix fois inférieures à la moyenne climatologique, et celles de décembre ont été 25 fois inférieures à la moyenne » explique ainsi Frank Marsik, professeur en science climatique au Collège d’ingénierie de l’Université du Michigan.

Dans son premier rapport publié le 27 décembre dernier, le World Weather Attribution, qui regroupe des experts de plusieurs institutions, avec Climate Central, constate que sur 29 événements analysés et survenus en 2024, 26, soit la quasi-totalité, ont été amplifiés par le changement climatique. Cependant le changement climatique n’est qu’un facteur aggravant qui vient s’ajouter à d’autres éléments et à des politiques publiques souvent défaillantes. À voir comment n’ont pas été prises avec sérieux les demandes des diverses COP qui en 2024 n’ont quasiment débouché sur aucune avancée.

Les incendies qui ravagent actuellement la Californie posent donc à nouveau la question critique de l’adaptation pour cette région du monde parmi les plus exposées aux évolutions du climat en proximité de l’océan et de déserts.

Se pose aussi la question des zones qui pourraient devenir non assurables, tant elles sont exposées de façon chronique à ces risques majeurs, que ce soient les feux, les tempêtes  ou les inondations. Les assureurs et réassureurs l’envisagent fortement.

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L’Ademe alerte sur le poids écologique du numérique

Nous relayons les informations données par l’ADEME :

L’empreinte environnementale du numérique, déjà élevée, continue de croître de façon exponentielle, menaçant autant le climat et la biodiversité que les efforts de transition écologique.

En deux ans à peine, l’empreinte carbone du numérique en France a doublé, passant de 17 à 29,5 MtCO2e par an.Cela pourrait être trois fois plus en 2050 si des mesures pour limiter son impact ne sont pas prises.

Pendant longtemps, le passage au numérique était mis en avant comme un geste écologique, qui évitait les impressions sur papier et les déplacements. « Chaque rupture technologique induit la commercialisation de nouveaux appareils, que les entreprises et les ménages achètent, soit pour remplacer prématurément les anciens, soit en complément, constate Raphaël Guastavi, directeur adjoint Économie circulaire de l’ADEME. Or, leur fabrication nécessite de l’énergie, de l’eau et des matières, comme des métaux, dont l’extraction minière est émettrice de gaz à effet de serre, source de pollution et de perte de biodiversité. »

Cela s’explique aussi par la multiplication et l’intensification de nos usages. Notre quotidien est fait de visioconférences, de réseaux sociaux, de streaming, de documents partagés sur des clouds… Et de nouveaux services digitaux ne cessent de s’y ajouter. « Si le numérique ne représente “que” 4 % des émissions de carbone dans le monde aujourd’hui, on assiste à un emballement très inquiétant, alerte Raphaël Guastavi. Il faut en prendre conscience. »

Cela questionne sur nos usages alors que faire?

Prolonger la durée de vie des appareils et résister aux sirènes de la nouveauté est la réponse la plus évidente à cette question. L’Ademe recommande ainsi de prioriser nos usages et d’envisager une sobriété numérique et propose le Programme Alt IMPACT.

Le poids écologique du numérique : comment freiner l’emballement ?

Les pesticides de plus en plus dans le feu juridique

Ces derniers mois nous avons eu une déferlente de décisions et de prises de positions concernant ces molécules dont la dangerosité n’est plus à démontrer.

A la fin  novembre, le réseau d’ONG PAN Europe publiait un rapport  édifiant sur la nature de la nouvelle méthodologie d’évaluation des pesticides et sur les conflits d’intérêt au cœur de leur élaboration au sein même de l’EFSA: Une révision attendue de longue date.

Une décision de justice de novembre 2024 pourrait faire jurisprudence ainsi il n’y aurait plus de limite de temps pour bénéficier du complément d’indemnisation pour les agriculteurs victimes des pesticides mis en place par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides…

En décembre et suivant les recommandations issues du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture, la Commission européenne a annoncé l’installation d’un Conseil européen de l’agriculture et de l’alimentation (Ebaf), instance de dialogue et de consensus entre les parties prenantes.Il devrait être mis en place pour 5 ans et sera composé d’une trentaine d’organisations qui seront sélectionnées début 2025, après un appel à candidatures. Celles-ci devront représenter de manière « équilibrée » les agriculteurs, la chaîne d’approvisionnement alimentaire et la société civile.

Et dans ce début Janvier il est mis fin aux dérogations qui depuis 2022,(  loi Labbé) cette loi qui interdisait l’usage des produits phytosanitaires de synthèse dans tous les lieux de vie publics, or les terrains de sport et hippodromes étaient jusqu’alors exemptés :  ce qui est  terminé, à compter du  1er janvier, les pesticides seront désormais interdits sur tous les gazons sportifs, même si il existe encore quelques exemptions.

Mais dans le contexte de la colère paysanne due à la décision européenne pour le Mercosur nous devrons rester vigilants pour que les acquis législatifs ne soient pas revus à la baisse comme pour le plan Ecophyto.

Des soupçons sur le lien entre l’augmentation du cancer du pancréas et l’exposition aux pesticides

L’ incidence du cancer du pancréas progresse rapidement dans de nombreux pays et particulièrement  en France, où, à ce rythme, et pourrait devenir la deuxième cause de mortalité par cancer dès 2030.

« Le cancer pancréatique est en augmentation dans de nombreux pays, mais sa progression en France, de l’ordre de 3 % chaque année, est environ deux à trois fois plus rapide que dans la plupart des autres pays européens, explique le gastroentérologue et épidémiologiste Mathias Brugel (Centre hospitalier de Bayonne, université de Lille, Imperial College de Londres), coauteur des travaux de l’étude publiée dans la revue European Journal of Epidemiology. Or aucun des facteurs de risque connus pour ce cancer, en particulier l’obésité, le diabète et le tabagisme, ne permet d’expliquer cette singularité française. »

Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer la distribution spatio-temporelle de l’incidence de l’adénome pancréatique (PA)  en France entre 2011 et 2021 et de déterminer si l’exposition aux pesticides était associée à un risque plus élevé de PA.Or a été associé à cette recherche   un indice d’intensité d’exposition aux pesticides (PEXI), défini comme la médiane logée et à l’échelle du rapport de la quantité de substance sur la surface agricole par unité spatiale qui a été utilisé pour la quantité totale (PEXIe total) et 9 substances spécifiques.

Pesticides et risque d’adénocarcinome pancréatique en France: étude écologique spatio-temporelle à l’échelle nationale entre 2011 et 2021: Eur J Epidemiol Volume 39, pages 1241-1250, (2024)

Brugel, M., Gauthier, V., Bouché, O. et al. Pesticides and risk of pancreatic adenocarcinoma in France: a nationwide spatiotemporal ecological study between 2011 and 2021.    https://doi.org/10.1007/s10654-024-01176-8