Tous les articles par Jacqueline Collard

Une expertise scientifique collective sur l’utilisation des plastiques INRAE-CNRS

Plus de 4 500 publications académiques et textes législatifs ou réglementaires ont été analysées par  une trentaine de chercheurs français et européens de différentes disciplines (toxicologie, économie…) de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et le CNRS, ils nous fournissent ainsi une  expertise inédite sur  les connaissances , des  usages et des impacts sur l’environnement et la santé des plastiques utilisés dans le système agricole et alimentaire. Cela nous permet un éclairage  des connaissances sur les usages, propriétés et recyclage des plastiques mais aussi sur leurs impacts sur l’environnement et la santé.

Ils en concluent : « La contamination à l’échelle mondiale des sols agricoles est (…) supérieure à celle des océans et constitue un sujet majeur de préoccupation » 

Selon les données existantes, 20 % des plastiques consommés en France seraient destinés aux secteurs agricole et alimentaire, en très grande majorité pour les emballages alimentaires. Les résultats mettent aussi en lumière la contamination massive par les microplastiques de tous les sols, et en particulier les sols agricoles, dépassant probablement en tonnage celle des océans. Tous les organismes vivants sont contaminés par les microplastiques, y compris les humains, avec des effets néfastes pour la santé. Cette expertise met aussi en avant les besoins de recherche pour mieux intégrer les alternatives aux plastiques, pour simplifier les compositions et les structures, et pour mieux analyser les besoins des acteurs des secteurs agricole et alimentaire afin de réduire les plastiques à la source. 

 l’intégralité du communiqué de presse en cliquant ici

L’objectif de 1°5 (Recommandations du Giec) largement insuffisant pour éviter la disparition des glaciers

Alors que les glaciers fondent déjà à un rythme inquiétant : 370 milliards de tonnes de glace supplémentaires disparaissent chaque année. La perte de glace a ainsi quadruplé depuis les années 1990, rappellent les auteurs de plusieurs études. Rappelons que nous avons localement procédé à  l’enterrement du glacier de Sarenne à l’Alpe d’Huez, témoignage complété par l’amaigrissement constant des glaciers chamoniards.

Écoutons la glaciologue Heïdi Sevestre qui nous alerte autant que possible sur les menaces qui pèsent sur les glaciers à l’échelle mondiale « On risque de les perdre,   45 à 50% des glaciers dans le monde sont déjà condamnés »,  interrogée à l’occasion de l’année internationale de la préservation de ces écosystèmes fragiles mais vitaux.

Dans le même sens une étude, publiée le 20 mai dans Nature Communications – Earth & Environment, l’illustre avec le rythme de fonte des calottes polaires. Jusqu’à présent, la communauté scientifique s’accordait sur le fait que le point de bascule des inlandsis du Groënland et de l’Antarctique occidental et désormais ajoute à ces constats la réalité mondiale des disparitions rapides des glaciers.

« Étant donné les conséquences catastrophiques pour l’humanité d’un effondrement rapide d’une ou plusieurs calottes glaciaires menant à plusieurs mètres de droit, nous concluons que l’adoption du principe de précaution est impérative et qu’une température moyenne mondiale plus froide que présente est nécessaire pour maintenir globalement les calottes glaciaires en équilibre. Il est difficile de déterminer avec précision une «limite de sécurité» pour les calottes glaciaires, notamment parce que si peu d’études ont projeté leur réponse aux conditions climatiques plus froides que celles-ci, mais sur la base de cet examen, nous émettons probablement près, ou même au-dessous, de -1, 1 ‘C au-dessus de l’industrie préindustrielle ».

Nature Communications – Earth & Environment,Communications Earth & Environment volume 6, Article number: 351 (2025)

Le réchauffement de 1,5 °C est trop élevé pour les calottes glaciaires polaires:

https://www.nature.com/articles/s43247-025-02299-w#citeas

 

Même les champignons sont concernés par la perte de la biodiversité

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UCIN) vient de publier sa liste rouge mondiale des espèces menacées qui compte désormais 1 300 espèces de champignons, dont au moins 411 sont menacées d’extinction, selon les chiffres dévoilés.

Ce déclin des champignons pourrait avoir des répercussions importantes sur les écosystèmes. « Ils sous-tendent tous les écosystèmes, explique l’UICN : la plupart des plantes s’associent à des fonges pour absorber les nutriments et ne peuvent donc pas exister sans eux, et les fonges rendent également possible la décomposition. Beaucoup sont comestibles, utilisés dans la production d’aliments et de boissons, y compris la fermentation, constituent la base de médicaments et soutiennent les efforts de biorestauration visant à nettoyer les sites contaminés. »

En France hexagonale et en Corse, la liste rouge s’étend à 79 espèces qui sont menacées et 39 espèces sous le statut de « quasi menacées ». Cette liste inclut des lichens, dont Buellia asterella, classée en danger critique, qui n’a pas été repérée sur le territoire depuis 1960.

La protection des champignons reste très faible. « Contrairement à la faune et à la flore, il n’existe pas de plan de conservation pour les espèces fongiques, les connaissances sur ces organismes étant trop limitées pour qu’ils fassent partie des lois environnementales quand celles-ci ont émergé, ils ont été les grands oubliés des projets de conservation. Actuellement, le seul rempart de protection pour ces espèces est la protection et la conservation des habitats, par des directives telles que le réseau Natura 2000 dans l’Union européenne. »

Consulter la liste rouge mondiale des espèces menacées
https://www.iucnredlist.org/2. Consulter l’étude publiée dans la revue Microbiology Spectrum

Rapport sénatorial sur les eaux minérales et eaux de source

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sénatoriale sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille a été rendu public ce 14 mai : il prend appui sur  73 auditions de ministres, de membres de cabinets ministériels, de directeurs d’administration, de dirigeants d’entreprises, de préfets et services de l’État au niveau local, de directeurs d’Agences régionales de santé ou encore de chercheurs et d’associations qui se sont déroulés entre décembre 2024 et mai 2025,

La commission d’enquête du Sénat vise à faire toute la lumière sur ce dossier, sous réserve des éventuelle procédures judiciaires en cours. Son objet est ainsi :

  • de s’assurer que la santé et la correcte information des consommateurs d’eaux minérales et eaux de source soient bien garanties et que les errements passés ont bien cessé ;
  • d’établir les responsabilités politiques dans la poursuite de certaines pratiques interdites sans que les consommateurs n’en aient été informés ;
  • de contribuer, le cas échéant, à restaurer la confiance dans un secteur industriel au poids économique crucial.

Cette commission  formule 28 propositions destinées à sécuriser la qualité des eaux minérale et de source. Parmi lesquelles:

Il est nécessaire de repenser le suivi qualitatif de la ressource en eau afin de mieux protéger les zones sensibles à la pollution que sont l’impluvium, qui correspond à la zone de surface . Il s’agit de puits contenant des instruments permettant de mesurer le niveau de l’eau dans laquelle l’eau s’infiltre dans les nappes, et la zone d’émergence sur laquelle se situent les captages d’eau.

La commission propose de renforcer la transparence sur le suivi de la ressource en eau
et les contrôles réalisés par les autorités locales. Les différents épisodes de contamination recensés par la commission ont donné lieu à des décisions de suspension de certains forages qui n’ont pas été rendues publiques. L’amélioration du suivi quantitatif et qualitatif de l’eau contenue dans les nappes pourrait également donner lieu à une publicité accrue afin de sensibiliser le grand public à leur vulnérabilité.

La commission d’enquête soutient la volonté exprimée par la DGS de demander aux ARS de vérifier au cours de l’année 2025 la qualité des eaux brutes des eaux minérales naturelles et des eaux de source afin de s’assurer que celle-ci ne contiennent pas de PFAS ou à des quantités inférieures au seuil de 0,1 ng/l pour les 20 PFAS listés par la directive de 2020 sur les eaux destinées à la consommation humaine.

https://www.senat.fr/rap/r24-628-1/r24-628-1-syn.pdf

Vidange du Rhône à la frontière franco-suisse du 15 au 27 Mai dans la retenue de Verbois afin d’éviter des inondations

Afin de prévenir les risques d’inondation des bas quartiers de Genève, les Services Industriels de Genève (SIG) doivent surveiller les niveaux de sédiments (argile, limon, sable…) qui s’accumulent avec le temps au pied des barrages.

Ils réalisent donc régulièrement des opérations d’extractions de ces sédiments et assurent l’accompagnement des crues de l’Arve, un affluent qui se jette dans le Rhône juste en aval de Genève pour maintenir un transport sédimentaire efficace.

La principale opération a lieu tous les 3 à 4 ans, c’est l’abaissement partiel de la retenue du barrage hydroélectrique de Verbois. Menée par les SIG, elle est accompagnée par des mesures mises en œuvre par l’exploitant du barrage de Chancy-Pougny et CNR. Cette gestion franco-suisse a pour objectif de faire transiter un maximum de sédiments (dans la limite de 1,5 millions de m3) jusqu’à la mer Méditerranée tout en préservant l’environnement et la biodiversité du fleuve.

La gestion sédimentaire, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’opérations telles que des dragages, des lâchers d’eau etc. permettant de s’assurer que la quantité de sédiments présents dans un cours d’eau ou un fleuve reste compatible avec l’environnement (impacts sur la faune et la flore etc.).

Pour mener à bien cette opération, CNR mobilise des moyens humains et techniques exceptionnels. CNR agit en étroite concertation avec les Services industriels de Genève (SIG), et sous le contrôle des autorités administratives suisses et françaises, dans le respect de plusieurs arrêtés inter-préfectoraux.