Tous les articles par Jacqueline Collard

La Dgccrf met l’accent sur une augmentation des fraudes à l’étiquetage

Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les tromperies sur l’origine des produits alimentaires se multiplient. En 2024, l’agence a conduit 10 000 contrôles sur l’origine des produits alimentaires : 34 % présentaient des anomalies — fraudes ou erreurs d’étiquetage — entraînant 562 procès-verbaux et plus de 2 300 amendes. Un taux élevé, même si les contrôles ciblés ne reflètent pas tout le marché.

« Les fraudes sur l’origine touchent particulièrement les fruits et légumes à forts volumes, dont les productions françaises et étrangères se chevauchent dans le temps et dont les variétés sont similaires : melons, tomates, pêches, poires, fraises et kiwis », explique Marion Girardot, la responsable de la communication de la DGCCRF.

En France, les exigences sanitaires et environnementales sont plus élevées que dans les pays voisins. Par exemple, 50 molécules phytosanitaires sont autorisées contre près de 300 en Italie. Cela conduit les producteurs français à investir « dans des solutions naturelles ».

Depuis le 1er janvier, plus de 5 400 établissements ont déjà été contrôlés, mais les sanctions sont jugées trop faibles par les interprofessionnels de fruits et légumes, face aux profits engrangés.

Le ministère de l’Agriculture reconnaît lui-même l’ampleur du phénomène : « La francisation des produits alimentaires nuit gravement aux producteurs français, fausse la concurrence et affaiblit la confiance des consommateurs. »

Création du collectif citoyen du territoire lyonnais pour étudier l’imprégnation des riverains

La Métropole de Lyon a officialisé, ce jeudi 16 octobre, la création de l’Institut écocitoyen du territoire lyonnais pour associer citoyens et chercheurs face aux pollutions qui font légions dans le Sud lyonnais, à l’instar de ceux de  Fos-sur-mer ou du Mont Blanc, en vue de « produire de la connaissance sur les pollutions », en particulier de l’air et aux PFAS, et de définir des moyens d’actions pour y pallier au mieux. L’objectif  propose d’être un organe collaboratif de production et de diffusion de connaissances scientifiques autour des phénomènes de pollution.

Depuis des mois plusieurs collectifs locaux avaient mis en évidence la nécessité « d’alimenter l’information publique et les débats sur les territoires particulièrement exposés à des pollutions connues comme émergentes » comme l’explique le communiqué de presse de la Métropole. Les statuts ont été signés ce jeudi soir à la Maison de l’environnement de Lyon devant des chercheurs, membres d’association et collectifs ainsi que des élus de la Métropole, la ville de Lyon et de Chasse-sur-Rhône.

Gwenola Le Naour, chercheuse en sciences politiques Cécile Miege, directrice de recherche à l’INRAe,, et Patricia Grange-Piras de la société civile ont été désignées mandataires pour l’assemblée constitutive de l’association.

Cet outil collaboratif propose ainsi d’associer tous les acteurs pouvant être concernés par ces problématiques via la mise en place de six collèges au centre de sa gouvernance : associations, scientifiques, praticiens de santé, collectivités, travailleurs et acteurs économiques… Un tour de table auquel s’ajouteront des habitants des zones impactées par des pollutions.

Notre association SERA fera partie des acteurs de ce collectif citoyen.

 L’étude PERLE est une première étude française de biosurveillance humaine aux PFAS (composés per- et polyfluoroalkylés), menée par l’Institut Écocitoyen de Fos-sur-Mer pour la Métropole de Lyon, vise à évaluer l’imprégnation des riverains des industries, afin de  « Comprendre les niveaux d’imprégnation des populations exposées aux activités industrielles émettant des PFAS », explique Maxime Jeanjean, responsable Santé environnement de l’Institut Écocitoyen.

https://www.institut-ecocitoyen.fr/page.php?idp=38&idt=4

Le Congrès mondial de la nature de l’UICN se termine à Abu Dhabi avec une vision ambitieuse pour la conservation de la nature

Du 9 au 15 octobre s’est tenu à Abou Dhabi le congrès mondial de la nature de l’UICN. Événement qui suit l’édition 2025 (qui avait eu lieu à Marseille),  il a permis l’adoption de près de 150 motions et d’ériger une vision stratégique pour les vingt prochaines années.

Le  thème de cette année était « Propulser une conservation transformatrice ». Ce congrès rassemblait à la fois des décideurs gouvernementaux, de la société civile, des organisations de peuples autochtones pour la première fois, du monde universitaire et des entreprises pour plus de 1 000 événements visant à définir l’agenda de travail en matière de conservation et de développement durable pour les décennies à venir.

À cette occasion a été approuvée la Vision stratégique à 20 ans et un nouveau programme pour la prochaine période quadriennale.  

Conformément à ces exigences, l’UICN a élaboré une stratégie et un plan d’action complets en matière de durabilité, fondés sur quatre composantes clé d’impact :

  • Économique et sociétal
  • Environnemental
  • Social
  • Gouvernance

La présidente de l’Union aux côtés des membres nouvellement élus des Commissions et du Conseil de l’UICN a déclaré : « Notre tâche n’est pas facile, mais elle est essentielle : combler les fossés entre la science et les politiques, entre le climat et la biodiversité, entre les personnes et la planète elle-même. Pour rappeler au monde que la nature n’est pas seulement victime de nos excès, mais un allié puissant dans notre survie… Quittons Abu Dhabi avec la certitude que ce qui nous unit est bien plus grand que ce qui nous divise : notre croyance commune dans la résilience de la vie elle-même ».

Lors de  la cérémonie de clôture, la Directrice générale de l’UICN, la Dr Grethel Aguilar, a déclaré : « Ce Congrès témoigne du pouvoir de la collaboration, du travail d’équipe et de l’engagement… Depuis Abu Dhabi, nous envoyons un message clair et uni. Nous sommes une union déterminée à inverser la tendance. Quittons ce Congrès avec un espoir et une détermination renouvelés : défendre la vie, agir pour la nature et construire un avenir où les personnes et la planète prospéreront ensemble ».

Plusieurs annonces et engagements à fort impact ont été dévoilés pour renforcer les efforts mondiaux de conservation. L’Appel à l’action d’Abu Dhabi appelle la communauté mondiale, sous la direction de l’UICN, à accélérer les actions urgentes et pratiques dans cinq domaines clés : réaffirmer la nature comme fondement du bien-être, renforcer le multilatéralisme, assurer la justice et l’inclusion, faire progresser les connaissances et l’innovation et accroître les ressources pour la nature et l’action climatique.

L’UICN a également lancé le 4e rapport Perspectives du Patrimoine mondial, qui révèle que les changements climatiques menacent 43% des sites naturels du Patrimoine mondial.

Sommet de l’élevage à Paris où le secteur agricole est désigné comme devant se réinventer

Alors que le secteur subit une crise socio-économique profonde : revenus faibles et irréguliers, diminution du nombre d’exploitations, spécialisation excessive qui a rompu le lien entre cultures et élevage, et un enjeu majeur de transmission alors que la moitié des 390 000 exploitations seront à reprendre dans la décennie, ce congrès a fait l’objet d’une présentation animée par le Shift Project pour repenser ce secteur en crise.

Après avoir consulté plus de 150 organisations et près de 300 experts, et recueilli plus de 7700 réponses d’agriculteurs via une grande consultation, cette présentation du projet collaboratif de 18 mois a pour but de dessiner les contours d’une agriculture « bas carbone, résiliente et prospère » avec un constat clair : une transformation ambitieuse incontournable.  The Shift Project propose son analyse de la situation, identifie des leviers de transformation, et trace des voies possibles pour concilier réduction de l’empreinte environnementale, résilience des systèmes agricoles et viabilité économique des exploitations.

Face aux défis climatiques, énergétiques et environnementaux, le secteur agricole français est sommé de se réinventer, sachant que l’agriculture qui produit 18 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) doit non seulement réduire son empreinte carbone de 46 % d’ici 2050, mais aussi s’adapter à sa propre vulnérabilité face aux changements climatiques. La transformation passe par une réduction de 70 % des engrais azotés minéraux, compensée par un triplement des surfaces en légumineuses et une meilleure gestion des matières organiques. 

Laure Le Quéré, ingénieure experte en agriculture, explique : “La stratégie nationale bas carbone a fixé des objectifs de décarbonation pour l’agriculture française. On doit atteindre 48 millions de tonnes à l’horizon 2050. Cela peut paraître ambitieux, mais les objectifs sont adaptés aux spécificités du secteur agricole : c’est un secteur qui est nourricier et qui a aussi des émissions qui sont incompressibles. Elles sont aussi beaucoup plus complexes potentiellement à réduire que celles d’autres secteurs économiques puisque majoritairement non énergétiques. On parle surtout du méthane et du protoxyde d’azote. Il y a encore du chemin à faire et la question est comment y arriver au mieux et avec le moins de casse possible et notamment quand on parle de l’élevage”. La transformation implique une évolution des systèmes d’élevage, avec une diminution mesurée des cheptels, notamment de ruminants (-27%), pour réduire les émissions de méthane tout en préservant les prairies, essentielles au stockage du carbone.

Corentin Biardeau-Noyers, ingénieur projet agriculture alimentation, ajoute : “Pour l’agriculture, l’objectif correspond à une diminution d’à peu près 46% à horizon 2050. Pour les autres secteurs, la diminution est beaucoup plus importante. Si on prend les transports, je crois que c’est de l’ordre de 95 % de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Donc les spécificités agricoles sont vraiment prises en compte dans les objectifs”.

Il manque cependant dans ce projet les enjeux de l’eau, de la biodiversité qui n’ont pas pu être traités dans le rapport, pour définir une agriculture et des pratiques qui permettent une meilleure adaptation.

L’agriculture française est prise dans un étau de dépendances multiples : aux énergies fossiles pour les machines et les engrais, aux importations pour l’alimentation animale (soja du Brésil) ou la fertilisation (engrais de Russie), et aux produits phytosanitaires aux effets néfastes. Ces difficultés, exacerbées par des politiques publiques aux injonctions parfois contradictoires, compromettent gravement le bien-être des agriculteurs et leur capacité à investir dans la transition.

Selon les experts, la réussite de cette transition repose sur un prérequis fondamental : garantir la sécurité économique des agriculteurs, qui sont plus de 90 % à se dire prêts à s’engager dans l’agroécologie si les freins financiers sont levés. et faciliter et intensifier la formation des professionnels sur la transition agroécologique, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, et la résilience du secteur  avec un volet agricole bénéficiant d’un portage politique fort et de moyens à la hauteur de l’ambition.

https://theshiftproject.org/publications/agriculture-bas-carbone-resiliente-prospere/

objectifs de la SNBC (stratégie nationale bas carbone)

Le changement climatique affecte aussi les prix alimentaires

En plus de l’inflation qui touche les prix alimentaires, les extrêmes climatiques s’invitent : des élevages et des cultures emportés par les inondations ou brûlés par les vagues de chaleur, des rendements en baisse en raison des sécheresses ou des épisodes de gel, ce qui impliquent forcément une augmentation des prix.

Une équipe de chercheurs a répertorié seize hausses de prix alimentaires entre 2022 et 2024 liés à des événements extrêmes dans une nouvelle étude qui est parue en juillet dans la revue Environmental research letters qui affectent tant les pommes de terre, les fruits, café, cacao, huile d’olive… toutes les denrées sont touchées aux quatre coins du globe. Les records de chaleur en Asie en 2024 ont ainsi provoqué d’importantes hausses de prix pour le café Robusta au Vietnam (+100%), le riz au Japon (+48%) ou les légumes en Chine (+30%). En Espagne, la longue sécheresse de 2022/2023 a augmenté le prix de l’huile d’olive de 50%, s’ajoutant aux hausses précédentes. En Afrique, le prix du cacao a cru de 280% après la vague de chaleur d’avril 2024, aggravée de 4°C par le changement climatique. En Australie, ce sont les inondations du printemps 2022 qui ont fait augmenter le prix des laitues de 300%.

Selon une vaste analyse menée pendant huit ans dans 55 pays par des chercheurs issus d’une quinzaine d’universités, dans le cadre du Climate Impact Lab, consortium de recherche de l’université de Chicago, chaque degré Celsius supplémentaire de réchauffement global réduira la capacité mondiale à produire de la nourriture de 120 kcal par personne et par jour. Soit 4,4% de la consommation journalière actuelle, estiment les auteurs, qui font démarrer leur période de référence au début des années 2000.

Environmental research letters : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/adbd58