Tous les articles par Jacqueline Collard

Le phosphore oligo-élément indispensable en sursis

Le phosphore intervient avec le calcium dans la calcification des os mais également dans la formation de nombreux composés importants pour les réactions de l’organisme et la création d’énergie (ATP, phosphorylation d’enzymes pour les activer). Son évaluation est importante, associée à celle du calcium, pour aider au diagnostic de pathologies osseuses, hormonales, ou de problèmes rénaux et des troubles dans l’équilibre des ions de l’organisme. Or nos modes d’élevage et d’agriculture mettent en péril cet élément indispensable.

« Un des changements majeurs depuis la publication de 2009 concerne la révision des limites planétaires liées aux flux de phosphore, explique Philippe Hinsinger, chercheur (INRA) …

Le précédent article tirait déjà la ·sonnette d’alarme concernant le cycle de l’azote, en montrant que nous avions déjà dépassé la limite de l’acceptable, mais il considérait que, dans le cas du phosphore, nous nous approchions de la limite sans toutefois la dépasser. » C’est désormais chose faite. En particulier, la prise en compte des flux de phosphore vers les écosystèmes aquatiques d’eau douce, du fait des déjections animales des grandes zones d’élevage hors sol, ou l’érosion des terres agricoles chargées d’engrais phosphatés, fait bondir  l’addition.

Santé au travail : mobilisation

Une médecine du travail en péril

La médecine du travail est en grand danger et avec elle la santé de tous les salariés. Fin octobre, le gouvernement  présentait 50 nouvelles mesures destinées à « simplifier l’activité des entreprises face à la lourdeur administrative. »

Parmi elles, une première entend revoir les notions d’aptitude et d’inaptitude afin de « sécuriser » les employeurs qui sont « soumis » à des avis médicaux avec réserves trop contraignants. Cette mesure vise à empêcher le médecin du travail d’émettre des préconisations d’aménagement des postes de travail dans l’intérêt des salariés, à supprimer l’obligation de reclassement qu’ont les employeurs et à favoriser le licenciement des salariés ayant des restrictions d’aptitude.

Une seconde mesure prévoit de simplifier les règles sur les visites médicales des salariés au motif que « la visite médicale obligatoire n’est réalisée que dans 15% des cas », du fait notamment d’un manque d’effectifs médicaux. Ce chiffre de 15 % est fantaisiste car en réalité ce sont plus de 70% de ces visites qui sont actuellement assurées ! Cette mesure empêcherait l’accès à la visite médicale et au suivi de santé individualisé pour certaines catégories de salaries jugés non exposés à des risques. Alors que l’on assiste à l’explosion des TMS et des RPS, cette vision est inacceptable.

Nous rappelons que les médecins du travail sont les seuls médecins à disposer d’une formation sur les risques professionnels et qu’ils sont les seuls à bénéficier d’un statut protecteur garantissant indépendance et protection vis-à-vis des employeurs. Ils ont un libre accès au poste de travail qui leur permet de disposer d’une connaissance des risques et du travail réel. En s’attaquant ainsi à la visite médicale, c’est à la médecine du travail toute entière que le gouvernement s’en prend et aux droits des salarié-es.

En affaiblissant une nouvelle fois la médecine du travail et plus largement les services de santé au travail (SST), le patronat et le gouvernement favorisent la fragilisation des travailleurs confrontés à des conditions de travail et d’emploi de moins en moins soutenables.

Il conviendrait au contraire de donner aux SST tous les moyens d’assurer leur « mission exclusive d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail » (art. L.4622-2 du code du travail), en élargissant et en confortant notamment leur indépendance vis-à-vis des employeurs.

L’urgence d’agir et de s’unir

La santé au travail est au cœur de l’activité de tous les acteurs impliqués dans la prévention des risques et l’amélioration des conditions de travail. Dans le contexte actuel, tous devraient voir leurs conditions d’intervention favorisées et améliorées : CHSCT, médecins du travail, inspecteurs du travail, contrôleurs Carsat, experts CHSCT, intervenants en prévention de la mutualité, tous interagissent de façon complémentaire au sein d’un ensemble devenu cohérent, celui de notre système de prévention. C’est lui qui, morceau par morceau, est progressivement défait depuis quelques années ; c’est lui que nous voulons préserver et renforcer.

Les  acteurs du mouvement syndical et de la santé au travail (syndicats, représentants du personnel au CHSCT, médecins du travail, inspecteurs du travail, experts CHSCT, psychologues du travail, ergonomes, chercheurs en santé au travail, etc.) appelent à une mobilisation et à l’organisation d’états généraux pour défendre et améliorer les droits collectifs des travailleurs en matière de santé au travail.

… Pour ne plus perdre sa vie à la gagner !

- Pour signer la pétition, cliquer sur ce lien

Premiers signataires :

Annie Thebaud Mony, Directrice de recherches honoraire à l’INSERM
Daniele Linhart,Sociologue, Directrice de recherches émérite au CNRS
Eric Beynel, porte parole union syndicale Solidaires
Christophe Godard, Secrétaire national de l’UGFF-CGT (responsable Santé-Travail)
Jean-Michel Sterdyniak président du SNPST
Dominique Huez pour l’Association Santé Médecine du Travail
Alain Carré pour le SMTIEG-CGT
Arnaud de Broca pour la FNATH, Secrétaire général de la FNATH
Julien Lusson pour Attac
Louis-Marie Barnier pour la Fondation Copernic
Les syndicats CGT, FSU et Sud de l’inspection du travail
Un Collectif de 27 cabinets, experts CHSCT ou intervenants en santé au travail 
Les associations Henri Pezerat, Ban Asbestos et Robin des toits

Le recyclage des déchets électroniques s’accélère

Le remplacement des équipements électriques et électroniques (EEE) s’accélère et les EEE deviennent une source de déchets de plus en plus importante.
Quelques chiffres qui démontrent le gisement potentiel, qui est à la fois source de gaspillage de ressources nobles et chères, d’autres  étant même toxiques .

Gisement de DEEE ménagers  : estimé entre 17 et 23 kg/habitant/an.

Collecte de DEEE ménagers  : 455 000 tonnes en 2013, soit 6,9 kg/habitant/an.

Traitement des DEEE ménagers : 453 000 tonnes en 2013, dont 79% ont été recyclées.

Eco-contributions pour les DEEE ménagers  : 160 millions d’euros en 2013.

Or, ces équipements contiennent souvent des substances ou composants dangereux aussi pour l’environnement (piles et accumulateurs, gaz à effet de serre, tubes cathodiques, composants contenant du mercure, condensateurs pouvant contenir des PCB…). Par ailleurs, ils présentent un fort potentiel de recyclage des matériaux qui les composent (métaux ferreux et non ferreux, métaux rares, verre, plastiques…).

composition du portable

Dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs, les producteurs d’EEE ménagers sont responsables de l’enlèvement et du traitement des DEEE ménagers collectés sélectivement sur le territoire national, y compris dans les départements d’outre-mer (DOM) et dans les collectivités d’outre-mer (COM) pour lesquelles la réglementation nationale s’applique. Ils peuvent remplir ces obligations soit en créant des systèmes individuels approuvés par les pouvoirs publics, pour les déchets issus de leurs propres équipements, soit en adhérant à l’un des organismes collectifs agréés par les pouvoirs publics, au prorata des quantités d’équipements qu’ils mettent sur le marché.

A ce jour, les éco-organismes suivants sont agréés du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2020 par arrêtés du 24 décembre 2014 : Ecologic (généraliste), Eco-systèmes (généraliste), Récylum (spécifique aux lampes), et PVCycle (spécifique aux panneaux photovoltaiques). Dans cette filière multipartite, ces éco-organismes sont eux-mêmes regroupés au sein d’un organisme coordonnateur, OCAD3E, également agréé sur la même période par arrêté du 24 décembre 2014.

http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf /2014_12_02_arrete_CDC_EO_publieJO17dec_annexeBO25dec2014.pdf

 

Risque accru de mortalité pour les infirmières avec le travail de nuit

Les chercheurs épidémiologistes de l’Université de Harvard ont suivi depuis 1988 les rythmes de travail et l’état de santé de près de 75.000 infirmières américaines de la cohorte Nurses’ Health Study.

Ils n’ont pas suivi d’autres professions, réduisant ainsi le risque de biais lié à la nature du travail effectué. Ils ont également exclu de cette cohorte 10.000 femmes qui avaient déjà des maladies cardio-vasculaires ou des cancers, ce qui aurait pu fausser les résultats. Ils ont considéré que les infirmières travailler « de nuit » dès lors qu’elles travaillaient au moins 3 nuits par mois en plus de jours ou de matinées.

Selon leur résultats, dès six ans de travail de nuit, l’effet néfaste de ce décalage se fait sentir selon une autre étude  publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine.

On sait que le travail de nuit ou avec des horaires changeants (« travail posté ») est déjà suspecté de jouer un rôle dans divers problèmes de santé. Les participantes qui ont travaillé de nuit durant 6 à 15 ans étaient exposées à un risque accru de 11 % de mortalité, toutes causes confondues. Leur risque de maladie cardiovasculaire est lui accru de 19 à 23 % (et de 23 % pour celles qui ont œuvré plus de 15 ans).

C’est la conclusion d’une étude menée sur le long terme par des épidémiologistes de Harvard, qui se sont penchés sur le rythme de travail de près de 75.000 infirmières.

Concentration aux particules fines dans 17 villes françaises : INVS

Une nouvelle étude de l’Institut nationale de veille sanitaire (INVS) a répertorié les concentrations de particules fines (PM10) dans 17 grandes agglomération urbaines.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Paris  n’est pas la ville qui présente le plus fort taux de particules fines PM10 (dont le diamètre est égal ou inférieur à 10 microns).  Elle  n’arrive ainsi qu’en 7e position derrière Marseille, Lille, Lyon, Nice, Grenoble et l’agglomération de Lens-Douai.

Cette étude de l’ (InVS) ,  a  été réalisée par des chercheurs de l’Inserm qui alertaient une nouvelle fois sur le risque important pour la santé de ces particules de matière en suspension dans l’air. Rappelant notamment que même en dessous des valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (20 microgrammes par mètre cube d’air) ou des seuils tolérés par la l’Union européenne (40 microgrammes), celles-ci constituent un risque de mortalité et  peuvent être à l’origine d’inflammations, et de l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires. De plus, elles peuvent transporter des composés cancérigènes absorbés sur leur surface jusque dans les poumons.

Pour cette étude, les chercheurs ont notamment établi les concentrations annuelles moyennes de particules fines dans 17 grandes agglomération urbaine de France. La revue Sciences et Avenir a compilé ces données pour en dresser la carte. Aucune de ces villes, qui totalisent plus de 15,3 millions d’habitants, n’atteint le plafond fixé par la Commission européenne.

 

 Pour compléments : Bulletin hebdomadaire de Veille sanitaire; BEH du 6 janvier 2015