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14ème Conférence sur la biodiversité du 17 au 29 Novembre en Egypte

Yann Laurans, directeur biodiversité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) s’exprime : Le bilan n’est pas fameux. Certes quelques objectifs ont été atteints. Globalement, 17% des surfaces terrestres et 10% des aires maritimes devraient être protégées au moins sur le papier car on peut s’interroger sur l’efficacité de certains cadres réglementaires.

La prise de conscience des individus et des opinions publiques sur la valeur de la diversité biologique a également progressé et le protocole de Nagoya qui lutte contre l’accaparement des produits d’intérêts issus de la nature par des industriels est entré en vigueur. Mais les ressources halieutiques sont toujours surpêchées, les zones humides continuent de disparaître, les subventions néfastes aux milieux naturels (comme par exemple les aides à la pêche industrielle) existent toujours, l’agriculture n’est pas « durable », les pressions anthropiques sur les récifs coralliens n’ont pas été réduites au minimum et l’extinction d’espèces n’a pas été freinée. Le dernier rapport du WWF rappelle que 60% des vertébrés sauvages ont disparu depuis 1970.

La 14ème réunion de la convention des Nations Unies sur la diversité biologique a été officiellement ouverte ce 17 novembre 2018 dans le centre international de conférence de Sharm El Sheikh en présence du Président égyptien, Abdel Fattah el-Sisi. Ont successivement pris la  parole ; L’Ambassadeur José Octavio Tripp Villanueva, du Mexique, au nom de la présidence de la CdP 13, qui a souligné l’important travail des organes subsidiaires, des autres organes compétents des Nations Unies et du large éventail de parties prenantes, et a souligné « qu‘il est temps d’investir dans la biodiversité pour les gens et la planète ». Cette conférence se tient alors que tous les signaux sont au rouge vif.

Face à ce sombre tableau, les représentants des 196 Etats parties à la convention planchent sur les moyens d’intégrer la protection de la biodiversité dans cinq secteurs économiques : l’énergie, les activités minières, les infrastructures, la fabrication et la transformation, et la santé. D’autres questions stratégiques sont en discussion, rappelle le ministère de la Transition écologique : biodiversité et changements climatiques, aires terrestres et marines protégées, prévention des risques biotechnologiques et partage des avantages (APA) liés aux ressources génétiques.

L’Organisation des Nations Unies appelle les décideurs de plus de 190 pays à redoubler d’efforts pour mettre fin à la perte de biodiversité et protéger les écosystèmes qui garantissent la sécurité de l’alimentation en eau et la santé de milliards de personnes.  En outre, en marge de la Conférence des Nations Unies sur la diversité biologique, des gouvernements, des entreprises, des ONG et des organisations intergouvernementales, des villes et des autorités infranationales, des peuples autochtones et des communautés locales se sont engagés à soutenir le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020.L’enjeu de cette réunion internationale ? Préparer un plan stratégique post-2020 pour la biodiversité.

Or, la mobilisation de la société civile ne semble pas au rendez-vous, comme le prouve la très faible couverture médiatique de la COP. Tout comme le volontarisme des Etats n’atteint pas le niveau nécessaire. « Ici en Égypte, nous ressentons un profond sentiment de déception, car nous n’avons pas encore constaté de vision ou d’orientation qui soit cohérente« , déplorait le 21 novembre Marc Lambertini, directeur général du WWF International. Aussi, l’ONG appelle les Etats à « rehausser leur ambition dès cette COP14 à travers l’adoption d’une feuille de route solide, soutenue au plus haut niveau politique, qui puisse aboutir en 2020 à un accord ambitieux, avec pour objectif de mettre fin à l’érosion de la nature d’ici 2030« .

« La stabilité de notre économie et de notre société dépend de la nature et des services qu’elle nous fournit gratuitement (…), rappelle l’ONG. Si l’on devait payer pour de l’air frais, de l’eau potable, pour l’alimentation, le montant serait estimé à 125.000 milliards de dollars par an, soit plus que le PIB mondial« .

Notre partenaire le WECF fête ses 10 ans toujours en lien avec les objectifs ODD 2030

 

Pour ses 10 ans, WECF France mobilise autour de la santé de nombreuses actrices et acteurs engagé.e.s dans l’action

De g. à dr. : Anne Barre, fondatrice de WECF France, Des membres de WECF France et partenaires réunis autour des ODD, Les participants au colloque, Véronique Moreira, présidente de WECF France, Elisabeth Toutut-Picard, Députée et présidente du GSE

A l’occasion de ses 10 ans, WECF France a réuni ce 22 novembre au Ministère de la Transition écologique et solidaire un large panel d’actrices et acteurs de divers horizons venu.e.s témoigner de leur engagement en faveur de la santé. Placée sous le signe de la mobilisation, la journée a permis de revenir sur 10 ans de succès et de faire émerger des solutions. Face au constat d’urgence devant la perte de biodiversité, le changement climatique ou la multiplication des pollutions environnementales, WECF France livre des propositions fortes pour l’avenir.

La journée a réuni 24 intervenant.e.s et 167 participant.e.s venu.e.s du monde de la santé, de la petite enfance, et de secteurs variés, mais aussi d’institutions et de la société civile. En ouverture de la journée, la députée Elisabeth Toutut-Picard, nouvelle présidente du Groupe Santé Environnement de l’Assemblée nationale , ainsi que la Dr Maria Neira, Directrice de la Santé publique pour l’Organisation Mondiale de la Santé, ont témoigné à WECF France leur reconnaissance pour son engagement. Un engagement placé sous le signe de l’empowerment des femmes, en commençant par les 200 animatrices de son réseau santé-environnement jusqu’aux bénéficiaires de ses projets menés dans le monde pour lutter contre le changement climatique, réduire les expositions aux polluants chimiques et assurer un développement soutenable.

 Des messages forts pour protéger la santé :

  • Assurer une prise en compte des priorités des femmes dans toutes les politiques, aux plans local et international, dont l’accès à la terre, à l’eau, la production alimentaire, la protection de la santé, l’adaptation climatique
  • Prendre en compte la biodiversité dans l’aménagement du territoire
  • Stopper les exportations de produits chimiques dangereux vers les pays les plus pauvres
  • Engager la France, l’Union européenne et les pays les plus industrialisés dans des politiques fortes en matière de réduction des déchets plastiques, sans reporter ce fardeau sur des pays extérieurs ne pouvant faire face
  • Protéger la santé des plus vulnérables, notamment pendant la période périnatale, face aux pollutions environnementales telles que les perturbateurs endocriniens
  • Adopter des réglementations fortes pour prévenir toutes les expositions environnementales, en vertu du principe de précaution :  radiofréquences, CMR suspectés, etc.
  • Réduire les inégalités, dont les inégalités environnementales et de santé
  • Révolutionner nos modèles de société pour faire émerger un monde réellement soutenable

Des tonnes d’aliments pour bétail mis en lien avec l’antibiorésistance ?

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) signalerait des organismes génétiquement modifiés (OGM) interdits qui seraient  retrouvés en grande quantité dans des aliments pour animaux d’élevage dans plusieurs pays européens.

Cette découverte est d’autant plus inquiétante que ces micro-organismes impliqués sont résistants aux antibiotiques et représentent donc un risque à moyen terme pour la santé animale et humaine. Depuis plusieurs années les autorités sanitaires s’interrogent face à la croissance de l’antibiorésistance d’où l’intérêt de cette alerte.

La substance incriminée est la vitamine B2, un additif destiné à nourrir toutes les espèces animales (porcs, volailles, bovins…). Aussi connue sous le nom de « riboflavine (80 %) » en référence à son degré de pureté –, elle peut être produite par la souche génétiquement modifiée d’une bactérie au nom aussi savant que barbare : Bacillus subtilis KCCM-10445. Affaire à suivre !

Le changement climatique n’est-il pas en phase de mise en danger de l’humanité ?

 

Le changement climatique est devenu un fait incontesté. Les scientifiques comme les médias publient régulièrement des informations, des témoignages, des alertes sur tel ou tel événement rattaché au phénomène du dérèglement climatique: Inondations, sécheresse, canicules qui de plus en plus font partie de notre quotidien….
Dans 800 jours, les émissions de gaz à effet de serre doivent avoir atteint leur maximum. Elles doivent être divisées par deux d’ici 2030, et être à zéro en 2050. Si nous ne réussissons pas à atteindre ces objectifs, la cible des 2 degrés de réchauffement climatique ne pourra pas être atteinte, avec des conséquences dramatiques pour la planète et pour nos vies.
Une nouvelle étude vient d’être publiée dans la revue Nature Climate Change. Elle met en évidence les dix dangers climatiques les plus évidents (réchauffement, précipitations, inondations, sécheresse, vagues de chaleur, incendies, niveau de la mer, tempêtes, changements dans la couverture terrestre naturelle et chimie des océans). Les chercheurs les  ont croisés avec six aspects des systèmes humains (santé, alimentation, eau, infrastructure, économie et sécurité) sur l’ensemble des combinaisons possibles. Chacun est  documenté par de nombreux exemples concrets, les chercheurs ont ainsi révélé 467 interactions ou voies par lesquelles l’humanité est affectée par les dangers climatiques.
 L’impact sanitaire est de ce fait trés varié affectant de nombreux organes vivants: Troubles cardiaques et respiratoires causés par la chaleur, problèmes respiratoires développés après des incendies, mais aussi consécutifs aux moisissures générées après les tempêtes, aux polluants organiques libérés par la fonte des glaces ou aux pollens libérés pendant des périodes allongées de floraison de la végétation à cause du réchauffement global, maladies vectorielles jusqu’alors cantonnées dans les pays tropicaux que l’on croyait oubliées: choléra, dengue, paludisme etc.N’oublions pas l’augmentation de la maladie de Lyme et des encéphalites mais aussi les maladies mentales avec dépression et syndrome de stress dans un contexte de catastrophes .
 Dans ce cadre et pour fêter ses 50 ans le Club de Rome avait  de nouveau fait  des propositions peu relayées cependant : Ce groupe de réflexion international composé de scientifiques, d’économistes, de hauts fonctionnaires et d’industriels, n’en est pas à son coup d’essai : dès 1972, il remettait déjà en cause le dogme de la croissance. La transformation de notre système énergétique vient bien entendu en tête de liste des changements que nous devons réussir.
Le Club de Rome propose des solutions…  https://www.clubofrome.org/

Les nanoproduits de plus en plus présents dans notre quotidien

Cosmétiques, emballages, automobiles, textiles, les nanoparticules ont envahi notre quotidien sans même que l’on s’en rende compte. Les industriels y voient la solution à de nombreux problèmes en termes d’énergie, de communication et de santé car ces toutes petites particules possèdent des propriétés physico-chimiques que n’ont pas les particules plus grosses. Pourtant, elles suscitent autant d’inquiétudes que d’espoirs. Certains scientifiques les soupçonnent en effet d’être dangereuses pour la santé. Mais à quoi peuvent-elles bien servir ? Sont-elles vraiment utiles ? Doit-on s’en méfier ?

Petit rappel: Une nanoparticule, également appelée particule ultrafine, est définie comme un nano-objet dont les trois dimensions sont à l’échelle nanométrique ; c’est donc une particule dont le diamètre est inférieur à 100 nanomètres. Une autre définition plus large existe, qualifiant de nanoparticule un assemble d’atomes dont au moins une dimension se situe à l’échelle nanométrique. Le terme fait donc référence à plusieurs classes de nano-objet :

  • Les fullerènes, qui ont leurs trois dimensions dans le domaine nanométrique
  • Les nanotubes qui ont deux dimensions nanométriques
  • Les films minces qui n’ont qu’une dimension nanométrique

Les nanomatériaux peuvent être fabriqués à partir d’éléments chimiques tels que des métaux, des sulfites ou des sélénites, du carbone, des polymères, et des molécules biologiques telles que des lipides, des hydrates de carbone, des peptides ou des acides nucléiques. Il en existe donc une grande diversité.

Depuis les années 90, les nanoparticules sont utilisées dans de très nombreux domaines : électronique, revêtements, textiles, articles de sports, cosmétiques, applications pharmaceutiques, applications agroalimentaires, aéronautique, automobile, chimie, construction, la cosmétique, optique, etc. Aujourd’hui, elles sont présentes dans plus d’un millier de produits.

Il a généré 2 000 milliards de dollars en 2015, et 2 millions de personnes dans le monde,en matière d’emploi

 

On ne connaît pas vraiment le devenir des nanoparticules dans l’organisme ; en effet ces substances ne s’éliminent pas comme des composés xénobiotiques (étrangers à l’organisme) traditionnels. On peut néanmoins distinguer deux voies d’élimination :

  • L’élimination chimique, c’est-à-dire la dissolution des nanoparticules dans des fluides biologiques
  • L’élimination physique,qui consiste au transport des nanoparticules vers d’autres sites de l’organisme, notamment la bouche et le nez, et la peau

Le danger potentiel provient de leur petite taille, qui facilite leur passage à travers les cellules de l’organisme puis vers la circulation sanguine et les organes internes. Elles peuvent même passer à travers les barrières de protection de l’organisme (peau, placenta, barrière hémato-encéphalique…). Etant 50 000 fois plus petites qu’un cheveu, leurs dimensions sont inférieures à celles des particules atmosphériques ultrafines !