Tous les articles par Jacqueline Collard

Charles Stépanoff nous propose un essai pour étudier nos liens avec le vivant

L’anthropologue Charles Stépanoff nous propose un essai « Attachements »: une réflexion sur la manière dont nous entretenons des relations avec le reste du vivant.Les questions qui sont posées par cet auteur:

Comment nous relions-nous à notre environnement et comment nous en détachons-nous ? Comment en sommes-nous arrivés à vivre dans des sociétés dont les rapports au milieu vivant se sont appauvris au point de menacer notre monde de devenir inhabitable ?

Les sociétés humaines varient selon leurs façons d’organiser leurs attachements à leur milieu.Notre société devenue majoritairement urbaine  éloignant la majeure partie de la population à la réalité de la nature. Les espèces avec lesquelles on interagit sont ainsi très peu nombreuses et nos relations avec elles sont simplifiées, pour ne pas dire ignorées.La vie sur Terre est pleine de relations asymétriques de domination : entre proies et prédateurs, entre parents et petits, entre animaux dominants et soumis,

 Et pourtant partout, les groupes humains s’attachent affectivement à des animaux qu’ils apprivoisent et avec lesquels ils partagent habitat, socialité et émotions.En s’appuyant sur l’anthropologie évolutionnaire, l’archéologie, l’histoire, l’ethnographie et ses propres enquêtes de terrain menées en Sibérie et en France, Charles Stépanoff compare différents contextes anciens et actuels, proches et lointains, où les humains s’attachent d’autres espèces. Au fil d’un parcours captivant qui l’amène à repenser intégralement des phénomènes fondamentaux comme le processus de domestication, la genèse des hiérarchies ou la construction des États prémodernes, il explore cette question inédite : comment les attachements au milieu vivant transforment-ils les organisations sociales ?

Les modes de vie résilients sont caractérisés par une diversité de liens multimodaux aux espèces et ne délèguent pas à d’autres groupes dominés, la complexité et la violence des rapports humains avec le milieu vivant.

Charles Stépanoff est anthropologue, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France. Il a notamment publié Voyager dans l’invisible (2019, 2022), Techniques chamaniques de l’imagination (2019, 2022) et L’Animal et la Mort (2021).

Face aux catastrophes naturelles, une réflexion s’impose sur la mal-adaptation

Vagues de chaleur et sécheresses plus longues, pluies intenses, feux de forêts, déneigement, mouvements de terrain, instabilité climatique se succèdent et désormais  notre pays doit y faire face de façon récurrente

Pour la chercheuse Julie Trottier, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l’irrigation : les infrastructures d’irrigation comme les mégabassines sont une « maladaptation » au changement climatique. « Il faut sortir de cet imaginaire porteur de sa propre perte », car se passer d’irrigation, c’est possible !

Avec le changement climatique, les températures moyennes augmentent, ce qui va avoir un impact sur les régimes pluviométriques. Même s’il existe encore de nombreuses incertitudes, on doit s’attendre à des périodes de sécheresse plus grandes et un changement dans le régime des pluies. Il va donc falloir s’adapter qu’on le veulent ou pas c’est une question magistrale.

Or le Rapport britannique Stern (2006) déjà, avait  été le premier à évaluer l’impact économique des effets du changement climatique. en concluant ainsi : le coût de l’inaction est supérieur au coût de la prévention : 5 % à 20 % du PIB mondial, contre 1 % pour celui de l’action. Et depuis le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) a  lui aussi été formel : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde. Ce « réflexe adaptation » sera en tous cas moins coûteux que de devoir modifier à posteriori des infrastructures, des bâtiments, des équipements industriels spécifiquement pour les adapter aux changements climatique.Dernier point à relever dans le rapport action-inaction : l’impact financier de la sinistralité dans l’assurance dont la hausse provoquera celle des primes d’assurance pour les collectivités comme pour les usagers. Du côté des assurances, le montant des sinistres dus aux événements naturels pourrait augmenter de 93 % ces 30 prochaines années pour atteindre 143 milliards d’euros en cumulé sur la période 2020 – 2050.

Et pour nous persuader nous relayons les besoins chiffrés de l’I4CE: (l’Institute for Climate Economics) en détail :

2,3 Mds€ par an additionnels : les mesures d’adaptation à mettre en place dès aujourd’hui , quelle que soit la trajectoire d’adaptation qui sera fixée pour la France, dont :

1.5 Mds€ pour une première série d’actions sans regret,

540 M€ pour renforcer les politiques existantes,

250 M€ pour engager plus de moyens humains et d’ingénierie.

Et d’abord il s’avère nécessaire d’ engager des moyens humains et techniques qui sont un pré-requis indispensable pour engager l’adaptation face au climat pour une  dépense finalement minime (250M€/an) en acceptant d’y  consacrer du temps humain, de « l’intelligence » et de l’expertise technique qui seront essentielles.

Adapter notre pays aux conséquences du changement climatique nécessite un budget – évalué au minimum à 2,3 milliards par an pour les mesures incontournables en martelant:  Prévenir coûtera toujours moins cher que réparer.

Le réchauffement climatique atteint de plein fouet notre pays

Face aux risques naturels croissants, comme les crues exceptionnelles qui viennent de toucher le sud-est de la France, la nécessité d’ Investir dans la transition climatique devient plus que jamais  une nécessité économique et sociétale: c’est ce que souligne Camille Chaussinand Maitre de conférences à Sciences po de Grenoble .

L’été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré, d’après le programme d’observation de la Terre  Copernicus. Si ce triste record devient presque une habitude, année après année, il demeure un signal d’alerte constant sur notre incapacité à tenir, pour le moment, nos objectifs en matière de politique climatique.

Tout comme  l’alerte sur les  changements climatiques qui a été donnée depuis des années par  le Giec,sans que  les scientifiques ne soient entendus. C’est seulement lorsque notre pays , notre région est touchée par des éléments extrêmes qu’on y fait référence alors que les dégâts causés par le climat dans tous les pays du Monde s’alourdissent de jour en jour. Le réchauffement climatique provoque des bouleversements profonds dans nos écosystèmes, exacerbant la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles.

Ces perturbations accroissent la vulnérabilité des territoires, appelant à une refonte urgente de nos systèmes de gestion des risques et des crises. Il est donc indispensable d’évoluer vers une logique de prévention véritable et d’anticipation systémique.

Or la quasi-totalité des pays du monde ne sont actuellement pas sur la trajectoire nécessaire à l’atteinte de leurs objectifs en matière de climat et notre pays n’est pas non plus à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris et des enjeux qui s’affirment.

https://www.nature.com/articles/s41558-024-01977-5

https://www.nature.com/articles/s43247-024-01309-7?

Les Assises nationales de l’air se sont déroulées à Grenoble

L‘Alliance des collectivités pour la qualité de l’air a organisé la 2e édition des Assises nationales de la qualité de l’air à Grenoble les 15 et 16 octobre 2024. Pendant 1 journée et demie, des élus, des agents territoriaux, des administrations publiques ont été présents pour se former, échanger et partager des innovations en matière de qualité de l’air.

Cet événement est  organisé en partenariat avec Grenoble Alpes Métropole, l’ADEME et Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

De nombreuses thématiques ont été  abordées lors d’ateliers et de visites. Les plus grandes problématiques actuelles ont été  traitées avec des experts, membres et partenaires : des réponses pratiques accompagnées de témoignages et de partage d’expériences autour du chauffage au bois, du financement des projets qualité de l’air, du mediatraining, des plans de protection de l’atmosphère (PPA), de l’agriculture, de la pollution industrielle, de l’innovation, de l’urbanisme…

Elles ont été précedées par deux tables rondes permettant de prendre un peu de hauteur pour échanger et engager une réflexion sur l’impact de la nouvelle directive européenne de la qualité de l’air dans les territoires : quels regards et quelle stratégie adopter ?

La nouvelle directive Air a été adoptée

Le Conseil de l’Union européenne (UE) après le Parlement a adopté mercredi 14  octobre la nouvelle Directive pour de nouvelles mesures visant à améliorer la qualité de l’air dans l’UE, pour protéger la santé humaine, les écosystèmes naturels et la biodiversité, par 381 voix pour, 225 contre et 17 abstentions.Cette directive  met à jour les normes de qualité de l’atmosphère à atteindre à compter de 2030 pour plusieurs polluants, à l’origine de troubles respiratoires notamment, dont les particules PM10 et PM2,5, le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre, et d’autres polluants comme les métaux lourds, le Benzo[a]Pyréne ou le benzène (C6H6).

Cette nouvelle directive, sera publiée dans les prochaines semaines au Journal officiel de l’Union européenne, et représente une avancée majeure dans la lutte contre la pollution atmosphérique et le renforcement des dispositifs de suivi de la qualité de l’air à travers les États membres, et ce dans la continuité de la révision des valeurs guides recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées en 2021 et dans le cadre de l’objectif européen « zéro pollution » à l’horizon 2050,(les directives européennes 2004/104/CE et 2008/50/CE relatives à la qualité de l’air ont été fusionnées et leur dispositions révisées) . Une fois entrée en vigueur suite à sa publication au journal officiel de l’Union européenne, les états membres disposeront d’un délai de deux ans pour la transposer dans leur droit national.

Ces nouveaux objectifs feront l’objet d’une revue régulière à partir du 31 décembre 2030, et par la suite tous les cinq ans, en tenant compte des dernières informations scientifiques disponibles, afin de garantir un alignement d’ici 2050 au plus tard avec les dernières recommandations publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Or la pollution atmosphérique entraîne environ 300 000 décès prématurés par an dans l’UE.

La future directive introduit des « super sites » destinés à recueillir des données à long terme, pour mieux comprendre les effets des polluants sur la santé et l’environnement. Ces données contribueront au réexamen périodique des polluants à surveiller et des seuils associés. En France, une douzaine de « super sites » seront implantés dans des zones représentatives de la pollution de fond rurale et urbaine,
Ils accueilleront divers instruments pour analyser des paramètres tels que la chimie des particules, le carbone suie, les poussières ultrafines, le NH3 ou le potentiel oxydant des particules (pôle de Grenoble), indicatif de certains effets sanitaires. En complément de ces « super sites », les poussières ultrafines et le carbone suie devront être mesurés à proximité de sources comme les zones portuaires et aéroportuaires, les axes routiers, les industries ou le chauffage résidentiel.

Les nouvelles règles contribueront à la réalisation de l’objectif « zéro pollution » d’ici à 2050 de l’UE ainsi qu’à la prévention des décès prématurés dus à la pollution atmosphérique. Les citoyens de l’UE seront en mesure de demander réparation du préjudice causé à leur santé dans les cas où les règles de l’UE en matière de qualité de l’air ne sont pas respectées.

La directive Qualité de l’air le Conseil donne son feu vert pour renforcer les  normes dans l’UE       https://data.consilium.europa.eu/doc/document/PE-88-2024-INIT/fr/pdf

Lignes directrices révisées de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la  qualité de l’air.