Tous les articles par Jacqueline Collard

Ou en est-on à Fukushima 8 mois aprés la catastrophe ?

Malgré le peu d’informations qui nous parviennent de cette zone très contaminée par la destruction partielle de plusieurs réacteurs de la centrale nucléaire nous vous livrons quelques éléments de réponse à nos interrogations.

Une trentaine de journalistes, dont 4 reporters étrangers, ont pour la première fois pu visiter la centrale de Fukushima-Daiichi, huit mois après le séisme et le tsunami qui ont déclenché le plus grave accident nucléaire civil au Japon . Dommage pour les francophones, aucun journaliste français, canadien, suisse, belge… n’a été convié à la visite de presse de ce samedi 12 novembre à Fukushima pour annoncer que 8 mois aprés les « réacteurs sont officiellement arrêtés à froid ».

Ce qu’ ont constaté c’est qu’ environ 3000 personnes travaillent quotidiennement dans cette centrale et sont toujours soumis à des rayonnements dangereux. Et les travaux ne cesseront pas ici avant une trentaine d’années (chiffre officiel annoncé, invérifiable, mais donnant un ordre de grandeur…).

Dans de nombreuses régions autour de Fukushima les sols devront être décontaminés avant d’être de nouveau cultivés. C’est ce qui ressort de deux cartographies des retombées de l’accident nucléaire au Japon.L’agriculture japonaise sera durablement affectée par l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Des produits de fission radioactifs ont en effet été projetés dans l’atmosphère lors des explosions en mars dernier, quelques jours après le séisme et le tsunami, et se sont déposés au sol avec les pluies. Si l’iode-131 décroit rapidement, le césium-137, lui, contamine les sols pendant plusieurs décennies (sa demi-vie est de 30 ans). Afin de déterminer les régions où les sols sont contaminés, et qui ne peuvent pas être cultivés en l’état, deux équipes publient aujourd’hui des cartes de la distribution des radionucléides dans les régions entourant Fukushima.

L’équipe de Teppei Yasunari (Columbia University, États-Unis) a modélisé les dépôts de césium (C-137) à partir des relevés fournis par les préfectures depuis mars ainsi que des données météorologiques. L’ouest et le nord-ouest du Japon sont peu affectés par la contamination, les chaînes de montagne ayant sans doute fait barrage, observent les chercheurs. L’ensemble de la préfecture de Fukushima est très contaminée par les radionucléides, analysent les chercheurs. Autour de la centrale et à l’est de la préfecture les concentrations de C-137 dans les sols sont supérieures à 1.000 Becquerels par kilogramme (Bq/kg). La limite autorisée par les autorités japonaises pour les sols est de 5.000 Bq/kg pour le césium 134 et le césium 137. En considérant que ce dernier représente la moitié de la contamination, le seuil est de 2.500 Bq/kg. Il a donc toutes les chances d’être dépassé dans de nombreuses zones de la préfecture de Fukushima. Dans le périmètre évacué autour de la centrale nucléaire de Fukushima, des zones seront interdites pendant plusieurs décennies.

Cette catastrophe en a provoqué une autre : l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Cette crise a ouvert une nouvelle ère dans le domaine de la sûreté nucléaire. Guillaume Gillet, directeur des relations internationales de l’Autorité sûreté nucléaire (ASN) en France a mis en évidence les évolutions nécessaires  au niveau international et européen dans  l’après-Fukushima.

Le centre d’analyse stratégique (CAS) fixe un cadre au développement des nanoproduits

Cette institution d’expertise et d’aide à la décision émanant directement du Gouvernement vient de publier une note d’analyse à ce sujet.

Les experts admettent que les effets de ces technologies sur l’environnement et la santé présentent de grandes zones d’ombre.

Le Centre d’analyse stratégique (CAS) affirme notamment que les nanoparticules peuvent franchir les barrières qui séparent l’extérieur de l’intérieur de l’organisme et même entrer dans différents organes, comme le cerveau.

De même, en ce qui concerne la toxicité le CAS affirme que « une première conclusion émerge des dernières années de recherche intense en nanotoxicologie : une approche de la toxicité au cas par cas de tous les matériaux n’est pas envisageable ».

En effet près de 50 ans seraient nécessaires pour tester la toxicité des matériaux déjà existants. Un chiffre qui laisse imaginer le coût colossal de tels essais.

Face à ces dangers le CAS appelle à des mesures de précaution pour protéger les ouvriers sur les lieux de production de nanomatériaux.

Il demande également une meilleure traçabilité et un inventaire systématique des nanomatériaux utilisés par les industriels.

Centre d’analyse stratégique

 

Le dioxyde de titane sous forme manométrique de plus en plus utilisé

Les nanoparticules devraient faire l’objet d’autorisations de mise sur le marché: telle est la demande du C2DS que nous relayons,

L’utilisation des nanomatériaux, en particulier le dioxyde de titane, est en plein développement dans le domaine de la santé. Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé (C2DS), tire le signal d’alarme sur les risques associés.

Nous relayons pour ce faire une interview du C2 DS présentée dans Actu-Environnement

En quoi l’utilisation du dioxyde de titane nanoparticulaire pose-t-elle problème ?

Olivier Toma : Le dioxyde de titane (TiO2) est utilisé de plus en plus fréquemment dans les matériaux de construction et de rénovation des établissements de santé. Les pouvoirs publics finissent de dépenser actuellement une enveloppe de 10 milliards d’euros dans la rénovation hospitalière dans le cadre du plan hôpital 2012. Or, aucune garantie n’est apportée quant à l’innocuité des matériaux utilisés. Les fournisseurs inondent le marché de matériaux contenant du TiO2 en mettant en avant son action photo-catalytique qui permettrait de détruire les germes. Ils n’hésitent pas à utiliser des allégations commerciales du type « matériaux auto-nettoyants » ou « entretien néant ». L’industrie ne doit pas se servir de blouses blanches pour diffuser des produits dont on n’a pas la preuve absolue de leur innocuité. Aucune étude scientifique ne démontre la photocatalyse en secteur hospitalier et apporte la preuve de l’asepsie du TiO2.

AE : Que préconisez-vous ?

OT : Il faut que le ministère de la Santé fasse réaliser des tests sur la photocatalyse et vérifie les allégations sanitaires des fournisseurs. Nous ne souhaitons pas revenir à l’âge de pierre. Les nanotechnologies sont des procédés d’avenir mais il est nécessaire de définir les besoins et d’analyser les impacts écologiques et sanitaires. Si une étude sérieuse montre l’intérêt de ces particules, en particulier pour maîtriser la qualité de l’air dans des atmosphères stériles comme les blocs-opératoires, nous ne demandons qu’à la suivre. En revanche, leur utilisation dans les peintures des couloirs ou des salles d’attente est totalement inutile. Les infections nosocomiales ne viennent pas des murs.

AE : Pas de preuve de l’efficacité du TiO2, en revanche, des risques avérés ?

OT : On ne connaît pas réellement l’impact des nanoparticules sur la santé humaine. Mais le dioxyde de titane sous forme nanoparticulaire est classé cancérigène possible pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer. L’Afssaps recommande de ne pas utiliser de crèmes solaires contenant du TiO2sur… les coups de soleil, sur le visage ou dans des locaux fermés lorsque ces crèmes sont conditionnées sous forme de sprays. Une étude toute récente du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) montre que les nanoparticules de TiO2 contenues dans les crèmes solaires sont capables d’altérer la barrière hémato-encéphalique. Quelle toxicité attendre des matériaux de construction s’il faut craindre des cosmétiques en spray dans des locaux fermés ?

AE : Les utilisateurs sont-ils informés de ces risques ?

OT : Pas du tout. L’obligation d’étiquetage prévue par le Grenelle 2 n’est pas encore en place. Quant aux utilisateurs professionnels, les mentions sur les fiches de données de sécurité (FDS) ou les fiches de déclarations environnementales et sanitaires (FDES) des matériaux de construction sont laissées au bon vouloir de fabricants. Ces fiches devraient être contrôlées par une autorité sanitaire.

AE : Doit-on craindre aussi des risques pour l’environnement ?

OT : Les risques du TiO2 sont identifiés par la réglementation sur les déchets. Tous les déchets de bâtiments comportant ces particules devront être traités comme des déchets dangereux avec le surcoût que cela induit. Ce surcoût doit être intégré dans les décisions d’achat des établissements de santé. Il ne faut pas que les politiques d’achat soient dictées par les industriels.

AE : Y-a-t-il également des risques pour l’eau ?

Un risque de pollution de l’environnement existe à travers l’abandon de déchets contenant des nanoparticules, la contamination des nappes phréatiques et, par conséquent, l’eau destinée à la consommation humaine.

AE : Peut-on remédier à cela ?

OT : En France, on réagit au dernier moment, quand il est trop tard. Voyez le scandale de l’amiante ou du Mediator. Mais il est encore temps de faire autrement avec les nanoparticules. A défaut, on s’expose à des risques majeurs dans 20 ans, même si on ne sera pas forcément capable de faire le rapprochement.

AE : Comment agir ?

OT : Une seule solution : limiter l’exposition au risque. Il faut absolument que les nanoparticules fassent l’objet d’autorisations de mises sur le marché. Le principe de précaution doit être mis en œuvre. Les professionnels travaillant dans les établissements de santé doivent également recevoir des formations en toxicologie. Ce sont, à mon sens, les personnels les plus exposés. Mais il faut veiller aussi aux professionnels travaillant à la fabrication des produits.

Propos recueillis par Laurent Radisson
Source Actu-Environnement

L’oxyde d’éthylène utilisé pour stériliser certains biberons

Qu’est ce que l’oxyde d’éthylène :

L’oxyde d’éthylène est un gaz incolore qui a l’odeur caractéristique de l’éther. Il est très inflammable et se dissout facilement dans l’eau, l’alcool et la plupart des solvants organiques. C’est un réacteur chimique très puissant utilisé depuis  longtemps avec des usages divers: fabrication de détergents, de polymères, éthylène-glycol, résines époxy,… ; mais aussi agent de stérilisation dans les blocs opératoires et d’ instruments chirurgicaux depuis 1968.

Quels en sont les risques et quelle en est  la législation ?

Les résultats de l’expérimentation animale et les données sur la forte réactivité in vivo de l’Oxyde d’éthylène, vis-à-vis des Protéines cellulaires (Hémoglobine…) et de l’ADN (ce qui peut entrainer des effets mutagènes), ont conduit en 1994, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC de Lyon) à classer l’Oxyde d’éthylène dans le groupe1 des agents cancérogènes chez l’Homme. Des études se sont intéressées à l’exposition à l’oxyde d’éthyle et les risques de cancers lymphocytaires et hématopoïétiques, cancers de l’estomac, cancer du sein, cancer du pancréas et  tumeurs du cerveau, avec des indications limitées en terme de niveau de preuve scientifique.

Les limites de la stérilisation à l’oxyde d’éthylène sont les suivantes : la toxicité de cette substance exige des mesures de protection pour le personnel et des cycles spéciaux de dégazage. Actuellement, la stérilisation à l’oxyde d’éthylène est une opération complexe faisant l’objet d’une réglementation sévère.

Comment utilise-t-on l’oxyde d’éthylène ?

L’oxyde d’éthylène sert de stérilisant pour les instruments qu’il n’est pas possible de stériliser de façon efficace et sûre par la chaleur ou la vapeur, comme les dispositifs en caoutchouc, ou en plastique comme les tentes à oxygène, les cathétères,les tubulures, les compresses, les gants et les instruments chirurgicaux. Les objets contaminés sont placés dans une atmosphère d’oxyde d’éthylène gazeux, dans des enceintes fermées de divers types, puis remis à l’air et empaquetés pour réutilisation. Le gaz est fourni de deux façons : dans des ampoules ou de petites cartouches à dose unitaire dans les stérilisateurs de type à plateau, ou sous forme de mélange d’oxyde d’éthylène et de gaz inerte dans des réservoirs reliés aux stérilisateurs. Actuellement, la vie quotidienne de nombre d’hôpitaux est difficilement concevable sans la stérilisation à l’oxyde d’éthylène.

Rappel des faits : Un grand nombre de tétines et de biberons utilisées dans les maternités françaises seraient stérilisés avec de l’oxyde d’éthylène, un gaz considéré comme cancérogène depuis 1994.

Le retrait « dans les délais les plus brefs » dans les maternités et hôpitaux concernés de biberons, tétines et téterelles stérilisés avec de l’oxyde d’éthylène, un gaz cancérogène, a été annoncé jeudi dernier, par Xavier BERTRAND, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé.

Une enquête conjointe de l’IGAS, avec l’appui de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), a été ouverte dans ce sens, pour comprendre comment un tel dysfonctionnement a pu se produire. L’oxyde d’éthylène ne pouvant être utilisé pour des matériaux en contact avec des denrées alimentaires.

Notre alimentation impacte le changement climatique

 

L’alimentation est l’un des facteurs clés du changement climatique .

La manière dont nous produisons notre nourriture et les étapes traversées avant d’arriver sur notre table sont responsables de près de la moitié de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine. Les engrais chimiques, l’équipement lourd et les autres technologies agricoles dépendant du pétrole y contribuent largement.

Mais l’impact de l’industrie alimentaire dans son ensemble est encore plus important : elle détruit les forêts et les savanes pour produire de l’alimentation animale, elle génère des déchets dangereux pour le climat à travers des excès d’emballage, de transformation, de réfrigération et de transport de la nourriture sur de longues distances, laissant malgré tout des millions d’affamés au passage.

Un nouveau système alimentaire pourrait être un élément essentiel des solutions au changement climatique. Partout dans le monde, des gens sont engagés dans des luttes pour défendre ou créer de nouveaux modèles de production ou de partage de la nourriture qui soient plus sains pour leur communauté et pour la planète. Si nous nous efforçons de restructurer l’agriculture et le système alimentaire global, en les articulant autour de la souveraineté alimentaire, de l’agriculture familiale, de l’agroécologie et des marchés locaux, nous pouvons réduire de moitié les émissions mondiales en quelques décennies. Nul besoin de marchés du carbone ou de remèdes technologiques.

Ce dont nous avons besoin, c’est de politiques et de programmes adéquats qui permettent de laisser tomber le système alimentaire industriel actuel et de créer à sa place un système durable, équitable et véritablement productif.

Le système alimentaire industriel au niveau mondial est responsable de 44 à 57 % de l’ensemble des émissions de GES

Il est parfaitement évident que nous ne pourrons pas sortir de la crise climatique sans transformer de toute urgence le système alimentaire mondial de fond en comble.

Prenons le sol pour commencer. La nourriture prend sa source et finit dans le sol. Elle utilise le sol pour se développer et finit par retourner au sol où elle contribue à une nouvelle production : c’est le cycle même de la vie. Mais récemment les humains ont ignoré ce cycle de vie ; nous avons exploité le sol sans rien lui rendre en échange.

L’industrialisation de l’agriculture a débuté en Europe et en Amérique du Nord et s’est répétée plus tard par l’intermédiaire de la Révolution verte dans les autres régions du monde. Elle était fondée sur l’idée que la fertilité du sol pouvait être maintenue et améliorée en utilisant des engrais chimiques. L’importance de la matière organique pour le sol n’avait reçu que très peu d’attention.

De nombreux rapports scientifiques indiquent que les sols cultivés ont perdu entre 30 et 75 % de leur matière organique durant le vingtième siècle et que les sols des pâturages et des prairies en ont, de manière générale, perdu jusqu’à 50 %. Il ne fait aucun doute que ces pertes ont provoqué une sévère détérioration de la fertilité du sol et de sa productivité, et contribué en même temps à l’exacerbation des sécheresses et des inondations.

Si le monde décide sérieusement de mettre en œuvre ces  changements, il nous est tout à fait possible de réduire de moitié les émissions mondiales de GES en quelques dizaines d’années. Ce serait dans le même temps un grand pas vers la résolution des autres crises qui affectent notre planète, notamment la pauvreté et la faim. Ce ne sont pas les obstacles techniques qui entravent notre route : les savoir-faire et les compétences sont déjà entre les mains des paysans du monde et nous pouvons nous appuyer sur eux. Les obstacles sont politiques et c’est bien sur ce domaine que nous devons concentrer nos efforts.

GRAIN – Alimentation et changement climatique: le lien oublié

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