Tous les articles par Jacqueline Collard

L’antibiorésistance menace désormais des antibiotiques de dernier recours

Une étude publiée dans The Lancet Infectious Diseases par des chercheurs chinois a mis en évidence l’existence de bactéries résistantes à un antibiotique d’importance stratégique puisqu’il s’agit d’un traitement de dernier recours, contre les infections déjà résistantes aux autres antibiotiques : la colistine (famille des polymyxines). L’Organisation Mondiale de la Santé l’avait d’ailleurs intégré à la liste des antibiotiques d’importance critique en 2012. L’apparition de ces bactéries résistantes serait principalement due à l’élevage porcin, ainsi que chez le veau et la volaille, où il est massivement utilisé pour la prévention et pour le traitement des diarrhées.

Jusqu’à présent, les résistances observées à cet antibiotique n’étaient pas transmissibles d’une bactérie à l’autre car elles étaient dues à une mutation sur les chromosomes de cette dernière. Désormais, le gène de résistance a été identifié sur un plasmide d’E. Coli, ce qui permettrait à la bactérie d’échanger cette propriété avec d’autres bactéries, qu’elles soient ou non de la même espèce. Le risque prend donc une proportion toute nouvelle, en passant d’événements isolés ne pouvant s’étendre ni dans l’espace ni dans le temps à un risque d’expansion planétaire.

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Le phénomène semble d’ailleurs répandu puisque les chercheurs ont retrouvé la bactérie E. Coli porteuse du plasmide mutant dans 20,6% des 804 porcs testés à l’entrée de l’abattoir de Canton, 14,9% des 523 échantillons de viande vendus au détail, mais surtout chez 1,4% des 902 patients testés dans des hôpitaux des provinces orientales du Guangdong et du Zhejiang. Ils ont également identifié que la transmission avait déjà été faite à d’autres bactéries comme Klebsiella pneumoniae, un agent de la pneumonie.

Plus d’informations sur :  www.thelancet.com/journals

Rapport annuel de l’assurance maladie pour la santé au travail

Si les troubles musculo-squelettiques restent l’écrasante majorité des maladies professionnelles avec 87% des cas en 2014, le nombre de pathologies psychiques liées au monde du travail est en augmentation, bien qu’elles ne fassent pas l’objet d’un tableau général de classification et soient toujours évaluées au cas par cas. Par ailleurs, 2014 a vu reculer le nombre de cancers liés à l’amiante de 3,7%, et augmenter ceux non liés à cette exposition de 10,33% en 2014.

  • 45% des cancers professionnels non liés à l’amiante sont des cancers de la vessie, en lien avec les expositions professionnelles aux amines aromatiques ou encore aux hydrocarbures aromatiques polycycliques présents dans les teintures et les colorants, mais aussi dégagés dans la synthèse de médicaments, de pesticides, dans l’industrie plastique et celle du caoutchouc.
  • 25% des cancers professionnels non liés à l’amiante sont liés à l’inhalation de poussières de bois, et peuvent donner des cancers type ORL. Cette exposition a d’ailleurs été qualifiée de « risque émergent » par l’assurance maladie.

Au total, l’assurance maladie a versé 2,2 milliards d’euros pour les maladies professionnelles en 2014.

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Concernant les accidents du travail, le bilan fait ressortir un « palier historique » avec « un des chiffres les plus bas depuis 10 ans : 34 accidents par an pour 1.000 salariés ». Le nombre augmente tout de même de 6% dans le secteur des « aide et soins à la personne ». Au total, l’assurance maladie a versé 6,3 milliards d’euros en 2014 pour les accidents du travail.

Plus d’informations sur : www.risquesprofessionnels.ameli.fr

Appel de l’OMS en faveur d’une intervention d’urgence pour protéger la santé face au changement climatique

L’Organisation Mondiale de la Santé a lancé un appel à l’action en amont de la COP21, rappelant que « le changement climatique représente la plus grande menace pour la santé dans le monde au XXIe siècle ». Elle s’adresse donc à la communauté sanitaire mondiale pour ajouter sa voix à l’appel en faveur d’un accord solide et efficace sur le climat permettant de sauver des vies, dès maintenant et à l’avenir.

L’OMS demande ainsi :

  • Des mesures énergiques et efficaces pour limiter le changement climatique et éviter les risques inacceptables pour la santé dans le monde.
  • Un meilleur financement de l’adaptation au changement climatique, y compris des mesures de santé publique visant à réduire les risques liés aux phénomènes météorologiques extrêmes, aux maladies infectieuses, à la raréfaction de l’eau et à l’insécurité des approvisionnements alimentaires.
  • Des interventions de nature à la fois à freiner le changement climatique et à améliorer la santé, et notamment à réduire le nombre de décès par cancers, affections respiratoires et maladies cardiovasculaires imputables à la pollution atmosphérique (qui dépasse actuellement 7 millions par an).

Plus d’informations sur :  www.who.int/globalchange

Le lien pour signer l’appel à action :  www.who.int/globalchange/global-campaign

Cartographie du gaspillage d’eau potable en France

Une start-up a réalisé une infographie de l’état du gaspillage d’eau potable département par département, à partir des données de l’ONEMA. La carte indique que les gaspillages les plus importants ont lieu dans la région sud est du pays, précisément là où le manque d’eau est le plus prégnant. La région nord ouest serait a contrario la plus efficace contre les fuites.

Pour le PDG de l’entreprise, Olivier Le Marois, «Les zones rurales, et en particulier montagneuses, sont logiquement défavorisées par rapport au grands réseaux urbains où l’on détecte plus facilement les pertes». Au total, ce ne sont pas moins de 700 milliards de litres d’eau potables qui sont perdus annuellement dans l’Hexagone, soit l’équivalent de 270 000 piscines olympiques.

Plus d’informations sur : www.fluksaqua.com/fluks/qualite

 

La justice reconnaît pour la 1ère fois le préjudice de riverains exposés aux pesticides

La Justice vient de donner raison pour la première fois aux riverains exposés à des pratiques d’épandages de pesticides illégales, déclarant recevable la constitution de partie civile de l’ensemble des plaignants et reconnaissant ainsi leur préjudice et leur statut de « victime ».

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Les riverains des châtaigneraies de Corrèze, entendus par le Tribunal correctionnel de Brive la Gaillarde, dénonçaient « le non-respect des distances de sécurité vis-à-vis des habitations et jardins, l’absence d’information des riverains  et des apiculteurs, comme l’absence de balisage des zones traitées et des épandages réalisés sur des communes sans aucune autorisation ou dérogation préfectorale». Pour P-M Perinaud, Président de l’Association des Médecins Alertant sur les Pesticides : «Si l’impact des pesticides sur la santé des utilisateurs est aujourd’hui avéré, de nombreuses études convergent pour affirmer que les riverains ne sont pas épargnés. Dans l’attente d’un changement de paradigme agricole visant à la diminution réelle des pesticides et l’élimination de substances actives les plus dangereuses,  il  est primordial d’encourager la mise en place de mesures de protection des riverains comme par exemple la création de zones tampons sans pesticides».  

Plus d’informations sur :  www.generations-futures.fr