Tous les articles par Jacqueline Collard

Le lait de soja ne doit pas remplacer le lait maternel

Le Pr Heather B. Patisaul et son équipe du Center for Human Health and the Environment (Raleigh – Caroline du Nord) se sont penchés sur de nombreuses études centrées sur l’exposition à des isoflavones de soja. « Les effets indésirables sont probablement sous-estimés », souligne-t-elle. Et d’ajouter que leur consommation peut-être « un problème » chez des nourrissons ou enfants en bas âge, d’autant plus lorsque les laits végétaux, à base de soja notamment, remplacent le lait maternel ou préparations pour nourrissons, sans compter que sur le plan de la composition nutritionnelle, ces produits ne permettent pas de couvrir intégralement les besoins des bébés.

Les isoflavones de soja agissent bel et bien comme des perturbateurs du système endocrinien rappellent des scientifiques américains après avoir passé au crible des dizaines d’études réalisées sur le sujet.

Pour rappel, le système endocrinien comprend les ovaires, les testicules, les glandes thyroïde, l’hypophyse, l’épiphyse cérébrale, le pancréas. Mais aussi les cellules qui sécrètent des hormones situées dans le tube digestif, les reins, le cœur et le placenta. Il régule donc un grand nombre de fonctions de notre organisme.

La scientifique fait référence à de nombreux travaux expérimentaux montrant que les phyto-estrogènes ont des effets sur le développement et le fonctionnement neuro-endocrinien et immunitaire dans différentes espèces animales. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) l’avait  d’ailleurs rappelé dans un rapport de 2016.

Etude: Proceedings of the Nutrition Society (2017), 76, 130–144

quelles solutions pour les déserts médicaux?

Où sont les déserts médicaux en France ? C’est à cette question plus complexe qu’il n’y paraît que répond un travail de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé.

Jusqu’ici, les données concernant l’inégalité d’accès aux soins selon la zone géographique n’étaient que parcellaires.

Le travail de collecte et d’organisation des données réalisé par Hélène Chaput et Noémie Vegier permet d’établir des définitions et une mesure communes pour s’attaquer à cette question sensible. Car le désert médical ne se définit pas seulement par la distance qui sépare un lieu d’habitation d’un centre de soin ou d’un cabinet médical. Ce critère est déterminant, mais ne donne aucune indication sur les besoins de la population dans telle ou telle zone selon l’âge moyen, ou encore de la disponibilité des médecins.En prenant en compte les nombreux paramètres pertinents pour définir ces zones désertiques, les auteures du dossier « Déserts médicaux : comment les définir ? Comment les mesurer ? » ont pu établir des cartes détaillées des problèmes d’accès aux soins en fonction de tel ou tel médecin. Selon les conclusions de ce rapport, « 8 % de la population réside dans une commune sous-dense en médecins généralistes, au sens d’une accessibilité inférieure à 2,5 consultations par an et par habitant. Sur la période 2012-2015, on observe une légère augmentation de la population située en dessous de ce seuil, mais l’accessibilité des zones qui étaient en-dessous du seuil en 2012 s’est très légèrement améliorée. »

Pour lutter contre les déserts médicaux, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, évoque la possibilité que « des médecins détachés » assurent des consultations dans des zones sous dotées,   de même elle souhaite également que la télémédecine soit déployée, « pour des consultations en dermatologie, en psychiatrie par exemple » et a annoncé que « des expérimentations auront lieu dans les prochains mois ».

La définition des perturbateurs endocriniens adoptée avec une ambition trop mesurée

Après des années de lobbying et de blocages, la Commission Européenne s’est enfin mise d’accord en ce 4 juillet sur une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens, plus souple, mais moins ambitieuse qu’espérée, et ce, en raison du changement de position de la France..

Par rapport au projet de juin 2016 la définition adoptée concerne  les perturbateurs endocriniens « présumés » et non plus seulement « avérés »: ce qui ne suffit pas en terme de santé publique. Le texte n’a que peu bougé depuis juin 2016. Il se fonde principalement sur la définition donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002 : « Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants. » Ces substances chimiques naturelles ou de synthèse présentes dans certains pesticides, mais aussi dans des cosmétiques, solvants ou plastiques, sont capables d’interférer avec le système hormonal de nombreux êtres vivants, favorisant ou causant l’apparition de multiples pathologies.

Le principal problème que soulèvent scientifiques et ONG est le niveau de preuves demandé, qualifié d’« irréaliste » par l’Endocrine Society, une société savante rassemblant quelque dix-huit mille chercheurs référents dans le domaine de l’endocrinologie de parle Monde.

Nous rapportons ici le communiqué de presse de la députée européenne Michèle Rivasi , membre de la Commission Environnement et Santé :« Perturbateurs endocriniens : la France a lâché sa position de protection »

Les Etats membres ont adopté ce jour la définition des perturbateurs endocriniens proposée par la Commission européenne, qui a pris des engagements pour évaluer l’efficience de ces critères.
« Ce vote est clairement une mauvaise nouvelle. La position de la France, soutenue par la Suède et le Danemark, avait permis jusqu’ici d’éviter l’adoption d’un texte insuffisant à protéger la santé et l’environnement. Cette fois, malgré la mobilisation des associations, et malgré les avertissements de dizaine de milliers de médecins et de spécialistes qui dénonçaient les carences du projet porté par la Commission en juin 2016 , la France a lâché. Les intérêts des grands acteurs économiques européens ont été privilégiés au détriment de la santé publique des citoyens. « 

« Comment peut-on prétendre vouloir lutter contre la prolifération des perturbateurs endocriniens et, en même temps, laisser sur le marché des insecticides connus pour agir sur le système endocrinien ? Ce non-sens témoigne ouvertement du double langage, conciliant mais trompeur, que nous risquons de rencontrer de plus en plus fréquemment. »

« Les petites avancées obtenues, réelles, sur l’engagement de la Commission de revoir les directives jouets et cosmétiques, ou encore de réaliser dans les deux ans une recherche sur les effets des perturbateurs endocriniens(50 millions d’euros seront débloqués par l’Europe en 2018 pour financer 10 projets de recherches sur les perturbateurs endocriniens), d’évaluer l’efficience des critères adoptés, ou encore de déléguer aux Etats membres le soin de décider d’autoriser ou pas, au cas par cas, ne doivent pas nous satisfaire. Le fait d’accepter les dérogations sur les pesticides imposées par l’Allemagne laisse aux agriculteurs la possibilité de continuer à épandre des substances toxiques, mutagènes et reprotoxiques. Ce compromis est une reculade. »

Une étude de l’Université du Texas sur les effets des smartphones

Aujourd’hui, difficile d’imaginer la vie sans téléphone portable, encore plus pour les utilisateurs de smartphones. Ils « interagissent avec leurs téléphones environ 85 fois par jour, parmi lesquelles immédiatement au réveil, juste avant de se coucher et même en plein milieu de la nuit« , résument les scientifiques.

C’est ainsi qu’ils  ont fait passé des tests évaluant la concentration et les capacités cognitives de 800 utilisateurs de smartphones : leurs téléphones étaient placés soit à portée de vue (la face de l’écran contre le bureau), à proximité (dans leur poche ou leur sac) ou dans une autre salle. Selon des chercheurs de l’Université du Texas, le smartphone, même éteint ou en mode silencieux, nuit à notre capacité à la concentration. « La seule présence de son smartphone peut occuper nos capacités cognitives, nous laissant moins de ressources disponibles pour les autres tâches« , expliquent-ils dans une étude publiée le 23 juin 2017 dans le Journal of the Association for Consumer Research. Cet outil était déjà  l’objet  d’ effets néfastes sur l’endormissement et la qualité du sommeil  mais d’autres effets secondaires ont été mis en évidence à travers cette nouvelle étude.

Qu’il soit éteint, face cachée ou dans la poche, le smartphone occupe nos pensées, selon cette  nouvelle étude. Un phénomène inconscient qui limite notre capacité de concentration. Ainsi se rajoutent à cet outil indispensable pour beaucoup, des troubles de la concentration : le « brain drain » ou « drainage du cerveau« .

 Se déconnecter pourrait donc avoir un effet salvateur  pour ceux qui souhaitent conserver une vie plus sereine: « Les discussions sur la « déconnexion » dans la culture populaire reflètent l’intérêt grandissant des gens, qui cherchent intentionnellement à réduire leurs interactions avec les appareils« , expliquent les chercheurs.

Le radon présent de façon inégale présente des risques

Le radon est un gaz qui se trouve naturellement dans les roches des massifs anciens (Bretagne, Vosges, centre de la France, Corse, Rhône-Alpes). Il est reconnu cancérogène certain (groupe 1) par le CIRC pour le poumon depuis 1987. 6 à 15% des nouveaux cas de cancer du poumon seraient attribuables à une exposition au radon, l’interaction entre le radon et le tabac multipliant par 3 le risque de cancer du poumon.

L’INCA rappelle que pour toute hausse de 100 Becquerel par mètre cube d’air (Bq/m3), le risque de décéder d’un mélanome malin s’élève de 16% chez les personnes âgées de 60 ans tout comme pour le cancer du poumon, et ce indépendamment de l’exposition aux UV.

Une nouvelle étude suisse publiée dans la revue Environmental Health Perspectives révèle qu’aprés le cancer du poumon pour lequel il serait après le tabac la 2ème cause  le radon serait à l’origine de cancers de la peau. Après l’Australie et la Nouvelle-Zélande, la Suisse est le troisième le plus touché au monde par ce cancer, avec une incidence annuelle de 20,3 cas pour 100.000 personnes -contre 35,8 cas pour l’Australie. Loin devant la France, qui se situe à 10,2 cas pour 100.000 personnes par an.

Par ailleurs selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la concentration de radon dans les habitats français varie entre 5 et 4.964 Bq/m3, avec 2,3% des mesures dépassant les 400 Bq/m3. Ce seuil, au-delà duquel des travaux correctifs sont actuellement nécessaires, devrait être abaissé à 300 Bq/m3 en 2018, avec la transposition en droit français de la directive européenne 2013/59/Euratom: ce qui peut paraître encore nettement insuffisant.

Etude INCA www.cancer-environnement.fr/277-Radon.ce.aspx

Etude suisse https://ehp.niehs.nih.gov/wp-content