Tous les articles par Jacqueline Collard

La directice de 1999 sur la publicité des voitures neuves n’est toujours pas appliquée

L’association Respire demande  que la  une directive européenne (1999/94/CE) vieille de 20 ans soit enfin appliquée: ceci concerne particulièrement  les publicités pour les voitures particulières neuves qui devraient informer sur les rejets de CO2 et la consommation de carburant :ceux ci  « doivent être facilement lisibles et au moins aussi visibles que la partie principale des informations figurant dans la documentation promotionnelle. »

Dans sa nouvelle campagne, l’association demande à ce que la loi soit correctement appliquée. Tendant au passage une perche aux principaux intéressés. «Mettre les émissions de CO2 et la consommation de carburant en aussi lisible que l’information principale doit servir de nouvel argument aux constructeurs, pour qu’ils s’engagent tous dans la voie de la réduction de l’impact de l’automobile.»

Dans un contexte où la voiture doit devenir plus économe en énergie, et s’améliorer dans ses rejets à fort impact climatique, cette application s’avère plus que jamais indispensable.

Un objectif : diminuer les particules fines des pollutions atmosphériques

Réduire la concentration de particules fines participerait à une meilleure qualité de l’air et donc, à une meilleure santé des habitants. Mais à une baisse de combien faudrait-il parvenir pour impacter positivement la santé publique, et notamment pour réduire la mortalité ?

C’est sur cette question que s’est penchée une équipe multidisciplinaire de chercheurs (épidémiologistes de l’Inserm, biologiste ansi que des économistes du CNRS et de l’INRA, spécialistes de la qualité de l’air d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes).

Ils ont comparé la moyenne de particules fines mesurée à Grenoble et Lyon, soit respectivement 14 et 15 microgrammes par m3, pour la période 2015-2017, avec une situation sans particules fines liées à la pollution. De cette façon, ils ont évalué à 145 décès par an à Grenoble dus à cette contamination de l’air tandis qu’à Lyon, ce nombre s’établissait à 531. L’exposition aux particules fines en suspension (les PM2,5) cause des effets importants et reconnus sur la santé en milieu urbain (mortalité et pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles de la grossesse et de la croissance du fœtus…), et il est possible de faire baisser cette exposition. Toutefois les politiques publiques visant à réduire la pollution atmosphérique sont souvent conçues sans se fixer de bénéfice sanitaire à atteindre.

Après calculs, les scientifiques ont estimé qu’« une réduction de 2,9 microgrammes par m3 (Grenoble) et 3,3 μg/m3 (Lyon) serait nécessaire pour réduire d’un tiers la mortalité attribuable à ces particules », indiquent les chercheurs. « Il ne s’agirait pas que de décès évités chez des personnes fragiles : l’espérance de vie augmenterait simultanément d’environ 3 mois. »

Ce travail publié dans Environment international donne également un ordre de grandeur des coûts de la pollution en milieu urbain : 1200€ par habitant et par an dans les agglomérations de Lyon et Grenoble.

« Une telle étude peut être aisément transposée à d’autres agglomérations et peut aider les grandes villes françaises à cibler des scénarios de réduction de la pollution atmosphérique », concluent les auteurs.

Cette étude a été réalisée dans le cadre des projets QAMECS et MobilAir soutenus par l’ADEME, Grenoble-Alpes Métropole et l’IDEX Université Grenoble Alpes.

Lien : https://presse.inserm.fr/meilleure-qualite-de-lair-quelle-valeur-viser-pour-ameliorer-la-sante/35241/

Aliments ultra transformés : Anthony Fardet nous fait des recommandations

Anthony FARDET, chargé de recherche, UMR 1019 – Unité de Nutrition humaine, à l’Université de Clermont-Auvergne, Inra et Edmond ROCK, directeur de recherche, Inra, nous alertent  sur l’aspect de l’alimentation qui n’est pas seulement nutritionnel.

Longtemps seule approche de notre alimentation, ces chercheurs ont mis l’accent sur la nature même de l’aliment en nous parlant de sa « matrice ». Une « matrice » (du latin mater qui signifie mère) est un élément qui « fournit un appui ou une structure, et qui sert à entourer, à reproduire ou à construire ». Dans le cas des aliments, il s’agit en quelque sorte de leur structure tridimensionnelle. Les nutriments (ainsi que l’eau) qui la composent interagissent entre eux, ce qui confère des propriétés particulières, voire spécifique.L’effet matrice des aliments implique donc que « deux aliments de composition identique mais avec des structures différentes n’ont pas les mêmes effets sur la santé ».

Ils expliquent que l’effet « matrice » des aliments/ingrédients/nutriments est donc essentiel si l’on veut évaluer correctement leurs effets sur la santé.La matrice joue plusieurs rôles fondamentaux dans l’alimentation : elle influe sur la satiété (degré de mastication, selon que la matrice soit solide, semi-solide/visqueuse, liquide, friable ou molle), la vitesse de libération des nutriments dans le tube digestif – et donc leur utilisation métabolique ultérieure ou biodisponibilité – et sur la vitesse de transit digestif.

 Il en résulte que tout procédé technologique modifie la matrice d’un aliment, qu’il soit thermique, mécanique, et/ou fermentaire: Au vue de l’évidence scientifique, il apparaît donc fondamental de prendre en compte l’effet « matrice » des aliments dans les recommandations nutritionnelles . Cela passe notamment par limiter la consommation d’aliments ultra-transformés (comme indiqué dans le dernier PNNS, dont les matrices sont artificiellement modifiées et bien souvent dégradées).

Le rapprochement avec l’explosion des maladies chroniques ( diabète, obésité, maladies métaboliques, intolérances alimentaires etc..)pourrait en être la conséquence,avec une trop grande consommation d’aliments riches en sucre, graisses saturées et additifs variés souvent présents dans l’ alimentation industrielle où les produits ultra transformés sont légion.

Ses recommandation sont le suivantes à la fois scientifiques et holistiques

1) Un minimum 85% de calories d’origine végétale ;
2) Un maximum 15% d’aliments ultra-transformés ;
3) Pour les aliments non ultra-transformés, mangez varié, si possible bio, local et de saison.

Anthony Fradet, auteur du livre Halte aux aliments ultra transformés MANGEONS VRAI, Editions Thierry Souccar, 2017, 256 pp. ISBN : 978-2-36549-242-3

Un adolescent sur 5 en surpoids

Les chiffres sont inquiétants. Une étude de la DREES en fait état, grâce à au partenariat entre Santé publique France, le ministère de la Santé et les médecins et infirmiers de l’Éducation nationale.

En 2017, 18 % des adolescents en classe de troisième étaient en surcharge pondérale, dont 5 % obèses. L’écart se creuse entre les garçons et les filles au détriment de ces dernières: en 2017, 20 % des filles contre 17 % des garçons étaient en surpoids, dont respectivement 5,4 % et 4,7 % obèses. le surpoids et l’obésité constituent un problème majeur de santé publique en raison de leur retentissement potentiel sur la santé (  nombreuses pathologies cardiovasculaires, métaboliques, articulaires, vésiculaires et cancéreuses…–, ainsi qu’à une augmentation notable de la mortalité.

Sont mis en évidence dans ce rapport, leurs habitudes de vie qui aggravent ces résultats: absence de petit déjeuner, irrégularité des repas, de passage à la cantine, manque d’activités sportives, temps passé sur les écrans,  le déficit de sommeil , etc..

Dans ses conclusions, la Drees met l’accent sur la persistance de fortes inégalités sociales. « Ainsi, 24% des enfants d’ouvriers sont en surcharge pondérale et 8% sont obèses, contre respectivement 12% et 3% des enfants de cadres.

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1122.pdf

Santé publique France publie l’étude Esteban

L’étude de Santé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition 2014-2016 vient d’être publiée.

Elle avait pour objet de répondre à des objectifs de biosurveillance, de surveillance des maladies chroniques et de surveillance nutritionnelle (alimentation, activité physique et marqueur de l’état nutritionnel). L’Esen (Equipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle) a été chargée de l’analyse du volet Nutrition de cette étude et de sa mise en perspective avec les résultats de l’étude ENNS en ajoutant les  expositions à certaines substances de l’environnement retrouvées dans l’ alimentation, le type d’activité physique et la présence chez les personnes de l’étude ayant certaines maladies chroniques ou facteurs de risque (diabète, allergies, maladies respiratoires, hypertension artérielle, hypercholestérolémie…)
L’étude complète les résultats de l’Etude nationale nutrition santé (ENNS).

Esteban a été réalisée sur un échantillon d’enfants de 6 à 17 ans et d’adultes de 18 à 74 ans résidant en France métropolitaine. Suite à un tirage au sort selon un plan de sondage a 3 degrés, l’inclusion des sujets s’est déroulée d’avril 2014 à mars 2016 pour tenir compte de la saisonnalité de l’alimentation et des expositions éventuelles.

Les principaux résultats sont les suivants:

Chez les adultes de 18 à 74 ans, en 2015 et en évolution depuis 2006 (ENNS) :
  • La prévalence du surpoids (obésité incluse, IMC ≥ 25) des adultes est restée stable, de l’ordre de 49% en population générale : 54% des hommes et 44% des femmes.
  • Cette prévalence augmente avec l’âge, et est restée supérieure chez les personnes les moins diplômées (stabilité).

Chez les enfants de 6 à 17 ans, en 2015 et en évolution depuis 2006 (ENNS) :

  • La prévalence du surpoids (obésité incluse) est estimée à 17%, dont 4% d’enfants obèses (stabilité).
  • La prévalence du surpoids (obésité incluse) diminue quand le niveau de diplôme de la personne de référence du ménage augmente, en 2015 comme en 2006.
  • La prévalence de la maigreur a significativement augmenté (passant de 8% à 13%), cette augmentation touchant principalement les filles de 11-14 ans (19% en 2015).

Pratique de l’activité physique

D’après les résultats de l’étude Esteban-2015 :
  • 70% des hommes et 53% des femmes déclarent un niveau d’activité physique « modéré » ou « élevé », correspondant aux recommandations de l’OMS.
  • Le niveau d’activité physique « élevé » diminue avec l’âge, chez les hommes et les femmes, au profit d’une activité physique « modérée ».

D’après les données mesurées dans les études ENNS et Esteban, la proportion d’adultes déclarant un niveau d’activité physique « modéré » ou « élevé » :

  • a augmenté chez les hommes de 40-54 ans entre 2006 et 2015 (passant de 55% à 70%)
  • est restée stable (de l’ordre de 69%) chez les hommes de 18-39 ans et chez les plus de 55 ans
  • a diminué de manière significative dans toutes les classes d’âge chez les femmes (passant de 63% en 2006 à 53% en 2015)

Comportements sédentaires

D’après les résultats de l’étude Esteban-2015 chez les adultes (et en comparaison avec ENNS-2006) :
  • 9 adultes sur 10 rendent compte d’un niveau de sédentarité « modéré » ou « élevé » (avec 3 heures ou plus d’activités sédentaires par jour).
  • 41% atteignent un niveau de sédentarité « élevé » (avec plus de 7 heures d’activités sédentaires quotidiennes), sans différence entre hommes et femmes.
  • 80% des adultes déclarent passer 3 heures ou plus devant un écran par jour en dehors de toute activité professionnelle.
  • La durée quotidienne moyenne passée devant un écran a fortement augmenté entre 2006 et 2015 pour l’ensemble de la population adulte, passant de 53% des adultes qui déclaraient passer 3 heures ou plus chaque jour devant un écran à 80% (hors activité professionnelle). Cette augmentation est davantage marquée chez les femmes et touche toutes les tranches d’âge.
  • Plus de détails:: Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (ESTEBAN 2014-2016) Volet Nutrition. Chapitre Consommations alimentaires – Études et enquêtes. Équipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle (ESEN) et Santé publique France. Septembre 2018