Tous les articles par Jacqueline Collard

Comment sont faites les alertes météorologiques ? et qu’en faire ?

Le système de vigilance de Météo-France a vu le jour en octobre 2001, après les conséquences catastrophiques des deux tempêtes Lothar et Martin de la fin décembre 1999. Les prévisions météorologiques sont établies par Arome, le principal modèle informatique de Météo-France, mis en service en 2008.

Destiné à prévenir populations et pouvoirs publics de l’imminence d’événements météorologiques inquiétants ou dangereux, il place les départements français sur une échelle de quatre niveaux – vert, jaune, orange et rouge – pour les vingt-quatre heures à venir. Actualisé deux fois par jour au minimum (à 6 heures et 16 heures), il peut l’être plus fréquemment si la situation l’exige. Un comité de pilotage composé de représentants de Météo-France et de plusieurs ministères (intérieur, transition écologique, santé) fait des propositions chaque année après avoir étudié les performances du système.

Entre 2002 et 2021, la vigilance orange a été déclenchée 1 071 fois et la vigilance rouge 49 fois, soit 1 120 événements météorologiques sur 2 024 jours. Le nombre de vigilances orange ou rouges a tendance à augmenter régulièrement. Les cinq dernières années (2017-2021) concentrent 53 % des vigilances rouges et 32 % des vigilances orange.

En France la coordination des mesures à prendre lors d’épisodes météorologiques forts est pris en charge par les services préfectoraux suivi d’une chaine de décisions incluant les communes et communautés de communes concernées, la sécurité civile, les SDIS et relayés par les Deal : en Auvergne Rhône Alpes une  plaquette d’informations pour les risques industriels qui peuvent être associés  a été transmise aux citoyens: vous pouvez la retrouver sur https://www.lesbonsreflexes.com/

Il semblerait qu’en Espagne où les crues torrentielles ont fait d’innombrables dégâts tant humains qu’urbanistiques , c’est bien un défaut de chaine de décisions tardif qui serait l’origine de cette catastrophe.On retiendra qu’il est conseillé dans  des cas d’événements puissants de bien suivre les consignes transmises sur les radios locales ( en lien avec les autorités préfectorales).

https://vigilance.meteofrance.fr/fr

Nouvelle étude faisant le lien entre pesticides et cancer de la prostate

Une étude de l’Université de Stanford (Californie)a été publiée le 4 novembre dans la revue Cancer et a évalué les associations entre l’exposition à 295 pesticides et la survenue du cancer de la prostate, pour chaque comté des Etats-Unis.Elle pointe la responsabilité de 22 pesticides, associés à la survenue du cancer de la prostate. 19 d’entre eux n’étaient pas connus jusqu’à présent et quatre seraient liés à un risque de mortalité accru.

Les quatre substances associées à la mortalité sont des herbicides, le trifluraline, le cloransulam-méthyl et diflufenzopyr et un insecticide, le thiaméthoxame, pour certains interdis en Europe.

Cette étude a permis d’ analyser les associations au niveau des comtés entre l’utilisation annuelle de 295 pesticides distincts (mesurés en kg par comté) et les taux d’incidence et de mortalité du cancer de la prostate dans les États contigus des États-Unis.

En France, le cancer de la prostate lié à l’exposition aux pesticides est reconnu comme maladie professionnelle depuis 2021. La loi prévoit un délai de prise en charge de 40 ans, sous réserve d’une durée d’exposition de 10 ans. Cela concerne notamment les professions exposées aux pesticides lors de la manipulation ou l’emploi de ces produits, par contact ou par inhalation ou par contact avec les cultures, les surfaces, les animaux traités ou lors de l’entretien des machines destinées à l’application des pesticides.

« Cette recherche démontre l’importance d’étudier les expositions environnementales, telles que l’utilisation de pesticides, pour expliquer potentiellement une partie de la variation géographique que nous observons dans l’incidence du cancer de la prostate et les décès à travers les États-Unis », a déclaré l’auteur principal Simon John Christoph Soerensen, de la Stanford University School of Medicine. « En nous appuyant sur ces résultats, nous pouvons faire progresser nos efforts pour identifier les facteurs de risque du cancer de la prostate et travailler à réduire le nombre d’hommes touchés par cette maladie. »

Et  rappelons que ce cancer est prédominant aux Antilles « Malgré l’arrêt, il y a 30 ans, de son utilisation aux Antilles comme insecticide, le chlordécone persistant dans l’environnement continue de contaminer les populations », alerte l’Inserm. Et ce via la consommation d’aliments eux-mêmes contaminés.

Incidences et mortalité des pesticides et du cancer de la prostate : étude d’association à l’échelle de l’environnement:  Simon John Christoph Soerensen MD, David S. Lim EM MS, Maria E. Doctorat à la rasse de Montez, Glenn M. Chertow MD, MPH, Benjamin I. Chung MD, MS, David H. Rehkopf ScD, MPH

Première publication : 04 novembre 2024 : https://doi.org/10.1002/cncr.35572

 

La Cop 16 s’achève sans grande avancée

« Les pays les plus dangereux de la planète sont ceux qui émettent le plus de CO2, c’est-à-dire les pays riches. Ce sont eux qui nous tuent », a dénoncé le président colombien Gustavo Petro en ouverture du sommet des chefs d’État et ministres de la COP16, à Cali, le 29 octobre.

La dernière semaine de négociations  s’est bloquée sur le financement des  crédits biodiversité dans la lutte contre la dégradation de la biodiversité et le partage des ressources génétiques.Or parmi les 23 objectifs de l’accord de Kunming-Montréal (Cet accord qui prévoit de placer 30 % des terres et des mers dans des aires protégées, à atteindre d’ici 2030) l’un est dédié à la mobilisation des ressources financières visant à introduire des systèmes innovants, tels que les crédits et les compensations pour la biodiversité. Pour y parvenir, l’accord prévoit de porter à 200 milliards de dollars les dépenses annuelles mondiales pour la nature. Et les pays développés se sont engagés à fournir 30 milliards de dollars d’ici 2030 (contre environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE). Mais comment mobiliser l’argent ? Cette bataille financière Nord-Sud doit toutefois reprendre le 11 novembre, dans l’autre COP, celle sur le climat, en Azerbaïdjan. Et portera sur des montants dix fois plus élevés.

Après de nombreuses années à le demander, les pays autochtones  ont obtenu la création d’un organe permanent qui va permettre de les représenter au sein des négociations onusiennes sur la biodiversité. Cet organisme consultatif reconnaitra ainsi leur rôle dans la conservation de la nature à l’échelle mondiale, y compris dans certaines des zones les plus riches en biodiversité de la planète. “C’est un moment sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement”, s’est réjouie Camila Romero, une représentante des peuples Quechuas du Chili. Mais finalement les pays ont échoué à trouver un accord sur le financement de la préservation de la biodiversité, pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030, démontrant une fois encore les difficultés de consensus.

Le 8ème rapport du Lancet consacré aux impacts du changement climatique sur la santé nous alerte

En collaboration avec l’OMS, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et plus de 120 experts à travers le monde, la revue scientifique The Lancet révèle, mercredi 30 octobre, son 8éme rapport consacré aux impacts du changement climatique sur la santé, le « Lancet Countdown »(Nouvelle fenêtre) (« compte à rebours » en français).

La directrice de ce projet lancé en 2016, Marina Romanello,a  présenté à la presse ses nouvelles conclusions. « Les populations du monde entier sont confrontées à des menaces sans précédent pour leur bien-être, leur santé et leur survie en raison du changement climatique rapide », a-t-elle exposé. En effet Sur les 15 indicateurs de suivi des risques sanitaires liés au changement climatique, « dix ont atteint un nouveau record »,Certaines bactéries profitent aussi de la hausse des températures. Avec le changement climatique, les deux phénomènes pluies et inondations se multiplient, mettant en péril l’accès à des ressources vitales.

Au milieu de ces mauvaises nouvelles, le rapport pointe toutefois une lueur d’espoir : grâce à la réduction de l’utilisation du charbon, « les décès attribuables aux particules fines (PM2,5) en extérieur, causés par l’utilisation de combustibles fossiles, ont diminué de 6,9% entre 2016 et 2021 », explique-t-il. Cela montre « le potentiel salvateur de l’élimination progressive du charbon », poursuit The Lancet.

Dans le cas de la France, le rapport souligne que l’évolution du climat a, en vingt ans, « considérablement augmenté » le nombre de régions propices à la leishmaniose. Cette maladie, qui se traduit dans sa forme la plus fréquente par une infection cutanée, est provoquée par la piqûre des insectes appelés phlébotomes. Observées dans le sud de la France entre 2001 et 2010, les conditions climatiques propices à cette propagation s’étendent désormais jusqu’à la Côte-d’Or et au Maine-et-Loire. Les changements dans les précipitations et la hausse des températures favorisent la transmission de maladies infectieuses mortelles, qui touchent désormais de nouveaux territoires.

En France, 54,4% du territoire a connu au moins un mois de sécheresse extrême chaque année entre 2019 et 2023, note le rapport, qui ne dispose pas encore de données permettant de voir comment, à l’inverse, les pluies abondantes de 2024 ont elles aussi affectées la santé des Français, tout comme les récoltes agricoles,   poursuit Marina Romanello. Elles favorisent la transmission de maladies infectieuses, augmentent le risque de glissements de terrain et d’autres effets néfastes. »

En 2023, 88 348 kilomètres de littoral, répartis sur 83 pays, ont abrité des conditions propices à la transmission de maladies par les vibrions, « des bactéries qui génèrent des infections gastro-intestinales et des bactéries mangeuses de chair qui génèrent également des infections des plaies, avec un risque de septicémie », explique Marina RomanelloEt notamment, le choléra. Selon le rapport, ce record de surface s’est accompagné en 2023 d’un record du nombre de cas estimés de vibriose, engendrée par ces bactéries : environ 692 000, selon The Lancet.

« Aucun individu ni aucune économie n’est désormais à l’abri des menaces sanitaires du changement climatique, souligne Marina Romanello, la directrice exécutive du Lancet Countdown, chercheur à l’University College de Londres. Partout dans le monde, les populations souffrent de plus en plus des effets financiers et sanitaires du changement climatique, et les communautés défavorisées des pays aux ressources limitées sont souvent les plus touchées , remarque Wenjia Cai, coprésident du groupe de travail 4 du Lancet Countdown à l’université Tsinghua (Chine). L’adaptation ne parvient pas à suivre le rythme ».

Espérons un déclic lors de la prochaine COP 29!

The 2024 report of the Lancet Countdown on health and climate change: facing record-breaking threats from delayed action

https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(24)01822-1/abstract

L’état des masses d’eaux en Europe souligné dans un rapport de l’AEE

L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) nous propose une étude constatant la pollution, la dégradation des habitats, les effets du changement climatique et la surexploitation des ressources en eau douce exercent une pression sans précédent sur les lacs, les rivières, les eaux côtières et les eaux souterraines en Europe. « Les eaux européennes ne sont pas en bonne santé, a alerté Leena Ylä-Mononen, directrice exécutive de l’Agence européenne de l’environnement (AEE),

Ce rapport se fonde sur 120 000 masses d’eau de surface et 3,8 millions de km2 de masses d’eau souterraines dans l’UE et en Norvège. Ces données ont été transmises par 19 États membres de l’UE. Il concerne 85% des masses d’eau de surface et 87% des masses d’eau souterraines dans l’UE-27.

D’après ce rapport de l’AEE intitulé «Europe’s state of water 2024 : the need for improved water resilience» (l’état de l’eau en Europe en 2024: nécessité d’une meilleure résilience de l’eau), c’est l’agriculture qui exerce la pression la plus importante, avec une incidence à la fois sur les eaux de surface et les eaux souterraines. En effet les eaux et les écosystèmes aquatiques d’Europe restent gravement touchés par les produits chimiques, principalement par la pollution atmosphérique due à la production d’énergie à partir du charbon et à la pollution diffuse provoquée par les nutriments et les pesticides utilisés par l’agriculture. La dégradation des habitats est également généralisée.

Les données transmises sont alarmantes : 37% seulement des masses d’eau de surface européennes sont en «bon» ou en «très bon»état écologique selon une mesure de la santé des écosystèmes aquatiques en vertu de la directive-cadre sur l’eau de l’UE  ( DCE) ; et 29% seulement ont atteint un «bon» état chimique au cours de la  période 2015-2021.

Néanmoins en Europe, les eaux souterraines se portent mieux que les eaux de surface : 77% d’entre elles présentent un bon état chimique et, sur le plan de l’approvisionnement, 91% seraient en bon état quantitatif.Restons vigilants cependant puisque ces eaux souterraines restent une source essentielle d’eau potable, tout comme  pour l’environnement, l’agriculture et l’industrie.

Toute pollution doit être évidemment évitée, conformément aux objectifs du plan d’action «zéro pollution» de l’UE. À court terme, il est nécessaire de réduire l’utilisation de substances nocives et de nutriments et de prévenir leurs rejets dans l’eau.Or ce sont pas moins de 300 contaminants qui peuvent être mis en évidence par les analyses dont les grandes classes sont les suivantes:

  • les pesticides et leurs métabolites issus des activités agricoles ;
  • les nitrates, nitrites et autres engrais azotés ;
  • les substances chimiques industrielles (utilisation et production) ;
  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ;
  • les métaux, métalloïdes et autres ions minéraux ;
  • les médicaments.

Nous suivrons avec intérêt la prise en compte de ces diminutions drastiques qu’il est nécessaire d’opérer  pour atteindre les objectifs fixés

DCE : directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 transposée en France en 2022

Ordonnance n° 2022-1611 du 22 décembre 2022 relative à l’accès et à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine