Tous les articles par Jacqueline Collard

Un nouveau rapport de l’IPBES alerte du risque épidémique accru

L’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) ne pouvait que se saisir de la question. L’organe scientifique issu de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (CDB) présentait ce 29 octobre 2020 sa vision autant scientifique que politique de la pandémie que l’humanité traverse. Le Covid-19 est en effet une zoonose. Elle a pour origine un réservoir naturel de virus, probablement (mais ce n’est pas totalement prouvé) des chauves-souris. Pour les écologues, cette pandémie est un symptôme des relations conflictuelles entre l’Homme et la nature. À leur décompte, l’actuel coronavirus est la sixième grande épidémie mondiale depuis la grippe espagnole de 1918.

L’ONU  constate qu’entre 1970 et 2016 près de 68 % de la faune sauvage a disparu de la surface de la planète.Le lien entre les pathogènes présents dans la nature et l’activité humaine est bien établi comme le déplore par exemple Martine Peeters virologue spécialiste du VIH à l’IRD .

Le rapport de l’IPBES enfonce le clou : toutes les grandes épidémies (sida, Ebola, SRAS) sont des zoonoses. Les chercheurs estiment que 1,7 million de virus inconnus sont les hôtes de mammifères et d’oiseaux. Entre 540 000 et 850 000 sont potentiellement dangereux pour l’Homme. Les mammifères (chauves-souris, rongeurs, grands singes) sont les “réservoirs” principaux devant les oiseaux principalement aquatiques (canards, oies) et les animaux domestiques comme les porcs, les chameaux (SRAS-MERS) et les volailles.

Le rapport recommande des changements de fond dans huit domaines : usage des terres et des forêts, agriculture, système alimentaire, pêche et océans, villes, eau potable, lutte contre le changement climatique et santé. Concrètement, il recommande de conserver ou restaurer des écosystèmes terrestres et maritimes, développer l’agroécologie, réduire le gaspillage alimentaire, avoir une consommation de viande et de poisson modérée, donner de la place à la nature en ville, s’inspirer de la nature pour lutter contre le changement climatique et promouvoir des écosystèmes sains pour la bonne santé des gens.

«  Nous sommes en train d’exterminer de manière systématique l’ensemble des êtres vivants non humains  », avertit Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES, le panel des experts de l’ONU sur la biodiversité. Pour autant, il n’est pas trop tard pour agir, assure-t-elle. «  Il y a beaucoup moins d’inertie que pour le climat, la biodiversité revient très rapidement  », explique-t-elle.

La qualité de l’air en France devant la Cour de justice européenne (CJUE)

Communiqué de presse du 30 octobre 2020 – Bruxelles

La Commission européenne a décidé aujourd’hui de saisir la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France relatif à la mauvaise qualité de l’air due à des niveaux élevés de particules (PM10). En cas de dépassement des valeurs limites fixées par la législation de l’Union relative à la qualité de l’air ambiant (directive 2008/50/CE), les États membres sont tenus d’adopter des plans relatifs à la qualité de l’air et de veiller à ce que ces plans comportent des mesures appropriées pour que la période de dépassement soit la plus courte possible. En l’occurrence, la France n’a pas respecté les valeurs limites journalières applicables aux particules PM10 qui sont juridiquement contraignantes depuis 2005.

Les données fournies par la France confirment le non-respect systématique des règles de l’Union relatives aux valeurs limites pour les PM10 dans les zones de Paris et de la Martinique sur une durée de, respectivement, douze et quatorze ans. En conséquence, la Commission saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France.

La décision d’aujourd’hui constitue la deuxième saisine de la Cour relative au non-respect par la France des normes de l’Union en matière de qualité de l’air. Dans son arrêt du 24 octobre 2019, la Cour a constaté que ce pays n’a pas respecté les valeurs limites applicables aux concentrations de dioxyde d’azote (NO2) dans douze zones de qualité de l’air (affaire Commission/France, C-636/18).

Le pacte vert pour l’Europe adopté par la Commission en décembre 2019 met l’accent sur la réduction de la pollution atmosphérique, qui figure parmi les principaux facteurs de nocivité pour la santé humaine. La réduction de la pollution atmosphérique jouera également un rôle de premier plan dans l’initiative «zéro pollution», qui sera lancée prochainement. La mise en œuvre intégrale des normes de qualité de l’air établies dans la législation de l’Union est essentielle pour protéger efficacement la santé humaine et préserver l’environnement naturel.

Le contexte

En vertu du principe de subsidiarité, la législation de l’Union sur l’air ambiant laisse aux États membres le choix des instruments pour se conformer aux valeurs limites fixées par ladite législation. Malgré l’obligation faite aux États membres d’assurer une bonne qualité de l’air à leurs citoyens, la pollution atmosphérique reste problématique dans de nombreux endroits et la situation est particulièrement grave dans les zones urbaines. La pollution atmosphérique constitue toujours le principal problème de santé lié à l’environnement au sein de l’Union européenne. Selon les estimations de l’Agence européenne pour l’environnement, quelque 400 000 décès prématurés peuvent être attribués chaque année à la pollution atmosphérique en Europe. Ce type de pollution est à l’origine de maladies graves telles que l’asthme, les problèmes cardiovasculaires et le cancer du poumon. Les particules (PM10) sont essentiellement présentes dans les émissions provenant de l’industrie, de la circulation automobile et du chauffage domestique, mais on les trouve également dans les émissions du secteur agricole.

Pour de plus amples informations

La politique de l’Union en matière de qualité de l’air

La politique de l’Union en matière de pollution atmosphérique

Les principales décisions relatives aux infractions du mois d’octobre 2020

Qualité de l’air : la Commission décide de saisir la Cour d’un recours contre la France

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Le traité de non prolifération des armes nucléaires (TIAN) ratifié en cette fin octobre

Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), adopté aux Nations unies le 7 juillet 2017, vient de franchir, ce 24 octobre 2020, une nouvelle étape permettant son entrée en vigueur le 22 janvier 2021. Désormais, selon le droit international, les armes nucléaires sont illégales. Samedi 24 octobre, le Honduras a en effet été le cinquantième État à ratifier ce texte, le seuil exigé pour qu’il puisse entrer en vigueur trois mois plus tard.

Le 24 octobre, grâce à l’incorporation du Honduras, le nombre de 50 pays qui ont ratifié le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) promu en 2017 par les Nations Unies a été atteint. Dans trois mois, le TIAN entrera en vigueur selon les dispositions de l’article 15.1 du traité, au niveau international lors d’un événement au siège des Nations Unies à New York.

  • 50 pays (11 % de la population mondiale) ont déclaré les armes nucléaires illégales.
  • Les armes nucléaires seront interdites tout comme les armes chimiques et biologiques.
  • Les Nations Unies activeront le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier 2021.

Ensuite, le TIAN continuera sur la voie d’une interdiction totale des armes nucléaires. Ces 50 pays seront rejoints par les 34 qui ont déjà signé le TIAN et attendent sa ratification ainsi que par les 38 autres qui ont travaillé et soutenu sa création à l’ONU. Il est possible que des tensions apparaissent dans les pays restants en raison de la pression exercée par les puissances nucléaires pour faire taire la volonté du peuple, mais dans tous les cas, ce sont les citoyens qui devront élever la voix et faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils se joignent à ce processus contre les armes nucléaires. Nous devons faire en sorte  que les  citoyens exigent de se joindre à la dynamique de préservation de la paix afin de ne pas favoriser un désastre. La France, en refusant catégoriquement le TIAN, est à contre-courant de l’histoire.

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, très favorable à une interdiction des armes nucléaires, a aussi déclaré que la ratification du TIAN par un 50ème État représentait « l’aboutissement d’un mouvement mondial visant à attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires ». Le TIAN se veut également complémentaire du Traité de Non-prolifération (TNP) de 1968 et a pour objectif de combler une lacune juridique du TNP qui n’interdit pas expressément les armes nucléaires, même s’il déclare leur utilisation contraire au droit international. En effet, le TNP ne proscrit pas complètement le développement, le transfert, la possession et l’utilisation de ces armes. De plus, il ne limite pas les États dotés sur leur politique de dissuasion, la circulation d’informations scientifiques entre les puissances nucléaires, et la production de matière fissile.

À l’échelle française, en plus de la mobilisation des associations pour le désarmement nucléaire, une trentaine de villes françaises, dont Paris, Lyon et Grenoble, soutiennent l’interdiction des armes nucléaires. Il est grand temps que le gouvernement français actuel, prenant la suite de ses prédécesseurs autant dominateurs et bellicistes, abandonne sa doctrine de dissuasion nucléaire et d’oppression des peuples pour agir positivement lors des prochains débats de la Conférence d’examen quinquennale du TNP qui se tiendra en 2021 pour donner un nouvel élan aux discussions internationales sur les traités de désarmement nucléaire. Et prendre l’initiative d’un désarmement nucléaire unilatéral.

Le grand protagoniste de cette réalisation a été la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel de la paix en 2017, qui a souligné dans son compte-rendu l’importance de l’événement, avec l’entrée en vigueur du Traité à partir du 22 janvier 2021.

Sous l’impulsion de ces actions et de nombreuses autres à venir, nous renforçons l’annonce faite le 2 octobre dernier de la réalisation de la 3ème Marche Mondiale pour la Paix et la Non-violence en 2024.

Le nouveau plan santé environnement (2020-2024) (PNSE4) mis en consultation

Le gouvernement vient de lancer la consultation publique du 26 octobre au 8 décembre sur le quatrième plan santé-environnement, qui se décline en 4 objectifs et 19 actions. Le futur plan dont nous vous présentons les principaux enjeux doit être finalisé pour la fin 2020.

Les français ont de plus en plus d’attentes sur les questions de santé environnement. Ils souhaitent notamment être mieux informés sur les risques qui les entourent. Au nom du principe de précaution, les citoyens souhaitent également que les risques émergents sur leur environnement et sur leur santé puissent être évalués et anticipés.

Par ailleurs, le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19 a renforcé les interrogations sur notre rapport au vivant. Les interactions fortes entre santé humaine, santé animale et santé de l’environnement sont mises en évidence. Ainsi, les comportements humains, par leur impact sur la biodiversité ou le changement climatique, pèsent lourdement dans l’origine des infections virales zoonotiques émergentes. Cette crise a également exacerbé les inégalités territoriales en matière de santé environnement.

Ces enjeux sont au cœur du 4ème Plan national santé environnement (PNSE4), qui a vocation à proposer une approche intégrée « Un monde, une santé » (« One health »).

4 axes structurent le PNSE4

  • Axe 1 : S’informer, se former et informer sur l’état de mon environnement et les bons gestes à adopter
  • Axe 2 : Réduire les expositions environnementales affectant notre santé
  • Axe 3 : Démultiplier les actions concrètes menées par les collectivités dans les territoires
  • Axe 4 : Mieux connaître les expositions et les effets de l’environnement sur la santé des populations
  • Les territoires, acteurs de la Santé Environnement
  • https://territoire-environnement-sante.fr/presentation

Pour découvrir toutes les mesures, rendez-vous sur la plateforme de consultation :

Rétrospective sur les intempéries mortelles des Alpes-Maritimes

L’arrière-pays niçois a été en partie ravagé par des pluies torrentielles au début du mois d’octobre. Un épisode méditerranéen loin d’être isolé, avait été précédé d’épisodes douloureux, le mois précédent dans le Gard.

Les précipitations intenses survenues dans ces 2 cas sont qualifiées d’« épisodes méditerranéens ». Ce sont des phénomènes météorologiques orageux particulièrement violents, propres à la Méditerranée. Selon Météo-France, il s’en produit entre trois et six fois par an, avec une fréquence plus élevée en automne, au moment où la mer est la plus chaude. On parle d’épisode méditerranéen à partir de 200 mm de pluie. « L’équivalent de plusieurs mois de précipitations tombe alors en seulement quelques heures ou quelques jours », précise Météo-France. Dans les Alpes maritimes  il est tombé 500,2 mm de pluie en vingt-quatre heures sur le secteur de Saint-Martin-Vésubie, alors que dans la Gard c’était 500 mm dans un temps record.

Les côtes françaises et italiennes sont habituellement les plus exposées aux épisodes méditerranéens, notamment l’Aude, le Gard, le Var et l’Hérault en France. Ces départements ont connu à plusieurs reprises des inondations dévastatrices. Selon des simulations climatiques régionales, l’intensité des épisodes méditerranéens va augmenter, jusqu’à 20 % localement, à chaque degré de réchauffement. Une étude parue dans la revue Climate Dynamics estiment que l’augmentation en intensité des pluies torrentielles autour de la Méditerranée est « significative » (de l’ordre de 22 %) sur la période allant de 1961 à 2015. Des analyses à une échelle plus fine devraient être disponibles en 2021-2022.

La forte densité humaine amplifie les conséquences des inondations, avec une urbanisation galopante auprès des cours d’eau ou des zones littorales. Au-delà du coût humain des crues les plus violentes, les inondations ont aussi un coût financier non négligeable. De plus, les infrastructures publiques, souvent durement touchées (routes, ponts, bâtiments publics) ne sont pas indemnisées, car l’État est son propre assureur.