Tous les articles par Jacqueline Collard

Des réglementations s’imposent dans le domaine de l’eau et des résidus médiacamenteux

Ci joint le résumé du Plan National sur la thématique « Eau et résidus de médicaments ». De nouvelles réglementations s’imposent d’autant que la France est le 4ème consommateur mondial de médicaments.

Plus de 3 000 médicaments à usage humain et 300 médicaments vétérinaires sont actuellement disponibles sur le marché français. Les substances biologiquement actives contenues dans chaque spécialité pharmaceutique se caractérisent par une grande diversité de structure chimique. Les résidus de médicaments sont excrétés essentiellement dans les selles et les urines sous leur forme initiale ou sous la forme d’un ou plusieurs métabolites actifs ou non puis relargués dans les réseaux d’assainissement, les eaux usées et sur les sols en ce qui concerne la plupart des médicaments vétérinaires.

Antibiotiques, antidépresseurs, bêtabloquants, contraceptifs oraux, autant de substances qui sont rejetées de façon continue dans les milieux aquatiques notamment au niveau des stations (collectives ou autonomes) de traitement des eaux usées et potentiellement des boues d’épandage et des déversoirs d’orage aménagés sur les réseaux d’assainissement.

Les voies d’entrée des médicaments vétérinaires (antibiotiques, hormones, antiparasitaires) dans les écosystèmes aquatiques sont souvent différentes, via les rejets des fermes aquacoles, ou encore la re-mobilisation des résidus de médicaments présents dans les fumiers et lisiers épandus sur les sols agricoles par ruissellement.

Les concentrations dans le milieu récepteur varient selon la biodégradabilité des molécules et les capacités des installations d’assainissement (stations de traitement des eaux usées) à éventuellement les éliminer ou les transformer, sachant que celles-ci sont conçues et dimensionnées pour traiter les paramètres physico-chimiques dits « classiques » (matières en suspension, DBO5, DC0, azote, phosphore).

Depuis plusieurs années, la communauté scientifique, les pouvoirs publics et le public
s’interrogent sur la présence dans les milieux aquatiques (eaux de surface, eaux
souterraines, milieux de transfert, sols) et dans l’eau potable, à l’état de traces, de résidus de médicaments et sur leurs effets sur l’environnement et la santé humaine.

Cette interrogation s’inscrit dans un contexte plus général de préservation de l’environnement et des ressources en eau, notamment contre les micropolluants (substances susceptibles d’avoir une action toxique à faible dose dans un milieu donné : de l’ordre du nano ou du microgramme par litre pour l’eau). Des programmes de recherche ont également été lancés au niveau communautaire sur le sujet (ERAPHARM, KNAPPE, POSEIDON, etc.).

Les réglementations, européenne et française, relatives à la qualité des eaux ne prévoient actuellement pas de surveiller la présence des résidus de médicaments dans les différents compartiments aquatiques ou de fixer des normes de qualité pour ces substances, bien que la présence de certains micropolluants soit réglementée par la fixation de limites de qualité dans les milieux aquatiques ou de valeurs guide dans l’eau potable. Des campagnes de mesures ont toutefois été menées par différents organismes (AFSSA devenue ANSES, agences de l’eau, BRGM, CEMAGREF, DRASS devenues ARS, LERH devenu LHN, programme PIREN-Seine, laboratoires universitaires etc.).

Par ailleurs, dans le cadre de la 3ème révision de la liste des substances prioritaires au titre de la directive cadre sur l’eau, des discussions sont en cours pour ajouter éventuellement certaines substances médicamenteuses (notamment : ibuprofène, diclofénac, 17 alpha éthinyloestradiol, bêta oestradiol).

La commission européenne doit faire des propositions à cet égard dans le courant de l’année 2012.

Pour le complément:

PLAN NATIONAL SUR LES RESIDUSDE MEDICAMENTS DANS LES EAUX

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Corrélation entre pesticides et malformations génitales masculines: nouvelle étude française

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Résumé de l’étude réalisée au CHU de Montpellier dans le service d’Endocrinologie pédiatrique du Pr Sultan

CONTEXTE: Au cours des dernières décennies, une tendance croissante dans les masculins malformations génitales externes  comme la cryptorchidie et l’hypospadias a conduit à la suspicion que les produits chimiques sont nuisibles à l’environnement du développement sexuel du foetus mâle . Plusieurs polluants de l’environnement, notamment les pesticides organochlorés, les polychlorobiphényles, le bisphénol A, phtalates, dioxines et furannes ont une activité oestrogénique et anti-androgènes et sont donc considérés comme des perturbateurs endocriniens (PE).

Depuis la différenciation sexuelle masculine est fortement tributaire de la production normale et de l’action des androgènes pendant la vie fœtale, les PE peuvent être en mesure de modifier cette différenciation sexuelle masculine normale .

OBJECTIF: L’objectif de cette étude était de déterminer l’incidence des malformations génitales externes dans une population  mâles nés à terme dans le sud de la France. Nous avons également réalisé une étude cas-témoins pour identifier les facteurs de risque de malformations génitales mâles externes, avec un accent sur l’exposition professionnelle des parents aux perturbateurs endocriniens.

METHODES: Sur une période de 16 mois, 1615  mâles nés à terme avec un poids de naissance supérieur à 2500 g ont été enregistrés au niveau-1 de la maternité à Montpellier , et le pédiatre à examiné 1442 d’entre eux (89%) pour la cryptorchidie, hypospadias et un micropénis . Pour chaque nouveau-né mâle avec une malformation génitale, nous avons recruté près de deux mâles à terme appariés pour l’âge,

. Tous les parents de l’étude et le contrôle des nouveau-nés ont été interrogés sur les aspects de grossesse, les caractéristiques personnelles, le style de vie et de leur exposition professionnelle à des perturbateurs endocriniens à l’aide d’un questionnaire détaillé.

RÉSULTATS: Nous rapportons 39 cas de malformation génitale (2,70%), avec 18 cas de cryptorchidie (1,25%), 14 d’hypospadias (0,97%), 5 de micropénis (0,35%) et 2 de 46, XY avec des troubles de la différenciation sexuelle (DSD ; 0,14%). Nous avons observé une relation significative entre la cryptorchidie nouveau-né, l’hypospadias ou un micropénis et  des exposition professionnelle parentales aux pesticides [odds ratio (OR) = 4,41; intervalle de confiance 95% (IC 95%), de 1,21 à 16,00].

Ont été regroupés les familles ayant des hommes connaissant des malformations génitales externes (OR = 7,25, IC 95%, de 0,70 à 74,30) et les médicaments pris par les mères pendant la grossesse (OR = 5,87, IC 95%, de 0,93 à 37,00) et ont été associés avec le risque de cryptorchidie, hypospadias et micropénis, bien que l’association ne soit pas  pas statistiquement significative.

CONCLUSIONS: Bien que les causes des malformations des organes génitaux masculins soient multifactorielles, nos données confirment l’hypothèse que la contamination prénatale par les pesticides  peut être un facteur de risque potentiel pour les nouveau-nés connaissant des malformations génitales masculines externes et il devrait donc être systématiquement étudié chez tous les nouveau-né mâles  ayant des problèmes de différenciation.

Gaspari L, Paris F, Jandel C, Kalfa N, Orsini M, Daurès JP, Sultan C.
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Prenatal environmental risk factors for genital malformations in a population of 1442 French male newborns: a nested case-control study.

. Hum Reprod. 2011 Aug 25. [Epub ahead of print] Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique, Service de Pédiatrie 1, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU Montpellier et Université Montpellier 1, 34295 Montpellier, Cedex 5, France.

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Amalgames dentaires, principale exposition au mercure en France ?

Des associations veulent interdire le mercure dentaire

Nous relatons un des articles du quotidien du médecin
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Du 31 octobre au 4 novembre 2011, se tient à Nairobi, au Kenya, la 3ème session du Comité Intergouvernemental de Négociation sur l’usage du mercure dentaire.

Plusieurs associations – Non au mercure dentaire, le Réseau environnement santé (RES), l’Association toxicologie-chimie – ont souhaité alerter le public contre ce qu’elles considèrent constituer « une grave carence sanitaire » en France .

Au niveau mondial, le mercure figure sur la liste C des usages mercuriels à interdire, au grand désarroi du lobby dentaire qui tente de contrer ce projet.

Les amalgames contiennent 50 % de mercure et constituent la principale source d’exposition mercurielle dans les pays développés. En France, « en dépit de nombreuses alertes de scientifiques et d’associations de patients », les dentistes continuent à utiliser ces plombages qui constituent 70 % des obturations de molaires ou prémolaires, soit « plus de 17 tonnes de mercure dans la bouche des Français », a déploré Marie Grosman, de Non au mercure dentaire.

Pour le toxicochimiste, André Picot, le mercure « est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) ». Il souligne qu’en raison de sa toxicité pour les systèmes immunitaire et endocrinien, de même que pour le système nerveux en développement, « il n’existe pas d’exposition sans danger au mercure inorganique » notamment pour les plus fragiles, comme les femmes enceintes et les enfants. André Cicolella, président du RES, dénonce « un nouvel exemple de dysfonctionnement du système de sécurité sanitaire ».

Les associations rappellent la résolution du Conseil de l’Europe de juin 2011 invitant à « la restriction, voire l’interdiction des amalgames comme matériaux d’obturation dentaire » que des pays comme la Norvège, la Suède et le Danemark ont déjà adoptée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport récent (octobre 2011) a appelé à l’utilisation de matériaux alternatifs.

Les associations invitent les autorités françaises à revoir une position qu’elles jugent « incohérente ». En effet, notent-elles, le Plan national santé-environnement (PNSE) prévoit la réduction de l’exposition au mercure de la population de 30 % d’ici à 2013 alors que la France est le « seul pays qui s’est officiellement opposé à l’arrêt des amalgames dans l’Union européenne ».

Les associations soulignent toutefois qu’il n’est pas question d’enlever dans l’urgence tous les amalgames mais de façon « très progressive » et « précautionneuse ».

Les agrocarburants ne seraient pas la solution écologique

 

Alors que la France s’est récemment dotée d’un observatoire des agrocarburants, réaffirmant sa volonté de favoriser leur essor, une nouvelle étude vient confirmer les méfaits de cette filière.

Réalisée par l’IFPRI (1) à la demande de la Commission européenne, celle-ci confirme les impacts néfastes de la demande croissante en agrocarburants, dont le déplacement, majoritairement au Sud, des productions destinées à l’alimentation. Outre l’accaparement des terres, la concurrence alimentaire et les dommages environnementaux, ce besoin croissant en terres génère d’importantes émissions de CO2, qui rendent caduc l’argument écologique à l’origine du concept des agrocarburants.

Aussi, comme le note l’organisation des Amis de la Terre, si l’objectif d’incorporation d’agrocarburants dans les transports, fixé par la directive « Energies renouvelables » de 2008, n’est pas révisé, les agrocarburants pourraient se révéler plus néfastes pour le climat que les énergies fossiles qu’ils sont censés remplacer.

Selon Sylvain Angerand, membre de l’ONG, la Commission a reconnu que sa politique en matière d’agrocarburants répondait plus à la nécessité de « sécuriser les besoins en mobilité future » qu’à un moyen de lutte contre les changements climatiques.

Destinée à servir de base aux propositions législatives de la Commission, l’étude de l’IFPRI corrobore les conclusions de la réunion du Conseil sur la Sécurité alimentaire mondiale, tenue à Rome à la mi-octobre.

Le comité d’experts a, en effet, appelé à l’abandon des objectifs d’incorporation d’agrocarburants, au nom de la sécurité alimentaire des pays du Sud.

1- Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires

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Nouveau rapport sur le lien entre pesticides et tumeurs (RNV3P)

Mi-septembre, les premiers résultats de l’étude Agrican (AGRiculture et CANcer) (1) concluaient que les agriculteurs présentent un meilleur état de santé que le reste de la population.

S’opposant à toute déduction hâtive, les ONGs avaient contesté l’interprétation de ces résultats qui occultent un certain nombre d’informations. D’une part, il y a beaucoup moins de fumeurs chez les agriculteurs que dans le reste de la population, le tabagisme étant considéré comme un facteur risque important de cancers. En outre, ils ont un style de vie bien moins sédentaire et bénéficient d’une meilleure prise en charge des pathologies. Enfin, l’étude Agrican a observé un taux supérieur de décès par mélanome malin de la peau au sein du secteur agricole.

Le 4 octobre dernier, le Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles (rnv3p) (2) a publié un rapport scientifique, établissant un lien entre la présence importante de tumeurs et l’exposition aux pesticides dans la profession agricole.

Selon les auteurs du rapport, dans le secteur agriculture et pêche, les tumeurs représentent 12 % des pathologies en relation avec le travail, dont 64 % sont associés à une exposition professionnelle aux pesticides. De même, il est fait mention de phénomènes émergents tels que des cas de lymphomes et de leucémies en milieu agricole.

En ce sens, le rapport du rnv3p fait écho à une étude réalisée début septembre par l’Observatoire Régional de Santé de Poitou Charente. Celle-ci soulignait, en effet, une « surmortalité significative » des adultes par lymphomes dans certains territoires agricoles.

Pour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, ces nouveaux éléments appuient les nombreuses preuves collectées jusqu’à aujourd’hui sur les risques sanitaires liés à l’exposition aux pesticides. Le doute raisonnable n’est désormais plus permis, et doit céder le pas au principe de précaution et à la prise de mesures strictes de réduction de l’usage de ces substances toxiques.

1- Lancée fin 2005 par la Mutuelle Sociale Agricole (MSA), l’étude Agrican étudie le lien entre cancers et activités agricoles.
2- En 2001, les 32 Centres de Consultation de Pathologie Professionnelle (CCPP) ont mis en place un réseau d’experts médicaux, baptisé Réseau National de Vigilance et de Prévention des Pathologies Professionnelles (rnv3p). Ce dernier a vocation à identifier les principaux risques professionnels et les maladies professionnelles émergentes, et travailler à la prévention de ces pathologies.