Tous les articles par Jacqueline Collard

Vers une explication des « effets cocktails »

Nature Communications vient de publier une étude in vivo de chercheurs de l’INSERM et du CNRS, élucidant le mécanisme d’un « effet cocktail », celui d’activation d’un processus de détoxification de l’organisme (récepteur des xénobiotiques PXR) en présence d’un pesticide organochloré (trans-nonachlor) et d’un principe actif des pilules contraceptives (éthinylestradiol).

Le principe des effets cocktails réside dans le fait que deux molécules, prises isolément dans des quantités données, peuvent être inactives sur l’organisme alors qu’elles auront un effet qi elles sont prises simultanément, et ce, pour les mêmes quantités. Ce phénomène est connu de longue date en sciences naturelles, particulièrement dans le cas des perturbateurs endocriniens, sans que les mécanismes en jeux n’aient été identifiés clairement. Il pose un problème dans les études précédant l’autorisation de commercialisation des molécules chimiques puisque, à défaut de connaître le mécanisme, il n’est à ce jour pas pris en compte et chaque molécule était étudiée isolément.

L’expérience menée par les chercheurs montre que les deux molécules associées forment un complexe dont l’affinité pour le récepteur testé est très supérieure à celle de chaque molécule prise isolément. Pour suivre le cours normal de la recherche, l’expérience doit à présent être validée in vivo, c’est à dire non plus sur des cellules en culture mais sur des animaux de laboratoire. C’est seulement après confirmation de l’hypothèse suite à cette étape que l’on pourra attendre des retombées effectives dans le domaine de l’évaluation des risques liés à l’utilisation des produits chimiques.

William Bourguet, chercheur du Centre de biochimie structurale de l’université de Montpellier (CNRS/Inserm) et co-auteur de cette étude rappelle par ailleurs que « le travail est colossal puisqu’il existe dans notre environnement quelque 150.000 composés dont l’action combinée pourrait avoir des effets inattendus sur la santé humaine au regard de leur innocuité reconnue ou supposée en tant que substances isolées. »

Plus d’informations sur :

http://www.nature.com/ncomms/2015/150903/ncomms9089/full/ncomms9089.html

http://presse-inserm.fr/les-dessous-de-leffet-cocktail-des-perturbateurs-endocriniens-reveles/20453/

Mauvaise gestion des déchets électroniques en Europe

Le rapport « Contrer le commerce illégal des Déchets d’équipements Électriques et Électroniques (DEEE) », coordonné par Interpol et publié le 30 août met en évidence l’importance des dysfonctionnements dans le domaine du recyclage des DEEE. En effet, en 2012, seulement 35% des représentants de ce type de déchets ont rejoint les filières de collecte et de recyclage homologuées. Parmi les 65% restant, une partie rejoint des filières illégales: la présence de matériaux rares et couteux dans les appareils électroniques, comme l’or (10% des réserves mondiales de ce métal qui sont utilisées dans la production d’appareils électroniques) attirant les convoitises. Au total, la valeur des produits électroniques européens qui sont traités ou vendus au noir est estimée à entre 800 millions d’euros et 1,7 milliard d’euros.

En dehors de l’aspect économique, ce phénomène pose également un vrai problème de pollution puisque certains appareils électroniques, notamment les réfrigérateurs, sont composés de multiples produits toxiques pour l’environnement comme pour la santé humaine : cadmium, mercure, …

Selon le rapport, cette mauvaise gestion a également une répercussion non négligeable sur le climat puisqu’elle équivaudrait, pour l’Europe seule, aux émissions de CO2 de 5 000 000 de voitures.

Plus d’informations sur : www.cwitproject.eu

Reconnaissance juridique d’un cas d’électrohypersensibilité

C’est une décision historique puisque pour la première fois le handicap lié à l’électrohypersensibilité a été reconnu par la Justice française, jugement transmis par Robin des Toits. Après expertise médicale, le syndrome qui obligeait la patiente à vivre recluse a été considéré comme bien réel, avec une « description des signes cliniques (…) irréfutables ». Le handicap a été estimé équivaloir à une « déficience fonctionnelle de 85% », ouvrant droit à une allocation « adulte handicapé ».

th-5

S’il y a un précédent en terme d’aide financière pour cause d’hyperélectrosensibilité, c’est tout de même une nouvelle page qui s’ouvre puisque le précédent relevait d’un « accord à l’amiable » avec la Maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne.

Etienne Cendrier de Robin des Toits, pour qui « souvent la justice est plus humaine que les politiques qui protègent les industriels » espère que le jugement de Toulouse fasse jurisprudence.

Plus d’informations sur :  www.robindestoits.org

 

Un mois de juillet très chaud à l’échelle mondiale

D’après la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration, l’agence météorologique américaine) et l’Agence météorologique japonaise, ce fut le mois le plus chaud, tous mois confondus, à l’échelle mondiale depuis qu’existent les mesures et les sept premiers mois de l’années ont été également les plus chauds jamais enregistrés, . En France, c’est le troisième plus chaud après 2006 et 1983.

De nombreux records de chaleur ont été ainsi pulvérisés le jeudi de l’Ascension en Espagne, jusqu’à 45°C le 14 mai ! C’est elle qui a fait que l’on a battu des records de chaleur en altitude. Les mesures de référence à 1500 m ont atteint des niveaux inédits. Le fait d’avoir des masses d’air chaud « de plus en plus chaud » est cohérent avec le réchauffement global.

D’un point de vue global, il y a un événement El Niño très fort actuellement. Ce phénomène climatique se caractérise par des eaux plus chaudes dans le Pacifique qui relarguent de la chaleur dans l’atmosphère. Il s’accompagne de conditions très sèches en Australie, de typhons très intenses sur le Pacifique et de pluies plus fortes en Californie, et sur la côte ouest de l’Amérique du Sud. Par ailleurs, toujours à l’échelle mondiale, la température moyenne a tendance à être anormalement élevée pendant les années concernées par ces épisodes. Enfin, cela se produit alors que nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique.

A nous de jouer SERA

.El Niño pourrait se renforcer, et 2015 a de grandes chances d’être l’année la plus chaude jamais enregistrée. En Europe, les fortes températures de juillet n’ont aucune raison d’impacter celles des mois suivants

De la radioactivité dans les Alpes 30 ans après Tchernobyl

La CRIIRAD (Comission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADioactivité) a procédé début juillet à un échantillonnage de divers sites du Mercantour dans les Alpes, faisant suite à une première campagne de mesure après la catastrophe de Tchernobyl, durant laquelle elle avait détecté des seuils de radioactivité élevés. Elle avait d’ailleurs demandé à l’époque (dans les années 98-99) aux autorités de baliser les zones les plus à risque du parc naturel afin d’éviter des expositions dangereuses et inutiles aux campeurs notamment. Recommandation restée lettre morte.

À la veille du trentième anniversaire de la catastrophe, si le danger lié à l’iode n’est plus d’actualité dans la mesure où sa demie-vie (c’est à dire le temps nécessaire à la désintégration de la moitié des molécules radioactive est de 8 jours), celle du césium 137 en revanche est de 30 ans, date qui sera atteinte le 26 avril prochain. C’est dans ce contexte que le directeur de la CRIIRAD a prélevé les sols repérés comme contaminés dans le Mercantour. Après analyse, lesdits échantillons  dépassant 100 000 Bq/kg en césium 137 (contre les 0 Bq/kg pour le même isotope au début du siècle dernier), ils entrent dans la définition de « déchets radioactifs »  et devront être confies à l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs).

La CRIIRAD appelle une nouvelle fois à la prudence puisque aucune balise pour signaler les lieux dangereux n’a été mise en place alors que « le fait de bivouaquer 2 heures sur certaines de ces zones induit toujours en 2015 une exposition non négligeable (débit de dose de 5 μSv/h au contact du sol).

Plus d’informations sur :

criirad.org/Fance / impact de TCHERNOBYL 29 ans après