Tous les articles par Jacqueline Collard

Le 5 mars devient le jour du dérèglement engageant notre dette climatique

Lors de la Cop 21 l’Europe s’est engagée à la neutralité carbone en 2050: or nous sommes loin des prospectives fixées: en 2 mois La France a déjà produit  450 millions de tonnes équivalent CO2 pour 2020 , alors que le pays a fixé un plafond annuel de 80 millions pour atteindre les objectifs 2050 soit 5 fois plus.

C’est  le calcul réalisé par le cabinet de conseil Carbone 4 pour les quatre associations de l’« affaire du siècle » (Notre affaire à tous, Greenpeace France, Oxfam France et la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme), qui ont engagé un recours juridique contre l’Etat pour inaction climatique: ce constat ne peut que nous interroger sur une insuffisance notoire de notre pays face à ce changement climatique aujourd’hui incontesté. Pour parvenir à ce résultat, Carbone 4 s’est appuyé sur les chiffres contenus dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), l’outil de pilotage de la politique climatique du pays.

Il y avait déjà le jour du dépassement, la date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an – le 29 juillet en 2019. Il y a désormais le jour du dérèglement : jeudi 5 mars, en à peine plus de deux mois, la France aura émis tous les gaz à effet de serre qu’elle pourrait rejeter en une année si elle respectait aujourd’hui l’objectif de neutralité carbone qu’elle s’est fixé pour 2050.

50 ans aprés la catastrophe de Minamata au Japon

En 1956, les habitants de la baie japonaise de Minamata déclarent les symptômes d’une étrange maladie neurologique. Rapidement, les rejets de mercure émanant d’une usine sont incriminés.  Les signes cliniques de cette maladie sont principalement neurologiques : ataxie (trouble de la coordination des mouvements), difficultés d’élocution, troubles visuels et auditifs, convulsions, voire coma convulsif pouvant mener à la mort. Ce syndrome a été qualifié d’hydrargyrisme, c’est-à-dire d’une intoxication au mercure.

De 1956 à 1968, l’usine pétrochimique de la société japonaise Shin Nippon Chisso évacue dans la mer des déchets de production contenant des métaux lourds et notamment du mercure. Pendant 12 ans, les habitants et les animaux de la baie les consomment et déclarent des troubles neurologiques encore jamais observés à cette échelle. Au début des années 2000, le gouvernement japonais annonce ainsi que sur les 2265 victimes de cette intoxication, 1784 auraient trouvé la mort. Les conséquences humaines, économiques et sociales de ce drame sont telles qu’une Convention de Minamata visant à réduire les émissions mondiales de mercure est adoptée à Genève en janvier 2013.

Année après année, décennie après décennie, des scientifiques du monde entier continuent d’étudier cet empoisonnement de masse et d’en préciser les mécanismes. Le 13 février 2020, une équipe internationale de chercheurs canadiens, américains, anglais et japonais annonce par communiqué avoir peut-être identifié l’espèce de mercure qui aurait contaminé les habitants de la baie de Minamata et qui faisait encore polémique. Leurs résultats sont détaillés dans un article publié par le journal Environnemental Science and Technology. 

Mais sous quelle forme la population a-t-elle consommé ce métal lourd ? Début 2020, des chercheurs identifient un nouveau composé potentiellement responsable de la catastrophe.Le tableau clinique  suggère une atteinte cérébrale et en particulier celle du cervelet  qui serait  liée à une propriété chimique importante de l’espèce de mercure incriminée : sa lipophilie, c’est-à-dire sa capacité à se dissoudre dans l’huile. C’est cette propriété qui lui confère la capacité de passer les barrières de l’organisme telles que la barrière placentaire (qui protège le fœtus) ou la barrière hémato-encéphalique (qui protège le système nerveux central) puis à s’accumuler dans les tissus riches en graisses tels que le tissu nerveux qui compose l’encéphale.

Cette  tragédie de la baie de Minamata a permis à l’Humanité de reconnaître les risques liés à l’utilisation industrielle de métaux lourds, et donc  l’autorise également à mieux comprendre ces risques et à faire en sorte que ces risques ne soient pas reproduits.

Les Suisses se positionnent face au déploiement , 4G et 5G

À l’instar du canton de Neuchâtel, Genève a également demandé jeudi soir un moratoire sur le déploiement de la 5G millimétrique en Suisse. Exerçant son droit d’initiative cantonal, le Grand Conseil a adopté jeudi soir en urgence une résolution dans ce sens par 56 oui et 36 non.

Le canton du Jura veut rétablir le moratoire sur le déploiement de la 5G. Face aux incertitudes de cette technologie sur la santé, le Parlement a décidé jeudi d’appliquer le principe de précaution, rejoignant ainsi la position de plusieurs autres cantons romands.

Le canton de Genève instaure lui, un moratoire de trois ans sur la 4G et la 5G. La modification de la loi sur les constructions et les installations diverses prévoit que toute nouvelle installation sera soumise à autorisation pendant cette période.

Cette modification a été acceptée jeudi soir par 60 oui, 35 non (PLR) et une abstention, sans avoir été étudiée en commission malgré trois demandes dans ce sens. Le conseiller d’État Antonio Hodgers, en charge du Département du territoire, a pourtant relevé la confusion qui existe entre la 4G , la 5G ainsi que la 5G millimétrique, qui n’est pas encore déployée en Suisse.

Le moratoire adopté jeudi soir vise, lui aussi, à répondre à l’inquiétude croissante de la population, a indiqué en préambule le député Vert Jean Rossiaud, premier signataire du projet de loi. «Le principe de précaution prévaut au vu de l’absence d’études indépendantes sur les effets de cette technologie sur la santé et la biodiversité», a-t-il fait valoir.

 

Des chimistes mettent l’accent sur le manque de vigilance et sur la toxicité des molécules mises sur le marché

Quatre chimistes issus de quatre continents ont publié le 22 janvier 2020 un type d’inventaire qu’on n’avait pas mis à jour depuis une vingtaine d’années : dans le journal Environmental Science and Technology, ils proposent un registre de tous les composés chimiques extraits, synthétisés, utilisés ou commercialisés par les industries du monde entier.

Le nouvel inventaire élaboré en 2020 comporte, lui, plus de 350.000 composés ( le précédent en comptabilisait 100 000 environ),recensés à partir de 22 registres différents disponibles dans 19 pays et régions du monde tels que l’Amérique du Nord et l’Union européenne, mais également la Russie, la Turquie, l’Amérique centrale, l’Océanie, l’Asie du Sud-Est et extrême orientale, etc. « C’est que l’industrie a radicalement changé depuis la publication du dernier registre« , indiquent les auteurs du nouvel inventaire par communiqué.

Sur les 350.000 produits recensés dans la nouvelle liste, 70.000 sont décrits de façon inadéquate au sein des registres sources. Cela concerne en particulier les mélanges de substances ainsi que les polymères (longues molécules composées d’un enchaînement d’unités identiques appelées monomères), détaillent les auteurs. Et, environ 50.000 concernent par ailleurs des produits chimiques dont les identités sont considérées comme des informations commerciales confidentielles non accessibles au public, indiquent les auteurs de l’inventaire. « Seuls les fabricants savent ce que sont ces molécules et à quel point elles sont dangereuses ou toxiques« , ajoute Zhanyun Wang, l’un des auteurs de la liste exerçant à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), en Suisse.

Et si d’après des travaux antérieurs à cette publication, 3% de toutes les substances chimiques commercialisées ou en circulation dans le monde pourraient s’avérer préoccupantes pour la santé humaine et l’environnement : appliqué à un inventaire de 350.000 composés, ce pourcentage pousse à attendre l’identification de 6000 nouvelles substances « potentiellement problématiques », indiquent ils.

Toward a Global Understanding of Chemical Pollution: A First Comprehensive Analysis of National and Regional Chemical Inventories   :

  • Zhanyun Wang*S1  Supporting InformationToward a Global Understanding of Chemical Pollution:
    A First Comprehensive Analysis of National and Regional Chemical Inventories
  • Chair of Ecological Syste ms Design, Institute of Environmental Engineering, ETH Zürich, 8093 Zürich,
    Switzerland, ORCID: 0000 -0001- 9914- 7659

 

Défaut d’enregistrement de nanoproduits souligne l’ECHA

l’Agence européenne des produits chimiques (Echa)s’alarme et dénonce« Les entreprises doivent fournir plus de données sur les substances sous forme nanométrique.

Alors que des notifications obligatoires des ingrédients sous forme de nanomatériaux dans le cadre du Règlement Cosmétiques 1223/2009,ont été intégrés depuis lors, la Commission européenne avait  demander au CSSC d’évaluer la sécurité de deux substances, non répertoriées dans le CosIng en tant que nanos.  Plus d’un an après l’adoption de la révision du règlement Reach, qui exigeait des industriels qu’ils déclarent les nanomatériaux qu’ils utilisent auprès de l’agence, l’Echa n’a pu enregistrer que 36 substances. Un résultat pour le moins décevant : selon ses estimations, l’Agence aurait dû en enregistrer environ 300.

Les deux tiers  ne respectent pas la législation européenne en matière de sécurité. Alors que tous les nanomatériaux produits en Europe devront dès 2020 être enregistrés dans le dispositif Reach, le Conseil européen de l’industrie chimique  (Cefic)demande des délais de mise en œuvre de la réglementation et plaide pour des assouplissements. « Le Cefic a toujours été contre la création d’un nouveau registre sur les nanomatériaux, rappelle Aïda Ponce, juriste et chercheuse à l’Institut syndical européen (Etui). Il se contente de répéter les arguments qu’il a donnés à la table des négociations pendant huit ans, et ce, bien que les nouvelles règles aient été entérinées fin 2018 sont entrés en vigueur au 1er janvier 2020 »

https://www.sante-et-travail.fr/nanomateriaux-industriels-font-resistance