Tous les articles par Jacqueline Collard

Notre rapport au danger doit changer

Nous sommes désormais à l’ère de la mondialisation du risque. La propagation du coronavirus n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’emprise du monde des hommes et du caractère hyperconnecté de nos sociétés contemporaines : la mondialisation des échanges internationaux, la circulation des flux de marchandises, le  tourisme, les migrations, sont les fruits de l’environnement de notre quotidien… La menace est consubstantielle à notre mode de vie et il n’y a plus possibilité d’exclure aucun danger, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne . En bref, le risque est devenu aujourd’hui le produit de  notre mode de vie.

A vrai dire, si les sociétés actuelles sont marquées par l’apparition de risques inédits (on parle  de « risques majeurs ), cela ne signifie pas qu’elles sont plus dangereuses : c’est, en premier lieu, notre rapport au danger qui a changé et à certains égards, notre rapport au monde et la connaissance de celui-ci. Nous sommes habitués à vivre avec le danger, mais sans prise de conscience de celui ci et quand il est présent nous sommes désemparés.

L’une des raisons de cette situation est que notre organisation sociale ne prévoit pas de mode de fonctionnement dégradé : le seul vecteur de circulation de l’argent dans le corps social est l’activité économique instantanée, tout ralentissement de la croissance a des conséquences délétères sur les situations des personnes physiques comme des personnes morales. La crise sanitaire que nous vivons en est le témoin :  à  force de subir des restrictions budgétaires, l’hôpital est aujourd’hui aux abois (les gréves des hospitaliers durant cette dernière année n’ont  pas été entendues et ont été sans effets) , ainsi abordent ils la crise du coronavirus dans des conditions extrêmement difficiles et on ne peut qu’admirer leur capacité à travailler dans une telle situation, mais il sera nécessaire d’en tirer des leçons .

Le mode de gestion des forêts doit être revu : l’agroforesterie pourrait y contribuer

 En cette année internationale de la santé des végétaux, l’ANSES  s’inquiète de l’augmentation du nombre de pathogènes en France. Ces émergences constituent une menace importante pour la santé des végétaux et des forêts françaises:  La situation est de plus en plus préoccupante », estime Roger Genet, directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

La fréquence des sècheresses, les feux de forêts , les changements climatiques entrainant des éléments extrêmes, nécessitent une adaptation de nos ressources forestières, face à une dégradation  largement visible par les forestiers, et à l’heure où l’agroforesterie commence à être reconnue: parions sur  cet accompagnement qui mériterait plus de reconnaissance

https://www.anses.fr/fr/system/files/LAnsesauSIA2020.pdf

 

Atténuer l’épidémie: le but ultime

Il y aura au moins deux semaines de confinement collectif en France en raison de l’épidémie de coronavirus, a estimé mardi le ministre de la Santé. « On est parti sur au moins deux semaines de confinement collectif (…) On sait que deux semaines, c’est une période nécessaire pour bloquer la circulation du virus », a déclaré Olivier Véran . Cette épidémie est cependant  une maladie  bénigne dans 81% des cas, et  les cas graves se portent sur des patients en déficience immunitaire du fait de multi-pathologies, de sensibilité accrue ou d’ages avancés .

Etant donné la capacité des virus à muter, le nouvel horizon des autorités de santé n’est plus de les faire disparaître purement et simplement, mais de limiter leurs effets par le contrôle, explique l’historien Patrice Bourdelais dans une tribune au « Monde ».

Autrement dit, ralentir le rythme des nouvelles contaminations de façon à étaler dans le temps le nombre de cas nécessitant une hospitalisation.Tel est l’objectif des dispositifs mis en place en France: Il montre qu’en l’absence de mesures de protection ou de confinement, le nombre de cas augmente rapidement et surpasse les capacités de prise en charge des patients sévèrement atteints à l’hôpital . L’enjeu étant bien de ralentir la dynamique de l’épidémie afin de protéger les systèmes de santé de la surcharge. Les mesures individuelles ou collectives permettent de retarder le pic épidémique pour étaler dans le temps le nombre de cas d’infection. L’épidémie n’est pas empêchée, mais suffisamment ralentie pour permettre aux hôpitaux de s’occuper correctement des malades.

Mais  surtout le nombre de décès est étroitement lié à la qualité des soins qui sont apportés aux cas les plus graves. Plus un hôpital est débordé, plus le risque est important. L’exemple de l’Italie (plus de 9000 cas pour 500 décès) est le plus frappant à cette heure : certains services de soins intensifs dans le nord du pays manquent ainsi d’appareils de ventilation artificielle, indispensables aux cas les plus sévèrement touchés.

Le stress impacte nos capacités immunitaires

En cette période de crise sanitaire, mieux vaut éviter de trop stresser ! Telle est la conclusion que l’on peut tirer d’une étude publiée dans le Journal of experimental medicine par l’équipe de Sophie Ugolini, directrice de recherche au centre d’immunologie de Marseille-Luminy (Inserm, CNRS, Aix Marseille Université). Cette étude expérimentale révèle en effet, pour la première fois, comment le stress agit sur la réponse immunitaire dirigée contre les virus.

Selon elle “Un stress psychologique entraîne l’activation de l’hypothalamus dans le cerveau, explique -t-elle , puis s’ensuit une cascade d’événements qui activent le système nerveux dit sympathique.” Ce système nerveux sympathique induit la production d’hormones de “stress” telles que les catécholamines (adrénaline et la noradrénaline), qui circulent alors dans le sang pour déclencher différentes réactions physiologiques de riposte au niveau des tissus et organes (augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire, de la contraction musculaire, de la consommation énergétique, etc).

Par le biais du cerveau, de l’activation du système nerveux autonome (qui contrôle de nombreuses fonctions de l’organisme en dehors de notre volonté) et de sécrétions hormonales de type adrénaline et cortisol, le stress est une réponse physiologique de notre organisme à des éléments extérieurs qui viennent perturber son équilibre. Ce qui veut dire que  l’adrénaline chez nous, peut nous sauver du danger immédiat mais pourrait aussi nous affaiblir face à des stress à long terme.

Le stress réduit ainsi la réponse immunitaire aux maladies infectieuses. Pour la première fois, une étude d’un laboratoire marseillais explique le mécanisme moléculaire du phénomène.

https://rupress.org/jem/article/doi/10.1084/jem.20190554/133716/%CE%B22adrenergic-signals-downregulate-the-innate

La communauté scientifique s’inquiète du projet de loi sur la recherche

La prochaine loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) inquiète la communauté scientifique, qui y voit une menace majeure pour les métiers de la recherche.

Selon eux, celle-ci contribue à aggraver la crise écologique, et non à la réduire.

Le Ministère annonce dés 2019 que la France grande nation de recherche est  reconnue à l’échelle internationale. Toutefois, dans un contexte compétition mondiale, le Gouvernement a souhaité inscrire l’effort de soutien à la recherche dans le cadre pluriannuel d’une loi de programmation. Pour ce faire le Premier ministre a demandé à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qu’un travail soit engagé pour la mise en place d’une loi d’orientation et de programmation pluriannuelle de la recherche.

Cependant alors que nous voyons s’accélérer l’artificialisation des sols, l’épuisement des ressources, le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et des écosystèmes, les scientifiques nous documente, nous alimentent à travers leurs diverses disciplines, les causes et l’étendue – croissante, des dégâts constatés partout sur la planète.Ils appellent au contraire à clarifier le rôle de la recherche face à cette destruction généralisée de celle ci , pour la mettre au service d’alternatives écologiques et démocratiques. Or  depuis quinze ans, les postes à l’université ont énormément diminué, les étudiants sont de plus en plus nombreux et pourtant la recherche devrait rester une activité vitale pour l’avenir du pays.

Toujours plus d’évaluation, toujours plus de financement sur projets, toujours plus de hiérarchisation et de différenciation, et pour cela la possibilité d’imposer plus de 192h annuelles aux enseignants-chercheurs et la fin du paiement des heures supplémentaires, telles sont les propositions centrales formulées dans les 3 rapports officiellement commandés par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation pour préparer la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (la LPPR). L’assemblée s’alarme de certains éléments évoqués dans les rapports préalables au futur projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche: si elles devaient obtenir force de loi, ces dispositions équivaudraient à une remise en cause du statut d’enseignant-chercheur,  ainsi de la conception même de ce que doit être l’université française : le savoir qui y est enseigné est enrichi par les recherches et par la spécialisation des enseignant·e·s dans un ou plusieurs champs de recherche.