Tous les articles par Jacqueline Collard

Le PNSE 4 met l’accent sur la nécessaire formation de soignants en santé environnement

Déjà objectivée dans le précédent PNSE3 et la 2ème stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, la formation des professionnels de santé aux risques et enjeux environnementaux est une action de santé publique prioritaire. « Mieux former et sensibiliser tous les professionnels de santé médicaux et paramédicaux » fait partie des 19 actions qui articulent le PNSE4 (4ème Plan national de santé environnementale) publié le 22 octobre dernier.

Le PNSE4 porte l’ambition de permettre à chacun de nos concitoyens d’être acteur de son environnement et de sa santé, c’est-à-dire de mieux comprendre et mieux connaître les risques auxquels il est exposé afin de mieux agir au quotidien, par des actions concrètes et immédiates, pour réduire son exposition.

Ce plan sera construit autour de 4 axes :

  • Mieux connaître les expositions et les effets de l’environnement sur la santé des populations,
  • Informer, communiquer et former les professionnels et les citoyens,
  • Réduire les expositions environnementales affectant notre santé,
  • Démultiplier les actions concrètes menées dans les territoires.

Quelques points saillants :

L’environnement est un déterminant majeur de santé.

Dans un contexte écologique et sanitaire complexe, une approche systémique et interprofessionnelle est indispensable

Être formé pour sensibiliser et prévenir

Savoir pour pouvoir

Être formé pour maitriser le risque environnemental

Former à tous les niveaux (référentiel socle)

Un objectif : « Prévenir et agir plutôt que guérir et subir »

 

Le PNSE4 fait l’objet d’une consultation publique du 26 octobre au 9 décembre 2020.

Pour y contribuer, rendez-vous sur : http://www.consultation-plan-santeenvironnement.developpement-durable.gouv.fr

Un rapport de l’association Heal montre les effets des plastiques sur notre santé

La production et l’utilisation des plastiques sont à l’origine d’une pollution sans précédent de notre environnement.L’association Heal fait le point.

Bien que l’impact désastreux du plastique sur l’environnement ait fait l’objet d’un large débat, le lien entre les substances chimiques synthétiques utilisées dans les plastiques et leurs effets sur notre santé est une perspective moins souvent explorée. Les substances toxiques sont à la base de la production et du traitement des matières plastiques et elles représentent un obstacle essentiel à la transition durable dont le monde a besoin de toute urgence [1].

Le problème des plastiques est celui de la sécurité chimique.
Bien que la plupart d’entre nous ne considèrent les plastiques que sous leur forme finale comme des produits de consommation, des emballages ou d’autres articles utiles, tous les plastiques sont faits de mélanges complexes de substances chimiques. Ce sont les propriétés de ces substances chimiques – et en particulier les « additifs », qui ne sont généralement pas liés au matériau plastique lui-même – qui posent des problèmes de santé.

Bon nombre des familles de substances chimiques les plus importantes et les plus dangereuses – y compris les métaux lourds, les retardateurs de flamme, les phtalates, les bisphénols et les composés fluorés – sont directement associés à la production de matières plastiques. Les plastiques représentent un ensemble extrêmement diversifié de composés, depuis les revêtements et les résines utilisés dans la construction et l’industrie jusqu’aux textiles synthétiques qui composent nos vêtements ou aux granulés de caoutchouc recyclés à partir de pneus qui finissent sur les terrains de football sur lesquels les enfants jouent. Nous ingérons ou inhalons ces substances quotidiennement, et nombre d’entre elles ont de graves répercussions sur notre santé.
Cette publication élargit le débat sur la pollution par les plastiques pour inclure les effets au niveau moléculaire des substances chimiques associées aux plastiques sur la santé, et s’éloigne de la discussion axée sur les matériaux sur les impacts des plastiques sur l’environnement.

PLASTIQUE: INVERSER LA TENDANCE : LES PRODUITS CHIMIQUES EN PLASTIQUE QUI METTENT NOTRE SANTÉ EN DANGER – Health and Environment Alliance, 2020

Le soleil se fait plus rare, l’hiver approche n’oubliez pas l’apport en vitamine D

La vitamine  D, connue pour prévenir: l’ostéoporose en combinaison avec le calcium, certains types de cancers,  a pour objet essentiel de stimuler l’immunité, or, il est difficile à trouver dans l’alimentation sauf dans l’huile de foie de morue essentiellement. Notre corps la synthétise grâce aux rayons ultraviolets du soleil, encore faut-il  ne pas rester trop éloignés de ces rayons, mais alors s’exposer   les mains, les avant-bras et le visage  est déjà un bon principe. En temps normal, 8 Français sur 10 manquent de vitamine D.

L’idéal est de déterminer précisément quel est votre taux de vitamine D. Votre médecin vous prescrira une  mesure de  votre taux sérique (taux dans le sérum sanguin, le sérum étant le liquide de votre sang, dans lequel baignent vos globules).

L’OMS en 2017 mettait l’accent sur une supplémentation de vitamine D en hiver soulignant l’intérêt de ces prises en accord avec votre médecin, pour se protéger des infections respiratoires et cette année on ne peut que répéter ces préconisations, face à l’épidémie que nous vivons.

En particulier, les personnes de plus de 70 ans synthétisent 4 fois moins de vitamine D qu’une personne jeune, à exposition comparable, à cause du vieillissement de la peau. Une personne âgée sortant peu sera presque automatiquement carencée.

On peut donc à nouveau relayer cette recommandation renforcée il y a quelques jours (le 27 octobre 2020) par la publication d’une étude faite en Espagne sur 230 patients hospitalisés. Cette étude montre que 80 % d’entre eux sont carencés en vitamine D, contre 47 % de la population générale. Publiée dans le Journal of clinical endocrynology and metabolism, cette étude constate à nouveau l’existence d’un point commun chez des patients atteints d’une forme grave de Covid-19 : un manque de vitamine . La vitamine D joue en effet un rôle crucial pour réguler le système immunitaire.

Les dégats intergénérationnels du distilbéne clarifiés par l’équipe montpelliéraine du Pr Sultan

Le distilbène ou DES, a été largement (pour 200 000 femmes  enceintes) prescrit, des années 1948 aux années 1977 en vue d’éviter des fausses couches et des hémorragies. Ajoutons que le DES a été interdit aux USA dés 1971. Il le fut en 1977 en France. Or depuis lors, les constats  nombreux de problèmes gynécologiques majoritairement sur ces femmes et leur descendance ont fait l’objet de nombreuses études. On comptabiliserait en effet de l’ordre de 160 000 cas recensés, en France.

Depuis 1953, le Distilbène est soupçonné de toxicité et agirait en tant que perturbateur endocrinien, avec toutes les conséquences sur la santé que cela implique. Une étude épidémiologique portant sur les effets transgénérationnels du Distilbène montre que les petits-enfants des femmes traitées avec cette hormone de synthèse, prescrite pour prévenir les fausses couches, sont 40 à 50 fois plus exposés au risque de malformations génitales. Le DES est « un modèle d’action des perturbateurs endocriniens » chez l’animal et chez l’homme, a rappelé le Pr. Sultan pédiatre endocrinologue. Ces substances chimiques peuvent interférer avec le fonctionnement des hormones. Or, a-t-il souligné, ces effets transgénérationnels ont été rapportés, chez l’animal, pour toutes les classes de perturbateurs endocriniens – dont les pesticides et le Bisphénol A (composé chimique controversé utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires).

En 2011 déjà, le Pr Sultan avait publié dans la revue de la Société américaine de la reproduction une étude faisant le lien entre la prise de DES et l’augmentation considérable (jusqu’à 40%) des malformations congénitales sur les petits garçons de la 2ème et 3ème génération.

Une nouvelle étude du Réseau DES France (association qui soutient les victimes de ce médicament) financée par l’Agence de santé et du médicament (ANSM) et relayée en exclusivité par le Parisien dans un article du 30 janvier 2020, a été menée sur 753 petites-filles de patientes auxquelles a été prescrit le Distilbène. Parmi ces « petites-filles », trois d’entre elles seraient nées avec le syndrome de Rokitansky caractérisé par une absence totale ou partielle d’utérus.

L’équipe montpelliéraine nous propose  une nouvelle étude sur le DES impactant le 2ème génération , et désormais la 3ème génération, dans la revue Human Reproduction qui conforte les informations déjà évoquées sur l’action perturbatrice intergénérationnelle du DES :

Human Reproduction, pp. 1–5, 2020 doi:10.1093/humrep/deaa267
CASE REPORT Gynaecology
Laura Gaspari 1,2,3,† , Françoise Paris 1,2,3,† , Nathalie Cassel-Knipping 4 ,
Julia Villeret 5 , Arnauld Verschuur 6 , Marie-Odile Soyer-Gobillard 7 ,
Xavier Carcopino-Tusoli 8 , Samir Hamamah 9,3 , Nicolas Kalfa 2,10 , and
Charles Sultan 1,2, *
1 Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique, Service de Pédiatrie, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU Montpellier et Université Montpellier,  Montpellier, France

2 Centre de Référence Maladies Rares du Développement Génital, Constitutif Sud, Hôpital Lapeyronie,CHU Montpellier et Université Montpellier, Montpellier, France

3 INSERM U 1203, Montpellier, France

4 Polyclinique Urbain V, Avignon,France

5 Hôpital Henri Duffaut, Service de Pathologie, Avignon, France

6 Hôpital d’Enfants de la Timone, Centre de Cancérologie Pédiatrique, Marseille, France

7 CNRS, Université Sorbonne, Association Hhorages-France, F-Asnières-sur-Oise, France

8 Département de Gynécologie, Hôpital Nord Marseille, Marseille, France

9 Département de Biologie de La Reproduction et DPI (ART/PGD), Hôpital A. de Villeneuve, CHU Montpellier et Université, Montpellier, France

10 Département de Chirurgie Pédiatrique, Hôpital Lapeyronie, CHU
Montpellier et Université Montpellier 1, Montpellier, France
*Correspondance address. Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique Service de Pédiatrie, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU Montpellier et Université Montpellier, Montpellier, France. E-mail: pr.charles.sultan@gmail.com

Un nouveau rapport de l’IPBES alerte du risque épidémique accru

L’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES) ne pouvait que se saisir de la question. L’organe scientifique issu de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (CDB) présentait ce 29 octobre 2020 sa vision autant scientifique que politique de la pandémie que l’humanité traverse. Le Covid-19 est en effet une zoonose. Elle a pour origine un réservoir naturel de virus, probablement (mais ce n’est pas totalement prouvé) des chauves-souris. Pour les écologues, cette pandémie est un symptôme des relations conflictuelles entre l’Homme et la nature. À leur décompte, l’actuel coronavirus est la sixième grande épidémie mondiale depuis la grippe espagnole de 1918.

L’ONU  constate qu’entre 1970 et 2016 près de 68 % de la faune sauvage a disparu de la surface de la planète.Le lien entre les pathogènes présents dans la nature et l’activité humaine est bien établi comme le déplore par exemple Martine Peeters virologue spécialiste du VIH à l’IRD .

Le rapport de l’IPBES enfonce le clou : toutes les grandes épidémies (sida, Ebola, SRAS) sont des zoonoses. Les chercheurs estiment que 1,7 million de virus inconnus sont les hôtes de mammifères et d’oiseaux. Entre 540 000 et 850 000 sont potentiellement dangereux pour l’Homme. Les mammifères (chauves-souris, rongeurs, grands singes) sont les “réservoirs” principaux devant les oiseaux principalement aquatiques (canards, oies) et les animaux domestiques comme les porcs, les chameaux (SRAS-MERS) et les volailles.

Le rapport recommande des changements de fond dans huit domaines : usage des terres et des forêts, agriculture, système alimentaire, pêche et océans, villes, eau potable, lutte contre le changement climatique et santé. Concrètement, il recommande de conserver ou restaurer des écosystèmes terrestres et maritimes, développer l’agroécologie, réduire le gaspillage alimentaire, avoir une consommation de viande et de poisson modérée, donner de la place à la nature en ville, s’inspirer de la nature pour lutter contre le changement climatique et promouvoir des écosystèmes sains pour la bonne santé des gens.

«  Nous sommes en train d’exterminer de manière systématique l’ensemble des êtres vivants non humains  », avertit Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES, le panel des experts de l’ONU sur la biodiversité. Pour autant, il n’est pas trop tard pour agir, assure-t-elle. «  Il y a beaucoup moins d’inertie que pour le climat, la biodiversité revient très rapidement  », explique-t-elle.