Bilan de l’été par Météo-France et perspectives à venir

Météo-France permet de mettre des chiffres sur ce que nous avons vécu, de le comparer aussi avec d’autres étés particulièrement chauds mais surtout d’imaginer ce qui nous attend à l’avenir. Les prévisionnistes sont formels, l’été 2022 deviendra la norme d’ici la moitié du siècle, en raison de la hausse des émissions de gaz à effet de serre.

La France a ainsi enregistré trois vagues de chaleur successives et a battu un record avec un total de 33 jours de canicule pour les mois de juin, juillet et août. Cet été se classe aussi parmi les dix étés les plus secs en France. L’été 2022 (juin-juillet-août) est le deuxième été le plus chaud observé en France depuis au moins 1900 avec un écart de +2,3 °C par rapport à la moyenne 1991-2020. L’été 2003 reste le plus chaud jamais mesuré en France avec une anomalie de température de +2,7 °C.

Sur les trois mois d’été, le déficit pluviométrique a atteint les 25 % à l’échelle nationale, et les 85 % rien que pour le mois de juillet. Les tensions autour des ressources en eau s’exacerbent alors que la France a subit une sécheresse historique. “Il est urgent que nous prenions conscience du manque d’eau et que nous agissions en conséquence. Au rythme actuel, nous pourrons bientôt ouvrir nos robinets sans qu’une goutte n’en sorte malgré tout”, écrit un maire, qui appelle chacun à “limiter sa consommation”. Les services chargés de suivre les réserves et la distribution d’eau ne masquent pas leur inquiétude.

Au-delà de ces nombreux records, Météo-France alerte sur le fait que cet été 2022, aujourd’hui qualifié d’exceptionnel, n’aura rien d’exceptionnel dans les années à venir. “Canicule, sécheresse, feux de forêts, orages violents … l’été 2022 a été marqué par des phénomènes météorologiques extrêmes exceptionnels. Il deviendra un été normal en France après 2050 dans un scénario de forte émission. Cet été hors norme aux conséquences importantes sur notre sociétés souligne les conséquences du changement climatique à l’œuvre sur notre territoire” préviennent les experts. L’agriculture est aussi concernée par des limitations de son usage de l’eau. Des scientifiques et agriculteurs militent davantage pour une adaptation de l’agriculture au changement climatique.

“Le changement climatique, c’est un emballement”, explique le météorologue Gaël Musquet, spécialiste de la prévention, de la prévision et l’anticipation des catastrophes naturelles. “On cumule la sécheresse des derniers mois, les fortes chaleurs et les feux. Cela touche les masses d’eau et les masses boisées. La végétation transpire, crée de la vapeur qui se condense avec le froid et forme des nuages qui vont déclencher des phénomènes électriques, de la foudre et de la pluie. Ce qui est difficile aujourd’hui avec le changement climatique, c’est de prévoir ces évènements de plus en plus extrêmes et fréquents“, analyse le météorologue qui évoque un “cercle vicieux”.

“On s’attend en effet à ce que d’ici 2050, les étés soient aussi chauds voire plus chauds qu’en 2022. Cet été est une préfiguration de l’avenir en raison du changement climatique et illustre  les différents risques auxquels nous allons être confrontés”, ajoute Samuel Morin, chercheur et directeur du Centre national de recherches météorologiques.

Certains territoires connaîtront ainsi jusqu’à 19 nuits anormalement chaudes, alors que le maximum était de 7 au cours des années 1976-2005. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie seront les premières concernées.

https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/changement-climatique-lete-2022-et-ses-extremes-meteorologiques

https://meteofrance.fr/actualite/publications/2022-les-bilans-climatiques