Tous les articles par Jacqueline Collard

Effets psychologiques et psychiatriques du confinement sur notre santé

Le professeur Nicolas Franck: auteur d’une étude et d’un ouvrage consacrés aux effets du confinement sur la santé mentale de la population (*), ce psychiatre au centre hospitalier Le Vinatier, à Lyon, alerte sur les conséquences du stress causé par l’enfermement et livre quelques solutions pour y faire face.

Quelles seront ses conséquences ? Il ne s’agit certes pas d’un simple retour à la situation de 2019. Dans la mesure où tout changement majeur est une source spécifique de stress, le déconfinement a procuré un nouveau stress à la population. Des facteurs spécifiques sont venus s’ajouter à la reprise progressive de l’activité économique et culturelle et à la modification du quotidien de chacun. La forme électronique a dû être privilégiée pour de nombreuses réunions, au détriment des échanges non verbaux ou informels, mais peut-être au bénéfice d’une plus grande efficacité puisqu’il était devenu inévitable d’aller à l’essentiel.

Cette pandémie aura-t‑elle des conséquences proches de celles qui ont fait suite à l’épidémie de peste noire au XIVe siècle ? La  comparaison pourrait s’avérer plus plausible en termes de bouleversements sociaux attendus. L’altération du bien-être mental, liée à une augmentation du stress, peut conduire chez certains individus à un dépassement du seuil de fragilité. La santé mentale est un des enjeux essentiels de cette pandémie, après les places en réanimation et l’enjeu économique dont les médias sont les porte paroles en permanence.

  * « Covid-19 et détresse psychologique – 2020, l’odyssée du confinement », du Pr Nicolas Franck vient d’être publié aux éditions Odile Jacob.

Un nouveau rapport sur la pollution par les plastiques en mer

Le dernier rapport de la Fondation Ellen MacArthur, sorti le 10 novembre 2020, a clairement indiqué que les entreprises leaders de l’aliimentaire  n’ont fait aucun progrès dans la lutte contre la crise de la pollution plastique, malgré une progression constatée au cours de la première année suivant la signature de leur engagement. Et on reste loin des objectifs prévus pour 2025 : « Les progrès réalisés pour passer à des emballages réutilisables sont limités et les efforts d’élimination restent concentrés sur un ensemble relativement restreint de matériaux et de formats », déplore le rapport.

La promotion du recyclage est leur manière de faire porter la responsabilité aux consommateurs, dénonce le rapport, précisant qu’à peine 9% de la totalité des matières plastiques produites depuis les années 1950 ont été recyclées. « Les entreprises continuent de tirer profit de l’abondante production de plastique à usage unique, tandis que partout dans le monde les collectivités sont obligées d’en supporter le fardeau« , a regretté Break Free from Plastics, qualifiant cette situation d’ »inacceptable« .

Il est impératif que les multinationales prennent l’entière responsabilité des coûts externes de leurs produits plastiques à usage unique, tels que les coûts de collecte, coûts de traitement, ainsi que les dommages environnementaux qu’ils causent. Si nous continuons à maintenir ce statu quo, la production de plastique pourrait doubler d’ici 2030 et même tripler d’ici 2050.

Le rapport annuel d’audit des marques tient les entreprises les plus polluantes pour responsables de l’augmentation  de la pollution plastique.Nous n’avons plus de temps à perdre.Nous devons arrêter la production de plastiques, éliminer progressivement surtout les emballages à usage unique et mettre en place  des systèmes de réutilisation éventuellement.

Le pouvoir oxydant des particules fines de l’air accrédite les risques sanitaires

Une nouvelle étude suggère que les particules fines sont dangereuses en raison de leur potentiel oxydant et pas seulement de leur quantité dans l’air.

Cette étude européenne coordonnée par l’Institut Paul-Scherrer (Suisse) et publiée le 18 novembre dans la revue Nature ouvre la voie à de nouvelles pistes de recherches. Elle montre que cette approche fondée uniquement sur la quantité de particules fines respirée n’est pas suffisante et suggère la prise en compte d’un nouvel indicateur pour mesurer leur impact sanitaire : leur potentiel oxydant, c’est-à-dire leur capacité à attaquer les cellules.

« Certaines particules fines génèrent un stress oxydatif dans les poumons pouvant conduire à endommager les cellules et les tissus du corps humain », résume Gaëlle Uzu, biogéochimiste de l’atmosphère à l’Institut de recherche pour le développement et coautrice de l’étude. Les chercheurs ont exposé des cellules des voies respiratoires humaines à des échantillons de particules fines afin de vérifier leur réaction biologique.

Les particules les plus toxiques seraient celles issues du chauffage au bois et de l’usure des freins et des pneus

Etude parue dans Nature: Sources of particulate-matter air pollution and its oxidative potential in Europe

Kaspar R. Daellenbach1,2,3, Gaëlle Uzu4, Jianhui Jiang1 ✉, Laure-Estelle Cassagnes1, Zaira Leni5, Athanasia Vlachou1, Giulia Stefenelli1, Francesco Canonaco1,6, Samuël Weber4, Arjo Segers7, Jeroen J. P. Kuenen7, Martijn Schaap7,8, Olivier Favez9, Alexandre Albinet9, Sebnem Aksoyoglu1, Josef Dommen1, Urs Baltensperger1, Marianne Geiser5, Imad El Haddad1 ✉, Jean-Luc Jaffrezo4 & André S. H. Prévôt1

https://doi.org/10.1038/s41586-020-2902-8

Un dernier rapport de l’IPBES fait le lien entre biodiversité et pandémies

De plus en plus de nouvelles maladies infectieuses émergent, principalement à cause de la destruction des écosystèmes. Prévenir leur apparition serait la seule solution durable, selon un nouveau rapport international de l’IPBES.

Ce groupe d’experts a réuni  vingt-deux scientifiques internationaux pour répondre à deux questions : comment les pandémies émergent-elles ? Et peut-on les prévenir ? « Habituellement ce type de rapport prend plusieurs années, explique Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. Nous l’avons sorti très rapidement car il était nécessaire d’avoir à disposition une évaluation du savoir scientifique sur le lien entre pandémies et biodiversité. » Les auteurs ont analysé et synthétisé environ 700 références scientifiques.

Selon le rapport, 70 % des maladies émergentes (Ebola, Zika) et la quasi-totalité des pandémies connues (VIH, Covid-19) sont des zoonoses – c’est-à-dire qu’elles sont causées par des virus d’origine animale. »Il est important de relier les deux  disparition de la biodiversité et épidémies pour répondre à la question : pourquoi les pandémies se produisent-elles ?

 » L’expansion et l’intensification de l’agriculture, le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune, le bétail, les agents pathogènes et les humains. C’est la voie vers les pandémies. »

Les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique et de la perte de biodiversité entraînent également des risques sanitaires par leur impact sur notre environnement.

https://uicn.fr/un-rapport-cle-de-lipbes-sur-la-biodiversite-et-les-pandemies/

Plus d’informations

Le Communiqué de presse de l’IPBES
Télécharger le résumé exécutif (en anglais)
Télécharger le rapport complet (en anglais)
Le site internet de l’IPBES
Le programme “Ecosystèmes” du Comité français de l’UICN

Le Haut conseil pour le climat (HCC) insiste sur la nécessité d’accélérer la rénovation

Voilà les conclusions du Haut Conseil pour le climat (HCC) dans son rapport « Rénover mieux : leçons d’Europe », publié mardi 24 novembre et réalisé à la suite d’une saisine du gouvernement. Les treize experts de cet organisme indépendant émettent une trentaine de recommandations après avoir comparé les politiques françaises à celles menées par l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède et les Pays-Bas.

Le chemin vers la neutralité carbone en France n’aboutira pas sans résoudre l’ obstacle majeur : celui de la rénovation énergétique des bâtiments.Le bâtiment fait partie des quatre secteurs les plus émetteurs en France : il est responsable de 18 % des émissions territoriales de gaz à effet de serre et de 40 % de la consommation finale d’énergie.

« Ce secteur peut et doit être complètement décarboné pour permettre à la France de respecter ses objectifs climatiques », assure Corinne Le Quéré, climatologue à l’université britannique d’East Anglia, qui préside le HCC. Or, la France a accumulé un « retard important », note-t-elle. Les émissions ont certes baissé de 2,9 % dans ce secteur en 2019, et de 2,2 % par an sur la période 2015-2018, mais il aurait fallu atteindre 5,4 % de diminution annuelle, soit deux fois plus.

Les efforts de la France sont d’autant plus insuffisants, souligne le HCC, que notre pays présente le parc de logements le plus énergivore de tous, ce qui induit des émissions directes de CO2 plus élevées. Les logements français présentaient en 2017 une consommation de chauffage ramenée au climat européen moyen de 13,8 kgep/m2 (kilogramme équivalent pétrole par mètre carré). C’est bien plus que la moyenne de l’Union européenne, qui se situe aux alentours de 9,8 kgep/m2

Alors que la France s’est engagée à atteindre 500 000 rénovations par an afin de porter l’ensemble du parc à un niveau « bâtiment basse consommation » (BBC) d’ici à 2050, seulement 60 000 à 70 000 logements (soit 0,2 %) ont été rénovés de manière profonde chaque année sur la période 2012-2016.

Agir dès maintenant, d’accord. Mais comment ? En moyenne, l’empreinte carbone d’un Français est d’environ 11 tonnes de CO2 équivalent par an. En d’autres termes, de par ses habitudes au quotidien (déplacements, logement, alimentation…), un Français produit en moyenne 11 tonnes de CO2 chaque année (ou équivalent, c’est-à-dire d’autres gaz à effet de serre). Or, « pour respecter l’Accord de Paris [adopté lors de la COP21 fin 2015], cette empreinte doit être réduite à 2 tonnes de CO2 équivalent par an d’ici à 2050, soit une baisse de 80 % », rappelle Carbone 4, un cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la mise en place d’une stratégie bas carbone ambitieuse.

« C’est un taux de rénovation qu’il faudra multiplier par cinq après 2022 et par dix d’ici à 2030 », avertit Corinne Le Quéré.