Un rapport parlementaire sur le démantèlement des centrales nucléaires

Une mission parlementaire sur les coûts du démantèlement a été confiée à la députée du Doubs : Barbara Romagnan, députée (Parti socialiste).

Selon ce rapport parlementaire sur « la faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires de base », rendu public mardi 1er février, les charges liées à la fin de vie des centrales seraient « sous-évaluées » par EDF, qui aurait en outre mal anticipé la complexité de la tâche.

En France, l’industrie nucléaire civile a pris son essor dans les années 1960. Plusieurs installations construites dans cette période sont arrivées en fin de vie et leur exploitation à des fins de production ou de recherche a cessé. Elles doivent faire l’objet d’une série d’opérations d’assainissement et de démontage que l’on regroupe sous le vocable de ” démantèlement . Le parc nucléaire hexagonal se compose des 58 réacteurs en activité, dont la « déconstruction » n’est pas encore planifiée, mais aussi de neuf réacteurs anciens, déjà en cours de démantèlement. Six de ces derniers appartiennent à la filière graphite-gaz (Bugey 1, Chinon A1, A2 et A3, Saint-Laurent A1 et A2), à ce groupe s’ajoutant le réacteur à eau lourde de Brennilis (Finistère), le petit réacteur à eau pressurisée de Chooz A (Ardennes) et le surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère).

Douze réacteurs dédiés à la production industrielle d’électricité ont été définitivement arrêtés entre 1968 et 1997. Aucun d’entre eux n’a encore été entièrement démantelé. Et aucun ne le sera de sitôt, malgré le principe français de « démantèlement immédiat » des installations nucléaires à l’arrêt.

Premier exemple, le démantèlement interminable de la centrale de Brennilis (Finistère).« Brennilis, c’est dix-huit ans d’exploitation, quarante-sept ans de démantèlement », soupire Mme Romagnan. Le chantier ne devrait s’achever qu’en 2032, selon EDF, et pourrait coûter jusqu’à 482 millions d’euros – un montant vingt fois supérieur à l’évaluation de 1985. La déconstruction du prototype de réacteur à neutrons rapides et à caloporteur sodium Superphénix s’est également révélée extrêmement compliquée. « A l’état liquide, le sodium explose au contact de l’eau et s’enflamme au contact de l’air », souligne Mme Romagnan. EDF ne prévoit pas d’en venir à bout avant 2028, pour un coût évalué à deux milliards d’euros par le physicien et fondateur de l’association Global Chance Bernard Laponche soit le double du coût de départ.

EDF,  ne s’est pas montré assez prévoyant à cet égard. Fin 2015, l’électricien avait provisionné 36 milliards d’euros pour le démantèlement de l’ensemble de son parc, dont il estimait le coût total à 75 milliards d’euros. En juillet 2016, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a chiffré la facture totale du démantèlement de ces installations à 60 milliards d’euros, dont environ 26 milliards pour la déconstruction des centrales, 29 milliards pour la gestion à long terme des déchets radioactifs… Un montant vraisemblablement sous-évalué : il ne prévoit que 350 millions d’euros par tranche, alors que les autres exploitants européens mettent entre 900 millions et 1,3 milliard d’euros de côté par réacteur à démanteler.

La controverse sur le coût du démantèlement du parc électronucléaire français n’est pas neuve. Mais elle prend un relief particulier alors que la filière traverse une passe difficile.

www.asn.fr/Informer/Dossiers-pedagogiques/Le-demantelement-des-installations-nucleaires

www.lcp.fr/la-politique-en-video/limpossible-chiffrage-du-demantelement-des-centrales-nucleaires

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