Recycler les portables inutilisés

C’est ce que préconise un rapport du Sénat à propos de la téléphonie mobile : la France doit se doter d’une stratégie de réemploi et de recyclage.

Il est urgent d’élaborer une stratégie de gestion des téléphones usagés, plaide le document adopté à l’unanimité. Cent millions de téléphones portables usagés seraient conservés par les Français. Quant aux téléphones qui sont repris par les opérateurs, ou la filière de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), leur devenir est opaque.

Au total, 24 millions de téléphones portables sont vendus chaque année en France, un flux aujourd’hui stabilisé. L’obsolescence programmée des équipements et des logiciels, ainsi que la “frénésie marketing”expliquent pour une bonne part ce volume, constate la sénatrice. En fin de vie, environ 15% des flux annuels mis sur le marché, soit environ 3,5 millions de téléphones en fin de vie, entrent dans les filières de réemploi ou de recyclage. Quant aux autres mobiles usagés, une part importante serait conservée par leur propriétaire.

Pourtant, la commission sénatoriale estime que la France aurait tout à gagner en traitant correctement ces déchets sur son sol. Outre l’élimination dans de bonnes conditions des produits toxiques, le recyclage en France permettrait de mettre la main sur une quarantaine de  métaux précieux  contenus dans les téléphones, tel que le lithium dont la demande croit sous l’impulsion des besoins en stockage électrique. A titre d’exemple, le minerai issu des mines d’or ne contient que 2 à 5 grammes de métal fin par tonne, alors que le même poids de cartes électroniques en contient 200 grammes. Mais en France, seuls deux sites peuvent partiellement récupérer ces métaux.Le rapport de l’OPESCT sur les enjeux stratégiques des terres rares et des matières premières stratégiques et critiques rappelle l’importance d’une stratégie globale et internationale pour faire face aux risques de pénurie.Globalement, il s’agira d’adopter une démarche d’éco-conception des produits reposant sur deux piliers : la substitution et le recyclage.

A défaut de pouvoir réduire les besoins en terres rares, le rapport préconise de mettre en place une réglementation adéquate afin de renforcer l’activité du recyclage. Il constate que dans le domaine des piles et des accumulateurs, les fabricants ont su s’adapter aux dispositions légales qui les obligent à financer le recyclage en aval.