Les espèces invasives doivent être plus étudiées

Un rapport du CNRS Saclay conclut : les invasions biologiques, aussi coûteuses que des catastrophes naturelles. Une partie des espèces exotiques peuvent devenir envahissantes et causer de gros dégâts, aussi bien sur les écosystèmes que sur les infrastructures, en provoquant des allergies ou en transportant des virus comme le fait le moustique tigre, ou bien en provoquant des baisses de rendements agricoles.

L’équipe de recherche internationale dirigée par des scientifiques du laboratoire Écologie, systématique et évolution (CNRS/Université Paris-Saclay/AgroParisTech) révèle par une nouvelle étude un ordre de grandeur évocateur et souhaite transmettre le message suivant : “il vaut mieux prévenir que guérir pour la suite”, rappelle Franck Courchamp, chercheur au CNRS et l’un des auteurs de ces travaux, “car ce coût des invasions biologiques augmente actuellement plus rapidement que celui induit par les catastrophes naturelles”. 

Depuis 40 ans, les invasions biologiques ont été aussi coûteuses que toutes les tempêtes, ou que tous les tremblements de terre, ou encore que toutes les inondations. Elles ont aussi été plus coûteuses que toutes les sécheresses sur terre depuis 1980.

On compte déjà en France plus de 2 700 espèces exotiques introduites, et en moyenne six nouvelles espèces envahissantes débarquent dans chaque département, tous les dix ans selon l’Office Français pour la Biodiversité. Or les investissements dédiés à la prévention et à la gestion des invasions biologiques sont dix fois moins élevés que les pertes financières engendrées par ce phénomène. De 1980 à 2019, les pertes financières dues aux espèces exotiques envahissantes s’élèvent à 1208 milliards de dollars (US), contre près de 1914 milliards de dollars de pertes causées par les tempêtes, 1139 milliards de dollars attribués aux tremblements de terre ou encore 1120 milliards de dollars dus aux inondations.

Ces résultats ont été obtenus grâce à la base de données Invacost, qui recense à ce jour plus de 13 500 coûts dus aux invasions biologiques dans le monde. Les coûts des catastrophes naturelles à l’échelle mondiale ont quant à eux été établis avec la base de données internationale sur les catastrophes (International Disaster Database) et aux données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

https://www.cnrs.fr/fr/les-invasions-biologiques-aussi-couteuses-que-des-catastrophes-naturelles

Leurs résultats, obtenus avec le soutien du Fonds AXA pour la Recherche, sont publiés dans le numéro d’avril-mai 2023 de Perspectives in Ecology and Conservation.

Biological invasions are as costly as natural hazards. Anna J. Turbelin, Ross N. Cuthbert, Franz Essl, Phillip J. Haubrock, Anthony Ricciardi et Franck Courchamp. Perspectives in Ecology and Conservation, avril-mai 2023. DOI : https://doi.org/10.1016/j.pecon.2023.03.002