L’ASEF nous propose une présentation sur l’exposition aux polluants de la femme enceinte

Notre association partenaire l’ASEF a organisé à Aix-en-Provence plusieurs tables rondes trés pertinentes , sur l’exposition de la future mère et du fœtus aux polluants.

Quel est l’impact des perturbateurs endocriniens durant une grossesse ? Comment la femme enceinte peut-elle se prémunir de leurs effets ?

Perturbateurs endocriniens et désordre hormonal

Ces substances aux noms barbares devenus familiers – bisphénol A, phtalates, pesticides, dioxines, retardateurs de flamme – se nichent partout : nourriture, cosmétiques, produits ménagers, ustensiles en plastique… « Les perturbateurs endocriniens sont des leurres hormonaux qui miment, bloquent ou interfèrent avec une hormone », synthétise le professeur Patrick Fénichel, endocrinologue et médecin de la reproduction au centre hospitalier universitaire de l’Archet à Nice. S’ensuit un désordre hormonal aux conséquences diverses.

« Nous y sommes tous soumis via l’air, le contact avec la peau, ou l’alimentation », rappelle le professeur Fénichel. La femme enceinte n’échappe pas à la règle et elle transmet au fœtus les substances polluantes auxquelles elle est exposée. « La période embryonnaire et fœtale correspond à la mise en place des organes et des tissus. C’est une période de multiplication cellulaire et de différenciation. On sait aussi que de nombreux composés traversent la barrière placentaire. Ainsi, tout ce qui contamine la mère peut contaminer le fœtus. C’est donc une période de grande vulnérabilité », poursuit le médecin.

DÉCRYPTAGE : Comment prémunir son bébé des toxiques dans les cosmétiques ?

De plus en plus de cas de testicules non descendus

Fin mai, Santé publique France rendait publics des travaux coordonnés par le médecin épidémiologiste Joëlle Le Moal sur la surveillance nationale de plusieurs indicateurs de santé reproductive. Ces indicateurs ont été sélectionnés à partir de travaux internationaux : un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et un rapport européen. « Ces rapports se penchent sur l’état des preuves – suffisant, ou non – pour établir un lien causal entre l’évolution de ces indicateurs et l’exposition aux perturbateurs endocriniens », explique Joëlle Le Moal.

Plusieurs troubles du développement des organes génitaux des petits garçons connaissent une hausse depuis les années 1990 en France. Leurs données sont ici réactualisées. « Les cryptorchidies (testicules non descendus) opérées chez les petits garçons de moins de 7 ans augmentent de 2,64 % par an (7 000 cas). Les cancers des testicules, opérés également, avec 2 000 cas annuels (+ 1,53 %) », poursuit l’épidémiologiste.

Ces travaux n’établissent pas de causalité avérée avec la contamination aux polluants, mais recensent des « niveaux de preuves plus ou moins forts ». Pour les troubles du développement des organes génitaux, ce niveau est l’un des plus élevés, il est jugé « possible ».

Une étude sur la puberté précoce des enfants en France

À l’occasion de cette étude étaient par ailleurs dévoilées des données inédites sur la puberté précoce centrale idiopathique (sans cause connue). « C’est la première photographie nationale de l’incidence de la maladie : une expertise, robuste et unique, à l’échelle du territoire », se félicite Sébastien Denys, responsable de la Direction santé environnement à Santé publique France.

L’enquête, conduite de 2011 à 2013, fait notamment apparaître une incidence de 2,68 pour 10 000 (soit environ 1 173 cas par an) chez les fillettes de 0 à 9 ans. Dans ce cas, l’OMS estime le lien avec les perturbateurs « plausible ».

ÉTUDE : Perturbateurs endocriniens : nouvelles données sur la puberté précoce

Les polluants, à l’origine de pathologies chroniques infantiles ?

Le professeur Fénichel, plus alarmiste, voit dans la contamination aux polluants chimiques la source de nombreuses pathologies chroniques infantiles : obésité, diabète, maladies neurodégénératives, autisme, hyperactivité, troubles de l’apprentissage… Aucune étude étiologique à l’échelle du territoire ne vient, pour l’heure, confirmer ses suspicions.

« Il faut dédramatiser ! », tempère le docteur Patrice Halimi, cofondateur de l’Association santé environnement France (Asef) et organisateur de la table ronde à Aix-en-Provence. « Nous n’alertons pas les parents pour les angoisser inutilement. Mais pour leur donner une base de connaissances sur cette menace. Elle existe, mais il y a des tas de moyens simples de s’en prémunir. »

Des guides pratiques pour limiter l’exposition des enfants aux perturbateurs endocriniens

Il énumère : « Manger bio, ne pas peindre la chambre de son enfant juste avant la naissance mais plusieurs mois avant, aérer au maximum pour “dégazer”, privilégier les produits cosmétiques naturels… ». L’Asef mène une opération de sensibilisation dans deux maternités de la région aixoise, avec une distribution aux futures mères de sacs contenant conseils et échantillons de produits éco-labellisés.