Consommation d’émulsifiants dans l’alimentation problématique

Notre partenaire l’ASEF rapporte dans sa newsletter:

En 2021, une étude étudiant la consommation alimentaire des français, issue de la cohorte INCA3, montrait que 30 à 35% de la consommation énergétique provenait d’aliments ultra-transformés, notamment chez les jeunes et les personnes issues de catégories socio-économiques les plus faibles.

En 2018 et 2019, l’étude Nutrinet santé, sur plus de 100 000 personnes, avait montré que la consommation d’aliments ultra-transformés, pour une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime, était associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires au global de +12%, de maladies coronariennes +13% et de maladies cérébro-vasculaires +11% mais également à une augmentation du risque de cancer de 10%.

Les émulsifiants sont des additifs alimentaires très couramment présents dans les produits alimentaires en France. Mathilde Touvier, qui dirige l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle explique:”Les émulsifiants ont pour rôle d’obtenir certaines textures dans les aliments industriels, de rajouter de l’onctuosité, et de permettre la stabilité des mélanges obtenus dans le temps. Ainsi, la durée de conservation est allongée, et les produits peuvent rester plus longtemps en rayon sans perdre leurs propriétés.On trouve des émulsifiants dans de nombreux produits, depuis des desserts (madeleines, gâteaux, glaces…) jusqu’à des plats préparés en passant par des barres chocolatées, des margarines, des sauces industrielles, etc.

En 2023, des travaux basés sur la cohorte NutriNet-Santé avaient mis en évidence l’existence d’un lien entre leur consommation et le risque de maladies cardiovasculaires. Pour la première fois, de nouveaux travaux publiés dans la revue PLoS Medicine suggèrent l’existence d’un lien entre consommation d’émulsifiants et risque accru de cancer.

L’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren) (INSERM, INRAE, Sorbonne…)  vient de publier une étude sur 92 000 personnes étudiant les liens éventuels entre les apports alimentaires en additifs émulsifiants et la survenue des cancers.

Cette étude parue dans PLOS Medecine montre un lien avec l’augmentation de cancer notamment sein et prostate.

En voici la conclusion :

« Après un suivi moyen de 7 ans, des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers au global (augmentation de 15 % du risque chez les plus forts consommateurs – 3e tertile – par rapport aux plus faibles consommateurs – 1er tertile), de cancers du sein (une augmentation de 24 % du risque), de cancers de la prostate (une augmentation de 46 % du risque).

D’autre part, les femmes ayant des apports plus élevés en carraghénanes (E407 et E407a) avaient 32 % de plus de risque de développer des cancers du sein, par rapport au groupe ayant des apports plus faibles. »

Si ce lien de cause à effet n’est pas formellement établi, il s’agit de la première étude observationnelle en la matière.En tant que consommateur, d’une façon générale, le mieux est d’appliquer ce qui figure déjà dans le programme national nutrition santé (PNNS) : limiter les aliments ultra-transformés, et limiter les aliments contenant des additifs « cosmétiques » comme peuvent l’être les émulsifiants.

https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1004338