Conserver une eau de qualité de l’eau en amont des captages

La France se situe parmi les bons élèves au niveau européen pour son prix de l’eau. Avec une moyenne pour les six bassins versants de 4,03 euros par m3, pour la plupart des ménages, la part de l’eau ne pèse pas sur leur budget. Du point de vue de sa qualité, l’eau potable distribuée respecte en permanence les critères microbiologiques pour 97,6% de la population, 96% pour les limites en pesticides et 99,3% pour les nitrates.
En matière de protection des captages, la France est là en retard, mais les distributeurs d’eau se sont saisis des enjeux.

En matière de protection préventive de la ressource, Grenoble (Isère) fait figure d’exemple emblématique. L’eau de Grenoble prend sa source dans les Ecrins et s’infiltre dans la nappe alluviale du Drac. La société publique locale Eaux de Grenoble Alpes la capte à Rochefort, au sud de la ville. Le site de captage de Rochefort est entouré d’un périmètre de protection de 2.300 hectares. Il s’agit d’un des plus grands champs captant d’Europe, avec une eau distribuée sans traitement. Cent cinquante cinq hectares sont clôturés et surveillés 24 heures sur 24 par un agent posté la nuit et des agents d’astreinte. La qualité est contrôlée quotidiennement à la source par un laboratoire sur le site. L’ Agence de l’eau Rhône-Méditerrannée Corse considère le site de captage de Rochefort comme l’une des ressources les mieux protégées et d’intérêt régional par son abondance et sa qualité pour la région Rhône-Alpes.

Que ce soit à Bordeaux ou à Paris, les métropoles françaises soignent de plus en plus la gestion des rivières et des sources souterraines. Les territoires protégés s’agrandissent autour de la capitale et les contrats avec les agriculteurs se multiplient.

Pour la période 2016-2020, Eau de Paris vise ainsi l’objectif de 3.500 hectares en cultures bio et l’acquisition de 200 hectares supplémentaires dans les zones de captage. Un effort qui pourrait s’en ressentir sur le coût de la dépollution.

Confrontés à une hausse des coûts de la dépollution, les collectivités et leurs délégataires ont davantage intérêt à prévenir qu’à guérir. “Chaque année, estime Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, dans un entretien à la Gazette des communes, les pollutions par les pesticides et les nitrates imposent aux ménages français des surcoûts de dépollution de 400 à 700 millions d’euros, répercutés sur leur facture d’eau”.

Encouragement vers des contrats avec les agriculteurs présents sur les zones de captages

Depuis 2007, les surfaces cultivées en agriculture biologique ont été quasiment multipliées par 7 pour atteindre 2.100 hectares sur l’aire d’alimentation des sources de la vallée de la Vanne (Yonne). Soixante quatre agriculteurs du bassin des sources de la Vigne (Eure-et-Loir) étaient engagés en 2015 dans une démarche de réduction de l’utilisation d’engrais et de pesticides ou de mise en herbe de surfaces stratégiques, ce qui représente 5.162 hectares et quasi un quart de la surface agricole du bassin. Mille cinq cent quatre-vingt-dix hectares et 15 agriculteurs sont également engagés dans de fortes réductions d’usage des pesticides sur l’aire d’alimentation des sources de la Voulzie (Seine-et-Marne).

 C’est dans ce but que nous préconisons là encore une orientation croissante vers l’agriculture biologique respectueuse des sols et des nappes phréatiques.