Une étude indique la pollution des lacs de haute montagne, par des molécules chimiques

Si l’océan tend à devenir une soupe de plastique, c’est surtout parce qu’il reçoit les déchets transportés par les rivières et les fleuves. Les eaux douces sont en effet très concernées par la pollution aux matières plastiques, que l’on retrouve aujourd’hui jusque dans les lacs de montagne., mais cette nouvelle étude montre d’autres molécules que l’on ne pouvait imaginer non plus sont fort présentes. Nichés en hauteur, les lacs de montagne semblent imperturbables. Ils sont pourtant loin d’être des sanctuaires épargnés par les effets délétères de l’activité humaine.

Des chercheurs de l’Université de Toulouse et du CNRS ont mis au jour une pollution de lacs pyrénéens, notamment en Béarn. Ils pointent des produits antiparasites pour animaux ainsi que des insecticides utilisés pour l’homme. La dégradation des écosystèmes favorise le développement des maladies chez les amphibiens, mais aussi la disparition d’espèces de plus en plus fréquentes.

Dans le cadre d’une étude publiée en mars, Dirk Schmeller et Adeline Loyau** ont recherché plus de 460 molécules. Ils ont pu confirmer la présence de 141 d’entre elles. « Cela a été un peu un choc pour nous, se souvient Adeline Loyau, contactée hier par « Sud Ouest ». Nous nous attendions à trouver des choses. Mais pas une telle quantité de molécules différentes dans des milieux qui sont censés être un peu reculés et préservés ».

« Nous pensons que la plupart des molécules sont transportées de plus basse altitude par les vents puis arrivent dans les lacs avec les pluies. Mais certaines quantités nous font penser qu’il y a également une pollution directe », développe Dirk Schmeller.

Ils soulignent notamment le rôle délétère de deux molécules : la diazinon et la perméthrine. Elles peuvent être présentes dans des antiparasitaires pour chiens ou le bétail. La perméthrine peut se trouver dans des répulsifs utilisés par l’humain. Ces produits se pulvérisent sur les vêtements, par exemple avant une balade en nature et par conséquent se disséminer dans l’air même en montagne.

**Dirk Schmeller et Adeline Loyau œuvrent au sein du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement de Toulouse.

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969722015492?dgcid=author