Une étude américaine associerait pollution liée au trafic routier et Alzheimer

Une nouvelle  étude publiée dans le Lancet et relayée par le Translational Psychiatry journal,  confirmerait un lien entre le fait de vivre près d’un important axe routier et le risque de développer une démence liée à l’âge, dont la maladie d’Alzheimer. Pour les personnes vivant à moins de 50 mètres, celui-ci était accru de 7%, par rapport à celles vivant à plus de 300 mètres, c’est ce que présente cette étude statistique portant sur 6,6 millions d’habitants dans l’agglomération de Los Angelès.

Un risque presque doublé

Menés par l’équipe de Jiu-Chiuan Chen, de l’University of Southern California à Los Angeles, de nouveaux travaux confirment un peu plus la nocivité cérébrale de cette pollution atmosphérique. Dans leur analyse menée sur 3.647 femmes de plus de 65 ans de la cohorte WHIMS (Women’sHealth Initiative Memory Study), les chercheurs confirment que celles exposées à un taux élevé de particules fines PM2,5[i], présentent une hausse de 92% du risque de développer une démence liée à l’âge au cours de l’étude.
En tenant compte du fait que, aux Etats-Unis, 30% des femmes âgées vivent dans des zones à forte teneur en PM2,5, les chercheurs estiment que ces polluants seraient à l’origine d’environ 21% des cas de démence liée à l’âge et de déclin cognitif accéléré dans la population générale –hommes et femmes confondus[ii].

Une interaction gène-environnement

Nouveauté de l’étude, l’équipe s’est penchée sur l’un des facteurs génétiques bien connus de la maladie d’Alzheimer, la forme epsilon4 du gène ApoE. En sa présence, le risque lié aux PM2,5 est encore plus élevé, de +195%, contre seulement +68% chez les femmes porteuses de l’allèle epsilon3. Ce qui, pour la première fois, révèle que le gène de prédisposition ApoEpourrait accroître la susceptibilité aux particules fines.

Une réponse inflammatoire aux particules

Pour Caleb Finch, co-auteur de l’étude, «les particules microscopiques générées par la combustion des énergies fossiles pénètrent dans notre corps par le nez, jusque dans notre cerveau. Les cellules de celui-ci traitent ces particules comme des envahisseurs et réagissent par une réponse inflammatoire, qui avec le temps entraine la survenue et la progression d’une maladie d’Alzheimer».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 48 millions de personnes à travers le monde sont atteintes de la maladie d’Alzheimer, qui touche chaque année 7,7 millions de personnes en plus.

[i] Dépassant une exposition moyenne de 12 µg/m3, seuil fixé par l’agence américaine en charge de l’environnement (EPA) pour les PM2,5

[ii] Ce chiffre de 21%, résultat d’une simple extrapolation à partir de données d’exposition aux Etats-Unis, correspond à un poids global (sur l’ensemble des cas), la maladie d’Alzheimer étant, comme la plupart des maladies chroniques, d’origine multifactorielle.