Où en est on de la pratique de l’irradiation des aliments?

L’UE évalue les règles d’irradiation ( ou ionisation) des aliments alors que son utilisation est en déclin

Une évaluation des règles d’irradiation des aliments en Europe a révélé que la législation n’aurait probablement pas beaucoup d’impact sur l’utilisation en raison d’un déclin provoqué par les craintes de l’industrie et des consommateurs, malgré les preuves scientifiques de sa sécurité sanitaire. Un symbole internationalement reconnu, le Radura, a été mis en place et désigne les aliments qui ont été irradiés.

En Europe, les aliments qui ont subi cette irradiation doivent obligatoirement présenter la mention “Traité par ionisation” ou “Traité par rayonnement ionisant” sur leur étiquetage, ce qui n’est pas le cas d’autres pays qui exportent leurs produits ionisés dans la plus grande opacité pour le consommateur. Soulignons que les traitements ionisants sont interdits en agriculture biologique

Les directives de l’Union européenne sur le sujet sont entrées en vigueur en 1999 et n’ont pas été beaucoup modifiées depuis***. Une feuille de route a été produite en 2017, suivie d’une étude commandée par la DG Santé et des commentaires du public en 2020, qui ont reçu 72 réponses, principalement de citoyens de l’UE.

Les effets des rayonnements ionisants sur les cellules de la matière vivante ou végétale sont mis à profit pour la conservation de certains produits alimentaires dont ils détruisent les microorganismes et les parasites; l’action des rayonnements, en particulier celle des rayons gamma du cobalt-60, entraîne des ruptures de liaisons chimiques lors de leur interaction avec le vivant, ce qui permet d’éliminer à froid et avec une grande fiabilité les bactéries, les moisissures et les parasites. Le traitement par ces rayons gamma est d’autant plus fiable que leur pouvoir pénétrant garantit que tous les points du produit sont effectivement traités. L’irradiation des aliments ne rend pas l’aliment radioactif .

Des associations de défense des consommateurs et de l’environnement soulignent l’appauvrissement de la valeur nutritive et des vitamines contenus dans les aliments. “Bien que l’irradiation soit suffisante pour tuer des organismes supérieurs, elle n’inactive pas les toxines / mycotoxines libérées par les bactéries et les champignons. En revanche, elles peuvent détruire des vitamines et entraîner la formation de substances néoformées ou de radicaux libres préjudiciables à la salubrité des aliments ou à leurs propriétés organoleptiques.” précise le CNRS.

Actuellement, l’ionisation est autorisée pour une seule catégorie d’aliments en Europe, il s’agit des herbes aromatiques séchées, des épices et des condiments végétaux. En France des dérogations ont été mises en place comme en France où un certain nombre de produits alimentaires peuvent être irradiés : épices, aromates, herbes aromatiques séchées ou surgelées, oignons, ail, échalotes, fraises, farine de riz, légumes déshydratés, fruits secs (abricots, figues, raisins, dattes) légumes et fruits secs, corn flakes et muesli, camembert au lait cru, viande de volaille, cuisses de grenouilles congelées, crevettes congelées, blanc d’œuf liquide déshydraté ou congelé…

Pour ce faire plusieurs centrales d’irradiation des aliments existent en France : à Sablé sur Sarthe (près du Mans), à Pouzauges (près de Nantes), Dagneux (près de Lyon), à Marseille, à Orsay (région parisienne), à Chaumesnil (près de Troyes), à Berric (Morbihan)… La plupart sont exploitées par la société IONISOS.

Les États membres effectuent des contrôles officiels mais l’intensité diffère considérablement, plus de la moitié étant effectués par l’Allemagne. Presque toutes les non-conformités concernent des denrées alimentaires importées, ce qui suggère des lacunes potentielles dans l’application de la législation sur l’irradiation aux frontières.

*** Directive n° 1999/2/CE du 22 février 1999  décliné en France par le décret n° 2001/1097 du 16 novembre 2001 et l’arrêté du 20 août 2002.