Longévité et espérance de vie en bonne santé (EVSI) : qu’en est-il en France ?

A l’initiative de  de l’Inserm,  des précisions nous sont apportées sur ce leitmotiv si souvent invoqué : la longévité des Français vis à vis des autres pays en Europe.

Or un Suédois (homme) peut espérer vivre 12 ans de plus qu’un Bulgare et surtout vivre en bonne santé 20 ans de plus qu’un Slovaque ! Ces chiffres sont exemplaires des dernières données sur l’espérance de vie dans les 27 pays de l’Union Européenne. Elles révèlent de fortes disparités et montrent que dans les pays où l’on peut espérer vivre très vieux, on ne vit pas forcément très bien. C’est ce que cherche à mesurer l’espérance de vie sans incapacité (EVSI).

L’espérance de vie varie beaucoup en Europe

En 2010, c’est la Suède qui a l’espérance de vie la plus longue (79,6 ans) pour les hommes de l’Union européenne et la Lituanie la plus courte (68 ans) ; ce qui représente un écart de près de 12 années d’espérance de vie (EV) à la naissance entre ces deux pays. En 2010, la France et l’Espagne ont l’espérance de vie la plus longue (85,3 ans) pour les femmes de l’Union européenne et la Bulgarie la plus courte (77,4 ans) ; ce qui représente un écart de près de 8 années d’espérance de vie (EV) à la naissance entre ces pays.

Ces chiffres sont communiqués dans le cadre de la première réunion annuelle de l’Action conjointe européenne sur les espérances de vie en bonne santé (EHLEIS pour European Joint Action on Healthy Life Years), organisée à Paris ce jeudi 19 avril sous l’égide de  l’Inserm.

Un nouvel indicateur : l’EVSI

« Jusqu’à présent nous ne disposions, avec l’espérance de vie, que d’un indicateur quantitatif. Avec l’espérance de vie sans incapacité [EVSI] nous avons depuis 2005 un indicateur de santé qui évalue la survie mais aussi la qualité de vie » explique Jean-Marie Robine, directeur de recherche à l’Inserm. L’EVSI prend en compte l’incapacité au sens large puisqu’on recherche chez les personnes interrogées une limitation dans les activités habituelles. Une perception subjective qui peut donc varier d’un individu à l’autre mais qui reste un indicateur de santé valable. La santé elle-même ne consistant pas simplement en l’absence de maladies mais en un état de complet bien-être physique, mental et social, selon l’OMS.

« L’EVSI c’est comme un nouveau télescope, on regarde dedans et on voit de nouvelles étoiles. Il faut ensuite du temps pour les étudier et voir ce qu’elles peuvent nous apprendre. Nous sommes au début de l’histoire de l’EVSI mais on remarque déjà des choses frappantes : il existe de très importants écarts de santé entre Européens et c’est surprenant » s’étonne le chercheur. En effet, entre un homme vivant en Suède en 2010 et un homme vivant en Slovaquie l’écart d’EVSI atteint près de 20 ans (71,7 ans contre 52,3 ans). « Ce premier résultat, observé chez les hommes, suggère que plus l’espérance de vie est longue plus la proportion vécue sans incapacité est grande ».

Et en France ?

La France, qui affiche l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2010 comme en 2009, occupe la 10ème place en terme d’EVSI, illustrant ainsi un cas de figure où longue vie ne coïncide pas avec absence de limitations dans les activités usuelles. Les hommes français occupent respectivement la 8ème et 11ème place, sur 27, en termes de longévité et d’espérance de vie sans incapacité, d’après les valeurs de 2009.

« Il va être important de suivre l’évolution de l’EVSI dans les prochaines années. C’est essentiel pour beaucoup de questions futures comme la prise en charge de la dépendance ou l’équilibre des comptes de la sécurité sociale. SI l’EVSI augmente on peut envisager de travailler plus longtemps et donc de cotiser plus. Si elle diminue cela coûtera très cher à la société » détaille Jean-Marie Robine. Or pour le moment il est difficile de définir une tendance claire, l’EVSI semble stagner en Europe avec même une inclinaison descendante dans les pays du sud comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal.