Tout d’abord on parle de puberté précoce lorsque les premiers signes pubertaires commencent avant l’âge de 8 ans chez la fille (alors que l’âge moyen est de 10 ans et demi) et de 10 ans chez le garçon. La puberté précoce est 5 fois plus fréquentes chez les filles que chez les garçons.
Si la puberté a lieu entre 8 et 9 ans, ce n’est plus de la puberté précoce mais de la puberté avancée, elle n’attire même plus l’attention, elle est devenue banale et fréquente.
Ces fameux signes pubertaires comprennent, pour les filles, le début du développement des seins, la pilosité pubienne, éventuellement des mini-règles (la ménarche). Ils sont accompagnés d’une accélération de la croissance qui risque de s’arrêter précocement, à la survenue des règles. Comme le processus de croissance débute plus tôt, il se termine plus tôt aussi.
“On a analysé tous les dossiers de puberté précoce du service depuis vingt ans. Avec un nombre de consultations stable, 3 500 par an, on est passé de 8 cas de puberté centrale et 8 cas de puberté périphérique (2) en 1993 à 50 cas de puberté centrale, et 60 périphériques”, observe Charles Sultan, spécialisé en endocrinologie pédiatrique. Sur les deux premiers mois de 2014, un total de 51 nouveaux cas est déjà recensé. Ses collègues de Toulouse et Bordeaux font le même constat. Quasiment aucun continent ni pays n’y échappe, le phénomène a été décrit en Europe comme aux États-Unis dans les pays nordiques, en Amérique du Sud, dans les pays en voie de développement.
Quelles sont les raisons avancées pour expliquer cette augmentation de la puberté précoce?
Deux facteurs essentiellement sont montrés du doigt :
- Le surpoids et l’obésité induits par un régime alimentaire trop riche.
18 % des petits Européens sont aujourd’hui en surpoids. Un chiffre qui pourrait monter à 25 % en 2020, d’après l’Insee. Or plus une petite fille est en surpoids, plus elle risque une puberté précoce, car le tissu adipeux synthétise les oestrogènes déclencheurs de puberté.
- La perturbation du système endocrinien par l’exposition à des substances chimiques volatiles. Une étude menée par les chercheurs de la Mount Sinai School of Medicine, à New York, a montré qu’il existe des liens entre l’exposition quotidienne des jeunes filles à trois types de substance chimiques (phtalates, phénols et phyto-oestrogènes) et la survenue plus ou moins précoce de la puberté.
Ces substances agissent comme des pertubateurs endocriniens, notamment en imitant l’action de l’hormone féminine oestrogène.
Ce sont pourtant eux, pesticides mais aussi phtalates, phénols et autres polluants environnementaux que mettent en cause les scientifiques dans l’évolution préoccupante des pubertés précoces. Une réalité rappelée à l’occasion du congrès national de la société française de gynécologie de l’enfance et de l’adolescence organisé, il y a trois semaines, à Montpellier.
Une vaste étude du Dr Frank Biro, du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center, portant sur 30 ans, publiée dans la revue Pediatrics, révèle que la puberté des jeunes filles est beaucoup plus précoce que de précédentes études le laissaient croire.
L’âge de la puberté a avancé d’un et demi en moyenne au cours de la dernière génération, passant de 10 ans et 3 mois en moyenne à environ 9 ans.
Les conséquences en sont aussi bien” un impact médical, sociétal, psychologique, social, que comportemental”.