Le Dioxyde de titane (additif) “enfin” interdit dans l’alimentation

Le dioxyde de titane (TiO2) existe sous différentes formes, micrométriques et nanométriques. Il est notamment utilisé sous forme de poudre, pour ses propriétés d’absorption des rayons ultraviolets mais aussi comme colorant alimentaire (son caractère colorant blanc) . Le TiO2 présente également d’autres propriétés telles que la résistance aux produits chimiques, une stabilité thermique et un potentiel photocatalyseur. Il est utilisé dans de nombreuses applications (additif alimentaire, cosmétiques, pigments).

Par ailleurs, l’apparition de tumeurs pulmonaires chez le rat après inhalation ou instillation de TiO2 a amené l’Anses, le 20 mai 2015, à soumettre à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) une proposition de classement du dioxyde de titane en tant que substance cancérogène de catégorie 1B (substance dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est supposé) par inhalation, dans le cadre du règlement CLP.

Concernant les nanomatériaux, de nombreux travaux sont menés par l’Anses depuis 2006, tant sur l’alimentation humaine et animale que sur les produits de consommation ou l’exposition des travailleurs. L’Agence rappelle la nécessité de développer des protocoles d’étude de toxicologie pertinents (bonne caractérisation physico-chimique, protocole détaillé et reproductible, etc.) et des études d’exposition pour évaluer les risques sanitaires des produits contenant des nanomatériaux.

En 2017, le Comité d’Evaluation des Risques (CER ou RAC pour risk assessment committee) de l’ECHA a conclu que le TiO2 sous toutes ses formes devrait être classé comme cancérogène suspecté pour l’homme de catégorie 2 par inhalation. Si cette proposition est entérinée par la Commission européenne, les industriels auront obligation d’informer, par l’apposition d’un étiquetage approprié, des risques encourus par les travailleurs lors de la manipulation des produits contenant du TiO2. En janvier 2018, 39 % des produits alimentaires ( on en trouve dans les yaourts, les confiseries, les glaces, les céréales, etc. ) contrôlés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne mentionnaient pas la présence de nanoparticules sur leur étiquetage.

Effets promoteurs de cancer, reprotoxicité, génotoxicité, l’Anses pointe la nécessité d’acquérir rapidement de nouvelles données pour “statuer sur les différents signaux observés“.Par ailleurs, l’Anses travaille sur un rapport plus global sur les nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation, l’interdiction du Ti O2 en est un premier pas.

Les ministères de l’Economie et de la Transition écologique ont tranché : le dioxyde de titane E171 sera interdit dès le 1er janvier 2020. Cette décision se base sur un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire qui pointe le manque de données.Malgré l’interdiction, la vigilance reste néanmoins de mise : dans un système globalisé, le suivi d’un bout à l’autre de la chaîne de production et la garantie d’une absence de contamination ne sont pas évidentes. De la même manière que le respect des obligations de la présence des nanoparticules par l’étiquetage présentes dans les produits alimentaires demeure un enjeu dont on est en droit d’attendre depuis longtemps.