Le champ des radiofréquences de la téléphonie mobile vu par l’OMS

En mai 2011, l’agence internationale pour la recherche sur le cancer (CIRC) dépendant de l’OMS a évalué le risque de cancer des radiations de type radiofréquences.

Les études épidémiologiques sur l’homme démontrent une augmentation du risque de gliome et de neurinome acoustique. Ces radiofréquences ont été classées dans le groupe 2B, comme possiblement cancérogènes. Plusieurs autres études, qu’elles soient épidémiologiques, sur l’animal ou encore mécanistiques, ont renforcé cette association. Malgré cela, dans la plupart des pays, rien n’est fait, ou quasiment pour réduire cette exposition et informer la population de ce risque sanitaire lié à ce type de radiation. Et à l’inverse, l’exposition ambiante n’a fait qu’augmenter.

En 2014, l’OMS a lancé la création d’une monographie sur les champs électromagnétiques et la santé, celle-ci fut mise à disposition du public afin de la commenter. Il s’avéra que 5 des 6 membres du groupe principal en charge de cette ébauche sont affiliés à la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), une ONG loyale à l’industrie, et qui de plus, serait sujette aux conflits d’intérêts. Tout comme l’avis de l’ICNIRP sur les radiofréquences, les évaluations des effets biologiques non thermiques sont écartées comme preuve d’effet sanitaire dans cette monographie. Cela à suscité un certains nombre de réactions auprès de l’OMS.

Les études épidémiologiques ont fourni des preuves soutenant l’augmentation du risque de tumeur cérébrale, de neurinome acoustique et de gliome. Ce groupe de travail finira donc par conclure que les radiations de type radiofréquences utilisées par les différents objets sans fil qui communiquent à travers la bande de fréquences des 30kHz-300gHz, appartiennent au groupe 2B, c’est-à-dire comme cancérogène possible pour l’homme (3,4). Par la suite, plusieurs autres études scientifiques corroborèrent ces conclusions, voir même renforcèrent les preuves de cet impact

Différentes études en laboratoire ont constaté des mécanismes cancérogènes de ces radiations notamment sur la régénération de l’ADN, sur le stress oxydatif, l’altération de la mRNA (NDLR: message ARN) ou encore sur la cassure simple-brin d’ADN (913).

Un rapport a été publié par le programme national de toxicologie (NTP), sous la tutelle de l’institut national de la santé (NIH) aux USA, sur une des plus large étude animal sur la causalité entre exposition aux radiations du téléphone portable et cancer (14). Une augmentation de l’incidence des gliomes au niveau du cerveau et des schwannomes au niveau du cœur a été constatée chez les rats. Les neurinomes acoustiques et les schwannomes vestibulaires sont des types similaires de tumeur, ces dernières ont donc été relevées au niveau du cœur, bien qu’elles aient été de forme bénignes. Cette étude animale conforte donc les conclusions des études épidémiologiques sur les radiofréquences et le risque de tumeur au cerveau (8).

Les directives ont été mises à jour en 2009 mais ne prennent toujours pas en compte la question du cancer, ni des effets à long terme non thermiques. L’ICNIRP donne comme limite d’exposition aux radiofréquences de 2 à 10 W/m2 selon les fréquences, toujours basé sur l’effet thermique à court terme (19).

Un appel pour une protection contre les expositions aux radiations non ionisantes a été lancé par l’appel scientifique international sur les champs électromagnétiques, initialement publié le 11 mai 2015 et dont la dernière version date du 27 janvier 2017, il a recueilli 222 signatures parmi 41 nations : « Nous sommes des scientifiques impliqués dans l’étude des effets biologiques et plus généralement sur la santé des champs électromagnétiques (CEM)…

Ces effets inclus l’augmentation du risque de cancer, le stress cellulaire, l’augmentation de radicaux libres nocifs, les dommages génétiques, les modifications de la structure et du fonctionnement du système reproductif, les troubles neurologiques et tous les impacts négatifs sur le bien-être chez l’humain. Ces dommages vont bien au-delà de la seule question de l’être humain, il y a de plus en plus de preuves qui tendent à démontrer des effets nocifs que ça soit sur les plantes ou sur le monde animal. Ces résultats justifient notre appel émis auprès des Nations Unies et à tous ses membres à travers le monde, pour encourager l’organisation mondiale de la santé à devenir le leader dans le développement d’un encadrement plus protecteur au sujet des CEM, en encourageant la mise en place de mesures de précaution et en mettant en place une politique d’information du public au sujet des risques sanitaires, plus particulièrement concernant les enfants et le développement fœtal. En ne prenant aucune action, l’OMS manque à son rôle d’agence sanitaire internationale prééminente. » (https://emfscientist.org/index.php/emf-scientist-appeal)
Un communiqué de presse a été publié le 24 février 2017 par la coordination des organisations européennes pour une régulation de l’exposition aux CEM qui protège réellement la santé du public.

Etudes correspondantes en référence:

  1. Baan R, Grosse Y, Lauby-Secretan B, E1 Ghissassi F, Bouvard V, Benbrahim-Tallaa L, Guha N, Islami F, Galichet L and Straif K; WHO International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group: Carcinogenicity of radiofrequency electromagnetic fields. Lancet Oncol 12: 624-626, 2011.
    4. International Agency for Research on Cancer: IARC mono-graphs on the evaluation of carcinogenic risks to humans, Volume 102. In: Non-Ionizing Radiation, Part 2: Radiofrequency Electromagnetic Fields. WHO Press, Lyon, France, 2013. Available online: http://monographs.iarc.fr
  2. Hardell L, Carlberg M, Séderqvist F and Hansson Mild K: Case-control study of the association between malignant brain tumours diagnosed between 2007 and 2009 and mobile and cordless phone use. Int J Onco143: 1833-1845, 2013.
    6. Hardell L, Carlberg M and Hansson Mild K: Use of mobile phones and cordless phones is associated with increased risk for glioma and acoustic neuroma. Pathophysiology 20: 85-110, 2013.
    7. Coureau G, Bouvier G, Lebailly P, Fabbro-Peray P, Gruber A, Leffondre K, Guillamo JS, Loiseau H, Mathoulin-Pélissier S, Salamon R, et al: Mobile phone use and brain tumours in the CERENAT case-control study. Occup Environ Med 71: 514-522, 2014.
    8. Carlberg M and Hardell L: Evaluation of mobile phone and cordless phone use and glioma risk using the Bradford Hill viewpoints form 1965 on association or causation. BioMed Res Int 2017: 9218486, 2017.
    9. Markova E, Malmgren LO and Belyaev IY: Microwaves from mobile phones inhibit 53BP1 focus formation in human stem cells more strongly than in differentiated cells: Possible mechanistic link to cancer risk. Environ Health Perspect 118: 394-399, 2010.
  3. Akdag MZ, Dasdag S, Canturk F, Karabulut D, Caner Y and Adalier N: Does prolonged radiofrequency radiation emitted from Wi-Fi devices induce DNA damage in various tissues of rats? J Chem Neuroanat 75: 116-122, 2016.
  4. 14. Wyde M, Cesta M, Blystone C, Elmore S, Foster P, Hooth M, Kissling G, Malarkey D, Sills R, Stout M, et al: Report of Partial findings from the National Toxicology Program Carcinogenesis Studies of Cell Phone Radiofrequency Radiation in Hsd: Sprague Daw1ey® SD rats (Whole Body Exposures). US National Toxicology Program (NTP), 2016. doi: org/10.1101/055699. http://biorxiv.org/content/biorxiv/early/2016/05/26/055699.full.pdf .Accessed on April 1, 2017.
    15. Hedendahl L, Carlberg M and Hardell L: Electromagnetic hypersensitivity – an increasing challenge to the medical profession. Rev Environ Health 30: 209-215, 2015.
    16. Hardell L, Koppel T, Carlberg M, Ahonen M and Hedendahl L: Radiofrequency radiation at Stockholm Central Railway Station in Sweden and some medical aspects on public exposure to RF fields. Int J Onco149: 1315-1324, 2016.
    17. Hardell L, Carlberg M, Koppel T and Hedendahl L: High radiofrequency radiation at Stockholm Old Town: An exposimeter study including the Royal Castle, Supreme Court, three major squares and the Swedish Parliament. Mol Clin Oncol 6: 462-476, 2017.
  5. International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection: ICNIRP statement on the Guidelines for limiting exposure to time-varying electric, magnetic, and electromagnetic fields (up to 300 GHz). Health Phys 97: 257-258, 2009.
    20. Biolnitiative Working Group: Biolnitiative Report: A Rationale for a Biologically-based Public Exposure Standard for Electromagnetic Fields (ELF and RF). Sage C and Carpenter DO (eds). Bioinitiative, 2007. http://www.bioinitiative.org/table-of-contents/ . Accessed on April 1, 2017.
    21. Biolnitiative Working Group: Biolnitiative 2012. A Rationale for a Biologically-based Exposure Standard for Electromagnetic Fields (ELF and RF). Sage C and Carpenter DO (eds). Bioinitiative, 2012. http://www.bioinitiative.org/table-of-contents/ . Accessed on April 1, 2017.
  6. loup D: Téléphonie mobile: Trafic d’influence a l’OMS? Mediaattitudes, 2007. http://www.mediattitudes.info/2006/12/traficdinfluence-loms.html . Accessed on April 1, 2017.