La Commission européenne n’a pas validé l’autorisation du Glyphosate

La Commission européenne n’a pas obtenu la majorité qualifiée pour ré-autoriser le glyphosate pour 10 ans dans l’Union européenne ! Des controverses occupent les médias depuis 2015, date à laquelle l’agence de lutte contre le cancer ( CIRC) de l’OMS a déclaré que cet herbicide était probablement cancérigène.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, a été renouvelée en 2017 pour cinq ans, et devait expirer le 15 décembre 2022, mais elle avait été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a finalement publié son rapport, disant ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation.

Le glyphosate s’est  progressivement imposé comme un produit indispensable dans l’agriculture, avec 800 000 tonnes répandues chaque année dans le monde, en Europe selon une étude, il a été diffusé sur un tiers des surfaces de blé et la moitié des surfaces de colza entre 2011 et 2017. Et la France fait partie des principaux acheteurs avec 7 900 tonnes de glyphosate vendues en 2021 dans notre pays.

Le vote dans le comité européen (Scopaff) du 13 octobre 2023, qui a réuni les États membres de l’UE pour décider du sort du glyphosate, n’a pas réuni une majorité qualifiée. Cette dernière était pourtant nécessaire pour faire adopter la proposition de la Commission européenne de réautoriser le glyphosate pour dix ans.C’est un soulagement pour nous tous qui depuis des années participons à des groupes de travail pour dénoncer la manière dont les pesticides sont autorisées par les agences sanitaires.

L’association Campagne Glyphosate avait  lancé en 2022, une opération d’analyse dans plusieurs villes de France. Ainsi, à Lille, cinquante personnes ont participé à des tests urinaires. Certaines affichent des taux à 2,05 nanogrammes de glyphosate par millilitre d’urine, contre 1,06 en moyenne chez les personnes testées. A titre de référence, la limite fixée pour la présence de pesticide dans l’eau potable est de 0,1 microgramme par litre. Ces cinquante personnes ont porté plainte auprès du procureur de la République pour “mise en danger de la vie d’autrui”. En effet, 99% de la population française présenterait des niveaux quantifiables de glyphosate dans les urines (échantillon de 6848 personnes issues de 83 départements différents): ne serait-il pas nécessaire d’éviter cette contamination?

Céline Pelosi de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), entre autre alerte sur les effets néfastes de cet herbicide sur les vers de terre, et donc sur la fertilité des sols. Directrice de recherche en agroécologie, écologie et écotoxicologie du sol, elle prône son interdiction au profit d’une agriculture plus vertueuse. “Les vers de terre participent à la fertilité des sols et leur présence permet d’augmenter de 25% à 30% la production végétale. Ils sont très actifs dans l’enfouissement des matières organiques. Ils créent des structures qui permettent le passage de l’eau et de l’air dans les sols. Ils contribuent de façon majeure à l’équilibre de nos sols, à leur fertilité et à leur durabilité”.

Nous  insistons sur le fait que le glyphosate ne doit tout simplement pas être réautorisé tant les preuves scientifiques validées s’accumulent pour montrer sa dangerosité pour la santé et l’environnement.