La Commission européenne a “enfin”adopté une définition des perturbateurs endocriniens

La Commission européenne a adopté, avec 4 ans de retard, la définition des perturbateurs endocriniens, pierre angulaire d’un cadre législatif pour ces substances aux effets nocifs sur la santé.Elle s’énonce ainsi:

Un perturbateur endocrinien est une molécule  qui mime, bloque ou modifie l’action d’une hormone  et perturbe le fonctionnement normal d’un organisme.Les perturbateurs endocriniens peuvent avoir trois modes d’action.Ils peuvent :

  • mimer l’action d’une hormone par leur structure moléculaire similaire à celle d’une hormone naturelle (comme le  BPA qui a des propriétés œstrogéniques) ;
  • bloquer l’action d’une hormone en saturant son récepteur ;
  • interférer avec l’action de l’hormone, comme les agents  retardateurs de flamme  bromés qui perturbent le fonctionnement des hormones thyroïdiennes.

Le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis a salué le vote du 13 décembre, qui s’est tenu à la majorité qualifiée au sein d’un comité d’experts des 28 pays membres. Ce vote a bénéficié de la majorité qualifiée soit (55 % des pays représentant au moins 65 % de la population de l’UE).

« Une fois en vigueur, le texte garantira que toute substance utilisée dans les pesticides et identifiée comme perturbateur endocrinien pour les humains ou les animaux pourra être évaluée et retirée du marché », a-t-il affirmé,  dans un communiqué.Si le Conseil et le Parlement donnent leur feu vert, cette définition  permettra de mieux encadrer les substances dangereuses au sein des produits chimiques.

Les perturbateurs endocriniens peuvent agir à de très faibles doses, comme le font naturellement les hormones. Si les effets néfastes peuvent se voir directement sur les personnes exposées, pour d’autres molécules l’effet peut traverser les générations. Ainsi, par exemple le distilbène, molécule prescrite pour éviter les  fausses couches, avait provoqué des malformations génitales chez les enfants des femmes concernées c’est un des premiers effets épigénétiques  mis en évidence.

La Commission européenne devra ensuite s’atteler à d’autres législations en souffrance, car en attente de ces critères dont l’application devrait être étendue à d’autres produits que les pesticides. C’est le cas notamment des cosmétiques, dont le règlement prévoyait une mise à jour sur la question des perturbateurs endocriniens début 2015. Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a d’ailleurs saisi la médiatrice de l’UE contre la Commission, fin novembre, en raison de ce retard à légiférer.